prismatic

" prismatic "proserpine + roman

Devant l’immense foyer, les flammes crépitantes d’une cheminée de pierres noires, Roman avait songé pendant des heures aux monstres dégoulinants et répugnants qui avaient hanté les rues de Malronce. Leur souvenir était brûlant comme si les dents étaient encore plantées dans sa chair. Il en avait des haut-le-cœur de dégoût qui déformaient encore son faciès chaque fois que la pensée lui traversait l’esprit.

Il venait d’abandonner une lettre à son pigeon qui s’était envolé lorsque son pas le dirigea vers la sortie de la Tour d’Astrée. Il traversa le pont sans craindre le froid ou la neige – c’était un des avantages de la Seconde Maîtrise que lui enseignait Jeremiah, il ne craignait que peu les intempéries du Nord – pour se rendre au sein de l’Académie, avec une idée bien précise en tête.

« Madame Du Vide. »

Debout dans l’encadrement de la porte de la pièce qui lui servait de bureau, il se tenait droit, d’une cambrure impeccable, les épaules fières mais le visage tendu, amer. Le menton relevé, il se présentait à la Directrice très solennellement, qu’importe qu’il l’ait côtoyée dans cet établissement durant plusieurs années. Il savait quelle était sa place, et quelle était la sienne.

« Pardonnez mon intrusion, Madame. Je viens humblement quémander de votre temps. »

Il avait la gorge serrée. Lors de la réunion de crise organisée par les mages primordiaux, il n’avait pratiquement pas pris la parole, trop amer, trop gorgé de regrets.

« Accepteriez-vous de m’enseigner plus en profondeur la magie de lumière ? Je crains que mes lacunes en la matière ont failli coûter la vie de deux princesses, une oracle et une générale, lors des tragiques événements qui ont parcouru nos terres et je ne me pardonnerai pas une seconde fois une telle incompétence. S’il vous plaît. »