|	And the flowers bloom, the petals floating on a soft wind oriona & callum

Souffleroc - cité couleur d'ivoire qu'il n'avait pas eu l'occasion de beaucoup visiter. Ce n'était pas l'envie d'aller voir ailleurs qui lui manquait, mais ses responsabilités l'occupaient malheureusement toute la journée et les études écourtaient ses nuits. La beauté de la ville lui avait bien manqué et dès qu'il avait pu s'accorder un jour de repos, il s'était déplacé jusqu'à Belorge, ses pas finissant par le guider jusqu'aux jardins.

Il pénétra dans l'un d'eux, les yeux rivés sur les fleurs à perte de vue et l'odorat bercé par les parfums qu'elles libéraient ; l'esprit trop occupé par la beauté de l'endroit pour se préoccuper du reste. Il soupira d'aise face à la quiétude du lieu, ravi d'être seul pour profiter ainsi du paysage.

Presque seul.

Ce n'est qu'après quelques minutes de marche que Callum constata avec ennui qu'il se dirigeait vers quelqu'un d'autre - légèrement trop loin pour reconnaître la silhouette, il avait cependant pu remarquer qu'elle était en train de danser. Les mouvements gracieux et la douce assurance de l'être à quelques mètres lui indiquaient que cette activité devait être une habitude.

Le mage s'apprêta à faire discrètement demi-tour, ne voulant pas la déranger : mais il était trop tard ; on l'avait déjà remarqué, et l'autre personne se retourna vers lui.

Callum fut surpris de reconnaître une jeune femme vivant aussi à Sombrelune, qu'il connaissait depuis un certain moment, lui faire signe. Désormais incapable de se détourner, il se dirigea vers elle pour la saluer poliment.

— Bonjour. Ne soyez pas désolée, je viens tout juste d'arriver. Je suis d'ailleurs navré de vous déranger ainsi.

Il inclina légèrement la tête vers le bas pour s'excuser auprès de la danseuse. Il savait à quel point il était ennuyant de se faire interrompre de la sorte, et était désolé d'avoir tari l'enthousiasme de la jeune fille.

|	And the flowers bloom, the petals floating on a soft wind oriona & callum

Un peu surpris de se faire tutoyer lors d'une première vraie conversation avec elle, il en était cependant légèrement soulagé ; les gens avaient tendance à abuser des politesses après qu'il soit devenu mage primordial, et il ne pouvait supporter leur hypocrisie.

Un peu gêné après ses louanges, il secoua doucement la tête. Le regard s'assombrit un peu - il n'était pas venu ici pour subir de nouveaux éloges auxquels il ne croyait pas.

— Je ne suis pas bien sûr de l'avoir grandement mérité, comme vous le dites, mais merci.

Callum avait peu de conviction en ses capacités et savait qu'il lui restait énormément à apprendre. Qu'on le vouvoie par politesse ne le dérangeait pas, mais si c'était par soi-disant respect par rapport à son statut, il ne pouvait l'accepter - car il considérait cela comme un mensonge.

— Vous pouvez me désigner comme bon vous semble. Ça ne me dérange pas si vous êtes plus à l'aise comme cela.

Il s'approcha un peu, se tenant à quelques mètres d'elle ; son nom lui revint en mémoire lorsqu'elle le prononça. Le mage avait peu parlé avec elle mais l'avait tout de même connue à l'Académie. À l'époque, Callum était concentré sur son apprentissage et n'avait pas voulu perdre de temps ou d'énergie à tisser des liens avec les autres - il n'avait de toute façon aucune idée de comment cela se faisait, et c'était aujourd'hui encore le cas.

— Je suis en effet venu pendant mon jour de repos pour me balader ici. C'est aussi le cas pour vous, j'imagine ?

Parfois, il regrettait de ne pas pouvoir sortir lorsque l'envie le prenait - il avait constamment des choses à faire à Sombrelune, et ne s'autorisait pas beaucoup à sortir. Mais quand il visitait des endroits plaisants comme celui-ci, il était soulagé et heureux de prendre l'air, oubliant pour un temps ses responsabilités.