Quelques heures a passer. Une ou deux tout au plus, l’heure de sa pause qui lui avait été une fois de plus forcé. Elizabeth était adossée contre l’un des murs du château, maugréant contre l’interdiction de rester à l’intérieur de ces murs durant ce qui était censé s’apparenter à du repos. Elle n’était pas fatiguée, n’avait pas besoin de se changer les idées. Car son seul désir était de rester auprès de la Princesse afin de veiller à sa bonne sécurité, même à l’intérieur du palais, oui. Car il n’était pas toujours question d’attaque physique parfois, ceux que l’on imaginerait comme des plus proches amis, à vadrouiller autour, peuvent s’avérer dangereux. Et Elizabeth avait peur de ça, elle craignait beaucoup de chose notamment à cause du caractère particulier de l’Altesse Royale Maïa.

Alors elle restait là, a l’air libre et à dévorer une brochette de lapin qu’on lui avait offerte lorsqu’elle était passée devant les cuisines du palais. Un soupir de lassitude à chacune de ses bouchées, non pas que le met n’était pas à son goût -bien au contraire-, mais le temps passait si lentement lorsqu’on avait qu’une unique brochette à se mettre sous la dent. Son seul passe-temps à l’heure actuel était l’horizon et les nombreux passant qui s’arrêtaient quelques secondes à observer la grandeur du palais.

Et c’est parmi tout ça, qu’elle le remarqua. Au premier abord, l’homme n’avait rien de particulier. Aurait pu s’apparenter comme n’importe quel passant, du moins, si sa cape ne masquait pas la totalité de sa silhouette. Plus encore, dans ses mouvements de tête qui donnait cette sensation désagréable à la garde royale. Puis, un tintement, bien que faible, qu’elle reconnaîtrait entre mille. Le tintement d’acier qui signifiait soit la présence d’arme, soit d’armure. Dans le pire des cas, les deux pouvaient tout autant être considéré.

Tandis qu’Elizabeth l’observait attentivement, la garde avait fini sa brochette sans même s’en rendre compte. Plus encore, son inquiète le pouce rongé qu’elle tente cette fois-ci de ne pas ensanglanté. Elle essaye de ne pas s’imaginer mainte et mainte conspiration, comme on lui avait déjà demandé à plusieurs reprises. Mais le voilà, qui semble finalement reprendre sa route d’une manière tout aussi étrange que sa prestance. Comme si ce qu’il voulait, ce qu’il recherchait avait été atteint.

C’est ainsi que sans même penser plus, qu’Elizabeth sauta les escaliers pour arriver en aval de ces derniers et ainsi, couper court au chemin de l’inconnu qui s’enfuyait.

« Je peux vous aider ? »

Le regard dur, noir. Prête à dégainer de toute évidence.

Une légère collision entre ses dents lorsque sa mâchoire se referme férocement. Tout homme prit en flagrant délit, qu’importe puisse être son délit, jouerait toujours la carte de l’innocent. C’était de toute évidence, une logique imparable. Mais quand bien même l’homme pouvait être candida quant aux recherches d’informations sur le palais de Colza et la famille royale, Elizabeth refusait de croire qu’il puisse être blanc comme neige. Lui qui continuait de cacher son visage, même face à face avec un garde du royaume.

« Vous semblez bien plus suspect que perdu. »

Ses pensées qu’elle exprime simplement, tandis que la garde se détend légèrement. Sa main s’éloigne quelque peu de la garde de son épée, bien qu’elle reste prête à dégainer si cela lui était nécessaire. Mais l’homme, aussi dangereux pouvait-il être si Elizabeth ne s’était pas trompée, ne pouvait pas être idiot au point de s’attaquer à un garde royal à l’entrée même du palais. Alors, elle change son équilibre, s’appuie particulièrement sur sa jambe droite qui bouleverse totalement la prestance de sa silhouette.

« Mais soit, je vous écoute. »

Elle pause, impose le silence avec la rupture sec de sa phrase. Ce n’était, à l’heure actuelle non pas une question mais une mise en épreuve. Elizabeth possède une façon bien personnelle d’observer les gens pour tenter de les comprendre, s’apercevoir du léger trait qui lui permettrait d’approuver ses suppositions parfois bien lourdes.

« De qu’elle aide avez-vous besoin ? »

Qu’elle chercherait aussi un peu plus, lorsque les faits seront posés. Notamment sa présence en ces lieux et la raison de ce faciès dissimulé qui, en pleine capitale, n’était jamais source de sureté.

