Éveillé à la magie ? Oui
Si oui, quel élément ? Air
Si oui, pourquoi les mages ont-ils accepté de l'éveiller ? Cela semblait être le parcours idéal et naturel pour un soldat issu d'une famille noble. La magie n'était qu'une arme comme les autres, une corde de plus à ajouter à son arc.
Depuis combien de temps est-il éveillé ? Depuis ses quinze ans
Quel degré de maîtrise a-t-il atteint (justifiez) ? Il peut faire souffler une petite brise fraîche quand il a chaud, et vice-versa quand il a froid. Sa maîtrise s'arrête là. Tristan est nul en magie, en fait.

(♫)

“ It gives me strength to have somebody to fight for ;
I can never fight for myself, but, for others, I can kill. ”

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"Tristan, ta garde !" Le garçon ravala un souffle exaspéré et renforça sa prise sur son bouclier. Le maître d'armes asséna un nouveau coup qui le fit chanceler et lâcher son arme. "Ta garde !" répéta-t-il en continuant sans pitié ses assauts. Tristan se retrouva à genoux. Il leva le bouclier au-dessus de sa tête et la frappe de son maître fit cogner son propre poing contre sa mâchoire. Tristan grogna, déglutit et cracha. Le maître d'armes abaissa enfin son épée.

"Je sais, je sais..." grommela l'adolescent en se relevant. "Serre mieux les dents."

Il essuya les dernières traces de sang sur son menton sous le regard désapprobateur de son maître.

"Non, tu ne retiens pas mes leçons. Je te l'ai dit cent fois, petit : avant d'apprendre à porter des coups, tu dois apprendre à les encaisser. Ton bouclier", dit le maître en prenant le bras de Tristan pour le remettre en place, "est plus important que ta lance. Comment combattras-tu si tu es blessé ? Avec tes talents de guérisseur ?"

Cette pique atteignit Tristan en plein cœur. Son maître savait à quel point il était mauvais dans ce domaine. Se concentrer sur sa technique de combat n'était qu'un leurre : s'il devenait assez fort pour esquiver tous les coups, alors il n'aurait aucune raison de se servir de son don navrant. L'idée semblait d'autant plus absurde quand elle était formulée par le maître d'armes, un fier soldat à la retraite, qui exhibait ses cicatrices comme des trophées de guerre. Rien à voir avec le tranquille chevalier grandventeux qui s'était chargé de sa formation jusqu'à ses 14 ans, mais c'était pour le mieux. Les parents de Tristan avaient recueilli le vieux mercenaire alors qu'il était dans le besoin, et il était devenu le maître d'armes de Tristan quand ce dernier était revenu de son apprentissage à Sombrelune.

Cette courte et déplaisante période de sa vie s'était achevée lorsqu'il était devenu évident que Tristan Martell n'avait qu'un don modeste, voire ridicule, pour la magie. On l'avait tout bonnement renvoyé. L'humiliation avait été cuisante pour le garçon. Il ne s'était jamais rêvé en mage puissant, la magie n'était qu'une arme à ses yeux, mais tout de même... Il en avait besoin.

Depuis le jour où son petit frère avait fait une mauvaise chute alors qu'ils jouaient dans les arbres, Tristan n'avait toujours souhaité qu'une seule chose.

En ce jour fatidique, personne n'avait rien pu faire pour sauver son frère, ni les guérisseurs, ni Tristan, ni Aurora, leur grande sœur. Au-delà de la perte de son cadet, ce fut la réaction de son entourage qui marqua durablement le garçon. Du haut de ses 7 ans il vit ses parents se renfermer, devenir plus exigeants, entraver certaines de leurs libertés pour leur sécurité. Il vit sa sœur aînée s'assagir et endosser seule, volontairement, la responsabilité de la mort de leur petit frère. Et Tristan, alors ? Que pouvait-il faire pour les aider ?

"Comment gagneras-tu si tu es blessé ?" dit le maître, le ramenant à la réalité. Il ramassa la lance et la jeta au garçon, qui l'attrapa adroitement. "Qui sauveras-tu si tu es mort ?" Tristan serra les dents. Le maître avait des mots et un regard durs, mais Tristan le connaissait assez pour comprendre le message sous-jacent. Il lâcha sa lance et leva son bouclier.

