cold wind

asharim avait toujours apprécié la vision du haut des remparts. Les lieux étaient pour lui le symbole de la supériorité de Malronce mais aussi celui du mensonge, depuis quelques temps. Cette allure intouchable, cette sensation de ne pouvoir être atteint sonnait fausse tant l'assaut des Biseruniens avaient été rapides et maîtrisés.
les mains jointes dans le dos, le général donnait la sensation de se visiter les lieux, déposant son regard d'un point à un autre sans sourciller, le faciès arborant cette expression neutre qu'il cultivait depuis tant de temps. Apprécié il était pour autant craint de ses subordonnés, ces derniers lui offrant un salue militaire à son passage ainsi que diverses informations sur la situation.

« — bien, restez sur vos gardes, je veux des rondes sans interruption, vous m'entendez ? » La façon de parler est posée et pourtant un brin incisive à l'égard de la garde.
« — j'attends de vous qu'aucune erreur ne revienne à mes oreilles. » Léger coup d'œil entendu vers eux puis il poursuivit son chemin, s'avançant vers le bord, posant ses coudes sur la pierre froide.
Un léger soupir las se permit de quitter ses lèvres pincées, le regard se figeant à l'horizon, profitant de la brise parcourant les remparts. Sur le point de se retirer il n'en fît rien, ressentant la sensation d'une présence derrière sa personne.
« — je peux vous aider ? » Sans prendre la peine de déposer son attention sur son observatrice.

Cold Wind

w/ @Asharim H. Caterna

Les remparts de Malronce. Un point éminemment stratégique, qui permet de garder un œil sur l’extérieur, de s’assurer de protéger Roseraie. Sur le papier, ils sont impénétrables, protégés à outrance, au point qu’il y existe une mobilisation presque permanente. Des patrouilles entraînées, présentes pour prévenir en cas de danger. Ces hommes et femmes, qui ont un œil sur tout, tout le temps, qui travaillent ensemble pour permettre à tout un chacun de dormir sur ses deux oreilles.

Les remparts sont un symbole de puissance, notamment par leur hauteur. S’ils surplombent les alentours et donnent une impression d’impénétrabilité, Cyrielle doit avouer que ce n’est pas le cas. Amère, la blonde doit se rendre à l’évidence : Briserune a passé ces remparts. Briserune a réussi à infiltrer Roseraie, pour vaincre d’innombrables malronçois. Briserune a vaincu et, ce, malgré les remparts.

Dans la continuité de ses missions au conseil, la diplomate s’est déplacée jusqu’ici pour s’enquérir de la situation. Savoir comment tout se passe, recueillir des informations qui lui pourraient être essentielles. L’Homme oublie souvent que, même lorsqu’il ne se passe rien, il se passe quelque chose. Le fait de ne pas avoir de nouvelles, en soit, est une bonne nouvelle. Cela signifie que le travail des patrouilles est bien réalisé, que l’armée remplit son rôle.

Aujourd’hui est un beau jour, car elle remarque la présence du général, Asharim Caterna. Il est un homme droit, assuré, qui réalise un travail d’arrache-pied, tous les jours, aux côtés de ses autres unités. Cyrielle ne le connaît pas directement, mais elle aime se dire qu’il est patriote, lui aussi. Qu’il a à cœur le plus grand intérêt du pays. À l’instar de la diplomate, il se battrait probablement jusqu’à son dernier souffle, s’il le fallait. Et encore, il serait probablement plus prompt à le faire que la jeune femme.

Arrivée à sa hauteur, Cyrielle sourit en entendant sa voix. Il ne l’a même pas observée, il n’a même pas tourné la tête. Il sait qu’elle est là. Il sait qu’elle l’observe. Il sait.

« Cyrielle Valladon, membre du Conseil. Je viens observer le déroulement des patrouilles. J’espère ne pas vous déranger, ni vous, ni votre équipe. »

La blonde avance jusqu’au mur de pierre sur lequel il est appuyé. Il la domine de sa hauteur, ce qui est assez amusant à observer. Tout en lui indique qu’il a une place privilégiée dans le pays. Une place de haute importance. Une aura singulière en émane, qui impose immédiatement le respect.
Cyrielle fait attention à ses manières, reste droite, fière, silencieuse. Elle observe. Néanmoins, son travail ne se limite pas au silence ni à l’attente. Il lui faut prendre les devants.
Heureusement pour elle, dire les choses n’est jamais trop difficile. Au contraire.

