« - On le laisse partir, je ne reviendrai pas sur cette décision. »

Alors qu’un homme ôtait ses liens aux prisonniers, celui-ci ne tarda à rapidement reprendre sa marche. Un survivant de l’attaque du convoi que vous aviez orchestré en la journée. Un des pions de l’usurpatrice dont vous aviez à qui vous aviez dérobé de précieux vivre pour votre survie. Vous étiez des vagabonds, des résistants qui étaient persuadés que la guerre n’était pas perdue. Tant qu’il y avait des combattants, tout pouvait arriver. Roseraie avait chutée mais cela n’était qu’une bataille ni plus ni moins. La nuit était tombée alors que vous organisiez votre campement des plus spartiates. Un feu, une nuit à la belle étoile sans la moindre tente alors que vous alliez devoir rapidement prendre la route pour appliquer la stratégie que tu venais de développer en laissant cet homme vivre.

La majorité des hommes ne tardant à s’endormir alors que vous étiez tout juste cinq, il ne restait que toi et autre qui était à moitié entrain de somnoler. N’ayant envie de les réveiller, il était donc temps que tu prennes le premier tour de garde. Sans plus attendre tu quittas le rondin de bois qui te servais de siège. T’approchant du feu pour l’éteindre afin de masquer votre présence en la nuit alors qu’il n’avait plus d’utilité. Tu doutais très fortement du fait que des représailles étaient à prévoir mais le destin t’avait appris qu’on n’était jamais à l’abri.

Chacun de tes pas se faisait méticuleux, des plus lents afin de n’écraser un quelconque bout de bois qui alerterait un étranger de ta présence même si la quiétude nocturne était troublée… Troublée par des ronflements en direction de votre campement de fortune. Tu n’avais rien remarqué d’alarmant alors que ton regard ne cessait de balayer la forêt aux notes moroses en la nuit. Tout se passait merveilleusement bien jusqu’au moment où une silhouette attira ton attention entre deux rayons lunaires. Te voutant afin d’un tant soit peu te cacher tandis que tu n’étais dans son champ de vision. Tout ceci n’était pas bon, un mauvais augure se profilant en les pas de l’être non loin de toi.

Tu passas instinctivement ta main le long de ton ceinturon pour en extirper ton couteau, agripper ton épée étant inutile actuellement. Qu’importe la raison de cette présence, tu devais t’en occuper. Cela ne signifiait pas la tuer mais au moins la mettre hors d’état de nuire. Chacun de tes mouvements te dirigeant dès lors vers elle, ton approche fut ruinée par un animal qui venait de filer à tes côtés en un bruit qui ne passait inaperçu. Debout, l’arbre le plus proche étant bien trop éloigné pour que tu puisses te cacher derrière. Tu espérais que les Arcanes ne lui donnent l’idée de se tourner en ta direction.

La situation commençant à devenir de plus en plus tendue. Tu ne savais de quoi la femme non loin de toi était coupable mais elle ne tarda à elle-même t’offrir la réponse lorsque la luminosité autour d’elle s’éleva soudainement. Tu ne voyais toujours la moindre torche à ses côtés ce qui en disait long pour toi. Une magicienne ou du moins une personne qui avait passé son éveil, comme si devoir affronter quelqu’un ne suffisait pas. On t’avait appris à affronter une personne apte à manier un élément mais le contexte ne t’était en aucun cas favorable. La mage était d’aucune utilité lorsque l’on ne pouvait se servir de ses mains mais là tu ne pouvais lui ôter la possibilité d’utiliser chacun de ses doigts. En alerte alors que sa phrase te fit doucement tiquer, tu réfléchissais. La nécessité de trouver une solution se faisait de plus en plus pressante. Tu observas les alentours du mieux que tu le pouvais, bougeant juste ta tête sans le moindre autre mouvement pour attester ou non de ses propos.

