let's have another round tonight (lezaleth)/ fin

toutes les gemmes siéent à son cou gracile d'oie, même les plus lourdes ; elles retombent un peu pataudes sur sa peau porcelaine, et reflètent mille soleils artificiels dans leurs angles taillés.
ainsi, joséphine brille de tous les feux. comme chaque jour, elle est très bien apprêtée. elle a passé beaucoup de temps à se coiffer, à choisir quelle robe elle mettra, à sélectionner des bijoux rutilants et trop voyants pour être gracieux, à la manière des vieilles dames dégageant tous leurs cheveux en arrière dans un chignon serré pour mettre en avant leurs épaisses boucles d'oreille. les cheveux de joséphine sont fous, et couvrent les beaux rubis choisis au petit matin.

elle déambule joyeusement dans les couloirs, aide à passer un coup de balai, salue les clients, s'arrête pour boire quelque chose avec eux, s'arme de sourires larges et indélicats, un peu ingrats et qui déforment son visage qui semble presque juvénile à pourtant plus de trente ans. comme chaque jour du monde : aujourd'hui est un beau jour. joséphine sent un peu trop fort le parfum et laisse une traînée odorante lourde derrière elle, la lionne marque son territoire ; rappelle les instincts primitifs et que personne ne souillera son sol. heureusement, son invité improvisé aujourd'hui est une âme qui est bien plus que la bienvenue - si bien qu'elle arrête aussitôt le tressage méthodique d'une chevelure brune, abandonne son ouvrage éhontément quand on la prévient de l'arrivée impromptu de son tendre ami.

elle descend les escaliers comme une furie, évidemment pieds nus, s'accroche à la rampe pour ne pas tomber, et parade dans le couloir qui mène aux petits salons qui permettent de faire l'accueil des visiteurs. lezaleth ! comme d'habitude, elle parle trop fort ; et son ton est roucoulant, mielleux sans arrière pensée néfaste. juste trop - trop partout, trop existant. lezaleth - olalalah je crois que je vais pleurer ! elle fait mine de dégager une larme au coin de son oeil, caressant sa propre peau bien poudrée. mon chou, ça fait si longtemps - je t'imaginais déjà marié ! c'est de ton âge ça, non, le mariage ? oh mon petit. l'excès réside dans une moquerie affectueuse, provoquer l'agacement par une exagération de tout ce qui pourrait agacer lezaleth. et sans pudeur ni retenue, elle s'approche pour le prendre dans ses bras, le décoiffant à coup de grands coups de mains glissés dans les cheveux et le serrant très fort - jusqu'à l'étouffer dans l'alcôve de ses cheveux blonds aux odeurs d'huiles essentielles qui chatouillent le visage de lezaleth, le recouvrent. mon petit de rien du tout... et ses bras mettent plus de volonté à l'enfermer. ça fait un moment, dis-moi... toujours pas motivée pour le lâcher, de toute évidence.

Plus que la frustration c'est le regret qui te hante.

C'était là une bourrasque frivole et inébranlable qui s'abattait avec force contre le corps frêle et résigné de sa victime du jour. Pris d'une étreinte si constrictive qu'il n'en respirait plus que son épaisse parfumerie, les mots lui manquaient pour répondre à l'invective si tôt lancée par sa ravisseuse. Au lieu de cela, sa tête reposant au creux de ses belles clavicules éveillaient les souvenirs doucereux et aigres de leur histoire. Une femme portée par son désir oisif s'était un jour assise à la table royale, conversant au mépris de sa condition populaire dans toute la tonitruance de sa personne. Il n'était alors qu'un oisillon venu apporter ses quelques amuse bouche en guise de convenance, si bien qu'elle en jeta son dévolu sur sa petite candeur. Et depuis, l'étau de son étouffante affection n'eut de cesse que de croiser leurs chemins, l'enivrant au point de rechercher par lui-même ce délice coupable. Tante Joséphine, une dénomination apportée non par le sang mais par sa chaleur intrusive, brisa les barrières de classe pour en toucher la véritable substance. Le nerf porté à vif, elle jouait de cette exposition avec humeur, où douceur et douleur ne font plus qu'un.