Suivant les mouvements de son corps, c’est cette fois-ci sa tête qui s’incline sur le côté. Un léger bruit de craquement au niveau de son cou. L’excuse de l’homme pouvait sans doute tenir la route en tant normal, mais trop d’éléments rendaient ses paroles abrutes.

« Vous vous êtes fait voler, donc ? »

Qu’elle questionne, un sourcil qui s’élève pour alimenter son interrogation. Comment pouvait-on tenter de se dédouaner sans véritablement offrir les informations qui étaient souhaités. Certes, l’homme s’était exprimé, mais bien des mystères se reflétait dans ses propos.

« Quel est cet objet et où était votre lieu de rendez-vous ? »

Alors, on aurait pu la penser curieuse. Qu’Elizabeth pouvait, finalement, s’inquiéter du problème de l’homme qui lui faisait face. Était-elle enclin à l’aider ? Même elle n’en savait rien. Il était de son rôle d’aider les membres du peuple qui en avait besoin, elle qui avait dédié sa vie à son royaume et aux habitants de celui-ci. Mais cet inconnu en faisait-il vraiment partie ? Lui capable de se perdre dans la capitale a moins qu’il ne vienne d’un village extérieur. Pourtant, Elizabeth vient finalement poser ses attentes.

« D’où venez-vous exactement. »

Elizabeth était restée stoïque. Elle écoutait chacune de ses réponses sans rien dire, acceptant juste le moindre de ses propos. Et pourtant, quelque chose l’embêtait sincèrement. La garde était connue pour sa patience extérieure, parce que ses sentiments restaient repliés en son être. Alors, c’était pour cela qu’elle se mordillait l’intérieur de la lèvre, impatiente.

« Je vois. »

Ce qu’elle voyait était en vérité, l’absence de réponse sincère. Chacune de ses paroles étaient d’un flou monumental qui ne permettait en rien de lui venir en aide. Du moins, si l’homme était véritablement perdu et surtout, qu’il avait véritablement été dérobé. Sa main gauche, côté sur lequel était son fourreau d’épée, vient se poser sur sa hanche. Qu’était-elle censée faire ? De toute évidence, Elizabeth n’avait pas envie de le laisser filer car elle avait une mauvaise impression, au point de ne pas pouvoir lui enlever cette étiquette de suspect – bien qu’elle n’était pas capable de dire en quoi, il était suspect. D’un autre côté, l’homme lui avait intimer de l’aider, alors en tant que garde, elle ne pouvait se permettre de le laisser dans ses problèmes.

Plus encore car un vol était grave. Et qu’il fallait s’en occuper, les voleurs devaient être arrêtés et juger parfois même condamné si cela était nécessaire. Alors, Elizabeth avait soupiré. Tout simplement. Un long soupir pour lequel sa main gauche avait finalement abandonné sa hanche pour s’approcher de sa tête afin de s’y cogner la paume contre le front.

« Si vous voulez vraiment de l’aide, il va falloir arrêter de jouer à ce petit jeu. »

Celui de ne pas répondre sincèrement et de s’exprimer d’une manière qui n’était pas complète.

« Reprenons depuis le début. »

Calme et posée. Pour qu’elle soit capable de récupérer quelques informations, bien qu’Elizabeth se doutait que cela n’allait pas être facile, compte tenu de la façon de répondre de l’homme.

« Comment vous appelez-vous ? Et avez-vous des informations sur l’homme qui vous a dérobée. »

Peut-être que cela avait été une mauvaise idée de s’inquiéter, de garder son rôle jusqu’au bout alors qu’on lui avait intimer de se reposer quelques heures. Mais de toute évidence, il était trop difficile pour Elizabeth de faire abstraction de potentiel danger qui pouvait, un jour ou l’autre, s’abattre sur la famille royale ou bien le peuple qu’elle avait juré de protéger. Cette fois-ci, bien qu’il aurait été exprimé avec sincérité, la garde tente de refreiner un second soupir. Seul ses yeux s’élèvent vers le ciel, de toute évidence elle ne savait pas sur quel pied danser avec lui.

Alors elle avait fini par acquiescer en écho à son prénom. Ecoute attentivement les descriptions sur l’homme qui l’avait dérobé. Et Elizabeth reste là, silencieuse. Regarde à droite et à gauche pour essayer de comprendre le chemin que l’homme poursuivit avait pu emprunter compte tenu de l’arrivée de Jehan. De toute évidence, depuis qu’elle était adossé au mur du palais, la garde n’avait aperçu personne qui correspondait à ses critères.