Tu ne voyais rien mais il t’était impossible d’attester totalement qu’il n’y avait qu’elle. Dans l’impossibilité de surcroît de juger les capacités magiques de mademoiselle, tu n’avais qu’une option relativement risquée. Tu ne croyais pas au fait de te montrer maintenant, non tu avais clairement compris que tu devais te rapprocher mais hors de sa vigilance. Un plan s’échafaudant en ton esprit torturé, tu te baissas pour attraper la pierre à tes pieds. Le projectile en main tu ne tardas à la lancer derrière elle afin que la roche se heurte au bois d’un arbre. Habile à souhait, à défaut de devoir apprendre la magie les nobles de Briserune étaient plutôt débrouillards avec tout et n’importe quoi en tant de guerre.

Tu voulais attirer son attention en une direction précise et manœuvrer de ton côté. La pierre percutant sa cible, tu ne tardas à te déplacer tout en restant vouté afin de réduire ta silhouette. Tu n’avais fait attention vers où mademoiselle avait porté son regard mais tu étais convaincu de pouvoir combler l’espace entre toi et elle. Tu dévorais les mètres, alors qu’il ne restait qu’une poignée de foulées entre vous. Tu ne pouvais avancer plus sans qu’elle t’entende qu’importe les précautions. Il était tant de faire preuve de bravoure même si tu avais pu te placer stratégiquement au cas où. Tu étais dos à un arbre, ta tête dépassant quelque peu afin de l’observer.

« - Vous demandez d’échanger une mort au combat contre une mort à la potence ? J’ai connu mieux. »

Aucun homme ne t’étant tombé dessus durant ta manœuvre. Tu commençais de plus en plus à douter de la présence d’autres individus. Tu conservais une rare confiance en tes propos, bien trop courageux malgré tout. Tu ne la fixais elle, du moins non pas ses yeux en la pénombre mais plutôt ses mains à l’affut d’un geste déplacé.

« - Vous parlez de justice mais je suis curieux de savoir à qui la Maison-Dieu et les Arcanes l’accorderont. »

Tu ne te défilais point et venait clairement de démontrer que si négociation il devait y avoir tu ne le ferais en position de faiblesse toujours loti derrière ton abri de fortune qui avait pour but d’encaisser tout premier éventuel projectile.  

Sa réaction fut des plus radicales, l’écorce d’un arbre ayant subi ses foudres ou plutôt son feu divin. Tu avais été étonné de voir une brise se lever soudainement alors que le vent s’était montré inexistant en cette journée et ce début de nuit. Un simple détail en ton esprit au final, tu écoutais attentivement chacun de ses propos alors que tu assemblais le puzzle une nouvelle fois. Une mercenaire ? Ses propos prenaient cette tournure alors que les menaces fusaient. Une nouvelle fois tu allais devoir prendre rapidement une décision par rapport à ses différentes paroles. La pression commençait à être de plus en plus palpable et tu savais que tu n’allais ressortir de cette situation sans une blessure. Une rhétorique qui ne te plaisait point de surcroît, tu n’étais néanmoins pas du genre à plier sous les ultimatums.

Tu étais satisfait cependant qu’elle n’ait pu identifier ton emplacement. Était-ce malgré tout la vérité ? Savait-elle réellement où tu te trouvais ? Tu n’avais pas peur de forcer ta chance même si tu ne croyais pas en tout ceci mais tu hésitais profondément sur quoi faire. Il y avait la fourberie, t’approcher d’elle en cachant habilement ton couteau dans l’espoir de pouvoir la blesser dans un manque d’attention ou alors être bien plus honorable. Tu n’avais jamais été si fourbe et dès lors tu quittas ta cachette, enchainant des pas titanesques sachant qu’elle allait inévitablement se retourner tu t’arrêtas à une distance relativement dangereuse tant pour toi que pour elle. Ta démarche n’avait rien de menaçante et tu espérais qu’elle ne te calcine sur le moment.