Peut être était-ce la culpabilité de l'avoir ainsi laissé sans une lettre des mois durant, mais Lezaleth n'eut le coeur de se débattre. Plutôt que d'échapper à son embarras, sa résignation lui donnait l'impression de n'être guère plus qu'un pantin dont les fils auraient été sectionnés. C'est pourtant ce même petit brin d'homme qui naguère jouait au bon vouloir de sa marraine lui souffla quelques effronteries entre la naissance de ses seins.

Tante Joséphine, je me marierai le jour où vos manières sublimeront votre beauté. L'idée même que ma dame d'honneur puisse se pavaner pieds nus et avec bruyance me font anticiper cet événement avec une effroyable anxiété.

Son expression narquoise n'était que la juste rétribution quant aux piques répétées de sa tendre maquerelle. Le mal qu'il du prendre en patience se voyait ainsi déversé contre sa meilleur institutrice, et lui trouva une belle ironie à ce qu'elle en récolte les fruits de sa semance. Qui plus est le titillement que lui provoquent les senteurs de sa toiletterie lui rappellent bien des souvenirs, de sa coquetterie dont il n'est guère friand mais si familier, lui enveloppait l'esprit telle une seconde caresse d'accueil.

Sept mois pour être exact. Sept mois de liberté qui désormais ne me semblent guère plus qu'un lointain souvenir.

Toute résistance frontale ne pouvait rencontrer qu'un cuisant échec, aussi fallait-il aborder la chose d'une autre méthode. Son expérience à Ambrive lui dictait de contourner le problème, ce qui lui permettrait probablement de trouver faille à ses défenses.

Nous avons beaucoup à nous dire, peut-être pourrions nous avancer dans vos quartier ? Et de grâce, même si je comprends votre engeoument permettez que je respire... je ne suis plus un enfant !

en correspondance avec @Joséphine Censier

lezaleth enchante joliment la langue de plein de beaux mots, bien faits, bien ronds. ils sont délicats et dévoués à la chanson et joséphine les comprend tous, mais ne les maîtrise pas. il plaide bien, se rend éloquent avec magnificence et goût du détail. c'est très attentionné de lui destiner toutes ces mesquineries enrobées : elle en est ravie.

lezaleth, de part sa culpabilité, lui semble bien docile. elle accepte cette tranquillité et en joue pour l'étreindre toujours plus, jamais trop sans elle, car il fut aussi farouche qu'elle fut embêtante. elle ne perd pas son sourire, même à l'insolence répétée et apprise dont elle reconnaît la saveur. c'est la sienne, elle lui vient d'elle ! il faut qu'elle le lâche mais ce n'est jamais total, toujours brise-t-elle la politesse en envahissant tout espace possible à empiéter. quand ce n'est pas les bras autour de lui, ce sont ses doigts de fée qui remettent correctement le col de sa veste, tandis qu'il parle, et puis c'est une manche dont on redessine bien l'ourlet, et puis c'est un doigt qui s'égare sur le nez dans un rire léger et insouciant.

ta liberté c'est ici, voyons. dans mes bras et loin du devoir, de la routine lancinante. ici tout est beau, et, tu sais que tu es la bienvenue tout le temps, même dans les draps d'une chambre déjà occupée. ronronnante, l'allusion est claire et naturelle. elle lui vient sans hésiter, comme une seconde nature cinglante qui n'utilise pas les mêmes armes distinguées de lezaleth. ohh, comme il te plaît. il ne faudrait surtout pas contrarier môsieur cuisinier du roi. le terme de quartiers est trop volumineux pour ce que sa chambre représente en réalité. elle lui attrape la main en premier lieu pour l'inciter à passer son bras dans le sien, s'avançant à un bon pas dans les couloirs. depuis que tu es venu, nous avons refait les lustres. les anciens commençaient à se disloquer, il serait fâcheux que cela tombe sur la tête d'un client ! elle rit à gorge déployée de ce qui est, de toute évidence, d'un comique fâcheux.

