Tu as dit oui, Calli, sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir pour qui. Pour toi ? Pour lui ? Nul ne le sait, il y a des vérités que ton cœur se refuse à dévoiler. Un jour de fête, que tu as décidé de lui dédier, de vous dédier. Faire de nouveau un pas en son sens. Donner du sens, aussi, tout simplement. Parce qu’on a une vie entière à rattraper, une vie entière de question à poser. Et il te semble, Callisto, que ce n’est qu’en passant du temps avec lui que tu en trouveras les réponses.

Alphonse. Un père. Un être étrange. De lui tu tiens ton sang, mais tu oses imaginer que les ressemblances ne ses limites par juste à cela. D’Alphonse, tu espères tenir la folie, tu espères tenir le gouffre. Le besoin désespéré et désespérant de mettre une explication, des mots, des faits, sur ce vide et cet appétit sans faim. Besoin de comprendre qu’on n'est pas seule, qu’on n'est pas anormale. Que si l’instabilité fait partie de ton quotidien elle n’est pas une fin en soi. Que tu peux la dompter. Que tu peux la dominer. Et peut-être, soyons fou, vivre comme Guenièvre, comme Aleina. Vivre normalement, comme tous ces gens qui t'entourent, que tu veux aimer tout en évoluant dans une autre réalité.

Alors pour cette année-là, ce n’est pas à Grandvent que tu vas passer les festivités. C’est à Ambrive. Sans Merle, sans Etham. Juste toi est cette nouvelle famille. Juste toi et ce mystère a éclairci.

Et quand tu arrives, c’est le cœur à la fois euphorique et fébrile. Tu aperçois sa silhouette. Tu aperçois sa silhouette à elle, aussi. Tu ne la connais pas. Tu ne l’as jamais vu.

— Qui est-ce ?


Pas un bonjour.
Pas une étreinte.
Juste une question.
Parce que c’était censé être juste toi et moi, papa.