Ainsi, Soit Jehan s’était véritablement perdu au point d’arriver au palais alors qu’il n’en était aucune question. Où alors, un mensonge qu’il tentait de faire avaler à la garde, s’imaginant qu’elle n’était pas là depuis longtemps. Plus encore, il existait une troisième option qui disait qu’Elizabeth l’avait loupé alors qu’il s’enfuyait, mais il était difficile de concevoir qu’elle est pu rater quelqu’un qui courait. A moins que l’homme eût réussi à se fondre dans la masse et ne semblait aucunement inquiété d’être poursuivi par ce dénommé Jehan.

« L’objet dérobé. »

Qu’elle demande une seconde fois, car la première, Jehan ne lui avait donné aucune réponse à ce sujet.

« Qu’est-ce ? »

Elle avait besoin de savoir, s’il était volumineux ou non. S’il était facilement dissimulable sous une cape ou bien même simplement dans une bourse. Une manière aussi, de signaler le vol si l’objet était retrouvé quelques jours plus tard.

Cette fois-ci, le regard dur qui tente de décrypter les traits de Jehan. Mais surtout, pour lui faire comprendre qu’elle avait besoin de réponse sincère si il voulait qu’on lui vienne en aide.

« J’imagine donc, une bourse. »

Perdre son argent alors que l’on arrive dans la capitale de Belorge n’était pas vraiment bonne publicité. Ce royaume qui était pourtant connu comme parfait et pour lequel il n’y avait aucune raison de craindre le moindre dommage. Un monde de paix, c’était ainsi qu’était principalement présenté sa patrie.

Elizabeth était toutefois impressionnée de la capacité de l’homme. Si sa bourse lui avait été dérobé et s’il avait été capable de courir après le voleur aussi rapidement, cela signifiait que ses réflexes étaient bons ou alors que le voleur en était un de piètre qualité. Du moins, en tentant de rester sincère quant à cette histoire.

« Excusez-moi, j’ai manqué à mon devoir. »

Une sincérité qui pouvait être incertaine. Il est vrai qu’Elizabeth prenait son rôle très au sérieux, mais il lui était fréquent d’agresser directement lorsque son instinct lui disait de faire attention. Dans le cas contraire, elle n’était pas le genre de personne à manquer de se présenter, pour donner confiance à une victime ou une personne qui aurait besoin de son aide.

« Elizabeth Egan. »

Dans ce cas précis, la garde n’arrivait toujours pas à le considérer comme étant dans l’une des deux catégories. Alors c’était avec garde qu’elle se présentait, considérer qu’accepter était peut-être la meilleure solution pour enfin pouvoir comprendre la raison de cette inquiétude. De là, d’un signe de main, Elizabeth appela l’un des gardes du palais afin de lui donner la description de l’homme, que Jehan lui avait auparavant détaillé.

Il serait beaucoup plus facile de pouvoir mettre la main sur un fugitif si l’information était passé au garde de Colza.

« Saviez-vous le montant exacte de votre bourse ? Et si vous pouviez me la décrire. »

Le nombre de dores ne changeraient pas grand-chose, sauf si peut-être une personne connue du service venait à dépenser une grande somme d’argent qu’il ne devrait, en toute logique pas posséder. La bourse, si elle avait des caractéristiques spécifiques pouvaient peut-être amener à la retrouver -vide ou remplie, bien que sans doute plus vide si l’homme était un minimum intelligent.

Et sur ces questions, le garde qui les avaient rejoins attendaient la réponse afin de faire passer le mot à ses collègues.

Elizabeth resta muette, gardait son calme même si l’intérieur fulminait. Elle comprenait que sa bourse pouvait être assez classique, mais pourquoi Jehan restait-il aussi vague sur la description de celle-ci. Classique oui, mais classique marron, classique noir, classique auburn. L’idée que finalement, son instinct était confirmé car l’homme ne semblait pas vraiment enclin à décrire sa perte, peut-être même qu’à terme, on se rendrait compte que personne dans Colza ne correspondait à la description de l’homme recherché ou pire, qu’il avait décris le dernier passant dont il se souvenait. L’imagination négative, peut-être. Car on lui dit souvent, à Elizabeth, qu’elle respire toujours le pire. Toujours dans la crainte que malheur s’abattront sur ce qu’elle tente de protéger depuis plusieurs années.  

