Éveillé à la magie ? Non

Helen voit le jour une matinée d'hiver.

Qu'est-ce que cela peut nous faire me direz vous. Et bien, Helen Sholley fut le premier et réel nom de naissance de celle qu'on connaît maintenant sous le pseudonyme de Dolores Wolf.

Née de monsieur et madame Sholley, elle fait le bonheur de sa mère, et la déception de son père qui constate du vide entre ses jambes qui fait d'elle... Un poids, au lieu d'un héritier.

Heureusement, elle grandit principalement auprès de sa mère. George, son père, lui, est bien trop occupé à hisser l'établissement familial plus haut dans l'échelle sociale chaque jour. C'est lors de la 9ème année de vie d'Helen qu'ils deviennent fournisseurs officiels équin pour la royauté de Belorge. Elle s'en souvient parfaitement, car c'est ce jour-là qu'elle but pour la première fois de sa vie du vin.

Et qu'elle trouva ça parfaitement infecte.

La vie suit son cours. La petite Helen grandit et s'embellit. La fillette fait place à la jeune femme, une jeune femme qui se montre particulièrement douée à ses cours hebdomadaire de musique. Car oui, père aime étaler sa richesse, et ne se refuse rien. Adieu petite maison de campagne, et bonjour grande demeure au cœur de Colza. Cours de bonnes manières et de musique pour sa fille unique. Robe inutilement chère pour sa femme. Fourrage de qualité pour ses bêtes. Une vie d'une inutile opulence propre aux nouveaux riches qui ne savent pas se montrer raisonnable.

Et, c'est dans l'ordre des choses qu'il fallut trouver un époux à Helen, qui arrivait à sa 19ème année. En réalité, sa mère n'eut pas grand chose à dire, car son paternel avait déjà choisi pour elles. Un homme de grande bourgeoisie, de Belorge, avec qu'il avait déjà traité commercialement. C'est sans broncher que Helen se plia aux volontés de son père : elle n'avait jamais eut son mot à dire face à son autorité... Et tenter de le contrarier ne serait que vain. Au moins, à lui trouver un époux... Elle pourrait enfin quitter la demeure familiale. Pas de crises ni de larmes. Elle pensait sincèrement et simplement qu'elle apprendrait à connaître cet homme, et qu'elle rendrait fière sa mère. C'est le jour de la cérémonie qu'elle rencontra pour la première fois son promis et époux, Theodore. Il était charmant au moins autant qu'elle pouvait être époustouflante, ainsi vêtue de sa robe de mariée. Le blanc lui allait si bien. Bien plus que les bleus qui bientôt couvrirait à leur tour son corps.

Doucement, l'idée de caresser du bout des doigts une nouvelle vie paisible et, peut être, une belle idylle, se mua peu à peu en cauchemars. Jour après jour, mois après mois, elle s'éloigna de celui qui répondait à son titre de "mari" pour s'enfermer dans sa pratique de la musique, qui l'aidait à s'apaiser, à vider son esprit. Mais, insidieuse et fourbe, la vie retournait planter son venin à même les veines de Helen. Et les caresses firent place aux coups. Et les mots doux, aux insultes. Mais elle encaissait. Elle savait à quel point son travail pouvait être source de stress, et d'anxiété. Et elle savait à quel point elle pouvait être une mauvaise compagne, parfois. Pas assez à l'écoute. Pas assez présente. Et surtout, oui surtout... Incapable de donner à cet homme un seul enfant. Leur deuxième année de vie commune pointait son nez, et le seul enfant qui réussit à trouver refuge au creux de son ventre... Disparut avant même d'avoir eut le temps de faire s'arrondir ce dernier.

Malgré sa résignation... Un soir, tout lui échappa. Un coup plus fort. Trop fort. Elle ne se souvient de rien, rien d'autre que la sensation brusque de chuter, un peu trop proche d'un coin de meuble, et...


Le noir.


Et ça, même lorsqu'elle rouvrit les yeux. Le néant, absolu. Et, malgré les tentatives maladroites des nurses qui assistait, impuissante, au réveil de leur patiente qui, au-delà de la vilaine cicatrice à l'arrière de son crâne, constatait de la perte quasi totale de vision d'Helen.

Et voilà qu'en plus de la priver de bonheur... Il l'avait privé de ses yeux.

Malgré la situation compliquée et ce nouvel handicap... Elle ne put se résoudre à attendre sagement qu'on la remette sur pied, nouvelle aveugle, pour que son époux vienne la chercher et la ramener chez eux... Chez lui... C'est au cours de la deuxième nuit suivant son réveil qu'elle fit maladroitement son sac... Et qu'elle se glissa hors l'établissement pour fuir.

Où ? Cela n'avait aucune importance. Tant que ce fut loin de lui.

Heureusement, elle avait plus que l'habitude de se fier à son ouïe, développée après ces centaines d'heures de musique. Elle réussit à avancer à tatons jusqu'à une écurie. Brida au mieux le premier animal qui accepta sa présence... Et partie à crue de Colza, puis de Belorge, laissant les sabots de l'animal l'éloigner le plus possible de cette terre qui fut autrefois sienne... Et qu'elle craignait à présent plus que tout.

C'est durant ce long voyage hasardeux qu'elle fit la rencontre de Kronos. Et, si elle crut mourir de ses crocs... Il se révéla être son allié et son ami le plus précieux, depuis son premier jour sur cette terre. Sans savoir pourquoi, ils se comprenaient mutuellement... Et, épuisée de tout, elle se reposa sur cette nouvelle rencontre qui, d'une manière où d'une autre, la sauva à bien des égards...

C'est alors à Ambrive que sa monture la mena. Cet étrange trio suscita d'abord pas mal de rumeurs et de méfiance mais bien rapidement... La pauvre exilée réussit à se faire quelques précieux amis... Qui l'aidèrent à s'installer et à débuter sa nouvelle vie. Cela fait donc bientôt 2ans qu'Helen, rebaptisée par elle-même et ses amies Dolores Wolf. Après une année à vivre, hébergée par une amie herboriste, Dolores finit par gagner suffisamment sa croûte en donnant des cours de musique aux plus riches et à bas prix aux plus démunis, et s'installa finalement chez son premier réel foyer, accompagnée de Kronos qui était devenu autant ses yeux... Que son épée et son bouclier.

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— Fille de nouveaux riches, Dolores (née Helen) brille dans la musique

— Docile et obéissante, elle accepte son mariage arrangée sans sourciller. Elle se dit qu'elle ne peut pas tomber sur pire que son père qui est profondément égoïste et assoiffée de richesses

— Lentement, elle découvre la véritable facette de son époux : manipulateur, colérique et violent. Elle subit ses crises de rage avec peine. La musique est son exutoire.

— Durant leur seconde année de vie commune, la situation lui échappe. Elle perd connaissance face à un coup violent. Un traumatisme crânien provoque une perte de vision. Elle est aveugle a 80%, elle ne distingue que très légèrement la lumière et les formes. Elle n'attend pas de retourner chez elle et fuit. Hors de l'hôpital. Hors de Colza. Hors de Belorge.

— Sur son long périple, elle fait la connaissance de son compagnon loup, Kronos, qui deviendra par la suite sa véritable âme sœur et qui la complétera à la perfection.

— Elle finit par atterrir à Ambrive, ou elle se reconstruit lentement, et vit de sa passion en enseignant aux autres sa passion pour la musique.