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Comme à son habitude – comme à sa mauvaise habitude – Clovis introuvable et tu le sais en train de badiner dans les rues de Roseraie ;
et dans un autre monde, tu lui pardonnerais certainement, grand garnement qu’on a mis sur un trône à ses dépens, car toi aussi tu as besoin d’aller souffler loin des murs du palais parfois, de peur de t’asphyxier
mais dans ce monde ci, c’est avec agacement que tu ouvres vivement sa porte sans même toquer – s’il croit le mériter.
— Au temps pour moi, j’oublie parfois que quelqu’un réside dans cette chambre.
le visage souriant mais la remarque sur ses absences mise en évidence –
— Bien au contraire, vous serez ravi de savoir que tout s’est bien passé durant votre voyage.
((que tu n’es rien sans moi –
que Malronce vivra sans toi –
ô petit roi))
— Je venais m’assurer que vous aviez bien trouvé le chemin du retour.
retour à son royaume et c’est un mauvais pressentiment qui se concrétise – petit à petit s’émiette le garçon penaud que tu as désigné, c’est un homme qui grandit à travers les mailles de ton filet – tu le pensais pourtant si parfait –
doigts sur l’arête du nez, tu l’observes, sa mine fière et l’étincelle d’arrogance ;

et c’est l’envie pressante de lui rabattre le caquet.
— Et également que vous avez conscience que je ferme les yeux sur vos petites escapades, mais qu’on ne peut pas en dire autant du reste du Conseil. Au vu de la durée… Belorge ? Ambrive ? Malronce vous ennuie-t-il, votre altesse ?

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ft. CLOVIS

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tu perdrais presque patience –
car c’est la vérité ;
il a cet avantage sur toi de connaître le royaume mieux que tu ne le feras jamais, et c’est hors de tes griffes que sa liberté peut le porter –
alors la chaîne que tu désires maintenant passer à ses poignets, c’est celle de la fidélité.
faire en sorte au moyen de sentiments ((comme tu ne sais plus faire avec sincérité)) que le jeune monarque ne te voit pas comme un obstacle, mais son pilier –
et ce chemin est rude, hypocrite, des jours où tu crèves d’envie de l’évincer sans plus de cérémonie mais des jours
— Sage décision.
des jours où tu vois se dessiner à l’orée de son crâne la couronne qu’il mérite – car Clovis est plus mesuré qu’Antigone ne l’a jamais été, même si ta liste de reproches s’agrandit progressivement, tu peux ((et vas)) tirer quelque chose de lui ;
— Avec tout le respect que je vous dois, mon Roi, il vous faudrait faire… preuve d’un peu de bonne foi, avant une réunion avec le reste du Conseil. Comprenez que vos « voyages » les laissent penser que vous n’en avez rien à f- peu à faire du royaume.
la vulgarité qui se glisse aux lèvres car c’est toi, toi qui les convainc qu’il est trop tôt pour qu’il vienne s’asseoir à votre table – trop tôt pour qu’il prenne conscience de ses responsabilités ;
tu tireras quelque chose de lui, mais pas maintenant –
— J’essaye de les convaincre du contraire, mais cela prend du temps, Clovis.
avec une pointe de sympathie ((tu te vois en lui)) ; la volonté de bien faire et pour le meilleur
mais pas encore.
tu ne lui permets pas encore –

— Si vous vous sentez vraiment prêt, toutefois, j’insisterai.
((le poids de la couronne est si lourd à porter
quand bien même on a tendance à l’oublier
et tu espères bien l'en dissuader))

