C’est une obligation, une faveur faite au père par une enfant perdue dans les sentiments à son égard, sans pouvoir se détourner de lui. Selena rêve de sa fierté plus que tout au monde, rêve de voir la lumière briller dans les pupilles tout en voulant trancher la gorge, voir le sang de ce parricide l’absoudre de ces conflits internes.

Mais à la place de vaciller dans ces ténèbres, Selena hoche la tête, serre les dents et se retrouve emprisonnée dans le tissu, le parfum et toutes ces coquetteries qu’on lui impose. Ce n’est pas pour son déplaisir, d’ainsi se parer de dorures mais pas pour lui.



Ni pour aucun autre homme si ce n’est ceux qui animent son coeur. C’était déjà trop.

Mais Selena, aujourd’hui, doit porter sa robe la plus noble, ses plus beaux charmes pour séduire celui que le père aimerait appeler “Fils”. L’agacement, déjà, tire les traits quand on porte la sobre élégance des Caterna. Car si Selena a eu la gentillesse d’accepter ce rendez vous, ce n’est point pour accepter d’être ainsi vendue à l’homme du choix de son père.

Droite, fière, le regard qui n’offre qu’une colère sourde derrière un voile de mépris, Selena porte les soies comme elle aurait porté une armure : avec la sauvagerie de son être et le feu de son coeur cloisonnés pour mieux détruire l’ennemi, chevelure flottant au vent.

Il est grand, si grand, même au loin et Selena ne peut nier les charmes de l’homme. Sa stature, les mèches blondes tombant nonchalamment sur un front lisse, un nez arrogant, droit et fin qui viennent ajouter une dureté à des lèvres indécemment charmantes, une mâchoire franche, les épaules larges et le corps musclé qui se dessine sous les luxueux habits... Non, Kleos n’a rien à envier à n’importe quel homme de Malronce et Selena le sait dès le premier regard  : Il est terriblement beau.

Les yeux rouges se posent sur elle, surprennent de leur couleur si particulière, cette couleur qu’on ne connaît que dans les pupilles de Clovis. Et la parade de mépris commence car jamais les charmes de Kleos ne vaincront son obstination à s’élever contre le père ou même à cet amour à sens unique qui l’unit à son Roi.

Une révérence des plus élégantes et agiles, le regard d’améthyste planté effrontément dans celui du Conseiller.

– Ravie de faire votre connaissance, Conseiller Vermillion.

Le sourire étire les lèvres rouges, rouge comme sa colère, rouge comme le sang qui boue de contentement quand on vient étaler son mépris sous les yeux de l’homme, crachant son nom comme un mot des plus odieux.

La soie ne volerait pas son insolence et si le corps sera beau, dans les parures noires et or, l’esprit ne céderait pas. Kleos n’aurait jamais envie de l’épouser. Il ne voudrait même pas la connaître.

 

Quel poids, ce regard qui la dévisage, Selena le sent peser tellement fort, à en avoir un sourire grinçant, la colère menaçant sous le calme apparent.
Comme si sa présence ne suffisait pas à l’irriter, il vient offrir des mots qui ne font que piètre effet à la jeune femme. C’est un compliment qui hérisse le poil, un compliment qu’on rejette plus que tout car Kleos n’a droit qu’à son courroux.

– Je préfère me parer d’armure plutôt que de dorure.


Mais Selena s’habille de contradictions, refuse chaque compliment avec toute sa vigueur car jamais Kleos n’aura raison aujourd’hui et être à son goût ne change rien à la colère brûlante qui habite la jeune femme.
C’est que Selena, si elle ne peut fuir cette responsabilité, se plaît à cracher au visage  de Kleos avec le plus grand des dédains. Elle garde la tête haute, le couvre de tout son mépris sans faillir une seconde à se faire plus sauvage qu’elle ne l’est.

– Et je ne suis jamais une dame. Encore moins vôtre. Alors appelez moi Selena, Kleos, mais sachez que ça ne vous rend en aucun cas plus proche de moi.

Les mots seront rapportés au père, Selena le sait. Mais rappeler à Kleos son insoumission est trop tentant, étire un sourire satisfait qu’aucun des mots du conseiller ne pourra lui offrir quand elle le toise de toute son irrévérence.