alors dis-moi, si ce n'est pas le mariage qui t'a retenu, pourquoi n'es-tu pas venu voir la bonne vieille joséphine ? une fois devant la porte (qu'elle ouvre d'ailleurs d'un mouvement de pied maîtrisé, qui l'envoie valser violemment contre le mur derrière), elle le relâche pour s'approcher du lit et s'étendre sur le ventre. elle se retourne paresseusement, sur le dos, étend un bras au-dessus de sa tête et tourne son nez vers elle, le sourire toujours mesquin mais attentif. je connais de très jolies filles. et de très jolis garçons. ses pieds battent doucement un rythme régulier dans le vide. la chambre est à son image, chargée, des parures abandonnées sur les meubles, des tapisseries qui ne prennent jamais la poussière, des robes étalées au sol et sur les chaises, rendant l'assise difficile mis à part sur le lit.

Pousse moi du haut de cette falaise avant que la raison ne me revienne.

Refermant avec douceur la pauvre porte ainsi malmenée, il s'adossa un moment contre son bois afin de contempler l'auteur des quelques plaisantes minauderies proférées à son encontre. Joséphine était belle, par son teint de porcelaine et ses boucles d'or lumineuses, elle brillait d'un éclat intemporelle qui ne cessa jamais de restreindre son coeur à chacune de ses visites. Lui rendant un sourire tendre mais lointain, son regard nostalgique lui piquait les entrailles à la pensée des jours d'antan.

Parfois je me demande comment ma conscience ne s'est noyée dans le plaisir charnel avec une marraine si dénuée de restreintes. Et non, je ne viens nullement pour ces... services.

Autrefois elle l'eut fasciné par ses humeurs chancelantes et ses maniérismes empreint de liberté, mais aujourd'hui ce resserrement était tout autre. Meurtri d'une ignominie causée sous une lune écarlate, il porte depuis le secret de son acte dans la peur et le regret, maintenant les siens à bonne distance pour mieux contempler sa propre fin. Sept lunes. Sept fois a-t-il été pris de cette monstrueuse folie dont il ne garde que des relents cauchemardesques, de hurlements et de râles qui pour la plupart, restent les siens. Ce silence lui pèse et cette solitude aussi. Qu'importe le divertissement, la léthargie ne dure jamais longtemps.

Pour tout vous dire, si je n'ai écrit ni visité depuis tout ce temps. C'est parce que j'ai oeuvré en vain de vous oublier.

Au diable la raison, il lui fallait défaire son coeur avant que son maigre courage ne s'éclipse.

Non par indifférence, car je vous aime Joséphine, je vous aime de tout coeur comme jamais je n'eus aimé même mon propre sang. Et je vous ai fui pour ne pas avoir à répondre de ce qu'il est advenu du garçon que vous connaissiez jadis.

Avançant ses pas vers l'objet de sa hantise, il n'entendait plus qu'un bourdonnement cardiaque de par son point de non-retour dûmment dépassé.

Mais cette fois je ne me défilerai pas. Je m'étais fait le serment de tout vous dévoiler si un jour il me venait le courage de me confesser. Alors regardez bien...

Le corps tremblait de part en part tandis qu'il déboutonnait sa chemise avec maladresse, dévoilant ainsi une peau blancheâtre mais sillonnée de balafres violacées. Un moment d'hésitation plus tard, il se décida finalement à dévêtir son haut de corps, dont les marques se multipliaient sous son expression incertaine. Recroisant ses bras par un simple instinct de pudeur, les traces sur ses avant-bras furent malgré lui mis en évidence. Des morsures pouvant appartenir au plus grand des canidés. Et non pas une ou deux, mais il y avait bien des dizaines voir une centaine de ces lacérations à tel point que les cicatrices s'entrelaçant lui conféraient une apparence grotesque.

A choisir, j'aurais aimé ne jamais vous imposer cette horreur. Mais je vous connais Joséphine, si bien que tôt ou tard vos inquiétudes auraient eu raison de mes distances. Je vous épargne donc cette peine, n'est-ce pas généreux de ma part ?

C'était un rire doux et sec mais surtout très bref.

