between the sinners and the saints

I rather die than coming back

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Ambrive. Cette ville est la tienne maintenant Dolores. Et, même si tu ignores a quoi elle ressemble, tu l'aimes du plus profond de ton coeur. Tu l'aimes pour ce qu'elle représente. Un renouveau. Une nouvelle chance. Un absolu pardon que te fait la vie et que tu acceptes. A tes côtés de dresse Kronos. Il est ton ombre. Ton âme soeur. Et tu ne sors jamais sans lui. Il faut dire qu'il est tes yeux. Vous êtes indissociables l'un de l'autre et toute la ville te connais pour ça. Pour être la fille aveugle qui marche, guidée par sa bête. Alors qu'ils ne savent pas. Ils ignorent ce qui se passe dans vos esprits. Ces mots, constants, qui fusent vers l'un comme vers l'autre. Marchant croupe contre ton mollet, il t'ouvre la voie et te décrit le moindre obstacle, marche, personne qui peut se trouver sur ton chemin. Et alors, tu as appris a marcher la tête haute, comme en pleine possession de ce sens qui t'a été injustement privé il y a de cela trois ans bientôt.

Personne ne te refuses. Tout le monde sait que Kronos ne ferait pas de mal a une mouche. Qu'il t'obéit au doigt et à l'oeil sans même que tu n'aies a ouvrir la bouche parfois.vous n'êtes qu'un et tout ce que tu fais, tu le fais avec lui. C'est pour celà que c'est ensemble que vous sortez aujourd'hui de la petite échoppe de fruits où tu étais allée faire le plein de pomme, le péché mignon de Kronos... Et le tien, il fallait l'avouer.
Et pourtant, sans savoir pourquoi, un frisson te prend. Et bientôt, une voix te fais t'arrêter.
Car, un prénom que tu n'avais pas entendu depuis bien longtemps s'échoue à tes oreilles. Tu es figée incapable de bouger, ton sac de fruits serrés contre ton buste. Kronos en est témoin. Il sent tout ce flot d'émotions qui te saisit soudainement. Et il ne lui en faut pas plus pour se tourner vers l'inconnu soudainement, les poils dressés sur le dos et les crocs sortis. Le temps semble figé et durer une éternité et pourtant il n'y a que quelques secondes qui s'écoulent. Que faire? Fuir? Impossible. Tu chuterais et te ferait rattraper sans peine. Ce n'était pourtant pas sa voix mais... Il n'y avait bien que lui qui utilisais encore sûrement ce nom. Quelqu'un qu'il avait embauché pour te traquer, Helen. Même après ces années. Cette souffrance n'en finira donc jamais...

Alors, d'une main, tu fais nerveusement signe à ton loup de ne pas sauter a la gorge du pauvre qui, sûrement, ne connaissait que ce qu'il avait bien voulu lui dire. Et, combattant de toute ton âme cette voix au fond de ton cœur qui te hurlait de fuir, tu vins te tourner inutilement vers ton interlocuteur dont tu ne distinguait qu'une vague silhouette, posant malgré tout tes yeux inutiles et pâles sur lui. Inutile de nier la vérité. Il savait sûrement que tu étais celle qu'il cherchait. Alors, d'une voix faible, tu souffles.

— Q... Que voulez vous?

Heureusement, à cette heure là, du beau  monde fleurissait dans les rues marchandes. S'il devait s'en prendre à toi, il y aurait des témoins et même des connaissances, élèves, amis, qui prendraient sans hésiter ta défense. Même si parfois, tu le croyais encore... Tu n'étais plus seule maintenant. A commencer par Kronos, qui ne lâchait pas des yeux le mercenaire, prêt à lui dévorer la jugulaire au premier faux mouvement qu'il ferait...

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Chaque nouveau battement de ton cœur résonne douloureusement en tes tempes et chaque seconde supplémentaire qui s'écoule semble durer une éternité. Le visage fermé, tu le fixes sans même le voir. La forme floue et sombre de ce visage que tu ne peux pas observer et déchiffrer n'aide pas ton coeur à se calmer. Avant, tu te plaisais à deviner les pensées des gens par la simple expression qu'arborait leur faciès. Mais maintenant, la vie n'est plus qu'une difforme tâche noire menaçante qui te laissait vulnérable face à ce monde qui t'entoure et tout ce qui y vit. Peut être que si tu n'avais pas été aveugle, tu aurais pu lire sur le visage de ce mercenaire que le doute et la perplexité l'envahissait avant même qu'il ne l'annonce de lui même après s'être présenté humblement comme tu l'avais plus ou moins demandé. Kro, lui, n'en démord pas. Et, même s'il reste sur ses gardes, tendus et crocs sortit, te dressant mentalement un portrait de cet homme comme pour te donner le plus d'informations possibles et savoir si, peut être, tu le connaissais, le couperet tombe et coupe l'espace d'un instant son souffle.