« - Perspicace à ce que je vois mais calciner cette forêt n’est pas utile plus que nécessaire. »

Les mains agrippant ton ceinturon, tu la fixais alors que tu te trouvais en une source lumineuse, en la source qu’elle avait fait naître. Tu étais toujours confiant mais tu savais que cela allait plus que piquer si vous en veniez aux armes ou aux mains dans le cas d’une mage.

« - Vous n’êtes pas la première à tenter d’empocher cette prime mais je vous recommande de vous tourner vers quelque chose de plus honorable. »

Et il était inutile de lui faire un dessin sur ce qui était arrivé aux valeureux ou aux fous.

« - Alors avec tout le respect que je vous dois je vous conseille de rebrousser chemin. »

Penchant doucement la tête tu déclaras ceci le plus sereinement possible.

« - Vous connaissez sans doute l’odeur de la chair calcinée ou la senteur du métal alors autant nous éviter ceci même si vous rentrerez bredouille. »

Tu étais confiant même si tu savais que c’était dangereux mais la chance sourit aux audacieux disaient-ils.

Aider les autorités, c’était un concept que tu trouvais bien large mais elle ne changeait des autres mercenaires. L’argent n’avait d’odeur et elle le démontrait parfaitement. Elle devait avoir suivi les bouleversements de ces derniers mois en Malronce mais tout ceci elle n’en avait cure. Une nouvelle réplique de sa part s’enchaînant, tu aurais pu tenté de lui répondre car ton identité n’avait que peu de valeur si elle finissait par faire demi-tour mais la destinée en avait décidée autrement.

Le jugement des Arcanes, c’est ce qu’elle avait choisi. Un duel sous le regard des croyances en témoin, tu en avais que bien trop l’habitude. En cette nuit tu étais convaincu que les Arcanes ne t’abandonneraient, pas comme ça, pas face à une inconnue, une mercenaire. Tu tentas du mieux que tu le pouvais de rétablir ton équilibre alors que la bourrasque avait eu son effet. Tu savais pertinemment que tu n’aurais le temps d’extirper de ton fourreau ton épée mais ton couteau, assez grand pour encaisser le coup d’une lame plus imposante. Les métaux s’entrechoquant, tu dévias du mieux que tu le pouvais le coup ne pouvant absorber un impact direct. De quoi te laisser le temps d’enfin te saisir de ton épée batarde, tu avais au moins la chance d’affronter une demoiselle là où la constitution était à ton avantage pour compenser sa magie.

Tu pouvais enfin passer à l’offensive, levant ta lame la plus imposante pour l’abattre vers l’inconnue. Déployant le plus de force possible d’un unique bras, ta seconde main dirigeait ton couteau vers un angle non pas différent mais des plus proches en réalité. Tu voulais mutiler ses mains, son avant-bras afin de rendre bien trop douloureux tous mouvements susceptibles de faire naître sa magie. Cet imposant couteau n’avait qu’un seul et unique but en sa trajectoire, transpercer l’une des mains de la magicienne aux deux éléments, à la double bénédiction, à la double malédiction des Arcanes.

Il n’y avait de place pour de la compassion, pour de la douceur. Le sang et la gloire de la victoire c’est tout ce qui devait prédominer car il était question de vie ou de mort. Si tu devais nimber ton être de blessures et de son hémoglobine, qu’il en soit ainsi par les Arcanes.

Ton assaut ayant fait mouche, tu savais qu’il allait être nécessaire d’en faire plus, beaucoup plus. La reddition ne devait être une option aux yeux de la mage, du moins pour l’instant. La laisser en vie n’était pas un problème pour toi tout comme la tuer si nécessaire mais tu étais curieux de voir jusqu’où pouvait aller sa détermination. Tu n’avais néanmoins anticipé l’acte de la demoiselle face à toi, ne comprenant pas dans un premier temps pourquoi elle venait de lâcher son épée. Tu fis bien rapidement le rapprochement surtout en voyant les flammes jaillir, lâchant ton arme sans pour autant avoir eus assez de réflexes. Une partie de ta main avait senti la chaleur, ses caresses et surtout les lapements du brasier. Une de tes armes au sol alors qu’il y avait de nouveau de la distance entre vous. Tu observas furtivement ta blessure à ton tour ne préfèrent détourner plus que nécessaire ton attention. Ton cerveau te faisait déjà assez comprendre le handicape qui venait de naître, la brulure te lançant sur le dos de ta main.

