Sujet: la bête et la bête | pv. lezaleth Dim 13 Sep - 14:54
Il était communément admis que tous lieux étant propices aux accidents de travail représentaient une aubaine pour les travailleurs de la santé. Haut-Chant et sa scierie avaient, sans aucun doute, besoin de guérisseurs au quotidien pour soigner les grosses coupures comme les petites échardes. Le village est prospère et les habitants, chaleureux et droits dans leurs sabots, n’hésiteraient pas à mettre la main à la bourse pour récompenser tout travail dûment effectué. Il s’agissait là d’une occasion en or de s’enrichir sans trop de difficulté. C’est ce que tu te dirais si l’argent t’attirait.
Mais tu avais une toute autre motivation. Tu savais que la quête de richesse ne ferait que davantage pencher la balance contre toi. Ta dette karmique est beaucoup trop grande, ma chérie, pour espérer un jour pouvoir la combler. Mais tu fais des efforts pour l’éponger. Tu n’as rien d’un martyr qui agit de bonté de coeur ; tout ce que tu fais, c’est pour te sentir pardonnée. Pour effacer le poids de la culpabilité qui te ronge. Aujourd’hui, le fardeau est plus lourd encore.
La lune rouge brillait, il y a deux nuits de cela.
Des hommes, des femmes et des enfants s’engouffrent dans la petite chapelle du village où tu officies aujourd’hui. Des lits de fortune ont été installés çà et là et des en-cas trônent sur de petites tables, libres d'accès pour les plus affamés. Tu évites le regard des plus jeunes et adresses un sourire crispés aux aînés. Sans élever la voix, tu donnes des conseils et des indications aux patients. Tu te fermes pour ne pas avoir à entendre quiconque énoncer le bilan humain. D’autres guérisseurs s’affairent autour de toi et tu espères voir ta présence noyée dans l’agitation ambiante. Tu prodigues des soins, plus nécessaires que jamais après cette nuit carnassière. Et tu fuis.
Messages : 142 Âge : 21 Métier : Cuisinier royal de Malronce Défaut fatal : La gloutonnerie Avatar : Twisted Wonderlands - Riddle Rosehearts /// IRL - Thomas brodie-sangster Autre(s) compte(s) : Joan Brianfort
Lezaleth Hoberault
de Malronce
Sujet: Re: la bête et la bête | pv. lezaleth Lun 14 Sep - 6:41
Que les sots partent traquer le loup des bois.
Maudissant sa crédulité, Lezaleth ne put s'empêcher de tirer une grimace tandis qu'il enfila à contre-coeur sa chemise blanche par-dessus les marques encore fraîches et rougeoyantes de l'avant-veille. Son séjour à Belorge, dont la durée initiale n'était que de quelques jours, fut étendu par un concours de circonstances pour le moins... inopportun. Pris de court, la lune rouge le frappa sans qu'il ne puisse s'assurer d'un endroit reclus, et de cette nuit il n'a le souvenir que d'une épaisse forêt boisée. Mais de son réveil, outre les morsures habituelles que s'infligeait sa belligérance restreinte le voilà affublé de cicatrices en bien des zones pourtant hors d'atteinte. Chose plus étrange encore, en débit des preuves accablantes de violence, il n'avait pas le goût du sang dans la bouche.
Autant de questions tourmentaient le jeune cuisinier, sans qu'aucune réponse ne lui vienne en aide. Aussi se décida-t-il de rejoindre la chapelle de Haut-Chant, non pour demander miséricorde à la Maison-Dieu, mais au contraire apporter le solace à une population partageant son effroi de la bête. Les rumeurs allaient bon train, au point même qu'une battue était organisée afin de débusquer le 'grand loup de Haut-Chant'. La seule bonne chose, s'il devait en avoir une, était de contempler pareil remue-ménage depuis la chapelle sans trop émettre d'inquiétudes. Sa prochaine lune rouge ne sera très probablement pas en ces lieux après tout.
Dans le seul but d'attirer l'attention royale sur ses actes, Lezaleth avait envoyé ses suivants quérir une poignée de porcins afin d'en préparer un répit festif. A cela s'ajoutaient les quelques épices ainsi que du miel grandventeux restant de son voyage à Blanchefeuille, qui suffisent amplement à la confection d'une bouchée populaire. Tandis qu'il pénétra l'enceinte du bâtiment, une jeune femme épaissement vêtue et à la mine un tantinet désoeuvrée retint son attention. Lui souriant avec étiquette, il se présenta aussitôt.
Une bien belle journée que voici, ne trouvez-vous pas ? Je suis Lezaleth Hoberault de Vilnore, un modeste cuisinier malronçois venu apprécier les pâtisseries bellorgiennes mais qui par la force des choses m'envoie à Haut-Chant, où je n'y trouve que sciure de bois. Et vous gente dame, permettez que je m'instruise de votre présence ?