Messages : 48 Âge : la trentaine. (?) Métier : maquerelle. Défaut fatal : le matérialisme. Avatar : rose dupre (the pale horse)/ brigitte bardot Autre(s) compte(s) : honorin
| de Malronce | | Sujet: à pleurer les larmes dingues d'un corps que je t'avais donné (miséricorde) Mer 23 Sep - 19:08 | |
| les lumières de sa misère amoureuse sont bien pâles, et chaque fois que cela arrive, la maison est endormie tristement ; les pas se calquent sur son chagrin très lent, très insidieux. chacun progresse dans un silence religieux et respectueux, les filles s'agitent dans les couloirs d'elles-mêmes, les homme rejoignent les chambres modestement et leur satiété est suffisante pour le silence. parfois, un air de piano dans un des salons - on entend les belles chanter pour ne pas mourir de tristesse, comme ces perruches sans partenaire qui deviennent folles en cage, et s'apprêter à démarrer aux chapeaux de roue le matin où joséphine ira mieux.
c'est toujours ainsi, cette mélancolie dure quelques jours et s'efface aussitôt - le remède est simple et toujours le même. plus personne ne s'étonne du visage de miséricorde dans ce lieu, et de cette manière désespérée dont joséphine se tient à elle quand elles sont amenées à déambuler l'une avec l'autre. elle lui agrippe toujours le bras avec ferveur, enfonce son nez dans son cou, passe une main possessive dans ses cheveux, s'inhibe de sa vitalité pour reprendre courage mais ne la voit jamais elle vraiment.
joséphine attend sur son lit, a à peine fait l'effort de s'habiller - en robe de chambre en coton, elle attend que miséricorde puisse venir. elle l'a faite trouver il y a quelques jours à belorge pour qu'elle vienne ici satisfaire son manque. personne d'autre ne peut le faire car miséricorde porte le visage d'une morte, et elle voit en sa fragilité celle de la femme qu'elle a aimé, il y a longtemps. désespérée énamourée des fantômes, miséricorde est son caprice favori qu'on ne lui refuse jamais. elle la soignera de la maladie de l'amour.
apparemment, elle arriverait bientôt en ville. joséphine attend à sa fenêtre pour attendre la silhouette qui se profilera dans l'allée sinueuse mais chaleureuse, tout le temps verdoyante et fleurie. quand elle se dessine, joséphine attend derrière la porte de sa propre chambre, le coeur battant comme les enfants qui s'apprêtent à faire peur à leurs parents pour la devancer, et ouvrir la porte avant même qu'elle toque. en entendant ses pas, elle s'exécute donc et aussitôt face à elle aussitôt qu'elle l'avale de ses bras quémandeurs. joséphine la serre contre elle et ne la relâche plus, sa tête reposant sur son épaule. tu m'as manqué... et c'est un semi-mensonge : c'est ce qu'elle rattache à miséricorde qui lui a manqué, pas ses sourires.
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