elle se serait déjà tuée primrose si on ne venait pas briser son ennui écrasant. elle passa encore sa journée à somnoler sur sa chaise, accordant ou non le droit à certains de s'approcher de la Source ; crevant d'envie de s'en aller pour aspirer à mieux
même la lueur candide des nouveaux éveillés ne suffisait plus à attiser chez primrose un soupçon d'attention. elle déprimait et dépérissait tout en ne laissant rien paraître (tout dans la forme et puis plus rien dans le fond)
elle quitta alors la salle quand une pause fut accordée ; elle s'empressa dehors et chercha à emplir ces poumons d'un air qui ne sentait pas la pierre ou l'ancien : elle en avait sûrement la nausée

elle observa au loin une tête agitée et sans vraiment y accorder plus d'attention cette dernière s'empressa à lui presser le pas. quand elle lui sourit et lui adressa quelque mot primrose ralentit le pas « en effet c'est bien moi ; je suis sur un temps de repos mais c'est le devoir des mages primordiaux de répondre au besoin de tous n'est-ce pas ? » elle n'en pensait plus un mot : primrose n'est pas pieuse et ne s'était battue que pour le titre et le prestige de celui-ci. elle ne s'attendait à rien de la nouvelle venue et l'oubliera sans doute aussi vite qu'elle l'aborda
« quel est votre problème ? » mais primrose croyait déjà avoir cerné le personnage (au moins de réputation)

primrose écouta la femme parler mais elle n'était plus vraiment attentive pour autant ; s'emparant d'elle un sentiment de lassitude elle adressa à son interlocutrice un regard plus insistant. elle était jolie, on ne retrouvait pas cette symétrie de visage souvent. ses cheveux singuliers paraissaient soignés et le reste de son apparence était attentivement pensé ; primrose vit en elle une femme fortunée ou entretenue
son attitude suffisante et intéressée leva l'incertitude de la mage primordiale (l'autre était clairement fortunée)


« vraiment ? sachez que de la part de l'ensemble de l'ordre je vous adresse une sincère excuse. vous savez les mages ne sont pas parfaits mais ... » elle lui adressa un regard compatissant mais on arrivait à lire dans les yeux de primrose une certaine incrédulité
« ce n'est pas habituel que l'ordre s'octroit le refus de la cérémonie de l'éveil sans même avoir consulté un de nous ; mages primordiaux » elle ralentit sa marche jusqu'à s'arrêter totalement puis renchaîna « quel est votre nom, déjà ? »

elle lui accorda encore un sourire de surface ; pour ne pas paraître impolie. primrose cependant laissa transparaître une expression surprise quand l'inconnue ne voulut avancer son identité. on ne craignait rien ni personne à sombrelune et pourtant primrose soudain ne ne sentit plus tout à fait à l'aise, elle était comme dérangée subitement par la présence de l'autre à-côté


et l'expression plus fausse encore de la dénommée bianca suffit à primrose pour comprendre avec qui elle dialoguait « très bien dame Arngrim » primrose resta interdite à la révélation de son nom. evidemment elle comprit tout de suite pourquoi les mages qu'elle avait rencontré cherchaient à lui bloquer l'accès à la tour. mais primrose ne se démonta pas ; elle voulait savoir pourquoi on refusait toujours l'éveil à bianca. elle savait bien que de réputation les arngrim étaient à craindre et la sanité n'était pas leur fort mais c'était pour primrose impossible d'incarner à ce point la démence et les vices (pourtant antigone bathory exista)
« vous n'êtes pas sans savoir que votre réputation n'est à faire en ces lieux ; cependant je n'ai jamais eu l'occasion de vous rencontrer personnellement alors ... » primrose ne voulut pas mettre fin à cette entrevue mais n'en attendait rien non plus ; elle vit bianca comme une distraction et elle savait bien qu'elle jouait avec le feu (peut-être voulait-elle même s'y brûler un peu) « parlez moi donc de vous, si vous le voulez bien »