« - Perspicace à ce que je vois mais vous devez être la mieux placée pour savoir qu’un mage sans ses mains n’est rien. »

Qu’importe à ses origines, à armes égales un Briserune pouvait écraser tout autre individu d’une région différente. À défaut de vous donner la magie les Arcanes avaient choisi de vous rendre aussi résistants que nécessaire pour faire face au climat hivernal et à l’adversité.
Ni une ni deux, tu jonglas avec ton couteau pour en attraper la lame et le lancer tel un projectile vers elle. Récupérant de ta main intacte ton épée en un certain mimétisme de son acte. Une nouvelle fois tu avais calculé le tout, si le vent était bien aussi de son côté en plus du feu elle dévirait ton arme de jet. Une de ses mains finirait occupée de quoi te permettre une éventuelle estoque. Arme brandit une nouvelle, tu avais utilisé ta seconde main endolorie pour raffermir ta prise sur ton épée batarde. Tu n’avais écarté le fait qu’elle allait retourner vers toi ton couteau mais si tu la touchais, l’échange allait être en ta faveur. Tu pouvais bien plus encaisser qu’elle alors autant ne point se priver de cela. La douleur était passagère, la victoire éternelle.

La magie dépendait de l’esprit et du cœur… Tu aurais pu répondre que ca dépendait surtout d’un facteur, celui d’être né ou non à Briserune. Un combattant plus que tout avait aussi du cœur, sa bravoure et en son esprit la capacité à endurer, à se surpasser. Un guerrier avait beau avoir du talent il pouvait être comme la plus belle sculpture en un matériaux fragile. Une statue de verre qui n’attendait qu’une simple force externe pour se fracasser.
Tu n’avais jamais eu l’occasion d’affronter une mage née sous l’égide du vent, ou assez chanceuse pour recevoir cet élément en seconde bénédiction. Tu fus une nouvelle fois étonné de la voir utiliser sa magie d’un simple mouvement de tête, non pas de quoi te désarçonner. Tu t’attendis encore moins à ce que mademoiselle vienne fracasser son front contre ton nez. Ta constitution avait beau être plus avantageuse certains coups restaient éternellement douloureux et ne demandaient que très peu de prérequis. En l’occurrence la seule nécessité ici fut d’exercer une force assez importante pour te casser le nez. Une gerbe de sang s’extirpant de tes narines quand tu expiras de façon brutale. Qu’il en soit ainsi, il n’y avait lieu de faire un quelconque cadeau surtout face à une adepte de la magie un peu trop zélée de par ses atouts surnaturels.

Reculant d’un pas alors que tu avais remarqué qu’elle était dos à un arbre tu vins lui asséner un revers de main des plus amples. Ton tact se fracassant sans guère plus de cérémonie contre sa joue, sa mâchoire. Bien des hommes auraient pu couronner l’acte d’une insulte mais tu n’allais te rabaisser à cela. À la place tu profitas de la maigre distance qui vous séparait pour prendre ton élan et t’abaisser. Ton épaule en avant, le reste de ton buste suivant, tu la plaquas de toutes tes forces contre le tronc. Tu ne doutais point du fait que tu lui avais coupé la respiration. Tu n’avais point mesuré ta force mais encore une fois tu n’avais fait dans la demi-mesure.