Il parle comme un roi, n’attend aucune permission quand il dirige les domestiques d’un regard. Ce n’est pas à lui de faire ça, pas chez elle car c’est un rapport de force qu’il vient installer en agissant comme si tout lui appartient. La mine se renfrogne, les sourcils se froncent quand elle le fusille du regard mais pour une fois, aucun mot ne sort. Ce n’est qu’un détail de plus qui agace malgré l’attrait qu’on trouve toujours au charisme si fulgurant qu’aucun mot n’est nécessaire.

Il lui offre une promenade, Selena aimerait lui offrir son refus. Mais aussi récalcitrante soit-elle, s’enfoncer dans les jardins ne peut être que mieux pour venir crier ses pensées sans l’ombre d’une oreille indiscrète. Alors la main se tend, prend le bras sans aucune délicatesse pour mieux pouvoir entraîner Kleos dans cette marche.

– Marchons, oui. Mais encore une fois, n’y voyez pas un adoucissement de ma part.

Et le temps est long quand ils se promènent silencieusement dans les jardins, Selena droite et sévère, le feu qui danse dans les prunelles et la contrariété qui court le long de son dos.
C’est Kleos qui rompt le silence, lui qui ouvre avec trop de franchise les négociations pour une main que Selena refuse de lui offrir.

Il a ce sourire impertinent, cette malice au fond des yeux et Selena ne peut que se tendre, ne peut qu’avoir un rire plein d’ironie. La main quitte le bras, le corps pivote, vient faire face à Kleos et lui jette un regard noir, si flamboyant de colère.

– Vous me posez sincèrement cette question ?

Elle boue, déborde, cette colère immense, contre Kleos mais surtout, contre ce père qui n’a que faire d’elle à moins qu’elle ne serve de monnaie d'échange. Et un doigt accusateur se lève quand elle fulmine, s’enrage de cette situation des plus ennuyantes, de l’amusement si flagrant de Kleos.

– Tout d’abord, si je suis présente à ce rendez-vous, c’est bien pour rejeter la demande de mon père. N’y voyez point l’envie, même infime!, de vous épouser. Je ne suis simplement pas un objet qu’on offre au fils d’un ami pour leur bon plaisir. Je suis la garde de Clovis, une Caterna. Je n’ai point besoin d’un mari pour élever mon statut à l’aide d’héritiers. Le mariage, s’il me vient à l’esprit, est une affaire d’amour et non de stratégie, mais ça doit bien vous être étranger et mon coeur ne sera jamais vôtre de toute manière.

Car il est déjà pris depuis longtemps et l’espoir ridicule réside encore en ce cœur sot.

Selena l’assaille, tape ce doigt furieux sur la poitrine de Kleos, avance, conquérante, pour marcher sur les chaussures vernies de l’homme qui se croit en territoire conquis.

– Voilà ce qui me rend hostile à votre égard : leur volonté ne se réalisera jamais, qu’importe l’amitié. Et très sincèrement, vous n’avez rien à m’offrir que je ne possède pas déjà. Vous n’êtes qu’un homme arrogant et votre joli minois ne fera pas de vous mon fiancé car pas une seule seconde je ne pourrai imaginer me tenir au côté d’un homme choisi par mon père !

C’est presque front à front qu’elle a acculé Kleos, le souffle perdu par ses longs discours et la rage qui fait briller le regard plus que toute belle parole quand elle tourne les talons pour s’éloigner, retrouver la distance qu’elle estime nécessaire entre deux personnes qui n’ont rien à partager lorsqu’elle donne sa proposition.

– Dites moi ce que vous voulez, vous l’aurez et en échange, vous dites à vos parents que vous ne voulez plus jamais entendre parler de moi. Que je ne suis pas à votre goût, n’importe quoi tant que je n’ai plus à entendre parler de fiançailles.

Oh, ce feu que Kleos réveille en elle, c’est si puissant, si violent, ces émotions vives qui s’emparent d’elle, peine à être contenues quand il se joue d’elle avec sourires et paroles bien calmes. Il corrige le nom de leur Roi, bafoue leur lien de ce simple éloignement, ces simples mots qui mettent des kilomètres entre elle et Clovis. Et la colère boue, si fort, oh! tellement fort !