Ces marques... sont de mon forfait.

en correspondance avec @Joséphine Censier

we rise and we fall and we break
we fall and we make our mistakes.
and if there's a reason i'm still alive
when so many have died

joséphine ne se formalise pas de ce refus de rien du tout et soupçonne vaguement le coeur lourd de lezaleth sans évidemment pouvoir mettre un doigt sur la raison de ce poids. son oeil est toujours très indulgent pendant les confessions, et le sourire insouciant aussi ; l'été ne meurt jamais auprès de joséphine.

l'oublier ? mais le propre de joséphine est d'être immortelle dans les âmes, elle marque indéfiniment et toutes et tous sont chargés d'inaugurer des autels mentaux à son honneur. les déclarations de son petit protégé nourrissent un ego terrible et flatte sa grotesque personne, fanfaronne et indélicate ; le sourire est maintenant carnassier, prête à dévorer le coeur bien frais des confessions d'amour familial. cet appétit n'est pas nocif et elle chérit très fort ceux qui la nourrissent ainsi, les couvent de sentiments réciproques et très louangeurs.
son pied continue de battre un rythme imaginaire dans l'air, la plante noircie par la poussière.

inévitablement, son visage est attendri et sa bouche s'arque d'un "oh" silencieux, profondément touchée par l'aveu. d'un mouvement vif, elle se retourne pour se mettre sur le ventre et observer à l'endroit celui qui se dévoile pour elle, devant elle - et observe la valse gracieuse des atrocités. c'est une spectatrice assidue, du début à la fin, bien silencieuse ; elle l'accompagne par la force de son regard et la lueur de sa mine, curieuse et effrontée.

car jamais, elle ne détourne son nez face à lezaleth. son expression mue discrètement en quelque chose de plus sobre, mais jamais ne vient la colère ou la pitié. ce corps, presque d'enfant, bafoué et profané, ne fait pas sens et elle passe du visage aux bras plusieurs fois à la suite pour bien rattacher l'un et l'autre. de ses mouvements toujours traînants, elle s'assied sur le lit, pieds maintenant au sol qui s'enfouissent dans de la soie abandonnée là, et elle se lève pour lui faire face. c'est donc toi, qui t'aies fait ça ? de toi-même ? inhumain et monstrueux : elle ne recule pas. avance au contraire, saisit son poignet fermement pour le soulever, le dénude plus qu'il l'est par la force d'un coup d’œil, sans bien comprendre où il peut en venir. te détestes-tu à ce point ? et maintenant c'est yeux dans les yeux, la mine formelle et évidemment inquiète. la question est simple, elle ne fait pas dans la dentelle. sa voix appelle à la réponse claire et précise, elle relâche ce qu'elle tenait et si elle semble hésiter à le reprendre dans ses bras, c'est par peur de le faire souffrir. car s'il se hait, elle, l'adore profondément - lui voue cet amour simple sans conséquences.

Même une abomination ressent le désir d'être aimé.

Au contact de mains fermes et légères il se pétrifie au point de manquer d'air, se laissant guider sans résistance à la découverte de ce corps qu'il méprise. Baissant honteusement les yeux, il hoche avec silence devant le regard inquiet de sa marraine. Pour la première fois depuis ce qui semble une éternité, on ausculte son corps et ce dans les moindres détails. Mais il n'en tire aucune gêne, le contraire même ne saurait mieux décrire cette chaleur nourricière. Un état de vulnérabilité qu'il n'eut jamais rencontré, encore moins en la présence d'une ancienne fille de joie aujourd'hui femme apaisante.

Sa voix est basse, pour la première fois en des années. Preuve en est qu'il lui arrive aussi de tomber le masque. Un cri de désespoir à l'attention d'une personne dont il se refusait l'aide, mais dont les pas conduisent inextricablement à sa porte. Brillant de mille lumières dorées, sa présence illumine quelque peu la noirceur de sa hantise et continue alors sa confession.

Oui. Ces marques... ce ne sont pas celles laissées par un homme, mais celles d'une bête. J'ignore comment ou pourquoi mais à chaque lune rouge mon corps se transforme et de la nuit j'en n'en garde nul souvenir. Je possède un vieux château en campagne où je m'enferme pieds et poings liés dans un cachot, car ma fureur est telle que je ne puis m'empêcher de me mordre. Sept fois la lune a permis cette transformation, et depuis je redoute son apparition chaque nuit passante.

