|	must have been the wind roman & callum

Il avait été toujours difficile pour Callum de retenir les paroles froides et les critiques cinglantes qui lui venaient à l'esprit lorsqu'il conversait avec Roman. Quand ce dernier vint cordialement le saluer avec l'air préoccupé, il se doutait déjà du sujet qu'il allait aborder.

N'étant toujours pas habitué à ce qu'on l'appelle maître, c'est toujours avec une légère surprise qu'il se tourne alors vers ceux qui l'interpellent ; il ne pensait ni en dégager l'attitude, ni en mériter le titre, contrairement aux autres mages primordiaux.

Callum se savait peu doué en relations humaines - c'était bien trop dur à comprendre pour lui, ces liens qui se font et se défont, ces histoires d'apprécier quelqu'un ou non et cette hypocrisie malsaine que tout le monde semblait accepter.

Roman le mettait dans une situation compliquée en posant une telle question - il songea qu'il serait agréable si les gens pouvaient faire preuve d'un peu plus de tact, parfois. Il attendit patiemment qu'il finisse de lui faire part de ses inquiétudes, et lui répondit d'un ton impartial.

— Je suis navré si vous avez pensé que je ne vous aimais pas. Certes, je ne vous porte pas dans mon cœur, mais je suis loin de vous détester non plus.

Il laisse échapper un soupir las, déjà exaspéré par la conversation. C'était l'impression de perdre du temps, d'étouffer - de devoir dissimuler sa nervosité face à lui avec son masque impassible habituel.

—  Pourquoi voudriez-vous y remédier, de toute façon ? Je doute que mon opinion soit si importante à vos yeux au point où vous voudriez corriger votre attitude.

Il y avait bien un peu de rancœur - ça revenait chaque fois que ses yeux s'égaraient trop longtemps sur la cicatrice de Jeremiah, s'emballait à nouveau lorsqu'il entendait comment se comportait son disciple ; car même si Roman se tenait à carreaux devant lui, Callum entendait bien des choses sur la façon dont il se conduisait - et il ne pouvait s'empêcher de le désapprouver. La vanité se flatte plus que le cœur ne devine, et la chaleur ne se manifeste qu'en souffrant les froideurs : le mage avait beau n'être que de trois ans son aîné, un véritable gouffre les séparait en terme de position sociale et il devinait bien que Roman se retenait face à lui pour cette raison.

—  Peut-être êtes-vous inquiet à l'idée qu'un mage primordial puisse ternir votre image s'il ne vous apprécie pas ? Je vous promets que je ne vous apporterai aucun ennui, tant que vous en faites de même.

Le mage préférait rester évasif et rassurant, craignant que lui confier ce qu'il avait sur le cœur ne lui apporte des problèmes. Il savait que Jeremiah le portait en haute estime et l'importance de sa propre place : il ne voulait influencer l'esprit de personne, mais ne se montrait cependant pas inquiet quant à l'idée de blesser le blondinet - son arrogance écœurante devrait pouvoir lui épargner cette douleur.

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Il oublie quelques instants sa volonté de rester indifférent, et les sourcils du mage primordial viennent légèrement se froncer après avoir écouté le plus jeune.

— Vous avez au moins le mérite de vouloir vous améliorer, c'est déjà ça. Mais, en effet, je crois que vous accordez beaucoup d'importance à votre image ; sans doute plus que vous ne le pensez.

La première impression n'avait pas été tout de suite aussi mauvaise qu'elle l'était aujourd'hui : Roman se montrait poli devant lui, séduisant, irréprochable, doué dans la maîtrise de son élément - il n'y avait absolument rien de désagréable à son propos. Mais tout cela n'était au final qu'une fade illusion, et Callum était persuadé que les êtres ainsi distingués n'étaient que les martyrs de leur grandeur et de leur brillante apparence, et que ces traits-là ne faisaient que les pousser à la prétention et la superficialité du cœur.

— Sachez que l'arrogance dont vous semblez faire preuve me déplaît fortement, si vous désirez que je sois tout à fait honnête avec vous.

Les yeux étaient venus rencontrer les siens et ne reflétaient rien d'autre que de la froideur - il était rare d'y trouver autre chose, de toute façon.

