C’est qu’on se pose des questions, beaucoup, depuis toutes ces années dans le nouveau monde. Des questions qui restent souvent sans réponse.
Mais Guenièvre les garde au creux de sa tête, réfléchit, le soir dans son lit, aux rouages de Valdore.

Ce qui l’intrigue le plus, reste sans aucun doute l’Ordre. Une curiosité certaine, guidée par un goût évident pour la prière et les discussions avec ces mages qui savent tellement du monde. Des collègues sans vraiment en être.
Et Guenièvre, aujourd’hui, a l’envie de parler aux mages. Peut-être pour une simple discussion, peut-être pour confesser quelques péchés ou prier en silence.
Alors Guenièvre passe la porte du temple, un léger sourire aux lèvres quand elle s’assoit sur un des bancs, se joint à un homme qui semble bien occupé au travail. Le saluant d’un simple hochement de tête, la jeune femme se dit qu’elle a trouvé son mage, la personne à qui poser quelques questions. Une prière et la tête se relève. Le sourire sur les lèvres, elle écrit sur le carnet et s’avance vers l’inconnu pour le lui tendre.

“Bonjour, que les arcanes vous protègent. C’est la première fois que je vous vois ici. Puis-je satisfaire ma curiosité avec quelques questions ? En tant que chercheuse, je dois dire que les mystères de la Maison Dieu sont des plus fascinants et qui d’autres qu’un mage pour m’éclairer ?”

Un sourire, Guenièvre en fait toujours et derrière la douceur, il y a cette curiosité dans le regard, cette envie aussi, de discuter simplement qu’importe la stature du jeune homme face à elle.
Il faut nourrir la tête, continuer à faire grandir le savoir, pour mieux vivre dans ce monde mystérieux.

Un sourire pour la compréhension du mage. Guenièvre comprend la surprise, apprécie les questions qui s’enquièrent de la mettre à l’aise. Et de sa plume, elle écrit en vitesse pour répondre aux mots.

“Je suis désolée de mon silence. Je vous entends très bien, il ne me manque que la parole.”

La maladresse amuse un peu, attendrit le regard quand elle tend le carnet après un court “merci de votre patience”. Et durant un court instant, Guenièvre pense. Elle adresse un sourire désolé quand mettre les mots prennent le temps, trop de temps pour quelqu’un qui possédait une voix. Mais bien vite les mots viennent et le carnet, plein de questions, se pose sur les genoux du mage.

“J’ai tellement de questions que je n’aurais pas assez d’un carnet pour les poser. Voyez-vous, j’ai grandi loin des lieux sacrés et les arcanes furent un sujet que je ne peux bien connaître que tardivement. Je suis croyante mais l’Ordre est si mystérieuse, surtout pour une chercheuse comme ma personne. Avez-vous entendu parler des Volturne ? J’ai entendu qu’ils avaient été banni par l’Ordre et ma curiosité aussi vilaine soit-elle me démange. Pourquoi l’ordre irait bannir ses meilleurs guérisseurs pour une simple théorie ? L’Ordre ne veut-il qu’une seule pensée ? J’admire vos recherches mais je ne peux que me questionner face aux silences autour de vous.”

La main se pose, laisse lire les mots. Et la curiosité effraie un peu Guenièvre. Elle se mord la lèvre, a les doigts qui jouent nerveusement avec le tissu. Court-elle à sa perte avec de telles questions ? Fait-elle preuve d’hérésie en questionnant ainsi un mage sur l’Ordre dont il fait lui-même parti ? Dans l’hésitation, la main tremblante ajoute des mots.

“C’est sot de venir poser ces questions à un membre de l’Ordre, mais vous êtes la plus fiable des sources, non..? Si les arcanes me jugent digne, vous ne me jugerez pas impie.”

Alors elle prie pour que les Arcanes souhaitent encore sa vie dans la lumière de l’Ordre.

Les traits sont moins tendus quand le mage ne semble point offensé par les questionnements. Et un léger sourire vient reprendre place sur le visage quand les yeux observent avec la curiosité d’une enfant, buvant les paroles de celui qui est le plus proche de la vérité ici.

Elle accepte les mots, y réfléchit et compte encore y réfléchir longtemps. Alors elle hoche la tête, reprend le carnet pour écrire avant de le tendre à nouveau au mage.

“Il est vrai que la paix reste la chose la plus précieuse à avoir mais n’est-ce pas l’Ordre qui tente de garder la mainmise sur la vérité ? Je sais qu’il en tient de l’ordre publique… Mais rien ne prouve que les Volturne étaient en tort alors pourquoi ne pas simplement les avoir tenu au secret de leur recherches..?”

Et quand elle donne à nouveau le carnet, les mots de Roman lui rappelle la vérité, le fait que c’est un simple mage face à elle et elle semble gênée un instant, s’excuse d’un sourire avant d’écrire à nouveau sur le carnet.

“Je suis désolée, je me suis un peu emportée dans mes questions sans prendre en compte la hiérarchie de l’Ordre, vous ne pouvez pas répondre à tout.. C’est juste que j’ai longtemps été tenu au secret moi aussi et voir de telles censures me laissent toujours pleine de questionnements.”

Sourire à nouveau quand elle laisse le carnet sur les genoux. Elle reste pensive un instant, observe les lieux avec son oeil toujours si curieux. Et à nouveau, elle adresse ses mots au mage, curieuse d’un nouveau sujet.