La ramener à Belorge? Plutôt mourir. Mais tes craintes étaient donc fondées. C'était bien lui qui te réclamait, Helen. Comme si ta triste vie continuait de lui appartenir. Comme si te priver de tes yeux n'avait pas été suffisant. Mais le prénommé Silas semble doté d'un minimum de moral et de jugeote. Car, en entendant les mots suivants, une lueur d'espoir brille au fond de ton cœur, et apaise la peur de te faire amener, trainer sans ménagement jusqu'aux bras cruels de ton époux.

Tu n'étais qu'une victime dans cette histoire.
Même s'il t'avais fallut beaucoup de temps pour t'en rendre compte et t'en convaincre.
Car, c'est là qu'est la force de son poison. Distillé dans tes veines. Te faire croire que tout ça? C'est de ta faute. Que tu le méritais. Que tu n'étais pas assez bonne avec lui, et que lui, l'était trop avec toi.

Kro semble presque s'adoucir, et son regard de prédateur vacille entre l'homme... Et toi, sa maîtresse. Toi, qui met quelques secondes à reprendre contenance. Une de tes mains, pâle et tremblante, se détend légèrement sur l'osier du panier que tu gardes contre toi. Et, après avoir doucement déglutir, tu réussis enfin à souffler entre tes lèvres

— Ne faites pas ça.

La peur de te retrouver à nouveau a Belorge près de lui te glace le sang. Et, tétanisée, tu reprends faiblement tes esprits quand tu sens la pression que Kro exerce sur ta cuisse en y posant son museau et en l'y frottant, comme pour te donner le courage suffisant à relever le menton et rétablir de toi même l'ignoble vérité. Lentement, tu opines alors du chef à l'attention de ton fidèle compagnon... Et repose tes yeux inutiles sur la forme sombre que dessine le visage de Silas à tes côtés.

— Ce ne sont... Que des calomnies... Je suis arrivée ici avec à peine de quoi survivre. Je n'ai rien qui lui appartient... Si ce n'est ma vie, que je ne veux plus lui confier après ce qu'il en a fait.

Tu portes ta main gracile un instant à tes yeux, comme pour souligner ta cécité et la souffrance qui s'en dégageait encore malgré les quelques maigres années. Parfois, il était dur de deviner, de comprendre que tu étais aveugle tant tu pouvais te mouvoir avec élégance et confiance... Grace a la présence de ton loup. Et pourtant... Ta voix tremble. Chaque mot qui s'échappe de tes lèvres craignent d'être vains... Mais au fond de toi... Tu veux croire que cet homme est bon. Et comprendra. Comprendra ta douleur. Ta souffrance. Ta peur.

— Alors... Je vous en conjure... L-laissez moi en paix...

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Il te croit surement, Dolores. Mais il ne va pas se contenter de ça. Ça aurait été bien trop beau. Et rien n'est jamais bien trop beau dans ta vie, Dolores. Tout tourne toujours en ta défaveur... Même si tu ne t'en plains jamais. Kronos, lui, même s'il semble s'être détendu... Reste toujours sur ses gardes. C'est là l'une de ses premières qualités en tant que garde et compagnon... Le plus fidèle de tous. Alors il veux savoir. Il veux savoir à quel point il a put être trompé... Comme elle, avant lui. L'idée de ressasser encore et encore ce moment de ta vie que tu voudrais mettre définitivement derrière toi n'est pas agréable mais... Elle est nécessaire. Alors, simplement, tu fais signe au mercenaire de te suivre. Parce que vous êtes en plein milieu du chemin. Qu'il y a des oreilles et des yeux curieux partout. Et aussi parce que...
Tu sais que tu pourrais faiblir durant ton récit.
Tu t'éloignes, Kronos à tes cotés, et Silas juste derrière. Juste assez pour rejoindre une ruelle adjacente, calme et vide. Quelques pas de plus, et Kronos te signale qu'il y a un banc de pierre. Alors, tu t'y diriges, drôle de vision pour tous, tout ceux qui ignorent que ce loup remplace tes yeux. Et comme si tu voyais parfaitement, te voilà qui t'arrête juste devant ce banc sans même le toucher, et t'y assois, en posant ton panier d'osier juste à tes pieds, laissant ta bête s’asseoir juste à coté en posant sa gueule sur les genoux de sa maîtresse... Et avoir les yeux rivés sur l'inconnu. Juste au cas où. Ne pas le lâcher des yeux.