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“ Your friends will believe in your potential,
your enemies will make you live up to it. ”

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"Qu'est-ce que vous faites ?" Il y avait une grande fête au palais de Zephyr ce soir-là, qui réunissait des nobles de la région. Tristan n'était pas de garde, alors il avait lâchement abandonné sa sœur aux mondanités qui seyaient à son rang, avant d'échapper à l'attention de sa mère, qui tenait absolument à lui présenter toutes les filles de ses amies, pour continuer sa soirée ailleurs. Il venait de se faufiler jusque dans une arrière-cour quand il était tombé sur son vieux maître d'armes, équipé de pied en cap. Il était présent en tant que garde rapprochée de ses parents, alors une telle tenue n'était pas étrange, pourtant Tristan avait un mauvais pressentiment. Il croisa les bras et sourit nonchalamment, peu enclin à laisser paraître son malaise : "Vous faites le mur, vous aussi ?" Son ancien maître soupira :

"Tristan", dit-il simplement.

C'était fait sur le ton familier des reproches, à la fois accusateur et fatigué, mais on y décelait une pointe d'affection, et cela ce n'était pas coutumier. La mauvaise impression de Tristan se renforça et il sut, au fond de lui, ce qui était en train de se passer. Le maître hocha la tête.

"Je dois y aller. Ma reine a besoin de moi."
"Sauf votre respect, maître Grisham, votre reine s'en sort très bien sans votre aide."

Tristan avait parlé sans réfléchir, il ne s'attendait même pas à exprimer de la colère, pourtant c'était ce qu'il ressentait face au désistement du vieux Briserunien.

"Je suis peut-être vieux, mais ce combat est aussi le mien. Tu ne peux pas t'opposer à cela."
"Je n'ai pas l'intention de me mettre en travers de votre chemin", reconnut Tristan, amer. "Je croyais simplement..." Il secoua la tête. "Je pensais qu'après toutes ces années passées parmi nous, vous auriez..."
"Quoi ? Oublié mes racines ? Ma loyauté ?"
"Après tout ce que mes parents ont fait pour vous... Cela ne représente donc rien à vos yeux ? Vous ne connaissez pas cette femme, mais vous la suivriez à la guerre pour reprendre un hypothétique..."
"Tu es encore jeune, coupa le maître de son ton bourru, "cela te rend naïf." Avant que Tristan ait pu répliquer, il ajouta : "Mais tu es fidèle aux tiens. Tu me comprends."
"Je comprends que vous êtes stupide", grommela le jeune homme, qui avait atteint son quota de politesses et de bienséance pour la soirée. Il combla en quelques pas la distance qui les séparait : "Je comprends que vous courrez à votre perte pour le royaume auquel vous aviez tourné le dos jadis et que vous tournez maintenant le dos à ma famille, alors je me demande bien d'où vous sortez votre soi-disant loyauté !"
"Tu n'as jamais connu la guerre, petit, que crois-tu savoir de la loyauté ?" asséna le maître en se retournant pour mettre fin à la discussion.

Il avait ce ton à la fois hautain et déçu qu'il réservait aux échecs de son élève. Le jeune homme voulut répliquer, mais ses mots se jetaient pêlemêle dans sa gorge serrée pour être les premiers à sortir et au final, il ne put en exprimer un seul. Tristan Martell : l'éloquence à l'état pur. Alors il eut la réaction la plus stupide qui soit : il lui fit un croche-pattes. Le maître, alourdit par son bagage, s'étala au sol. Tristan ramassa l'épée de celui-ci avant qu'il ait pu réagir.

"À quoi joues-tu ? La leçon est terminée depuis longtemps. Tu as appris tout ce que je pouvais t'enseigner, je ne peux rien faire de plus pour toi !" dit Grisham en se redressant. Son ton était moqueur mais Tristan ne se laissa pas impressionner :
"Ramassez votre bouclier." Le Briserunien ne fit pas un geste. "Ramassez votre bouclier, maître."

Là, il s'exécuta. Ils se firent face quelques secondes, puis Tristan asséna un coup qui résonna dans tout le patio. Un choc métallique, appuyé d'un cri rageur. Le maître para sans effort, mais Tristan ne s'arrêta pas là.