Tu avais commencé à te redresser alors que tu ne savais si tu avais brisé une côte ou autre. Tu ne connaissais la potentielle faiblesse de sa constitution et dès lors tu doutais malgré tout d’avoir eu un tel impact sur son être. Ce dont tu ne doutais point c’est ce que tu ne tardas à lui concéder verbalement.

« - Ce n’est pas la magie qui vous aidera quand le corps faillira. »

Le sang continuant un peu plus à couler, à nimber vos êtres et les environs. Ta main te lançait toujours tout comme ton nez maintenant, la douleur indiquant au moins que tu étais en vie. Supportable mais non pas plaisante même si tu savais composer avec ce fardeau. Tu ne t’attendais pas à la voir toujours combattre avec autant de vigueur même si en son esprit comme le tien vos vies respectives en dépendaient. Beaucoup auraient pu très mal prendre son commentaire, la traitrise. En ton cas tu avais fait tes choix en âme et conscience et ce n’était pas de surcroît une mercenaire, une personne achetable avec de l’argent qui allaient entacher ton ego, ton honneur.

Elle ne manquait pas de ressources alors que tu avais été forcé de reculer. Arme encore en main, ta seconde lame bien plus loin alors que tu n’avais fait guère plus attention vers où elle l’avait dévié auparavant. Elle reprit quant à elle son épée avant d’une nouvelle fois faire naître ce brasier stimulé par les murmures du vent. Tu voyais le tout se diriger vers toi à une vitesse alarmante et au grand jamais tu comptais reculer. Si tu venais à rebrousser chemin tu finirais aux prises d’un énième sortilège ardent ou venteux de sa part sans pouvoir réellement repasser à l’offensive. Tu pris une dernière inspiration avant de cacher ton visage grâce à ton bras ayant mémorisé son emplacement, la façon dont elle se tenait. Tu te jetas à travers la fournaise, ta gambison s’enflammant alors que ta chair dessous hurlait de douleur face à la brulure naissante. Tu serrais les dents une nouvelle fois alors que la senteur de la peau calcinée s’élevait. Tu brandis ton épée et porta un coup d’estoque contre son épaule, l’empalant contre l’arbre. Relâchant ton épée plantée, tu t’emparas de son avant-bras opposé à son épaule meurtri d’une de tes mains alors que la seconde vint encercler son cou en guise d’avertissement.

« - Ne tente rien d’autre. Je n’ai ni le temps ni l’envie d’enterrer ou brûler un cadavre. »

La fumée, signe d’une précédente source de chaleur des plus importantes continuant de s’extirper des ports de ta peau alors que quelques flamiches dansaient toujours en ton dos auprès de la végétation. Ton avertissement avait été directe là où pour l’instant tu ne forçais sur ce cou entre tes doigts.

Pour une autochtone d’une région différente de Briserune mademoiselle était plutôt résiliente. Beaucoup d’autres auraient déjà hissé le drapeau blanc ou alors, auraient opposé bien moins de résistance et seraient déjà morts. Tu pensais lui avoir fait comprendre qu’il était inutile de tenter un énième assaut, de vouloir sortir victorieuse de cet affrontement. En réalité elle ne tarda à te faire comprendre le contraire lorsqu’elle cracha cette gerbe cramoisie à ton visage alors qu’une douleur s’éveilla au niveau de ton ventre. Tes mains quittant son cou alors que tes abdominaux se contractaient plus que nécessaire face à la douleur. Elle venait d’extirper la lame de l’arbre mais si son épaule était toujours transpercée par celle-ci. Tu la vis glisser ensuite alors qu’elle cherchait un objet du regard, son arme maintenant bien trop loin. Tu te rapprochas même de l’épée de ton opposante pour la faire voler encore plus loin d’un mouvement de jambe. Assez loin pour être sûr qu’elle ne puisse l’atteindre hormis par tu ne savais quel miracle.