— Je... L'histoire n'est ni plaisante, ni passionnante... Alors je vais faire au plus court..

Après tout, tu n'étais pas là pour lui faire perdre son temps. Même si, techniquement... Il était là, à la base, pour te ramener auprès de ton époux... Ex-époux... Non officiel.

— Nous nous sommes mariés il y a de ça près de 4ans. C'était un fils de bonne famille, un bon parti selon mon père. Il s'est avéré qu'il... Avait tendance à se laisser emporter. Souvent. Et, j'étais la seule à la maison sur qui il pouvait... Passer ses nerfs. Sa tête se baisse légèrement, et ses yeux, clos, fixent le sol inutilement. Je... Je suis loin d'être une épouse exemplaire... Après tout, j'ai été incapable de lui donner un seul enfant en plus de 2ans de vie commune... Alors les coups se sont intensifiés... De plus en plus souvent. Jusqu'à ce soir, où il m'a frappé si fort que... J'ai fait une mauvaise chute. Je ne me rappelle de rien. Si ce n'est le noir. Complet. Le néant, depuis ce jour. Tes poings se ferment. Tu refuses de pleurer. Parce qu'il n'en vaux pas la peine. Sa voix s'élève, accompagnant alors la conclusion de ce triste récit. Alors oui... Je suis parti. J'ai fuis. J'avais trop peur. Peur de devenir encore plus indépendante entre ses mains, maintenant que je n'y vois plus. De ne pas avoir une autre occasion comme celle ci. J'ai fuis l'hospice. Et je suis arrivée ici... Alors... J'essaye de repartir à zéro... Vous comprenez?...

Peut être que s'il n'y a ne serait-ce qu'un brin d'humanité dans cet homme dont tu ignores tout... Il comprendra. Lui qui, sans que tu le saches... A aussi souffert de l'amour. Même si ce n'était pas de la même manière...

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Le soulagement caresse, ou plutôt frôle ton coeur, alors que le verdict tombe. Et, même si l'Homme est menteur... Quelque chose dans la voix de ce dernier luit de sincérité. Comme libérée d'un poids trop lourd pesant sur ton frêle palpitant, tu prends une courte bouffée d'air frais, comme si, depuis le début de votre entrevue, tu n'avais pas inspiré. Pas une seule fois. Ta main, délicate et gracile, vient se déposer sur le dessus du crâne de ton compagnon loup, dont la chaleur et la douceur des poils arrive toujours à apaiser tes mots. Dans le tourbillon de tes pensées, il te parle. Il te sussure, à toi seule qui peut l'entendre, que même si ce récit n'avait pas été du goût du mercenaire et qu'il avait voulu t'emmener... Il serait reparti la queue entre les jambes, après avoir goûter à la morsure acérée de ses crocs. Cette idée te fait sourire, sans que personne, hormis lui et toi, puisse savoir pourquoi. C'est votre secret. A vous seuls.

— Merci...

Arrives-tu à glisser dans un souffle, court et léger. Cela te blesse presque plus encore que cet homme, après avoir abusé de ton corps, souillait ton honneur et ton nom. Toi, qui avais été si patient. Douce. Compréhensive.... Naïve. Et pourtant, tu l'acceptais. Comme tout le reste. Après tout... Avais-tu vraiment le choix? Tu t'étais juré de ne plus jamais courber l'échine. Mais là, ce n'était pas comme si tu retournerais à Belorge pour lui donner une bonne leçon.
Et puis.
Alors que les pensées divaguent et osent s'aventurer à l'idée de reprendre le chemin de la maison.
Cette question.
Et le frisson qui l'accompagne.
Vicieux, il rampe sous ta peau, pour tétaniser ton corps, un instant.
Il fait sombre, et pourtant, tu le vois.
Ses yeux, sa silhouette, ses poings.

A cette question, tu ne sais même pas si tu avais la réponse.
Pouvait il s'en vouloir? Et vouloir s'excuser?
Ou peut être finir de te priver du reste de tes sens.
Alors, en guise de réponses, d'abord, c'est un faible haussement d'épaule que tu offres à Silas. Hésitant. Toi, tu n'étais pas du genre à calomnier les autres. Tu lui laissais ce privilège.

— Je... Je n'en sais rien... Je ne crois pas.

Car inconsciemment, encore, tu le défends. Aussi brûlante que peut être ta rancœur envers lui. Aussi froides peuvent être tes pensées envers lui. Il fut ton époux, et, il y a un temps, pas si lointain que cela dans une vie de valdorien, tu croyais en lui, et tu l'aimais, autant que la pureté de ton cœur pouvait te le permettre. Kronos couine doucement, et viens frotter le froid de sa truffe contre la paume de ta main. Il sent ta détresse. Et pourtant, comme tout les autres, il y est impuissant.

