Tout n’était qu’incompréhension.
Le vide.
Et la non-réaction.

Tous ceux qui avaient passé le rituel durant une période similaire à la sienne, même ceux qui venaient d’arriver à vrai dire, avaient déjà montré des premiers signes de magie élémentaire. Alors pourquoi ?

Qu’avait-elle fait finalement, pour que rien ne se déroule aux grès de ses attentes ? Pourquoi les mages ne comprenaient pas. Ils avaient beau avoir l’espoir, car tout chacun ayant fait le rituel de l’éveil se voyait doté de son élément. Alors, ça prendrait quelques jours, inhabituel mais confiant.

Mais Elizabeth ne savait pas quoi dire, que penser. Elle qui suivait la formation avec assiduité. Elle qui avait attendu plusieurs années avant de faire son éveil, dans le but d’être méritante. Et une fois encore, ses parents n’auront de l’amour et de la satisfaction à l’égard d’Ambrose. Peut-être même qu’à son retour, elle sera moquée et qu’ils lui demanderont de faire son éveil, lui aussi – comme ça, juste pour voir.

Alors c’est pour cela que malgré l’heure tardive, comme à son habitude Elizabeth avait persévéré. Peu de temps après la fin, alors que les autres étaient pour une grand majorité au dortoir pour se préparer à la nuit nouvelle. Elle revoyait ce qu’on lui avait expliqué dans la journée, encore et encore, espérant une réaction quelconque. Même une poignée de terre qui bougerait avec légèreté lui serait suffisant.  

Pourtant. Elle avait fini par se retrouver au sol, assise et la tête dans ses bras qui l’encerclaient. De toute évidence, soit elle ratait quelque chose, soit il y avait un problème. Et même si les mages étaient confiants, Elizabeth n’arrivait pas à s’y faire.

Des pas qui font échos au parterre de la cour, Elizabeth ne s’était pas imaginée que quelqu’un puisse passer par là à une heure aussi tardive. Mais après tout, elle n’était peut-être pas la seule dans ce genre de situation. Du moins, elle savait que cette extrêmité lui était unique, mais peut-être que d’autre se remettait aussi en question à la suite de leur éveil.

Alors, malgré sa légère curiosité elle avait gardé la tête baissée. Ses pensées étaient bien trop désordonnées pour faire quoique ce soit, l’espoir débordant que son simple esprit puisse trouver le fin mot de cette histoire. Mais tandis que les pas s’approchèrent jusqu’à s’arrêter face à elle, sa respiration vient à se saccader très légèrement. Non pas part inquiétude, mais par incompréhension. Peut-être n’avait-elle pas l’autorisation d’être ici présente lorsqu’il était l’heure de dormir ou bien peut-être quelqu’un de sa formation ? Toujours est-il, qu’elle n’eu que très peu d’instant de réflexion sur le sujet, que déjà une pression sur ses mains qui tente de la relever.

Elle aurait pu faire la lourde, exposer la totalité de son poids sur son corps pour rester dans sa position de reclus. Pourtant, Elizabeth avait suivi la pression pour être de retour sur ses pieds, droite devant un piquet face à cet inconnu. Ou du moins, peut-être l’avait-elle vue de loin au passage d’un couloir, sans véritablement être capable d’en donner plus.

Mais la sensibilité de certains était bien plus existant que celle d’Elizabeth. Alors à défaut de lui sourire, car ce n’était pas dans ses habitudes, elle et sa froideur de visage, qu’elle incline très légèrement la tête. Un remerciement silencieux de s’être inquiet de sa personne et de l’avoir relevé, bien que sa position lui était appréciable.

« Il est vrai. »

Répondit-elle finalement.

« Des essais peu concluants durant ma formation. »

Alors on s’inquiète à peu, on essaye d’arriver à quelque chose dès que les autres ont le dos tourné, pour simplement revenir avec une force d’esprit inébranlable car : enfin on est arrivé à quelques chose, du moins, c’est ainsi qu’on aimerait que cela se passe.

« Alors j’essaye de rattraper mon retard. »

Mais dans le fond, chacun avec une maîtrise différente de son élément, qu’importe le temps que l’on passait dessus.