Tu reportas ton attention sur elle et sans le moindre avertissement, la moindre once de compassion tu extirpas de son épaule ta lame d’un geste ample avant de l’amener juste sous son menton. Il ne te manquait plus qu’une pression pour enfoncer le métal en son cou, pour définitivement te débarrasser d’elle.  

« - Terminé. »

Un seul mot qui sonnait comme un ordre jusqu’à ce que tu expires d’une telle façon que l’on pouvait aisément deviner en parallèle ta douleur. L’absence de tolérance de ton organisme face à des brulures qui allaient être marquées. Tu la toisais jusqu’à ce que cet ultime avertissement s’extirpe d’entre tes lèvres.

« - Dernière somation as-tu compris ? Je ne pourrais me porter totalement garant si ceux qui m’accompagnent te mettent la main dessus, tu sais qu’il y a pire que la mort. »

Car tu ne connaissais que trop bien les abus auxquels la nature humaine pouvait se livrer, car tu savais qu’elle était une femme non loin d’une meute de loups dont tu connaissais l’allégeance mais non pas les limites et les mœurs.

« - Souhaites tu vivre, mourir ou pire ? »

Tu lui laissais cette chance alors que malgré tout ton épée se rapprochait un peu trop, s’enfonçant sans pour autant transpercer, trancher sa peau au niveau de son cou. Tu voulais lui faire comprendre que cette décision allait qui sait être la dernière de son existence selon ses choix.

Elle était aussi entêtée qu’honnête en la réponse qu’elle t’avait accordé, en tout ce qu’elle avait démontré. Elle venait donc de te concéder son dernier vœu en n’excluant pas l’option que tu l’abandonnes à des animaux bipèdes. Tu l’observais toujours attentivement ne sachant malgré tout si elle était adepte de subterfuges. Elle t’avait reflété une image honorable mais on ne savait qu’au dernier moment si on se trouvait face à une vipère malheureusement. Tu étais en ton cas quelqu’un de trop juste, de trop bon et de par la reconnaissance de sa situation complexe tu pris ta décision. Enfonçant quelque peu une dernière fois la lame sans la blesser, tu la décalas finalement sur la droite. Tu fis quelques pas vers elle dès lors tes pupilles se reportant sur sa blessure à l’épaule. Celle-ci était la seule source d’hémoglobine que tu pouvais percevoir là où tu ne savais que tu lui avais brisé une côte, sa main perlée toujours de la teinte cramoisie.

« - Tu vivras. »

Point de pitié mais une reconnaissance de son hardiesse à tes yeux, libre à elle d’interpréter ton choix comme elle le voulait. Il y avait cependant diverses conditions au fait qu’elle puisse vivre. Les conditions vous entourant étaient des plus austères, bien trop même et des mesures devaient être prises.

« - Mais tu vas mourir d’une infection ou d’une hémorragie avant d’arriver au village sauf… »

Penchant doucement la tête avant de te mettre à sa hauteur, tu fixas temporairement une de ses mains avant de compléter tes propos.

« - Si tu arrives à produire des flammes. Dans ce cas je pourrais t’aider à cautériser ton épaule et t’offrir un sursis, si tu as résisté à l’ensemble des autres blessures tu ne devrais t’évanouir dans le cas d’un soin de fortune. »

Cela lui offrirait du temps, le temps de trouver un village et qui sait tomber sur un guérisseur compétent ou alors sur des hommes de la régicide au grand cœur. Elle n’avait pas une infinité de solutions et en réalité elles ne se comptaient même pas sur les doigts de la main pour toi qui avait que trop vu la chair sanguinolente. Pour toi qui avait trop vu la guerre et ses ravages autant chez les autres qu’après de ta silhouette. Ta peau et ta chair avait beau être carbonisée en de multiples endroits, tu ne saignais comme elle. Arracher la peau morte n’allait pas être plaisant mais cela n’était pas une hémorragie.

Te déplaçant pour récupérer ton couteau, tu lui présentas la lame non pas de façon menaçante mais afin qu’elle use de sa magie dessus.

