Après des semaines sans l'entendre, ton nom avait résonné comme une évidence -une espérance tandis qu'elle foulait les terres de Sombrelune pour la première depuis ce qu'il lui sembla avoir été une éternité.

Elle avait écumé chaque recoin d'ombre de la Tour d'Astrée pour te retrouver. En vain elle avait cherchée et questionné la Maison-Dieu, les résidents sans que personne ne sache lui fournir la réponse qu'elle désirait. Alors Iphigénie, sans se départir de sa détermination, s'était mit en tête de fouiller l'Académie et ainsi s'était rendue sur le pont relié au bâtiment.

Quelques silhouettes à l'autre bout, et tandis qu'elle s'avançait encore les visages se dessinaient. Beaucoup d'hommes qu'elle ne connaissait pas, quelques femmes et parmi ces traits qui lui étaient familiers, les tiens. Enfin.

Elle te héla de là où elle s'était arrêtée (en plein milieu), secouant la main légèrement pour te saluer.

— Roman !

Avant de reprendre sa marche pour arriver jusqu'à toi, saluant les quelques personnes encore présentes d'une petite révérence.

— C'est pas vrai, auriez-vous encore grandi ? demanda-t-elle avant de lâcher un faible rire.

Elle ne s'attendait pas non plus à te revoir, tu sais ? Si elle avait parcourut tout ces kilomètres en te cherchant partout, ça n'était que parce que ton nom avait été prononcé lorsqu'elle était arrivée, plus tôt. Alors elle s'était dit que toi tu saurais l'aider, l'aiguiller au moins un peu malgré le caractère qu'elle te connaissait.

Depuis les années qu'elle vivait à la cour, peut importait laquelle car toutes les noblesses étaient les mêmes, elle avait apprit à reconnaître les vrais sourires et les faux semblants. Cependant elle avait préféré ne rien dire et continuer comme si de rien était.

— Vraiment ? Ma perception semble erronée, mais ce n'est pas si grave.

Des banalités échangées le sourire doux avant que tu n'enchaînes -elle s'en serait douté- sur l'objet de sa venue.

— Pas tout à fait, je me suis éveillée il y a quelques mois de cela maintenant.

Elle se souvint comme ça n'avait pas été de tout repos.
Entre la fuite, la douleur et la fugue jusqu'ici qui avaient suivie -la pensée lui arracha une grimace amère, rapidement remplacée par quelque chose de bien plus chaleureux.

Elle prit une inspiration, pour retrouver sa contenance et son habituelle jovialité. Dans son regard brûlait néanmoins une grande détermination.

— Si je suis ici c'est pour quémander quelques conseils sur la maîtrise de ma magie. Vous m'aideriez ?

Elle ne pu que sourire quand tu acceptas sa requête, réellement heureuse que tu concèdes à l'aider quand elle n'avait rien à t'offrir en retour. Néanmoins celui-ci s'affaissa légèrement à ta révérence; elle n'avait rien dit en souvenir des mots bien trop sages d'Asharim mais l'idée qu'on lui doive cette aide ne lui plaisait pas vraiment. Pour autant elle ne cacha pas son soulagement, s'en servit même pour camoufler au mieux ses pensées.

— Ah, je vous remercie réellement ! J'aurai été terriblement embêtée que vous refusiez...

Elle aurait comprit que tu le fasses, ceci dit.
La situation n'était pas simple après tout, autant pour toi que pour elle. Alors quand le silence s'installa elle ne su que dire et ses yeux s'étaient détournés - embarrassés. Elle les releva sur toi quand tu trouvas les mots qu'elle n'avait pas.

— Le chemin jusqu'en Sombrelune aura certainement été le plus simple de mon périple en vérité.

Semé d'embûches très certainement mais elle n'y fuyait pas pour survivre, seulement pour avancer. Ça changeait tout.

— Quant à ma magie...

Elle eut un rire claire et légèrement embêté. Sa magie était bien tout le problème de sa venue ici.

— Disons quelle réchauffe peut-être un peu trop ?

Un sourire à ses lèvres après avoir lâché l'information, puis un silence à nouveau. Hésitant mais bien moins long que le précédant à présent qu'elle avait les mots. Alors de l'amusement l'esquisse s'était adoucie de compassion, parce qu'Iphigénie n'était pas idiote et si tu avais supposé - remarqué - son état, elle en avait fait de même avec le tien, un peu.

— Vous savez, je ne pensais vous revoir non plus et j'imagine à quel point ce doit être difficile pour vous en ce moment. Vous vous étiez habitué, n'est-ce pas ?

À ta nouvelle vie sans eux.

— Alors, si jamais vous ne vous sentez pas... Prêt ? N'hésitez pas. J'aimerai vraiment que ce soit vous qui m'aidiez, mais je peux attendre, Roman.

Que tu t'habitues aux fantômes du passé.

Elle ne s'était pas rendu compte d'à quel point elle avait été vague, d'à quel point elle se mêlait de ce qui ne la regardait pas vraiment non plus. Alors tes excuses lui étirèrent un sourire embêté tandis qu'elle resta interdite quelques instants avant de te répondre.

— Non ne vous excusez pas ! Il se trouve que je m'inquiétais un peu trop alors je me suis montrée indiscrète. C'est à moi de m'excuser.

Au final, tout ça n'avait pas vraiment d'importance et tu recentras le sujet sur la raison principale de sa venue. À la mention de sa magie son esquisse sembla plus embêtée, à vrai dire elle te demandait conseil sans même avoir la certitude que tu puisses réellement l'aider.

— Je n'arrive pas à la contrôler. Mes flammes finissent toujours par s'emporter et tout brûler sur leur passage.

Si elle était parvenue à limiter les dégâts en étant bien entourée, ou au contraire très éloignée de toute vie, elle avait conscience que cet état de fait ne pouvait plus durer.

— Dans de plus rares cas, il arrive que je ne parvienne pas à en créer une seule. Je ne suis pas éveillée depuis longtemps alors je suppose que c'est normal, seulement je ne parviens pas à trouver de solution...

Et sans solution, elle ne pourrait pas progresser.

— Comment faites-vous Roman ?