On ne se contrôle plus quand il ne cille pas sous son rapprochement, quand il laisse son doigt s’enfoncer contre son torse et la laisse cracher ses paroles. Toute la tension que son cœur garde. C’est si facile de s’époumoner face à Kleos, si facile de reporter les maux du monde entier sur le simple agacement que provoque ce rendez-vous. Les yeux dans les yeux, Selena s’y perd le temps de retrouver son souffle, trop de temps déjà. Mais la colère ne meurt pas, non, elle s’enfonce, s’étire pour la prendre au coeur quand Kleos semble si nonchalant, si satisfait.

Il n’y a rien de plus agaçant que l’amusement quand le coeur s’époumone ainsi. Elle aurait préféré qu’il s’énerve, qu’il lui mette une claque, soit courroucé par son insolence. Mais il ne fait que répondre à l’irrespect par plus d’insolence quand il sourit ainsi, les yeux brillants. Et les compliments, Selena les prend pour des moqueries évidentes quand elle agit comme une furie.

Jusqu’à ce que l’amour vienne se poser sur les lèvres de Kleos. Jusqu’à ce qu’on parle de son coeur à elle, ce coeur épris.

Là, la colère fond car Selena a peur d’être découverte, toujours, dans cet amour secret, enfoui, tellement enfoui. Et sur le visage, pourtant, Selena porte la vérité. Si elle n’a pas répondu à ses mots de suite, elle reste bouche bée, cherche quoi répondre pour nier ce mot “amoureuse”. Ce mot détestable alors qu’il devrait être si beau.

Il avance soudain, trop lentement et pourtant bien trop vite, menaçant quand il devine ainsi la vérité. Selena déglutit, ne détourne pas le regard quand bien même il vient ainsi se jouer d’elle, sans ce sourire plus doux. Selena se sent oppressée par cette hauteur, ce regard qui la toise. Pourtant, elle y jette ses pupilles, essaye de défendre son cœur par du mensonge, du déni quand on n’ose pas s’avouer à soi-même l’amour évident, pas vivement, pas comme ça.

– C’est faux, arrêtez de jouer comme ça ! Vous fabulez. Je.. Non, c’est..

Ces simples mots font taire, laissent un frisson courir le long du dos quand Kleos la cerne si vite. Oh, la honte qui s’empare d’elle quand elle ne peut retenir le regard de se baisser, le visage de se plisser douloureusement car on sait que la réponse trop longue à venir est une réponse évidente à la question.

Oui. Oui, c’est leur Roi, ,ce Roi qu’elle a tant chéri, si tôt, avec tant de force, tant d’abandon. Cet amour qu’elle a chéri dans son coin, en silence pour qu’il soit découvert en quelques secondes par un conseiller trop vif et vile. Il s’amuse de ses réactions et le cœur de Selena déteste être ainsi deviné.
Elle aimerait tenter de nier, s’opposer, mais Kleos a poursuivi, avec trop de sérieux, si proche, si haut quand Selena se sent tomber, reculer pour mieux s’appuyer au muret derrière elle, foudroyer encore l’homme du regard quand il perce à jour chaque parcelle de son être

Il lui faut avoir la colère, il lui faut la rage et Selena n’a pas besoin de chercher bien loin. Elle la sent rejaillir après la crainte, plus froide, éteinte et pourtant éclatante quand le regard blessé de cette analyse si juste poignarde Kleos tout autant que la brutalité des sons qui sortent de sa bouche.

– Vous n’êtes qu’un bâtard pour ainsi vous servir de moi. Est ce si drôle de me voir me débattre avec mes pairs ? Vous n’avez rien d’autre à faire de vos journées de repos ?

Son tour vient pour rompre à nouveau la distance, lentement, froidement, sans la colère vive qu’elle put lancer à son visage avant. Car le feu remonte lentement, au fil des mots, s’insinue dans sa voix qui gronde, basse et puissante par delà les tremblements que glissent les insécurités.

– Vous savez très bien qu’un refus de votre part sera bien moins mal perçu que le mien. Qu’y a-t-il de si important dans cette alliance pour que vous vous acharniez ainsi ?! Vous vous amusez à dire des mensonges sans nom, tous plus saugrenus et faux les uns que les autres, vous n’essayez point de me séduire, vous voyez bien qu’aucune entente n’est possible ! Alors pourquoi vous acharnez ?! Si je suis une grande gueule j’ai au moins le mérité d’être honnête ! Refusez donc ces arrangements !