Callum ne supportait ni le fait de s'humilier en rampant devant quelqu'un, ni celui de se croire supérieur aux autres. Il abhorrait cette simple idée et savoir que le disciple de Jeremiah avait un tel état d'esprit le décevait ; l'arrogance ne méritait aucun respect, et surtout pas le sien. Pour lui, tous devaient se considérer sur un pied d'égalité avec le reste.
Le visage impassible, le peu de colère qu'il avait retenu comme il le pouvait s'atténua. Son rôle n'était pas de le réprimander, mais de le conseiller.

— Faire preuve d'assurance a beau être important, cela ne vous autorise en aucun cas à prendre les autres de haut.

Il ne pouvait supporter la façon dont les orgueilleux se conduisaient vis-à-vis d'autrui : leur suffisance et leur dédain étaient grossiers et, le pire dans cette attitude, c'était qu'eux seuls n'en rougissaient pas. Mépriser et sous-estimer ainsi les autres n'apporterait rien de bon au plus jeune.

Le ton se fit un peu plus amer, lorsque le mage repensa aux erreurs du disciple - Callum ne parlerait pas de Jeremiah et de son visage défiguré par le blondinet en face de lui, qui dissimulait sa fierté. Il laisserait le passé derrière pour cette fois, car il serait bien petit de sa part d'amener le sujet à un moment pareil.

— Soyez prudent, Roman. À vouloir voler trop haut, vous allez finir par vous brûler les ailes.

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Les accusations de l'apprenti ne le surprirent guère - ou du moins il n'en montra rien si c'était un tant soit peu le cas.

Ses propos ne le choquaient pas, mais le mage avait simplement l'impression après cela que Roman s'enfonçait un peu plus dans la mauvaise image qu'il avait de lui ; le contraire même de ce que le blond désirait au départ.

Il lâcha un léger soupir avant de lui répondre, dérouté que la conversation se retourne ainsi contre lui. L'avis de Roman ne le vexait en rien, mais leur échange s'éternisait et il n'avait pas accepté de lui parler pour que ce soit lui qui lui fasse des remontrances.

— Si c'est ce que vous pensez... Je vous rappelle que vous êtes celui qui est venu me voir pour soi-disant vous améliorer, et je peux vous assurer que votre méthode est loin de fonctionner. Vous m'avez demandé d'être honnête avec vous et je l'ai été.

Il prit une légère inspiration, s'efforçant de bien choisir ses mots pour qu'il évite de comprendre ses paroles de travers.

— Libre à vous de penser ce que vous voulez de moi, mais je vous promets que je ne vous prends pas de haut. Je suis bien loin d'être parfait, et j'ai de nombreuses lacunes qu'il me faut combler. Chacun a ses propres faiblesses et malgré toutes les qualités que vous pouvez détenir, il faut savoir accepter que tout le monde ne peut pas vous aimer.

La ton se faisait moins froid que tout à l'heure - il avait mis son ressentiment de côté pour un temps. Callum ne méprisait aucun être et la seule personne qu'il haïssait à ce point, c'était lui-même. Mais il lui arrivait bien souvent de se montrer maladroit avec les autres, et en particulier avec ceux qu'il n'appréciait guère.

— Et il est vrai que votre comportement vis-à-vis de Maître Lenoir est bien puéril, mais si Maître Jeremiah vous en a déjà parlé, il est inutile que je le fasse. J'espère en tout cas que vous prendrez sur vous lorsque vous le croiserez à l'avenir.

Étant assez proche du mage primordial de foudre, il savait à quel point les deux hommes s'entendaient mal ; et si Roman devait sans doute être le premier à chercher le brun, il était bien délicat pour Callum de prendre la défense de son collègue s'il réagissait à chaque fois au quart de tour. Il était dans l'incapacité d'intervenir, et n'avait d'ailleurs aucune intention de le faire. Rhysand était tout à fait capable de se débrouiller seul, et il ne désirait pas se mêler de ce qui ne le regardait pas ; bien qu'il puisse se demander pourquoi les deux mages ne parvenaient pas à se supporter.