“Je m’appelle Guenièvre, je ne me suis même pas présentée, pardonnez mon empressement. Comment vous appelez vous ? J’espère que les arcanes sont douces avec vous, vous qui possédez la patience de répondre aux questions particulières. Et aussi incongru que cela puisse paraître, puis-je vous faire la conversation ? Ou serait-ce malvenu ?”

Il faut bien un peu nourrir la curiosité et offrir de son attention à ceux qui sont vu comme de simples réceptacles puissants par la population.

Il y a un sourire qui reste sur les traits quand on dérive sur un sujet plus serein, un sujet un peu moins professionnel aussi quand la curiosité pique les lèvres.
C’est que ce mage a une aura des plus intrigantes et ce rire rend la jeune femme plus curieuse encore. C’est un jeune mage bien sympathique avec une bienveillance qui renforce le bon sentiment.

Rire quand elle entend ses mots, quand il nie sa patience. Car on imagine bien celui qui a encore les restes d’enfance sur les traits perdre son impassibilité et ça a le mérite d'arracher ce rire attendri à Guenièvre.

Alors les mots courent sur le papier, la malice du rire encore dans les yeux.

“Avez-vous un certain tempérament qui vous pousse ainsi à nier être patient ?”

Point de jugement dans les mots, quand elle tend le carnet avec douceur. Et elle écoute le mage se présenter sans ciller, sourit un peu plus quand il semble fier de ce titre de disciple.

Et il a raison de l’être. Car aux yeux de Guenièvre, c’est un beau titre, un titre qui a du mérite et qu’elle ne peut que trouver admirable au jeune âge de Roman.

Sourire et mots à nouveau qui bleuissent le papier.

“Vous me voyez tout autant enchantée de vous connaître Roman.  Merci de m’offrir de votre temps. Je vous dois bien une présentation plus correcte… Je me nomme Guenièvre Bradwyr. Je suis une simple guérisseuse de la Sphère.”

Alors quand le carnet rejoint les mains de Roman, c’est elle qui se courbe, ce même sourire éternel au visage quand elle se redresse. Quand elle reprend le carnet pour y écrire à nouveau, répondre à toutes les paroles par des lettres qu’elle ne peut pas dire.

“Voilà un bien beau rôle que celui de disciple. Vous devez être un mage impressionnant. Et le feu est un élément si majestueux ! Je n’ai jamais vu Malronce mais ce doit être un endroit aussi fougueux que son élément. Je serai curieuse de voir votre magie. J’ai aussi été éveillée mais je dois bien avouer que les courants d’air sont bien moins impressionnants que des flammes à mon petit niveau de magicienne. Et votre dévouement aux questions du peuple est admirable, en tout cas, moi, je l’admire, c’est noble de votre part. Je suis désormais curieuse des réponses que vous aurez. Est-ce trop gourmand de ma part ?”

Sourire à nouveau quand le carnet se pose dans les mains du mage. Guenièvre attend les prochains mots en sachant très bien qu’encore la communication sera longue. Mais le sourire ne quitte pas les lèvres quand elle attend sa réponse car c’est une présence bien agréable qu’est ce jeune mage.

Guenièvre écoute d’une oreille attentive, ce fin sourire aux lèvres quand le regard toujours, semble si intéressée. Car toujours dans les yeux de Guenièvre, c’est la paix qu’on trouve, le plaisir d’écouter avec toute son âme, tout son coeur chaque mot qui lui est dit. Guenièvre vit pour vous, c’est l’impression qu’elle donne et au fond, est-elle fausse ? Pas même Guenièvre ne pourrait le dire. Et elle n’a même pas besoin d’hocher la tête pour que Roman comprenne qu’elle boit ses mots, ses gestes, tout.
Elle est touchée en plus, Guenièvre face à sa posture moins digne, cette posture plus accessible qui lui permet de le voir plus comme un grand enfant que comme un homme impressionnant, même s’il le restait.

Sourire, Guenièvre commence à écrire quand la curiosité pique le jeune mage. Une curiosité qui laisse Guenièvre privée de tout mot quelques secondes avant qu’elle ne lui sourit, l’air triste quand la tête se secoue. Non. Non, elle n’a pas toujours été maudite de cette manière. Et les mots coulent sur le papier, énigmatiques quand ils en dévoilent trop sans dire le péché absolu.

“Ce ne fut pas toujours le cas, non. J’ai jadis eu une voix et la Maison-Dieu m’en a privée. Les arcanes ont dû me juger indigne de toute parole et je comprends cette punition. Ne vous inquiétez pas pour votre indiscrétion. J’ai mes secrets mais je reste néanmoins ouverte à discuter de ce soucis avec les représentants de la Maison-Dieu.”

Pieuse Guenièvre. Jamais les mots n’ont franchi les lèvres, si ce n’est en compagnie de Morgan. Pourtant, devant les Arcanes, Guenièvre sait que ses secrets sont un péché qu’elle ne peut expier que dans le silence et peut–être avec ces mots un jour arrivera-t-elle à se libérer.

Sourire à nouveau au mage, Guenièvre n’écrit plus de mystères, répond aux faits énoncés par Roman.

“Il est bien aimable de votre part de vouloir ainsi satisfaire ma curiosité. Et je vous avoues être curieuse de cette culture malronçoise qui m’est étrangère. Est-ce moi où ces contrées ont laissé la tristesse teintée votre sourire ?”

Oh, la tristesse n’échappe pas à Guenièvre, non.