« - As-tu fait ton choix une nouvelle fois sans malicieuse intention ? »

La magie, on t’avait toujours appris à quel point ceci était une anomalie en ce monde. À quel point la façon dont l’Ordre gérait celle-ci était discutable. Tu avais vu aussi ses avantages, son utilisation au quotidien qui facilitait bien des vies mais toujours sous le monopole de ceux qui se terraient en des terres gelées à l’image de celles qui t’avaient vu naître. Au final ton peuple détestait il la magie à cause de l’Ordre plus qu’autre chose ? Et le fait que vous étiez convaincu de n’avoir hérité d’un élément, d’un cadeau de la Maison-Dieu, un peuple rejeté. Tu la vis faire naître une nouvelle fois le feu mais en une utilité plus honorable que celle de s’en prendre à son prochain. La chaleur se faisant doucement mais sûrement omniprésente, le métal rougeoyant au fil des secondes.

Tu n’étais pas étonné qu’elle reflète en ses propos ce que tu avais prévu. Acceptant ta maigre aide alors qu’elle sera toujours en proie à des saignements, à une hémorragie interne. Tu fus quelque peu étonné par sa dernière réponse, une réponse à laquelle tu rétorquas bien rapidement.

« - Est-ce l’hémorragie et tes blessures te font délirer ? »

C’est sans plus de cérémonie que tu déchiras son haut au niveau de son épaule, tâche facilitée par la lame de ton épée qui avait déjà malmené l’étoffe. Tu plaquas sans plus attendre ton couteau chauffé contre sa blessure afin de cautériser du mieux possible. Tu te demandais si elle allait perdre conscience sous la douleur, sous l’amoncèlement de cette sensation déplaisante que son corps ne devait cesser de lui lancer. Tu observas la chair brûlée le long de son épaule, tapotant après de ta main sa joue.

« - Toujours consciente ou alors tu sens que tu vas faiblir ? »

Elle avait gagné un sursis mais pour combien de temps, tu ne savais si elle arriverait à se lever au final et rejoindre un tout autre lieu. Cela ne servait à rien de s’être occupé de sa blessure la plus visible si elle était capable ensuite de trouver une autre aide afin de survivre.

« - Tu sens que tu vas pouvoir rejoindre un hameau ou tu es trop faible ? »

Réajustant d’une main son haut afin de cacher de nouveau le plus de peau possible même si celui-ci était en partie imbibé de son sang. Comptais tu continué à en faire autant pour une personne qui voulait en un sens ta mort contre quelques Dores.

Elle avait échoué, échoué à te battre et échoué à s’en sortir, à pouvoir quitter ce lieu seule et surtout vivante. Son espérance de vie ne se comptant pas en minutes mais en heures, un décompte cependant bien maigre. Tu lui donnais quatre, voir cinq heures au maximum avant qu’elle s’évanouisse pour ne plus se réveiller et finalement décéder une petite poignée d’heures plus tard. Elle n’était pas encore des plus pâles mais cela viendrait doucement mais sûrement tel les caresses de la faucheuse qui attendait patiemment. Patiemment que la destinée de chacun se termine, s’accomplisse définitivement en l’immense toile de l’existence. Le jugement des Arcanes avait été en ta faveur mais avaient-elles jugé en parallèle que l’heure de ton interlocutrice était venue ? Une femme dont tu ne connaissais toujours pas le nom. Sa dignité, son ego ayant pris sans le moindre doute un coup des plus imposants de par ces mésaventures.

Tu te redressas dès lors rangeant par la suite tes diverses armes, te dirigeant en quelques pas vers son épée à elle que tu récupéras et rangeant aux côtés de la tienne. Il n’y avait eu que l’écho de ta voix qui accompagnait tes mouvements.

