“Go Home” & Le grand jour. Celui qu'elle a rêvé tant de fois, éveillée ou endormie. Celui où elle foulerait une nouvelle fois cette terre qui l'a vu naitre, grandir, mûrir, souffrir, fuir. Celle qu'elle avait tant pu mépriser... Puis qu'elle réclamait depuis le jour où l'avait quitté. Depuis le jour... Où elle se sentait incomplète.
Elle n'ose même pas imaginer ce qu'elle aurait pu ressentir si, en plus de quitter son royaume, elle n'avait pas eut ses deux sœurs à ses cotés. Car oui, même si elles avaient soufferts de ces mésaventures... Elles avaient la chance de toujours pouvoir compter les unes sur les autres.

C'est pour ça qu'aujourd'hui ne faisait pas exception à la règle.

Aujourd'hui, il fallait veiller sur Diane. Et, si la tâche semblait aisée, c'était sans compter sur le flot d'émotions qui avait commencé à submerger Prudence à chaque coin de rue qu'elles empruntaient, sa sœur et elle. Des brides de souvenirs. Ces odeurs familières. Là, cachée sous sa cape aux reflets d'or, elle devait garder la tête basse et l'identité secrète... Alors qu'elle n'avait qu'une seule envie : celle d'hurler son plaisir de retrouver tout ces détails qu'elle pensait perdus pour toujours. Ses pas se calent sur ceux d'Iphigénie, comme si elles ne faisaient qu'un. Prudence est son ombre. Son soutien. Sa moitié. Car, si le moment n'est pas tendre pour toi, Prudence, il ne l'est surement pas pour elle. Alors, comme toujours, vous vous montrez fortes l'une pour l'autre. Parce que c'est encore ce que vous savez faire le mieux : Prendre soin les une des autres. Parce qu'après tout... Si vous ne le faites pas, qui le fera?

Leurs pas résonnent alors à l'unisson, mais seules elles l'entendent. Le brouhaha et l'effervescence de la magie est bien trop grandissant pour que les deux Vaudreuil se fassent remarquer dans toute cette foule, non? Si les muscles de la petite dernière sont tendus et noués sous la pression et l'appréhension... Elle devine sans peine que ceux d'Iphigénie se sont mués en une boule indémêlable. Parce que bientôt, chères princesses, vous atteindrez le château. Ce château. Votre château. Et qui sait ce que vous y trouverez. Ce qui changera votre vie, peut être à jamais.

Lentement, sa main gracile se lève, et vient se poser avec délicatesse sur celle de sa sœur. Son regard se lève vers le sien, et cherche à le capter. La mine sérieuse et grave s'efface pour laisser apercevoir un léger sourire, sourire que seules elles ont le droit de deviner sur sa bouche. Et, dans une tentative maladroite mais bien attentionnée, ces mots s'échouent jusqu'à l'oreille de sa sœur, engloutie avec elle dans cette foule festive et innocente.

« Iphi. Je suis là. T'en fais pas. »

Parce qu'on ne se laisse pas tomber.
Ni toi, Iphigénie. Ni toi, Diane.
Parce que nous ne sommes qu'un.


 

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“Go Home” & Ce sourire qui nait sur la bouche de sa soeur a de véritables airs de renaissance... Et il ne peut que renforcer celui qui orne les lippes de Prudence qui la fixe toujours avec une affection sans limite. Cet amour sans faille et sans limite qu'on peut porter à ceux qui comptent plus que notre propre vie. Ce compliment se fait accueillir d'un éclat de rire et elle minaude en forçant le trait... Comme gênée par ses paroles alors qu'au fond d'elle... Elle savait parfaitement qu'elle était loin d'être a sa hauteur. A leur hauteur.

Sans même qu'elles ne s'en rendent compte... Les voilà submergée dans la foule et les festivités. Diane s'est éclipsé en moins de temps qu'il fallait pour le dire... Et les deux espionnes se retrouvent bien dépourvues. Mais... Il en fallait bien plus pour les décourager. Mais, alors que la question d'Iphigénie attire l'attention et attise la curiosité de Prudence... C'est bien la réponse qui la suit qui offre plus de pétillements et d'étoiles dans les yeux de cette dernière dont elle avait été privée depuis bien longtemps. Si elles étaient soeurs et soudées dans les épreuves... Il fallait bien qu'elles le soient aussi pour ces moments plus légers et anodins, non? La simple idée de retremper ses lèvres dans l'alcools Malroncois... Qu'elle n'avait pas goûté depuis des années lui arrachait un réel frisson qui vint courir tout son dos et disparaitre au creux de ses hanches. Et, en écho a ses précédents mots doux, Prudence souffle alors, ses grands yeux plongés dans ceux de sa sœur..