Sa réponse est fébrile, prête à se briser au moindre mot tandis qu'il étaye non sans difficultés les aléas de son âme. C'est une sensation curieuse mais confortante de se voir allégé du fardeau de ses émotions, et de sentir les larmes lui rouler sur les joues pendant sa respiration bruyante.

Je... J'ai fait des choses. Pendant la première lune. Je... J'ai...

Il ne parviendra pas à terminer sa parole, car le son reste bloqué dans la gorge. Une humeur nauséeuse l'envahit à la seule pensée de ces visages déformés de douleur et sanguinolente. Ses doigts se referment sur des fils de chevelure rougeâtres, qu'il arrache avec une violence insoupçonnée. La douleur le calme, et de cette haine il ne reste plus qu'une triste mélancolie.

Serrez-moi fort Joséphine. Etouffez donc une bonne fois pour toute ce monstre qui vous aime.

en correspondance avec @Joséphine Censier

joséphine est une femme simple, trop simple - joséphine est une femme qui connaît les lois et sa nature, mais pas l'envergure du monde. immense et cruel, elle est béate et n'en voit qu'une maigre partie - si bien que bien qu'elle ait déjà entendu de ce que lezaleth conte, il lui semble qu'il est question d'une fantaisie difficile à croire.
inconstante, son visage se métamorphose toujours beaucoup ; chimère adorée, elle connaît mille formes, mère, amante, bohème et idole. elle passe par toutes les étapes au cours du récit, ne cesse de songer, et jamais son inconscient ne la laisse tranquille.

lentement, elle se demande si elle doit le lâcher. méthodiquement, elle conclue que non. ses lèvres ne délivrent aucun mot, et elle admire, horrifiée sans le laisser paraître, par ce qu'elle tient de ses mains tendres et dévouées. les larmes sont celles d'un enfant et l'hésitation qui persistait jusqu'ici s'éteint, comme rappelée à un sentiment primaire de production. chéris ce que tu crains. met sous laisse toutes les peurs, apprivoise les monstres de la nuit ; et malgré toute l'affection qu'elle puisse porter à lezaleth, la raison pour laquelle elle le serre si fort est son instinct de survie. elle va gentiment dans son sens car s'il peut se mutiler - que pourrait-il lui faire à elle ?

était-ce une erreur de se lier à un tel garçon ? peut-elle même envisager un jour, au-delà de la peine que ça lui ferait, de vivre dans la peur de le rejeter de sa vie et de craindre le poids des conséquences de ce déni ? trichotillomane, lezaleth s'arrache. ses yeux de biche observent le geste terrible et significatif - et regrette de se rappeler du mimétisme mental de celle qui l'a faite veuve, qui faisait exactement la même chose les derniers jours de sa vie. c'est souillé une image sacrée de les comparer.

joséphine sourit. ses mains montent pour prendre celles de lezaleth, qu'elle serre très fort, puis elle le lâche pour mieux l'enlacer. elle maintient ses bras autour de lui, je ne te tuerai point. elle repose sa tête sur son épaule, sourit dans son cou ; déteste la fébrilité des deux peaux qui se frôlent. tu ne me feras jamais de mal, n'est-ce pas ? alors tout ira bien, car rien ne compte plus pour joséphine que son propre reflet rutilant.

D'une confession, c'est la peur du désir qui triomphe.

Avec son étreinte doucereuse, elle apporte une senteur légère qui embaume le coeur. Pour la première fois depuis son entrée en cette pièce, il se sent respirer librement le parfum de sa marraine. Comme toujours, elle le charme d'affection et de tendresse, laissant sa personne à la merci de ses humeurs chancelantes. Des mains blanches le parcourent et l'enserrent, c'est un message qu'il croit bienveillant et accepte sans émettre le moindre doute, regrettant avec amertume la distance que causait sa torpeur. Ses doigts lui caressent le dos, sillonnant une à une les pics de sa colonne jusqu'en atteindre une terre interdite qui le figea sur place. Son corps brûlant lui hurle de procéder, mais le coeur se déchire et lui implore de ne point succomber.