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ft. CLOVIS

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nulle part qui existe encore aujourd’hui et qui ne soit ruines – tu es né au nord d’ici et dans ton cœur, c’est Briserune le foyer ;
mais cela ne le regarde pas ne regarde personne d’autre que
((Idriss, Antigone et))
toi – alors tu souris, tranquille, et décroises enfin tes bras.
— Je prends ça pour un compliment, les Aubépiniens sont terrifiants lorsqu’il s’agit de mener à bien une affaire.
sans rien ajouter derrière car le petit roi a dû réaliser que jamais, ô grand jamais Nathanael ne parle de soi – ce serait pourtant plus rassurant, de savoir qui l’épaulera le long de son règne –
qui
d’autre que celui ayant pris la vie de ses parents ; l’hypocrisie au sommet, et tu es le plus apte à l’y préparer.
il n’est pas p r ê t.
— Et c’est un choix judicieux. ((dangereux)). On ne connait son peuple que lorsqu’on en écoute les murmures plutôt que ce qui se dit à notre table. ((n’en devine la révolte que lorsque les cris sont à la porte)).
sauf qu’on ne mène pas un pays par les sentiments et comprendre ce qui les courrouce ne suffit pas à endiguer les colères – montrer son visage leur donnera à peine plus de repères –
tu soupires et tes yeux se lèvent naturellement vers le plafond ;
— C’est… légitime.
les mots s’articulent difficilement, car tu le sais prêt à le faire de son plein gré
et ce n’est pas pour t’arranger.
— C’est tout à fait légitime, et je vois bien que vous avez pris votre résolution. En tant que votre Conseiller, je me dois de vous soutenir, alors oui, je vais leur expliquer. Sachez cependant –
tu restes droit et plonges ton regard dans le sien, froid ;
— Que toute liberté que l’anonymat vous confère, il vous faudra faire une croix dessus. Le Conseil ne vous lâchera pas, et ne pardonnera pas d’écart. Alors je vous le redemande, Clovis.

une brève inspiration.

— Êtes-vous prêt ?

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ft. CLOVIS

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elle elle e l l e – t'a détruit, toi aussi, Merlin qui rêvait de justice sans en connaître le prix et Antigone qui le pousse jusqu'ici – repart avec autant de violence qu'elle est arrivée
par ta faute, et ça te ronge de l'accepter –
alors pas maintenant
((jamais))
ce n'est pas le moment d'en parler et ton sourire se fait crispé ;
l'Arbre-Monde soit loué lorsque sa colère prend le pas sur la discussion, et détourne ton attention.
— Bien.
tu laisses ce simple mot en suspens quelques instants, t'assurant que tu aies toute son attention
pauvre garçon qui n'a pas idée du destin qui l'incombe
il n'existe pas de liberté au sommet, si ce n'est celle qu'on s'octroie d'esprit à peine un soir, une nuit – il n'est pas de retour en arrière et derrière les portes de cette salle qui l'effraie, c'est tous les intérêts qui priment sauf celui du roi
et tu vois
qu'à cette bataille Clovis n'est pas encore préparé – trop mal entouré, peut-être
— Un conseil –
((le premier,
avec sincérité))
— Vous êtes le roi et vous donnez les ordres, mais ne faites pas du conseil des Cinq votre ennemi. Ils oublient parfois leur place, mais ils sont aussi vos plus fidèles alliés.
dans un monde où personne ne se bouscule pour l'être avec honnêteté – où il n'est plus personne pour le protéger ;
et aujourd'hui n'est pas un des jours où tu as coeur à avoir pitié alors tu croises de nouveau les bras et toise son dos, ferme.
— Maintenant, si vous voulez vraiment mon avis sans toute la fioriture pour l'adoucir : vous devez choisir. Être roi – un bon roi, ce n'est pas un poste que vous pouvez prendre et quitter comme il vous le sied. Vouloir le meilleur des deux mondes, c'est trop ambitieux.
puis, la voix clémente, tu t'approches à un pas de lui –
— Vous n'avez pas à choisir maintenant. Mais quel qu'il soit, je vous soutiendrai.
bienveillant, presque,
pourvu que loin du trone, pauvre Clovis reste.

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ft. CLOVIS

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et si vite, il s'envole – grandit trop loin de tes projets –
tu t'efforces de garder le sourire fier mais le coeur est contrarié car neuf mois à peine, tu l'as sous-estimé.
tes yeux lâchent sa silhouette pour celle de la couronne et ton souffle s'arrête lorsqu'il s'en saisit – elle lui ira ; Clovis, malgré son immaturité, a la carure de la royauté – et c'est bien le souci
les gens l'aimeront certainement.