— Je suis désolée de vous avoir fait perdre votre temps..

Et même si c'était plutôt lui, le principale coupable, et non toi, tu te sentais obligée de lui présenter ces excuses. Parce qu'il le méritait. Parce qu'il effectuait avec justice son travail. Parce qu'il ne s'était pas contenté de te traîner jusqu'à Belorge. Parce qu'il avait prit le temps d'écouter ton histoire, et de la comprendre.

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Etais-tu réellement en position de refuser quoi que ce soit, Dolores? Surtout venant d'un homme qui semblait... Plutôt juste et droit? Sans même que tes lèvres n'aient à bouger, tu opines lentement du chef, comme pour accepter cette demande timidement, sous le regards attentif et méfiant du loup qui reste là, contre ta jambe, yeux rivés sur l'inconnu. Et ses mots, d'abord, te troublent et te laissent perplexe. Malgré tout, tu sais pertinemment, au fond de toi, qu'il n'a pas tort. Qui sait ce qu'il serait capable de faire par la suite? Lorsqu'il constatera que la requête donné à ce certain Silas n'a pas porté ses fruits, et qu'il rentre bredouille? Diverses idées t'effleurent l'esprit... Mais tu préfères les chasser, alors que Kronos, témoin de ce trouble qui affecte ton esprit, couine faiblement et presse sa truffe humide et fraîche contre ton genoux, simple contact qui arrive légère à alléger ta peine... Et pourtant...

Si tu n'es pas capable de voir le geste du mercenaire... Ton loup, lui, le guette, et te le souffle à l'oreille en silence. Tes sourcils se froncent légèrement et sans même le vouloir, tes yeux aveugles se posent sur cette main qu'il te tend, que tu n'es pas sensé voir pourtant. On pourrait surement jurer que tu n'es doté d'aucuns handicaps visuels, tant tu es en osmose avec cet animal qui fait littéralement partie de toi... Et qui te guide avec aisance. Et pourtant, ces mots. Ces mots t'arrachent un frisson. Bien qu'ils pouvaient être d'une véracité certaine... La simple idée de ne penser qu'un instant à cette possibilité... Te rapproche alors de lui, et t'offre un haut-le-cœur.  Tu grimaces. Tu déglutis. Et tes yeux se baissent.
A quoi bon fuir un monstre, si c'est pour en devenir un à ton tour?

Malgré tout, tu te montre obéissante, et sans ouvrir la bouche... Tu tend ta main délicate à cet homme qui te le demande. Pour accompagner la description précédente de ton loup, tu sens le contact froid et dur de la pièce dans ta paume. Cette dernière se referme, pour mieux sentir sa taille, sa force, son possible relief... Et tu hoches la tête. Pourquoi faisait il ça? Aucune idée. Peut être t'avait-il prit en pitié. Était-tu pitoyable à ce point, Dolores?
Malgré cette amère impression, tu sais que ce geste est bienveillant. Alors, tu l'acceptes, et même plus... Tu l'apprécies. Les hommes, tu les crains. Mais celui ci arrive à t'inspirer un certain sentiment de sécurité. Et c'était une chose que tu n'avais plus ressentit depuis bien longtemps. Du moins, avec quelqu'un d'autre que Kronos.

Voilà qu'il t'offre, du mieux qu'il peut, une sécurité pour t'éviter de prochains mercenaires... Qui seront possiblement moins conciliant que lui.

— Je...

Tu ne sais pas quoi penser. Quoi faire. Quoi dire, répondre.
Ta main reste serrée sur cette pièce qui ne payait pas de mine... Mais qui représentait donc beaucoup.
Une possibilité de sécurité.
Une possibilité de vengeance.
Non, tu ne peux pas accepter l'idée de débarrasser la terre de sa présence, aussi toxique fut-elle.
Car, inconsciemment, tu le dédouanait toujours. Au fond de toi, tu pensais sincèrement que tout ça... C'était en grande partie de ta faute.

— Merci...

C'est d'abord le seul mot qui arrive à percer la pâleur de tes lippes. Voix tremblante et hésitante... Mais profondément sincère. Peut être existait-il encore des hommes sincèrement bon, dans le monde. Et que tu devrais accepter le risque d'y croire... Et pourtant. C'était si dur.

— Je ne sais pas si je ferais appel à vous un jour... J'en doute... Mais... Le geste est symbolique et... Je vous en remercie. Du fond du cœur.

Kronos semble presque acquiescer. Ses grands yeux lupins observent avec moins de férocité l'homme. Car en domptant Dolores, il l'avait aussi plus ou moins dompté lui.

(c) oxymort