Ça ne servait effectivement à rien d’être énervée, de faire preuve d’impatience. L’éveil était perçu comme un don offert par la Maison-Dieu, une maîtrise que certain méritait, d’autre non. Cependant, le simple fait d’accéder à l’éveil était déjà perçu comme un privilège, depuis quand celui-ci pouvait ne pas être concluant une fois réalisé ? Le seul « filtre » dont on lui avait parlé était celui de l’ordre des mages, plus particulièrement de l’acceptation du chef de ces derniers. Mais cela n’avait même pas été évoqué comme problématique, Elizabeth dont la sincérité quant au désir de protection de son royaume était réel.

Alors il n’existait que deux possibilités, l’attente qu’elle pensait rentable lors de son seizième anniversaire avait été une grave erreur. Ou bien toute cette histoire de bonne parole et d’éveil n’étaient qu’un tissu de mensonge. Mais les paroles du garçon l’avaient calmé, une respiration forte pour se rafraîchir les idées.

« Est-ce qu’il est déjà arrivé que l’éveil prenne du temps à se manifester ? Notamment lorsqu’une personne ne s’éveil pas dans ses premières années ? »

Peut-être qu’un étudiant aurait d’autres informations, plus de sincérité dans ses réponses. Car de toute évidence, Elizabeth ne savait plus si elle devait croire aveuglément les propos de l’Ordre. Qu’importe à qui elle s’adressait, les réponses étaient identiques. Il n’y avait pas de quoi s’inquiéter, ça arrive de temps en temps, il n’y a jamais eu de problème particulier, qu’importe l’âge de l’éveillé.

Et pourtant, pourtant ? Elizabeth qui se serait contenter d’une piètre maîtrise si tel était le désir de la Maison-Dieu, après tout, elle n’était pas le genre de personne à baisser les bras. Si cela devait arriver, elle s’entraînerait bien plus dur que les autres, encore et encore, pour les surpasser. Pour le bien de Belorge. Elle qui n’avait comme unique désir que d’être le bouclier de sa patrie.

Dans l’état actuel des choses, il était évident que toute aide était bonne à prendre. Alors, elle avait acquiescé même si l’homme ne la regardait plus.

« Ou des cas qui après plusieurs jours ne sont même pas capable de faire la moindre action sur son élément ? »

Il n’était ici, même pas question de s’aventurer dans la création. Mais bien d’être capable de faire bouger une légère terre, tout au plus.

Elle acquise, mordillant le bas de sa lèvre dans le mouvement. C’était bien ce qu’on lui expliquait, ce qu’on lui répondait à chaque fois qu’elle venait exposer ses inquiétudes. Au fond, Elizabeth se doutait bien que cela était anormal, une fois de rituel passé, l’éveil réalisé, n’importe qui était capable d’agir sur son élément. Du moins, c’était ainsi que les faits étaient présentés. Alors, c’est là qu’était son inquiète, incapable d’agir ne serait-ce que sur un grain de terre alors que son éveil datait de plusieurs jours maintenant.

Au fond, Elizabeth avait cette impression d’automatisme. Que chaque personne lui répondait d’une manière identique. Parfois avec un peu plus d’intérêt que d’autre, mais personne n’avait été capable de l’éclairer sur son problème. Pas même le chef des mages. Attendre, c’est ce qu’on lui disait finalement, car l’éveil ne s’était jamais déroulé sans encombre depuis la naissance des premiers hommes.

Et alors, un léger soupir qui vient exprimer sa lassitude. Un acte certes, démonstratif, qui indiquait clairement que la réponse ne lui plaisait pas. Mais l’homme n’y pouvait rien, la connaissance n’était pas infuse et si Elizabeth était bien un cas particulier. Peut-être qu’il arrive que certaines personnes ne répondent pas à l’éveil, mais que cette information est passé sous silence pour ne pas faire fuir le reste du peuple sur les promesses de l’ordre des mages.

« De Belorge. »

La terre. Ce qui était peut-être, du moins à ses yeux, l’élément le plus dur à appréhender car manipuler l’eau ou le feu était bien plus marquant. L’air aussi, pouvait laisser bouche bée car l’imagination qu’une rafale de vent puisse survenir à cet instant précis pouvait être de mauvais goût.

« Vous êtes ici depuis combien de temps ? »

Du haut de ses vingt ans, qu’elle vient finalement demander. Lui qui ne semble pas être ni beaucoup plus vieux, ni beaucoup plus jeune.

« Peut-être que la terre de Sombrelune est plus difficile à dompter ? »

A comprendre, qu’elle vient l’interroger sur d’autre partisan de Belorge, savoir si certains avaient beaucoup plus de réussite une fois de retour chez eux, que durant leurs deux semaines d’explications en ces terres.