La main saisit les cheveux, tire allègrement quand elle crache les mots au visage comme une louve enragée.

– Et vous demandez à ce que j’agisse comme une Caterna, une adulte, n’oubliez pas que nous sommes des guerriers. Point des diplomates, surtout pas moi.  

Il y a presque du contentement, quand elle se dégage de toutes les règles, rappelle sans penser aux conséquences, le fond d’un coeur touché en plein vif par la vérité des propos. Kleos a une ouverture de plus, une faille de plus à gratter.

“Que fais-tu, Selena ?” C’est une question qui résonne dans l’esprit. Qu’est-elle en train de faire, à bondir comme une proie dès qu’il la pique ?
Elle ne fait que lui offrir satisfaction, que se ridiculiser dans une explosion d’émotions toutes plus enfouies les unes que les autres.

Derrière la spontanéité, n’y a-t-il pas bien trop de mensonges ?

Et Kleos lit en elle comme dans un livre ouvert, saisit chaque faille et s’y glisse sans peine. Elle est pitoyable.
Selena le sait, c’est pitoyable. Mais peut-être qu’il y a dans toute cette explosion un envie de faire fuir Kleos, le faire fuir loin , très loin d’elle car elle refuse tout ce que son père peut lui offrir.

Sa main se pose sur celle de Selena et elle tremble. Elle tremble de déception envers elle même quand elle vacille ainsi. Que fait-elle ? Toutes ces belles paroles, tout ce mensonge, Selena ne peut le tenir face à l'œil fin de Kleos.
Alors elle le laisse faire, le laisse dégager sa main sans s’accrocher, serre les dents quand il la tient dans ses bras, cette ridicule guerrière qui relève plus de l’idiote qu’autre chose. Elle se maudit, des dizaines, des centaines de fois quand il parle, quand elle ne peut nier, ne peut que garder la tête basse pour ne pas croiser ce regard si vif.
Et Selena, elle se maudit bien trop fort quand elle finit par rencontrer les yeux de Kleos, sans dire un mot, il n’y en a pas besoin. Car dans le regard, Kleos peut y lire tous les aveux.

Oui. Oui, elle l’aime. Oui, jamais il ne l’aimera et elle n’est qu’une menteuse, une terrible menteuse sans aucune décence.

Et c’est jetée contre le muret, que les mots s’échappent, qu’on offre à Kleos le calme quand bien même l’amertume les ronge.

– Que voulez-vous que je vous dise ? Vous voulez que je me ridiculise plus encore avec des aveux ? Que je dise que vous avez raison ? Que je ne suis qu’une menteuse idiote, incapable d’ouvrir les yeux ?

Le rire est âcre, si âcre quand il résonne dans le calme des jardins.

– Je ne suis qu’une piètre Caterna, je le sais déjà. Comment voulez-vous que je m’oppose à eux quand ils me demandent simplement de vous laisser une chance ?

Un soupir quand la main passe sur le visage, laissant une fatigue s’afficher sur le visage lorsqu’on s’approche à nouveau de Kleos, le regard perdu sur l’étendue de verdure.

– Et je n’ai pas envie de vous laisser une chance. Vous dites vouloir ces fiançailles mais comment le pouvez vous ? Vous ne me connaissez même pas. Je me suis emportée, il est vrai mais la vérité n’est pas que j’ai des œillères. Peut-être un peu. Mais je sais un minimum de choses sur ma personne.

Et pourtant, on l’affronte. Face à lui, les pupilles qui se plongent dans le regard rouge, Selena semble si frêle et pourtant, bien plus courageuse que celle qui a fui, maintenant qu’elle tremble face à la vérité.

– Je suis peut-être lâche ou pitoyable mais mes émotions même les plus ridicules ont le mérite d’être honnêtes, qu’importe que j’accepte de vous délivrer chaque vérité.

Oh, il est si dur, Selena, d’ainsi déverser l’honnêteté quand aucun mensonge ne peut vaincre Kleos. Il lit en elle et à chaque mot, elle s’enfonce un peu plus dans le trouble, perturbe un peu plus sa pauvre décision d’être une capricieuse qui refuse même une simple rencontre.