Finalement c'est la raison qui gagne et rétracte ses pattes vers de plus nobles aspirations, d'une triturant ses belles boucles blonde et de l'autre s'accroche fermement à l'épaule. Quand finalement ses paroles lui sont susurrées à l'oreille, un noeud se forme au fond de lui quand il comprend la nature de ses craintes.

Jamais. Je préfère encore que l'on me pende tel un paysan plutôt que vous laisser ne serait-ce qu'une éraflure.

Enhardi par sa déclaration, Lezaleth renoue de plus belle dans son étreinte. De son âme malronçoise brûle un amour trop longtemps ignoré, que la bienséance et le devoir étouffe sans le moindre ménagement. Mais aujourd'hui les obligations se perdent. Ne lui avait-elle donc pas assurée que la liberté se trouvait ici-même ? Libre de parler son coeur. Libre d'en délier les chaînes qui composent son être...

Joséphine... je n'ai que trop conscience du poids de cette confession. Des mois durant j'ai porté ce mal sans demander mon reste, et si la force ne me faisait défaut il en serait encore ainsi. Mais hélas, je ne puis continuer seul. Un seul désir m'étreint, celui de préserver mon humanité... et j'ai l'intime conviction que si vous ne pouvez accepter ma nature, alors nul ne le peut.

en correspondance avec @Joséphine Censier

embrasse-moi dessus bord
viens mon ange retracer le ciel
j’irai crucifier ton corps
pourrai-je dépunaiser tes ailes
embrasser, te mordre en même temps

(musique) c'est ainsi que joséphine émeut les jeunes personnes : elle les cueille à fleur de peau, les couve, les embrasse à la fois, et ils ne savent plus si leurs rougeurs sont déplacées. madone qui offre son sein, mais qui laisse entrevoir la possibilité de baiser ses lèvres à la fois. ça doit être ce quelque chose dans son sourire, sa négligence sentimentale, sa facilité à étreindre, à serrer, très fort, sans avoir peur d'étouffer.
l'aveu a des allures d'allégeance chevalière, l'amour courtois à son paroxysme - lezaleth lui prête serment dans la passion, et joséphine n'a pas d'autres choix d'accepter.

peut-on refuser l'amour d'un monstre ? il ne lui semble pas, et celui-ci est bien conciliant, bien doux si bien qu'on ne soupçonne pas sa nature au quotidien. sa grossièreté est dissimulée et elle s'en veut de penser qu'au fond, il est comme tous ces hommes corrompus et pourris jusqu'au fond du coeur qu'elle n'a jamais hésité à flatter, car couverts d'un or si pur qu'il en est chagrinant. lezaleth, gangréné d'une bien autre manière, peut-être pire car irrévocable, lui voue alors ce genre d'inclination.

elle sourit, et il n'y a rien de plus sincère que dans cette risette. ses phalanges rencontrent ses joues, et elle vient tenir fermement son visage, enfonçant sans méchanceté la pulpe de ses doigts dans la chair jeune. ses yeux rencontrent les siens, attendrie comme face à un petit animal ; je crains que tu te trompes si j'entends bien ce que tu dis, mon petit. elle doit effacer cet amour, vite ! son visage se penche et son torse se gonfle d'air pour se donner du courage dans ce refus léger qui permet de tâtonner le terrain. les garçons comme toi n'aiment pas les femmes comme moi, tu le sais mieux que moi. tu vaux mieux qu'une vieille libertine. toi, l'inhumain aux allures de brebis, ne peut aimer les loups sentimentaux comme joséphine. je crains que ton amour soit illusoire et porté par le désespoir. d'autres que moi sauront t'accepter tout aussi bien, tu sais. elle ne lâche pas et du bout des index, cherche le creux des fossettes en espérant le voir sourire. tu mérites mieux.

mille fois mieux.

Ce n'est pas le courage qui anime la déraison... mais la foi.