« Et c'est sensé être moi la meilleure ? C'est toi la meilleure, et de loin! »

On balaye de côté ses doutes,
Ses peurs,
Ses aigreurs.
Et on profite du moment présent. Car, depuis combien de temps les filles n'avaient pas prit le temps pour elles? Bien trop longtemps.
Parce qu'aussi, on fait confiance aveuglément en Diane. Et qu'elle n'avait jamais eut besoin d'elles pour s'en sortir. Et être la femme forte qu'elle était aujourd'hui.

Alors, sans plus d'interrogation, Prudence vient saisir avec hâte la main de sa soeur, a présent emprisonnée dans la sienne. Ses pas s'accélèrent et son regard, lui, part à la recherche de celui qui saura leur offrir leur pause bien méritée... Pour se permettre de s'évader. Sans même laisser le choix à sa sœur, elle choisit un stand dont l'enseigne lui parle. La main dans sa bourse, dissimulée sous sa cape, et l'échange est bref et rapide. Bientôt, Prudence se voit allégée de quelques pièces... Mais bénie de deux larges chopes pleine d'hydromel sucré et à l'arôme enivrante. Elle en tend une a sa soeur... Et lève la seconde, un sourire ému et profondément paisible aux lèvres. Parce qu'elle était chez elle. Parce qu'elle était avec elles.

« A notre retour à la maison Ginie... »


 

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“Go Home” & Leurs boissons s'entrechoquent. L'hydromel gicle même jusqu'à tâcher le bout de ses bottes... Mais elle n'en a rien à faire. Cet instant, hors du temps, en présence de sa sœur, vaux plus qu'une centaine de paire de bottes. La peur, l'angoisse, l'anxiété... Iphigénie est capable de tout balayer du revers de sa main pour ne laisser que du positif dans le cœur de Prudence qui pourrait se tuer pour voir ce sourire devenir le seul et unique ornement de ses lèvres. D'ailleurs, Prudence lui avait fait honneur et comme sa soeur et son frère avant elle... Elle vient descendre d'une traite cette boisson qui venait griser son esprit... Et lui offrir le courage nécessaire pour continuer cette dure épopée. L'alcool brûle sur son passage sa gorge, un instant, mais elle ne sent que ses bienfaits, alors qu'elle fait claquer sa choppe sur le bois de la table.

Elle déglutit, et essuie le coin de ses lèvres de sa main. Aux mots véridiques de sa sœur, la petite blonde opine du chef avec vigueur, et ne peux s'empêcher de glousser légèrement. A nouveau, leur yeux se rencontrent, et témoignent de toute la douceur que l'une porte à l'autre. Un sourire. Une promesse. Et alors, en réponse, Prudence saisit la main de sa sœur d'une des siennes... Et pose la seconde par dessus, comme pour la capturer, l'espace d'un instant, avant qu'elle ne lui échappe... Sait-on jamais..

« Y a plutôt intérêt. Après tout, c'est ici, chez nous. »

Même si on a aimé profondément l'accueil à Belorge.
La bonté et la bienveillance de la reine.
Les attentions et la protection.
On ne peut pas renier ce qu'on est, au plus profond de nous.
On ne peut pas renier son pays et son peuple.

Son regard chavire un instant sur ces choppes vides. Seuls témoins du passage furtif et caché des princesses les plus chevronnées de Malronce. Finalement. La main se ferme sur celle de sa sœur. Et, d'un mouvement de tête, elle désigne la silhouette du château. De leur château. Parce que même si on a peur. Il faut avancer.

« Remettons nous en marche. Avant que notre sœur adorée ne se mette dans le pétrin. »

Alors, à nouveau, la main tire. Les pas reprennent leur route. Elles laissent derrière elles leur deux choppes vides. Vides, mais côte à côte. Ensembles, quoi qu'il arrive. A l'image d'Iphigénie et de Prudence.

 

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