On disait souvent de Tristan qu'il ne se battait pas mais qu'il dansait. C'était au départ une petite pique venant du guerrier briserunien, qui trouvait que le style de son jeune élève, celui qu'il avait appris auprès de son ancien maître grandventeux, était bardé de fioritures sans nom – pour reprendre ses propres termes. Un style de combat typique de la région, qui misait sur l'agilité et la rapidité du soldat. Si Tristan se reconnut davantage dans celui, plus franc et plus direct, du Briserunien, il ne cessa jamais vraiment de danser. C'était visible dans chacun de ses coups, dans chacun de ses pas, en réalité même quand il ne se battait pas. Et le vieux maître ne moquait plus la danse de Tristan, parce qu'il était devenu évident que sa façon se mouvoir était aussi naturelle pour lui que de respirer. Le plus surprenant était de voir comme il changeait dès que le combat commençait. Même son expression n'était plus la même et dans ces moments il ressemblait à sa sœur dans son impassibilité, trop concentré sur le combat pour sourire ou plaisanter. Il avait l'air si sérieux qu'il en impressionnait son maître.

Mais pas cette nuit-là.

Cette nuit-là Tristan frappait, encore et encore, et ses mouvements n'avaient rien de leur élégance naturelle car ils n'obéissaient qu'à ses émotions. À chaque fois, le maître bloqua ses coups. Il ne fit aucun geste pour riposter, car Tristan lui-même ne faisait aucun effort pour le blesser. Il visait consciemment le bouclier, de toutes ses forces, et le vieux maître d'armes le laissa faire jusqu'à ce qu'il soit à bout de souffle – il avait passé l'âge d'encaisser les emportements du fils Martell.

"Tu es calmé ?"
"NON !"

Tristan considérait la fuite de son ancien maître comme une trahison et cet échec faisait remonter tous ceux qu'il avait jusque là ravalés en se noyant dans l'apprentissage des armes. Le jeune homme était devenu un excellent combattant, mais la noblesse de ses intentions lui échappait à présent qu'il réalisait que ce n'était peut-être qu'une excuse. Il ne souhaitait qu'une chose : protéger les siens. Et comme il maniait bien les armes, c'était le domaine qu'il avait travaillé le plus longtemps, avec acharnement, au détriment de ses faiblesses. Parce qu'il était incapable de faire face à ses propres échecs. Ce n'était pas en frappant son ancien maître qu'il les affronterait, mais au moins, il pouvait laisser libre court à sa frustration.

"Tu es bien violent, pour un Grandventeux", commenta Grisham en abaissant volontairement son bouclier. Tristan hésita devant la provocation, mais il était incapable de frapper un homme désarmé. Son épée finit dans la terre. Il lâcha un dernier cri de rage et s'accroupit près de l'arme, les bras croisés. "Tu vas bouder, maintenant ?"

Il y avait dans la voix du Briserunien quelque chose du vieux maître qui avait entraîné Tristan pendant toute ces années, ce maître avec qui il avait développé son talent et voyagé, vécu le genre d'aventures qui le faisait rêver gamin – ce maître qui, plus que son père, l'avait forgé dans l'homme qu'il était devenu. Car Tristan était un soldat et en ce sens, Grisham et lui se ressemblaient plus qu'aucun d'eux ne l'aurait jamais avoué. Une vague de mélancolie le prit à la gorge mais Tristan ravala ses souvenirs pour dire :

"Allez-vous en. Allez au combat si cela vous chante, et ne revenez pas. Après tout, qui sauverez-vous quand vous serez mort ?" marmonna-t-il, frustré.
"Personne, répondit le maître, tu n'as plus besoin de moi à présent."

Ces derniers mots mirent un moment à atteindre Tristan dans ce cœur qu'il tenait fermé pour ne pas se laisser emporter par sa colère. Il releva la tête, mais cette fois, le maître était parti pour de bon.

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“ I belong to the people I love, and they belong to me ; they, and the love and loyaty I give them, form my identity far more than any word or group ever could. ”

