Éveillé à la magie ? non
crépitement du feu ; il observe. mais flammes de lassitude brillent dans ses fuselés violacées.
et il se tient, droit comme un piquet - assis en tailleur face à la ridicule petite cheminée.
de leurs petits yeux furtifs ils le constatent, et ils psalmodiaient « mais que va-t’on faire de lui ? »
sa maternelle disait « laisse lui du temps. » mais le temps est passé et edward a oublié.
coquille vide ; réceptacle d’une âme perdue, d’un esprit vagabond.
depuis qu’il marche sur ses deux pieds ; edward est condamné à tomber de nouveau.
c’est comme ça depuis toujours - ça le sera pour l’éternité. un pas suffit pour qu’il dévie ; la vie est contre lui.
la vie, l’homme, le monde.
celle qu’on lui a offert, celui qu’il est contraint d’être, celui dans lequel il se tue à exister.
parce qu’il a oublié tout ce que cela signifiait, on lui a répété.
« c’est peine perdue » qu’il disait - et s’il savait à quel point il avait raison.
en oubliant, edward créait ; reflet de lui-même, réalité qui n’était qu’ombre.
mensonges perfides, immonde vérité.
il essayait de récupérer les morceaux qui se découpait de sa silhouette.
il les replaçait - mais en vain, rien n’était suffisant.
toujours on lui disait « sois plus présent » mais il l’était,
juste qu’on ne le remarquait pas.
face à lui, ceux qui avançaient le torturaient.
lui picorait le peu de souvenir pour exister ; créer des facettes,
finalement se condamner, ce à perpétuité.
il existait, et il trouvait cela écoeurant.
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- il est né dans une famille peu aisée, son père était armurier et sa mère joaillière.
- il est également l’aîné d’une fraterie de 3 enfants, tous des garçons. son père tout particulièrement, à très vite placé de grands espoirs en lui, et ne le voyait pas suivre la même voie que lui. il espérait qu’il devienne haut placé - pourquoi pas militaire ou général.
- malheureusement pour lui, si edward semblait l’enfant idéal pour mener le reste de ses frères au sommet ; ce ne fut finalement pas le cas.
- très tôt, la mémoire d’edward lui a fait défaut à chaque instant de sa piètre existence. il s’est alors mis à tout oublier, jusqu’à même le nom de ses frères. songeant dès lors qu’il s’agissait d’une malédiction, ses parents - surtout son paternel - l’ont forcé à s’écarter de ses frères.
- cette exclusion a cependant empiré et ils se sont très vite rendu compte de leur erreur ; les souvenirs d’edward disparaissaient si rapidement que s’en était inquiétant.
- les affres de la guerre, la constitution du monde ; la magie - les souvenirs se dégradent et l’insensibilité reste. edward n’arrive qu’à se raccrocher aux mots répétés par son père, qui lui compte toujours les mêmes histoires, celles du pays, celles des autres, les affaires et la magie.
- il a toujours avancé en reculant. ses frères militaires le laissaient derrière lui alors que son principal défaut le rendait las de tout ; las d’oublier, las de ne plus se souvenir - edward a finit par désespérer et se laisser couler.
- de ce fait a grandi sa difficulté d’entretien avec autrui ; n’avait-il pas honte d’oublier les personnes qui l’entouraient ? et il a commencé à porter divers masques. amant d’un soir pour certains, chasseur insensible pour d’autres, des masques qu’il ne peut mémoriser. il ne laisse finalement paraître que la somme de ces pêchés ; un simulacre.
- ses rapports avec le monde, les hommes particulièrement sont devenus désastreux. il ne s’éprend de rien ni de personne dorénavant. il travaille - tue les bêtes - sans se sentir coupable. il dira que c’est les aléas de la vie, la loi du plus fort.
- même si la route est boueuse et le chemin sinueux, il a l’espoir d’un jour s’éprendre pour quelque chose, même si l’oubli lui court après.