|	take a deep breath, let's disappear guenièvre & callum

C'est dévoué et passionné par ce qu'il entreprend que Callum s'épuise - le cœur est impatient et il a soif d'apprendre mais le corps n'arrive pas à suivre, il fatigue, s'essouffle, s'épuise. Le temps passe terriblement vite lorsque l'esprit est occupé et il est légèrement surpris par l'intervention de son institutrice.

Le fautif évite le regard de Guenièvre après avoir lu ses reproches - les mêmes mots inquiets que d'habitude, qui le somment de se reposer et le reprochent de trop travailler. Il esquive subtilement la question sur son sommeil ; lui-même ne savant plus exactement depuis combien de temps il n'avait pas dormi.

— Je vais bien, ne t'inquiète pas... Mais je ne suis pas contre une petite pause.

Callum savait qu'il n'aurait rien de convaincant à lui répliquer et lâche un petit soupir en acquiesçant face à sa proposition. Cela lui faisait mal au cœur d'écarter ainsi les leçons dont il avait terriblement besoin mais prendre du repos aux côtés de la scientifique serait loin d'être déplaisant. Il aurait catégoriquement refusé d'écouter qui que ce soit lui disant cela - qu'on ose l'interrompre alors qu'il était en plein travail l'agaçait fortement - mais il s'agissait là de Guenièvre et la femme réussissait chaque fois à l'attendrir et à le stopper dans ses élans, dès qu'elle le pensait fatigué.

Le mage ne se rendait pas vraiment compte qu'il se négligeait - il était tout simplement trop absorbé par ses études et obsédé par son désir de s'améliorer pour faire attention au reste. Il se rendait cependant compte de l'inquiétude que son comportement suscitait chez certains de ses proches, et il n'aimait pas leur causer du tord.

Alors il l'avait suivie jusque dans la forêt, cette femme aux yeux doux et aux sourires délicats ; Callum ne le réalisait pas, mais il la voyait quasiment comme une mère lui donnant l'amour que sa génitrice n'avait jamais pris la peine de lui donner - par sa seule présence, elle apaisait son âme souffrant des rêves aux contours effacés qui habitaient son esprit.

Il s'assoit silencieusement près d'elle à l'ombre des arbres et dépose sa tête sur ses genoux comme il avait l'habitude de le faire, le regard tourné vers le ciel bleu qu'on pouvait apercevoir lorsque le vent agitait les feuillages.

— Tu ne devrais pas autant te préoccuper de moi. J'apprécie énormément ta sollicitude, mais j'aimerais aussi que tu fasses plus attention à toi - autant que moi, je devrais le faire.

Guenièvre le couvait beaucoup, mais le mage primordial était loin d'être agacé par sa gentillesse : au contraire, il voyait même son altruisme comme un exemple à suivre - sans pour autant abuser de cette bénignité. C'était ce point-là qui l'inquiétait. Il craignait qu'elle ne se retrouve un jour écrasée par son trop-plein de tolérance ou piétinée par les autres ; mais il ne savait pas comment lui dire - de quel droit pouvait-il se permettre de lui faire cette remarque, lorsque lui-même avait encore tellement de choses à améliorer à son propos ?

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Elle parvenait toujours à briser ses barrières - anéantir le peu de volonté qu'il lui restait à coup de caresses réconfortantes et de mots doux prononcés dans un silence délicat.
Le  cœur s'attendrissait un peu ; se laissait porter par la bienveillance et l'affection de son amie qui ne lui voulait que du bien, et le mage tentait parfois de timidement lui rendre la pareille.

Il garda les yeux ouverts afin de déchiffrer ce qu'elle lui murmurait silencieusement - lâche un soupir résigné.

— Je ne suis pas beaucoup sorti ces derniers jours, et j'ai passé mon temps à m'entraîner ou à étudier, comme d'habitude. Du coup, je n'ai rien de bien intéressant à te raconter... Désolé.

Il ne regrettait pas de vivre de cette manière - la fatigue l'habitait presque constamment mais il avait fini par s'habituer au fil du temps à la lourde présence qu'elle exerçait sur son corps et son esprit.

Callum vivait dans l'espoir constant et désespéré de s'améliorer, celui de perfectionner ses capacités et ses mœurs ; et il plaignait ceux qui refusaient de changer, ceux qui se reposaient sur leurs compétences basiques et médiocres sans éprouver la moindre vicissitude, gardant leurs défauts et leurs préjugés ainsi toute leur vie. Il préférait encore souffrir plusieurs années, tiraillé par les doutes et la frustration, plutôt que de rester ignorant jusqu'à la fin de ses jours.

— D'ailleurs, c'est la première fois que je prends l'air depuis.

D'instinct, il tourna le regard ailleurs, conscient qu'il risquait de se faire réprimander après son aveu. Il décida d'enchaîner avant de se faire semoncer.

— Je ne regrette pas d'être venu ici. Grandvent me manquait, et toi aussi. Cela faisait quelques temps que je ne m'étais pas exercé en ta compagnie.

Son cher royaume était bien différent de Sombrelune, qui était affreusement triste et morne quand on comparait les paysages et les climats des deux pays. Il arrivait souvent au jeune de passer dans sa contrée natale, mais il n'y était pas retourné depuis quelques temps, croulant sous les responsabilités et son travail personnel.

— Mais je suis toujours aussi peu doué. Tu crois vraiment que je vais finir par y arriver ?

Il était reconnaissant envers Guenièvre pour l'aide qu'elle lui apportait, mais il n'y avait rien de plus frustrant que d'attendre les résultats de ses efforts
- et Callum avait beau détenir la patience nécessaire pour parfaire ses dons de guérison, il n'en restait pas moins déçu et insatisfait lorsqu'il voyait ses piètres performances.