Les émois s'entremêlent et se perdent dans ce jeu de regards qu'ils entretiennent désormais. Ce visage prisonnier d'une si belle créature perdait de sa couleur au rythme des paroles qui crissaient son être. Une crainte profonde s'insurgea pour empoigner son cœur avec force, tandis que Joséphine s'immisce dans sa chair avec toujours aussi peu de considération. C'est l'incompréhension qui gagne désormais ses yeux quand il écoute son refus. Elle qui lui a toujours tendu les bras, elle qui ne l'a jamais serré aussi fort qu'en ce moment même. Tandis qu'elle lui expose ses excuses, il pose alors une main sur la sienne, la caressant du dos de ses ongles. Ce n'est pas la colère ni l'indignation qui l'habite, mais un agacement froid et mélancolique qui enveloppe sa voix.

Vous traitez ma confession comme irréfléchie et cela m'irrite. Je ne suis plus l'enfant ignare de jadis, il y a bien longtemps que le voile idéalisant dont je vous pare a disparu. Et que savez-vous des femmes que j'aime ? Je ne me suis jamais confié sur le sujet.

Comment pouvait-il avouer qu'il s'énamourait des femmes lui rappelant la belle Joséphine ? Elles étaient toutes d'une grande beauté, avec leurs larges boucles blondes et leurs hanches étroites. Elles le dorlotaient de leur bienveillance protectrice, presque familiale. C'était un amour distant qu'il entretenait, sans prétendre le moindre retour. Les voir sourire allègrement et s'émerveiller de ses attentions gourmandes lui suffisait amplement.

Alors pourquoi en était-il autrement pour celle qui se tenait devant lui ? Plus que tout, Lezaleth aurait du œuvrer pour l'en tenir éloignée des affaires de son mal être, et pourtant là voila touchant de ses mains nues l'horreur de sa condition. S'il devait en donner la raison, il estime qu'en son fort intérieur il avait foi. Plus que tout, il croyait en elle.

Je me fiche de ce que je vaux, car je sais ce que je veux. C'est pourquoi je suis ici, et que j'attends une réponse sans détours. S'il s'avère que vous ne pouvez aimer ce que je suis, je m'assurerai que plus jamais nos chemins ne se croiseront. Votre bonheur m'est très cher, et je ne me pardonnerai guère de l'entacher.

Et pour la première fois, ce sont ses mains qui frôlent son haut de visage pour en cueillir un brin de fil doré. Caressant la chevelure avec tendresse, elle tomba lentement jusqu'à en atteindre sa nuque et finalement laisser un doigt glisser le long de sa clavicule.

en correspondance avec @Joséphine Censier

je peux plus me voir dans la glace
pourquoi diable dans tes yeux mon mauvais reflet s'efface?
j'ère tard la nuit comme un méchant vautour
mais même les monstres rêvent d'amour

il aurait fallu qu'il comprenne que jamais personne ne l'a saisie totalement depuis son mariage. il faudrait qu'il comprenne que malgré une affection sincère, bien qu'un peu simplette et loin de quelconques drames déchirants, elle ne se sacrifierait jamais pour autrui. du moins il pourrait se baigner au moins de cette image absolue pour ne pas souffrir du fait plus réducteur, et plus cruel encore : elle ne se sacrifierait pas pour lui.

car l'intensité est de toute évidence, peu réciproque, et qu'elle n'a pas de goût particulier à briser les cœurs jeunes - et souffrirait certes de temps à autres de la séparation fatidique s'il souhaite s'éloigner pour toujours, mais il n'est qu'un parmi tant d'autres, et loin le premier qu'elle a bercé d'illusions. peut-être qu'au fond, est-elle encore trop rattachée au spectre de celle qu'elle a aimé et dont elle tait volontairement le nom, pour ne pas qu'il fasse irruption de manière douloureuse. elle laisse les mains de lezaleth se balader comme il le souhaite et relâche la pression des siennes, le coeur battant de prendre la bonne décision. il l'aime elle, elle aime un fantôme et trouve débectant l'ombre monstrueuse de lezaleth,

alors que faire de cet enfant orphelin d'amour qui plaide sa cause d'une très jolie manière ?

ses yeux quittent les siens pour s'attarder sur le parquet. ils s'accrochent en réfléchissant et, j'en aime une autre. ainsi n'a-t-elle pas à dire qu'elle ne l'aime pas lui pour ce qu'il est, et qu'elle ne l'aimera sûrement jamais ; misércorde est de loin, ce qui se rapproche du sentiment amoureux ressenti autrefois. mais je ne te souhaite pas loin de moi. car il vaut mieux faire de la mort son amie.