« - Tu as maintenant au mieux quatre heures je dirais avant que tu ne t’évanouisses pour mieux décéder ensuite. »

Mais une nouvelle était-ce le destin que la Maison-Dieu lui avait réservé ? Ou alors ton honneur, ta bonté avaient été calculés par celle-ci dans le fait de t’accorder la victoire ? Tu te penchas vers elle rajoutant cet unique mot.

« - Hector. »

Levant son bras, celui où se trouvait son épaule intacte, tu le fis passer par-dessus les tiennes avant de te saisir de ses jambes. Tu avais entrepris de la porter, que sa personnalité soit encore plus blessée ou non. On disait que le corps pouvait guérir mais que l’esprit n’était pas aussi résilient, dans tous les cas rien n’était apte à se soigner si elle venait à décéder. Tes pas ses faisaient lents mais ils étaient assurés et s’encraient parfaitement en le sol. Ton sang, tes origines prouvant une nouvelle fois que tu n’avais rien à envier à d’autres constitutions. Tu te contentais de fixer l’horizon, suivant un chemin que tu avais en mémoire.

« - N’ai-je pas dit que tu vivras. »

Un simple rappel, aussi vrai que la terreur, la crainte était capable d’être rependue il était possible aussi de faire naître l’inverse. Il était possible de répandre une certaine réputation de par ses actes et tu n’y avais jamais fait défaut. Tu étais un Boreas, une famille qui avait toujours jugé qu’être estimé par son ennemi de par sa bonté était une des plus nobles victoires. Tu ne comptais juste pas t’opposer au fait de la laisser là à son sort si elle l’exigeait alors que tu soutenais toujours en tes bras la totalité de sa silhouette.

Il y avait une question puis un ordre, des paroles que d’autres auraient pu très mal prendre mais tu n’en avais tenu rigueur. Il n’y avait pas grand-chose à prendre en compte pour toi venant d’une personne qui se vidait de son sang au fur et à mesure. Tu aurais pu enfoncer le clou, une chose que tu fis d’ailleurs en réalité en une seule et unique réplique.

« - Un imbécile qui a gagné. »

Sur ces propos tu reposas temporairement mademoiselle avec le plus de délicatesse possible. Tes pas te guidant tantôt vers son sac que tu récupéras en ton dos avant de la reprendre en tes bras. Tu fis une nouvelle fois attention à ses diverses blessures avant de reprendre la marche.

« - Je peux te laisser ici à toi-même si cela te convient tu sais. »

Une petite touche de sarcasme de par ses précédents propos. Tu n’avais que quelques mouvements à faire pour la laisser là à son sort. Ses paupières étaient déjà des plus lourdes et tu savais qu’elle allait s’endormir d’ici quelques minutes à défaut peut être de trouver la force de te répondre. Il y avait malgré tout des questions qui te venaient à l’esprit la concernant dont une des plus simples.

« - Et toi quel est ton nom magicienne ? »

Il te manquait cette information des plus basiques car actuellement tu portais une inconnue. Tu avais toujours entre tes mains la vie d’une inconnue dont tu ne connaissais que la profession. Tu étais convaincu d’arriver à destination avant qu’elle ne trépasse mais non pas envie qu’elle s’endorme vu son état actuel. Tu en profitais donc pour tenté de récolter quelques informations la concernant. Une dernière réplique se joignant

« - Afin que je puisse savoir quel nom apposer sur ta tombe ou l’urne de tes cendres quoi que tu avais dit vouloir finir dans le Gouffre. »

Repensant à ses propos tu avais trouvé cela étrange et quelque peu dérangeant, ses propos étaient une moquerie ? Ou était-ce vraiment sa dernière volonté ? Tu ne voyais pas l’intérêt que quelqu’un puisse avoir à finir en ce lieu.

« - Etait-ce une moquerie d’ailleurs ? »

Tu voulais savoir, par curiosité sûrement, pour faire la conversation afin qu’elle reste éveillée. Tu trouvais néanmoins tout ceci étrange toi fervent adepte de la Maison-Dieu et de ses Arcanes.