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"Règle numéro une ?" fit Tristan en donnant un petit coup de lance à l'arrière du genou de son coéquipier.
"Urgh, non, j'dormais pas !"
"Si, si. Tu dormais debout. Je t'ai même entendu ronfler !" se moqua Tristan avec un grand sourire.
"De toute façon, il se passe rien", grommela l'autre garde en faisant un signe de la tête vers les portes, fermées, de la salle qu'ils étaient censés surveiller. Tristan venait de finir son tour de ronde et prenait la relève.
"Aaah, c'est bon, va dormir ! Mais c'est pas comme ça que tu vas gravir les échelons."
"Parle pour toi." Tristan le fixa, surpris. Son coéquipier lui offrit un regard entendu : "Y'en a qui disent que... Enfin, y'a des bruits qui courent, comme quoi... toi..."
"Moi...?"
"Tu serais en tête de liste pour prendre la place du vieux avant la fin de l'année. Alors moi, je dis ça, je dis rien, mais faut avouer que t'as pas une grosse concurrence."
"Si tout le monde est aussi assidu que toi, c'est sûr."
"Et comme t'as des relations... Je parle de la gouverneure", précisa-t-il avec un clin d’œil – par les Arcanes que ce garçon était SUBTIL. Tristan se renfrogna aussitôt. "Quoi ?" L'autre ne semblait visiblement pas comprendre où était le problème.

Tristan était fier d'être un Martell, fier d'être le frère de la gouverneure – non, il était fier d'être le frère d'Aurora avant d'être celui de la gouverneure. Il admirait le calme, l'empathie et la bonté de sa sœur, la diplomatie et la retenue qu'il n'avait pas. Tristan n'était pas toujours objectif dès qu'il s'agissait d'Aurora. D'ailleurs, il prenait presque toujours son parti, puisqu'elle était plus sage que lui et donc plus apte à prendre de bonnes décisions. On pouvait dire qu'il adorait sa sœur aînée, presque littéralement – avec juste assez de lucidité pour lui dire franchement quand il pensait qu'elle faisait une erreur. Personne n'est parfait. Toujours est-il qu'il n'avait aucun problème à se revendiquer comme son frère, mais dans le cas présent et avec tout le respect qu'il lui devait : qu'on laisse Aurora en dehors de ça. C'était de lui qu'il s'agissait. Tristan prit une grande inspiration et sourit légèrement du coin des lèvres, une expression crispée qu'il affichait toujours quand il tentait de ne pas s'énerver :

"Darn, mon pote, j'ai pas travaillé autant pour me faire insulter comme ça."
"Gné ?" fit Darn, mais Darn était un peu con. Il était loyal, cela dit, alors la menace de Tristan n'en était pas vraiment une lorsqu'il adopta un air parfaitement sérieux pour dire :
"Tu sais quoi ? Je vais refaire un tour. T'endors pas en attendant, ça m'embêterait de faire remonter ton incompétence jusqu'à mes relations."

Il sourit en s'éclipsant avec un clin d’œil et fit le tour du bâtiment. Il entra par la porte de derrière une fois que les magistrats se furent éclipsés.

"Par les Arcanes, je ne sais pas comment tu fais pour supporter ça à longueur de journées", sourit-il en guise de salut à Aurora.

Le vieux chef de la garde, qui était encore présent, lui lança un regard blasé. À force, il avait compris que Tristan allait et venait comme bon lui semblait dans le palais de Zephyr, pour peu que sa sœur aînée soit dans les parages. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il soit reconnu comme son protecteur officiel et renommé. Et même si Tristan faisait peu de cas du protocole et des conventions, personne ne doutait qu'il remplirait parfaitement cette nouvelle mission.

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Résumé

991 ❧ Naissance de Tristan dans le domaine des Martell à Blanchefeuille.
998 ❧ Décès de son frère cadet suite à une mauvaise chute. Tristan se sent coupable mais c'est sa sœur qui assume la responsabilité de l'accident. Il décide d'apprendre à se battre pour protéger sa famille.
999 – 1009 ❧ Il fait ses classes auprès d'un chevalier grandventeux, puis dès 1006 c'est Grisham, soldat briserunien à la retraite, qui prend sa formation en main.
1006 ❧ Cérémonie d'Éveil + Étudie 6 mois à Sombrelune
1009 – 1011 ❧ Il travaille deux ans comme mercenaire avec Grisham, qui l'emmène un peu partout sur les routes de Grandvent – Tristan est aux anges.
1011 – 1018 ❧ Rentre à la maison quand Aurora est nommée gouverneure. Il s'engage tout naturellement dans la garde de Zephyr, gravit les échelons jusqu'à se retrouver dans la garde rapprochée de sa sœur.
1017 ❧ Le vieux maître de Tristan rejoint les rangs d'Antigone lors de la rébellion, laissant au jeune homme un sentiment de trahison.
1018 – Actuel ❧ Tristan est nommé chef de la garde.