Éveillé à la magie ? Oui.
Si oui, quel élément ? Feu.
Si oui, pourquoi les mages ont-ils accepté de l'éveiller ? Née dans une famille de grands guerriers malronçois, Cyrielle était prédestinée à suivre cette voie. C’est tout naturellement que ses parents lui ont fait passer le rituel de l’éveil.
Depuis combien de temps est-il éveillé ? Depuis ses seize ans.
Quel degré de maîtrise a-t-il atteint (justifiez) ? Moyen, voire bon. Pendant de longues années, Cyrielle a subi un entraînement rigoureux qui, à terme, devait lui permettre d’atteindre un niveau suffisant pour intégrer la garde malronçoise. Bien qu’elle se refuse à manipuler la magie, elle a gardé des restes de ses capacités, qu’elle exerce quelques fois en cas de grave danger. On ne sait jamais.
Ses pas s’emmêlent. Elle titube. Elle n’est plus sûre de sa destination, ni même de son point de départ.
Son cœur bat à lui détruire la cage thoracique. Elle a l’impression que son monde se dérobe sous ses pieds, toujours un peu plus à chaque pas. Ses foulées sont de plus en plus lentes, le poids de l’univers l’écrase. Le poids des remords. Le poids de son innocence, de sa naïveté.
Elle pensait que tout irait bien, que la paix dans laquelle sa vie avait été bâtie était immuable. Un monde prospère, beau. Pas parfait, non, mais suffisamment bien pour que tout se déroule au mieux. Pour que les vies tracées restent de belles lignes bien droites, du début à la fin.
Son destin aurait dû lui mettre la puce à l’oreille, pourtant.
Née au sein d’une famille de fiers guerriers malronçois, Cyrielle a tout de suite été entraînée dans leurs pas, sans trop chercher à comprendre, ni même à dévier. Elle est née ici, combattra ici, mourra ici, comme tous ses ancêtres avant elle.
La famille Valladon, lignée de mages amoureux de leur patrie, a toujours été connue au sein de Malronce pour sa loyauté exacerbée. D’abord critiquée pour son aveuglement aux dérives de sa patrie, elle s’est par la suite illustrée sur les champs de bataille, grâce à ses stratégies élaborées et souvent victorieuses.
Comment ne pas s’attendre à mourir, alors ? Comment ne pas s’attendre à ce que la guerre survienne un jour ? À ce qu’on lui enlève tout, d’un claquement de doigts ?
Comment être aussi aveugle, quand on naît dans une famille de ce type ?
Idéaliste ou complètement naïve, voire stupide, difficile de le dire.
Cyrielle se reposait sur des lauriers durement amassés par la fratrie. Entraînée par les meilleurs, poussée vers le sommet, elle n’a jamais eu de répit. Levée très tôt tous les jours, elle devait atteindre l’excellence, sans jamais baisser les bras. Le corps couvert de cicatrices, elle n’a jamais courbé l’échine, désireuse de suivre les traces des Valladon, pour sublimer le blason, le faire perdurer jusqu’à la fin des temps.
C’était sans compter sans la rébellion briserunienne.
Oh, tout est allé très vite. Les yeux ouverts face à l’horreur, Cyrielle a dû se rendre à l’évidence plutôt vite : l’Homme est fragile. L’Homme n’est qu’un bout de chair, qui ploie face à la virulence de son comparse. L’Homme n’est pas fait pour faire la guerre. Il s’en donne la force, s’en donne l’image, mais il suffit d’un coup fourré pour qu’il ne reste plus rien de lui.
Oh, elle aurait pu continuer d’y croire. Elle aurait pu respirer longuement, se donner le second souffle nécessaire pour que la bataille se poursuive.
Mais quand la lame a tranché la gorge de sa mère, avant-dernière survivante des Valladon, Cyrielle n’a plus su quoi faire.
Elle a faibli.
Courbé l’échine.
Elle a ployé, offerte à l’adversaire, qui n’a même pas daigné lui ôter la vie. Trop faible. Trop insignifiante. Même pas une réelle menace pour leurs troupes.
Cyrielle est une intellectuelle. Incapable de se dresser contre sa famille, elle n’a compris que trop tard l’étendue de sa faiblesse. La grandeur de sa petitesse.
Un bourgeon, balayé par le puissant vent briserunien. Il aurait fallu faire marche-arrière plus tôt, se consacrer à ses rêves. S’assurer de ne plus avoir peur de ses désirs pour les affirmer.
Il aurait fallu.
Si elle avait pu.