« À notre époque, pensez-vous que la garde postée ici soit aussi efficace que possible ? Pensez-vous que notre peuple soit réellement en sécurité ? » Elle reprend rapidement. « Loin de moi l’idée de remettre en question vos compétences, vous êtes Général des Armées, je suis Diplomate, nous sommes à nos postes pour une raison. Néanmoins, j’aimerais entendre votre avis à ce propos, si cela vous convient. »

Elle a beaucoup parlé. Ça n’est pas habituel, pour Cyrielle. Elle préfère les phrases courtes, simples, mais comment aborder un tel sujet sans y mettre les formes ? À vrai dire, peut-être que son intervention flirte déjà avec les limites du général, mais elle ne saurait le dire.
Cyrielle sait parler, ou au moins prononcer son opinion sur les choses. Elle est un peu moins douée pour s’assurer de ne pas vexer son interlocuteur. Ou, plutôt, un peu moins douée pour en avoir quelque chose à faire.
Peut-être lui tapera-t-il sur les doigts, qui sait ? S’il le fait, peu importe, elle agira en conséquence. Ce n’est jamais plus difficile aujourd’hui qu’hier, après tout.

le général prit enfin la peine de se tourner vers la provenance de la voix, plongeant son regard dans celui de cette dernière. Cyrielle, soit disant image de la diplomatie au sein d pays de Malronce, cette nation essayant tant bien que mal de se redresser sur ses jambes flageolantes. Son esprit se permit un soupire qu'il ne montra pas en apparence — asharim avait bien du mal à la considérer, elle et son statut.
Du haut de son jeune âge, comme pouvait-elle prétendre être affiliée à une telle tâche. Tandis qu'elle prenait la parole son attention la détailla, elle et son allure, sa posture. Elle voulait se montrer sous son meilleur jour. L'Ecarlate fît un petit moulinet de la main pour l'inciter à poursuivre. Qu'elle en dise d'avantage, pour l'instant elle ne le dérangeait pas.

« — en voilà une question... » lança-t-il d'avantage vers lui-même qu'en guise de réponse. Il se tourna un peu, observant autour de lui les remparts, la structure mais aussi la garde.
« — Puisque vous souhaitez mon avis, je vais vous le donner, diplomate. Je pense que non. » Ses épaules semblèrent se hisser un peu tout en parlant, chantant ce constat avec froideur.
Loin de lui l'idée de remettre en question le sérieux des soldats, des autres individus du château pour autant les récents événements l'avaient convaincu que nul n'était plus en sécurité nul part, en Valdore.
« — aucun renforcement n'a été fait depuis bien longtemps et nos hommes sont loin d'être au meilleur de leur forme. Il nous faut le temps de nous redresser Dame Valladon. Je dirais même qu'en l'état tout repose sur vous, à vous de briller pour offrir le temps adéquat à notre nation de redorer son blason, sa force. La diplomatie est notre bouclier temporaire ma chère. » Ne la quittant plus des yeux.

Cold Wind

w/ @Asharim H. Caterna

Le Général des Armées est d’une honnêteté qui ferait pâlir les plus courageux. Son ton est froid, mais il n’est ni dédaigneux, ni méchant. Il se contente d’énoncer les faits comme il les perçoit.
Pour lui, Malronce n’est pas en sécurité. Les hommes postés ici ne sont pas au plus haut, ils n’ont pas vu de renforcement depuis un moment. Ils auront besoin de temps. Du temps, d’abord, pour se refaire, mais du temps, aussi, pour que la sécurité puisse revenir.
Pour que le peuple puisse dormir sur ses deux oreilles, le soir.

Ce qui la perturbe, néanmoins, c’est qu’il mette sur ses épaules le poids de cette mission. C’est à elle qu’incombe la tâche de faire briller Malronce, de nouveau. Il faut qu’elle redore son blason, qu’elle lui fasse retrouver sa force d’antan. Est-ce seulement possible ? En a-t-elle seulement la force ?
Cyrielle détourne le regard un instant.
Son travail est primordial. Si elle se rate, elle les entraîne tous dans sa chute.
Devenir diplomate était une solution, oui, mais à quel prix ? Est-ce qu’elle sera capable d’endosser le poids de toutes ces vies ?

Un sourire étire ses lèvres.
Elle n’en est pas encore sûre, elle doit apprendre à faire la part des choses, devenir encore meilleure. Mais oui, Cyrielle peut bien faire ça.

« Je vois. »

La Diplomate hoche doucement la tête.

« Je m’assurerai de vous donner autant de temps que possible, Général. À vous, comme à tous les autres. »

C’est son nouvel axe de vie. Son existence pour préserver celle des autres, quel que soit le prix à payer pour que cela fonctionne.
La mimique sur son visage s’est effacée aussi vite qu’elle est apparue, à croire qu’il n’y a vraiment rien qui puisse la tenir enjouée, cette petite. Elle se recentre, décide de s’enquérir d’autres informations.
Un Général des Armée a forcément beaucoup de choses à lui apprendre, il ne faut pas qu’elle laisse passer cette opportunité.

« Au-delà de Briserune, pensez-vous que nous ayons un autre ennemi en Valdore ? Ou, pour le moins, quelqu’un qui puisse menacer notre tranquillité, à terme ? »

Ses prunelles reviennent sur le blond, qu’elle observe longuement.

« Nous pouvons, d’ailleurs, nous demander ce qu’il en est de Briserune. »

Elle soupire.
Rien que ce mot parvient à lui arracher un long frisson. Une colère sourde naissant au creux de son ventre, qui menace de la dévorer entièrement.
Sont-ils toujours des ennemis ? Faut-il les réduire à néant ? Maintenant ?
Ou y a-t-il eu du progrès, depuis ? Ne serait-ce qu’un peu ?
Cyrielle a conscience que sa haine pour ce peuple pourrait leur coûter très cher. Au fond, elle espère ne pas y être confrontée avant un long, très long moment.