– Alors posez-moi des questions si vous le souhaitez mais ne dites plus jamais le nom qui m’a mise dans cette colère d’idiote.

Elle répondrait, le mépris sur les lèvres et le doute dans le regard. La voilà à vif.

Selena depuis longtemps se démène avec elle-même. C’est un combat sans nom que l’ego niera toujours et pourtant, elle lutte bien, tiraillée entre la colère, la déception et ses joies. Sans qu’elle ne sache pourquoi, son être semble toujours partagé par trop d’émotions, trop de sentiments pour elle seule. Trop de tout.

Selena est une chevalière à fleur de peau. Combative, incendiaire et  pourtant si faible. Car toujours le poids pèse sur les épaules et Selena, ne fait qu’aboyer sans jamais mordre cette main qui l’a nourrie toute sa vie.

Et si elle tremble face aux attaques si bien placées de Kleos, l’idée d’être vue comme une des femmes les plus puissantes de Malronce ne peut que lui arracher un sourire, faire se dresser la tête quand elle jette une oeillade à cet homme déroutant (est-elle si facile à déstabiliser ?).

– Le travail doit bien payer un jour. Et je dois vous avouer que j’aurais été bien plus à l’aise si la vie se déroulait comme un combat à l’Arène. Ou comme des festivités.

Il a réussi à la dérouter, la perdre dans ses colères d’enfant pour mieux l’amener à avoir cette tête haute et ce regard qui se redore de dédain, un dédain amusé cette fois quand elle s'enfonce dans les jardins sans reprendre le bras.

– Je ne me laisserai pas piétiner, Kleos, vous vous en mordrez les doigts. Et rangez donc ce bras, je sais marcher toute seule.

Le rictus est partagé, un rictus amusé par delà l’agacement qui pique le cœur.

Car Kleos, sais-tu que si elle t’avait rencontré sous d’autres circonstances, le cœur aurait été bien plus facilement conquis ?  Car tu as le feu dans les yeux, ce sourire à se damner et l’insolente confiance qui peut faire tambouriner le cœur de n’importe quelle dame. Et c’est seulement par esprit de contradiction que Selena se refuse à jouer ce jeu.

Pour une fois, le rictus est partagé, pour une fois, Selena lui jette ce regard amusé, flamboyant quand elle se promet de rabattre l’ego de cet homme. Ce n’est plus un simple rejet, c’est une bataille qu’elle compte bien gagner quand le regard fier se plante dans le sien, chasse les craintes et les doutes qui l’ont faite hurler pour mieux pouvoir le faire taire.

– Vous m’agacez ! Je ne suis pas votre dame. Mon prénom est-il si dur à retenir pour votre cervelle de moineau ? Faites attention je pourrais bien recommencer à vous arracher les cheveux jusqu’à vous rendre chauve !

Le pas s’accélère et il s’évertue à la rattraper, réussit à faire se tirer un autre sourire à ses lèvres quand il se tait et la laisse retrouver toute sa contenance, tête haute et pensive quand elle observe les alentours familiers. Il a le don de l’agacer tout en éveillant en elle un certain plaisir quand ils se tirent ainsi dans les pattes.  C’est presque satisfaisant, presque plaisant pour de vrai et Selena se demande bien quelle est cette idiotie quand elle souhaite juste se débarrasser de lui. Non, jamais elle ne laissera une chance à cet imbécile fourbe.

Et quand le silence l’apaise, pour une fois, il revient à l’attaque et Selena ne peut que lever les yeux au ciel, que faire la moue quand le regard lui envoie des éclairs.

– Bien sûr, que c’est le seul après-midi que nous partagerons et je n’y ai aucun, je dis bien AUCUN plaisir. Mon plaisir sera de vous voir partir, vous êtes prévenu, je ne céderai pas. Vous êtes sûr de ne pas vouloir de l’or ? N’importe quoi en échange de votre éloignement ?

Une dernière tentative qu’on sait vaine, Selena avance dans les jardins, le sème pour qu’il ne la rattrape que plus facilement et même si jamais Selena ne se l'admettra, il y a de l’amusement dans l’agacement. C'est ce que Kleos laissera comme souvenir, toujours.