Tomber le masque n'est que rarement le bon choix.

C'est une douleur aigre qui perce Lezaleth quand les mots échappent la bouche de Joséphine avec parcimonie. Et ce n'est pas tant le refus qui le blesse, mais son indécision notoire qui en est la cause. Parce qu'elle se refuse à lui parler ouvertement, il ne comprend pas. Et à bien y penser, il ne sait presque rien de sa marraine et doute fort en apprendre davantage avec le temps.

Fermant ses paupières, il inspire profondément avant de s'éloigner pour s'en aller remettre son chemisier. Lui montrant son dos, il boutonne lentement son vêtement tout en laissant une voix étonnamment paisible guider ses paroles.

Je vois. Dans ce cas oublions ce qui vient de se passer. Faisons la promesse de ne plus jamais en parler. Ce n'est pas à toi de porter ce fardeau après tout. Et je te demande pardon pour cela.

Il s'adresse à elle avec familiarité, pour la première et dernière fois. Comme un adieu à cette vie qu'il ne mènera jamais. Une larme lui vient roulant sur la joue gauche qu'il essuie aussitôt. Trop fier pour laisser transgresser ses émotions, c'est avec un sourire figé qu'il se retourne, tout en évitant soigneusement de croiser les regards.

Tante Joséphine ! Vous n'êtes pas sans savoir que je ne viens jamais les mains vides, une surprise vous attend pour le dîner. Mais avant cela, sachez que le voyage m'aura bien épuisé, et je me plairais beaucoup à prendre un bain avant de continuer nos retrouvailles. Je serais bien aise qu'une de nos suivante ne m'y conduise.

en correspondance avec @Joséphine Censier

il y a des conversations qui, sans aucun doute, sont bien plus agréables au passé. joséphine rêve que celle-ci se termine pour la sortir de son embarras.
pardon, qu'il dit - pardon et tu fais bien lezaleth car vois-tu, maintenant son coeur est lourd de peur et jamais elle ne pourrait te voir de la même manière. à ses yeux lezaleth est devenu un monstre et il a bien fait de craindre son jugement car bien que silencieux, sa vision de lui est pour toujours transformée.

quand il remet sa chemise, elle dessine des yeux, sans lascivité, un corps chéri mais pas avec l'intensité des amantes : il ne l'a jamais voulu. alors pourquoi vouloir maintenant s'emparer de son coeur, lui qui a toujours refusé sa chair ? il y a quelque chose dans joséphine de manichéen et surtout bestial : on n'aime point sans la peau qui se frictionne, et l'attraction est toujours immédiate. étouffante. elle ne concède pas que ce jeune homme qu'elle a connu adolescent ait pu s'attacher à elle d'une quelconque manière, et puis il est trop jeune ! ce n'était qu'un enfant. ça serait immoral.

son sourire est toujours innocent, conciliant, gentil - adorable, elle n'a rien du rapace, courbe l'échine comme un gage de respect. j'ai hâte de voir ce que tu me réserves. que l'oisiveté reprenne le dessus dans cet enfer de dante. elle croise ses mains dans son dos, et se penche un peu, tête sur le côté avec une semi-risette. point de suivantes ici, tu le sais bien. mais une de mes filles sera ravie de t'y mener. va ! et disparais. va, je ne te hais point ! d'un mouvement de main elle lui désigne la porte pour lui faire signe de quitter cette pièce, se retournant déjà pour s'étaler sur son lit, sans attendre qu'il quitte la pièce pour se faire.

» Tu es à croquer. # Lezaleth
» Aux abords de l'infini — Lezaleth;
» night sickness,, ((lezaleth))
» Il ne tient qu'à toi de satisfaire ce gouffre - Lezaleth
» Tonight... we hunt ! ϟ Amaury Exegarai [U.C]