Il y avait quelque chose chez cet homme qui t'avait instantanément attiré. Peut-être qu'il suintait les problèmes de la tête aux pieds, sentait l'oseille de primes à plein nez. Et pourtant Avalon, tu percevais de l'autre bout de la taverne une douceur qui aurait pu te réconforter, si seulement tu en cherchais une.
L'ennui de n'avoir personne avec qui bavarder - échanger de cette journée épuisante - se mélangeait à la lassitude de la solitude qui t'entravait dans l'envie de faire le premier pas. Et pourtant, tu t'étais levée. Verre à la main, tu t'étais invitée.

A ses cotés, et timidement tu avais levé le visage, feintant un sourire un peu coupable. Tu t'éclaircis finalement la voix, entreprenante.

— « Vous étiez le seul à avoir l'air de n'attendre personne. »

Tu lui coupas la parole avant même qu'il n'ait l'idée de te répondre.

— « Si ça peut vous rassurer, moi non plus. »

Tu t'étais pincée les lèvres puis t'étais détestée de n'avoir que des banalités à dire. Ta vie était pourtant trépidante, et pourtant tu n'osais pas l'aborder. Tu pris donc ton verre entre tes deux mains, semblant t'y accrocher - mal à l'aise.

— « Vous n'êtes pas très bavard. »

Et d'ordinaire toi non plus. Mais là, c'est toi qui devait meubler.