L’excès dirait certains, mais pourtant, si personne n’était sur le qui vive à chaque nouvelle rencontre, c’est sans aucun doute les peurs qui animent Elizabeth qui finirait par marquer l’histoire. Alors, lorsque l’homme questionne pour l’aide qu’il peu apporter, c’est le regard lourd et rempli de jugement qui fini par se déposer. Une observation de quelques secondes, comme si la garde avait besoin de temps pour mettre ses idées aux claires, réfléchir sur l’aide qu’il lui était possible d’apporter.

Et tandis que le jeune garde qui les avaient rejoints repartie pour donner l’alerte à ses collègues. Lui dont l’humeur de vivre semblait bien plus sincère et enclin à venir en aide à un habitant. Dans l’espoir, peut-être, d’un jour obtenir une promotion quelconque. Elizabeth fini par élevé la voix, tranchante.

« Rester dans les environs, sans trop rôder autour du palais. »

Parce que la confiance n’était jamais donnée, même si sa maison était en feu derrière lui. Une preuve qui aurait pu être irréfutable pour quiconque, mais pour elle, l’infime possibilité qu’il puisse avoir engendré le feu de lui-même.

« Et éviter de regarder à tout va, plus encore lorsque vous vous dissimulez. »

Sa main qui s’élève jusqu’à sa bouche, qu’elle ne se trompe pas, ça serait déjà un bon point.

« Vous et vos armes. »

Parce que le tintement était réel, et rester sous capuche en pleine capitale n’était jamais source de fortune.

« Par ailleurs, ça ne sert à rien de tenter de se faire justice soi-même. »

Car cela pouvait vous retomber dessus. Et à Colza, un tribunal était présent pour juger les vols et les problèmes graves.

Elle a l’impression de ressentir ses sentiments, de comprendre par son soupir à quel point il pouvait être frustré. Après tout, qui ne le serait pas ? Cela pouvait être déroutant que de se faire dire qu’on était nul, qu’on avait nullement besoin de l’aide qu’on pouvait apporter. Oui, Elizabeth pouvait comprendre tout cela, mais malgré tout, elle ne pouvait rien y faire. Au contraire même, un léger haussement d’épaule, qui était des plus discrets.

Il ne servait à rien de courir à tout va dans la capitale pour poursuivre un voleur. Plus encore lorsqu’on était armé, et surtout… Un instant dans cette courte réflexion qu’elle exprime un soufflement nasal. N’avait-il pas dit qu’il venait d’un petit village et qu’il était, d’ordinaire, perdu dans les rues de Colza. A quoi pouvait-on s’attendre d’une telle aide, lorsqu’on y réfléchissait un peu plus justement. C’était dommage et pourtant.

Elizabeth ne reviendrait pas sur sa parole. C’est d’ailleurs pour l’affirmer qu’elle lui demanda où il logeait dans la capitale, afin de pouvoir lui rapporter sa bourse, ou du moins lui faire part, de l’évolution de la situation si les soldats étaient capables de mettre la main sur le voleur. Plus encore, une façon de pouvoir surveiller l’homme car Elizabeth n’accordait toujours pas sa confiance à celui qui se disait, simplement perdu et dépouillé.

Et sur ses mots, la garde ne tenta pas une vision optimisme, de réconfort. Ce n’était pas dans ses habitudes, si la personne devait être retrouvée, elle le serait. Dans le cas contraire, cela était triste à dire mais Jehan devrait faire sans. Peut-être que Colza n’était pas fait pour lui et qu’il aurait dû rester dans son village annexé. Plus encore, il semblait idiot de lui dire qu’elle s’en occuperait, que cette tâche aurait toute son attention.

Car ce n’était pas le cas. A dire vrai, elle allait laisser les soldats de la ville s’en occuper, car sa pause ne lui permettrait pas de traiter l’affaire. Sauf si en se retournant pour repasser au palais, elle tombait nez à nez avec le malotru. Alors pour l’heure, elle le remercia et le convia à retourner dans son auberge, afin d’attendre.

Une sorte de fausse prison, mais à quoi bon cela lui servirait-il de rester encore dans les rues, sans argent ? A moins qu’il souhaite peut-être, se faire dérober une seconde fois. Et finalement, sous un haussement de tête, Elizabeth retourna auprès de ses collègues pour leur donner quelques informations supplémentaires.

Bien heureux qu’ils seraient, lorsque quelques heures plus tard, ils mettraient la main sur l’homme. Certes, la bourse n’était pas entièrement complète, mais seul un très faible montant avait été utilisé pour acheter du pain – avait-il dit. La bourse qui, après vérification, avait pu être remise à ce Jehan.