Les « Si » la noient, les scénarios les plus joyeux l’écrasent, la tourmentent. Elle se recroqueville sur elle-même. Silencieuse, l’enfant pleine de vie, combative et courageuse est devenue l’ombre d’elle-même. Une silhouette frêle, cassable au moindre faux mouvement.
Perdue entre son devoir, son patriotisme et ses faiblesses, la blonde est passée du statut de fière guerrière au statut de moins que rien.
Errant longuement dans les rues de Malronce, elle mène une période d’introspection, d’observation. Elle erre dans les couloirs du château sans oser croiser les yeux de ses supérieurs. C’est un mauvais soldat. C’est une fuyarde. Elle ne comprend pas pourquoi ils s’obstinent à la garder dans leurs rangs.
Briserune a été défaite, le pouvoir revient, Malronce reprend ses droits. Mais elle n’est pas heureuse. Sa vie se résume à attendre « la prochaine fois », encore, toujours. Cette prochaine fois qui ne la laissera pas vivre plus longtemps.
Cette prochaine fois qui la délivrera de ses tourments.
À moins que.
À moins qu’il n’y ait pas de prochaine fois. Qu’elle puisse être évitée.
Les cases se mettent en place dans sa tête, le puzzle reprend forme.
Avant toute guerre, il y a les pourparlers, les échanges. La peur, causée par l’intimidation, ou la paix, maintenue par le pouvoir des mots.
Cyrielle s’intéresse un peu plus à la géopolitique, aux querelles qui secouent Valdore, mais aussi aux coutumes, croyances de chacun. Elle se plonge corps et âme dans une étude approfondie de tout un chacun, se concentre sur les désirs de son pays, sur ce qu’elle peut faire de mieux.
Cyrielle l’intellectuelle, incapable de garder la langue dans sa poche, qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas.
Une arme de destruction massive à double-tranchant. Une épée qui peut vaincre, mais qui peut se retourner contre son possesseur.
Elle manifeste un intérêt certain pour la diplomatie, reprend du poil de la bête. Son travail reprend, son entraînement suit. Devenir forte, devenir meilleure. C’est un combat de tous les diables, contre elle et contre son environnement.
Redorer le blason des Valladon, d’une part, mais aussi permettre à Malronce de se hisser au sommet du monde. Une tâche colossale, qui l’anime plus que n’importe quelle autre.
Cyrielle veut être diplomate. Cyrielle veut être celle qui empêche les guerres, tient les royaumes dans une paix aussi stable que possible.
Ce ne sera pas facile, elle en a bien conscience, mais elle est persuadée que la transparence est le meilleur moyen d’y parvenir. Certaine que son honnêteté est une bénédiction.
Sortie de l’ombre grâce à ses discours, Cyrielle apparaît un peu partout, de plus en plus.
Toujours très fière, patriote, elle fait montre d’une loyauté inébranlable. Malronce est au centre de ses préoccupations. Elle veut en faire une puissance souveraine, qui dominerait tous les autres royaumes. Qui permettrait au monde de vivre une prospérité véritable, indiscutable.
Les yeux tournés vers l’horizon, Cyrielle cultive ce désir, toujours plus fort. Elle se bat férocement avec sa propre arme, en mettant à profit son honnêteté : impossible de douter d’elle, ses mots sont toujours véridiques. Pas toujours pesés, ni formulés avec tact, mais ils sont tels qu’ils sont censés être. Ils reflètent une réalité indéniable.
Son parcours finit par la mener au sein du grand Conseil des cinq. Une véritable consécration pour la Valladon, qui considère cela comme une deuxième chance de briller.
Pas une guerrière comme on en voit tous les jours, mais une guerrière tout de même.
- Résumé:
→ Naît au sein d’une grande famille de combattants, les Valladon.
→ Intellectuelle, entraînée pour devenir guerrière à son tour, elle y renonce lorsque toute sa famille est vaincue par les forces briseruniennes.
→ Erre pendant de longs mois, sans savoir quoi faire de sa vie, persuadée d’être un échec.
→ Décide de suivre la voie qu’elle avait choisie à l’origine : celle de la diplomatie. Pour ne pas qu’il y ait de guerre, il faut agir en amont. Agir avant que la guerre ne soit déclarée.
→ Poursuit son entraînement au combat, consciente que les mots ne suffiront pas toujours, qu’il lui faut un minimum d’expérience au combat.
→ Finit par accéder au Conseil des Cinq, où elle est chargée de remplir sa fonction de diplomate.