— A Grandvent ? Qu'est-ce qui vous amène là-bas ?
le badinage encore – quoique ce royaume renferme un formidable bijou – ou y voit-il un réel intérêt pour le futur ?
— Ouvrir les portes ?
habituellement en contrôle parfait des émotions qui parcourent ton visage, c'est les pupilles qui s'écarquillent lorsque tu comprends ce que le roi vient de dire
ouvrir les portes comme Antigone ne l'a jamais fait – ouvrir les portes à qui, la noblesse ou les étrangers –
ouvrir les portes
et tu réalises que ça, tu ne l'as pas prédit dans tes plans parfaits.
— Comment ça, ouvrir les portes ? Vous voulez ouvrir les portes à toutes les tentatives d'assassinat contre vous ? Vous voulez ouvrir les portes alors que vous peinez tout juste à vous séparer de votre liberté ?

et cette dernière phrase sort plus cinglante que tu ne l'aimerais mais c'est l'incrédulité de la proposition – pas dénuée de sens, non
terriblement inconsciente, oui.
— Ou alors j'ai mal compris et au sens figuré, vous désirez un courant d'air dans votre vie.
si vite, si vite
il s'envole là où tu ne saurais l'attraper.

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ft. CLOVIS

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le goût du fer à la commissure des lèvres c’est tes dents qui mordent fort la chair –
tu aurais pu et tu aurais dû prévoir qu’en parlant d’assassinat, le lien se ferait naturellement avec l’ancienne Reine ;
aurait dû prévoir que l’ombre d’Antigone, majestueuse de son vivant, plane aujourd’hui tristement sur le trône de Malronce – et sur ton dos également.
et Clovis ne réalise pas que tu es celui qu’il pense pouvoir gratifier avec joie – ((celui qui a participé à la mort de la reine mais surtout celle du roi))
quelques secondes et une grande inspiration pour reprendre ta contenance, tu tâches de centrer ton attention sur la conversation :
— Le Gouffre.
le visage s’assombrissant toujours plus – décidément, aujourd’hui n’est pas le bon jour pour discuter, c’est ta patience mise à rude épreuve pour ne pas franchir la porte de ses appartements et la claquer ;
— Vous avez conscience que nous pouvons envoyer des hommes sur place, plutôt que de vous exposer au danger ? Quoique je préfère encore ça plutôt que d’ouvrir les portes.
et tu en reviens à ce sujet car n o n
non, ça, tu ne peux pas l’accepter. tu sais qu’il le fait de bonne volonté mais le souci est là, qu’il laisse sa volonté en dehors de ça pour n’écouter que la tienne, c’est tout ce que tu attends du petit roi ;
— Vous disiez vouloir mes conseils ? Non. C’est une mauvaise idée. Révéler votre identité en est une bonne, cela rassurera certainement le peuple de mettre un visage sur le nom du Roi mais ouvrir vos portes ? Un bon Roi ne se précipite pas, et j’ai bien l’impression que c’est ce que vous êtes en train de faire, votre Altesse.

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ft. CLOVIS

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tu le vois, ce sourcil arqué – ce signe d’irritation lorsque quelqu’un est sous-estimé – tu l’as vu tant de fois auparavant et sur un visage trop familier
alors tu ne renchéris pas, il s’aventurera près du Gouffre s’il le désire.
tu aurais pu le contredire d’un simple « un Roi ne se remplace pas » mais ce serait le summum de l’hypocrisie venant de toi ; et c’est trop en une seule journée
tu préfères l’écoutes parler, lèvres liées –
— Merci, vous m’en voyez soulagé.

et tu aurais dû t’éclipser à ce moment précis, avant qu’il finisse sa tirade ; comment imite-t-on déjà, le sentiment appelé émoi ? comment prétendre alors que la seule raison te poussant à te comporter comme ça, c’est l’obsession de faire de Clovis ton roi – pendu à tes paroles et si tu ne portes pas la couronne, c’est simplement pour lui en laisser tout le poids.
une seconde à peine et tu dessines sur ton visage un sourire touché ;
— Ce n’est pas en me flattant que je vais fermer les yeux sur vos escapades, votre Altesse.  
sur le ton de la plaisanterie, comme peu souvent tu te le permets.
— Même si je note une nette évolution de la qualité de vos compliments. Faites bonne route.
tu franchis la porte en deux pas, et retournes à tes appartements –
pestant plus fort que jamais en arrivant.

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ft. CLOVIS