Tu ne pouvais pas t'en empêcher. Te pavaner ou roder, quelle différence ? Tu avais conquis ce territoire et tu te l'appropriais comme un parasite. Enfin ! Tu te sentais puissant. Antigone comptait sur toi, Merlin comptait sur toi - pour les surveiller.
Ou bien peut-être qu'aucun des deux n'avaient expressément exprimé cette idée.
Il n'empêchait que disait mot consentait. Et les ordres tu n'en pouvais plus d'attendre de les recevoir alors tu te les attribuais.

Tu les méprisais, ces nobles crasseux qui pensaient que leur patronyme leur octroyait le droit de vivre. Tu t'appelais Frost et tu étais arrivé jusqu'ici. La vie était clémente avec les Ladies.

Que fais-tu ici ?
Sa voix résonnait dans le couloir, et tu levas tes yeux perfides vers l'intrus. Tu grimaças instantanément, comme si sa présence te donnait la nausée.

— « Je suis chez moi, ici. Et toi Caterna, que fais-tu ici ? »

Elle n'était pas chez elle - bonne qu'à surveiller ces truies. Bonne qu'à protéger des potentielles usurpatrices. Et tu t'y connaissais, en félonie.

— « Je te trouve bien malpolie de m'adresser la parole comme à un imposteur. »

Tout de suite, tu montais sur tes grands chevaux. Tu te savais coupable et l'accusation dans le ton de sa voix t'agaçait. Tu reculas jusqu'au mur pour t'y coller, le menton un peu relevé.

— « Tu vas me faire mal avec ta grosse épée ? »

Aurait-elle deviné tes intentions dans le fond des yeux ? Parce que tu la regardais comme un prédateur prêt à grogner pour défendre sa proie. Tu aurais voulu avoir la force de tous les détruire, elle, les soeurs Vaudreuil, tout ceux qui avaient l'audace de te sous-estimer. Ils étaient là, hostiles - avec leurs sourires méprisants, leurs regards désobligeants. Tu les aurais bien crever, ces deux prunelles enflammées.

— « Je ne suis pas un enfant. Ne me manque pas de respect ou bien tu pourrais le regretter plus vite que tu ne le penses. »

Un peu de poison dans votre thé ?
Tu l'as déjà fait tu pourrais recommencer.
Aveuglé, tu aimais t'en convaincre. La vérité était tout autre, la lâcheté prendrait le dessus avant que son épée ne puisse t'atteindre et tu te défilerais comme d'habitude. Parce que la vie ne tenait toujours qu'à un fil et tu t'amusais d'être cet équilibriste. Tu n'étais pas encore tombé, à cette époque.

— « Votre devoir, ma chère, est celui que la Reine vous ordonne d'accomplir. Ne seriez-vous pas de mèche pour faire s'échapper les usurpatrices Vaudreuil dans notre dos ? »

Et tu avais craché à ses pieds.
Non pas dans son dos.

Etait-elle censée se sentir effrayée ?
Ce serait un bon début, mais pourtant, l'avidité au coin des lèvres te donnait envie de plus ; l'inconfort qu'elle t'imposait t'imputait des crimes que tu n'avais pas encore commis. Et la Maison-Dieu savait que tu en avais pourtant très envie.
La répartie elle l'avait, le charisme elle l'avait. Et c'était ce sur quoi tu voulais jouer Valerian, pour te frayer une place dans son esprit amplis de doutes.

— « Tu es une femme intelligente Asteria Caterna. Ça ne m'étonne pas que tu sois rentrer dans les rangs. »

Tu approchas d'elle, suffisamment pour lui faire face malgré le fait qu'elle te dominait d'une tête de plus.
Le sourire toujours bien figé sur ton visage et les mains derrière le dos, tu tuais le temps à lui faire perdre le sien.

— « Je ne m'y opposerais jamais. Elle est notre Reine après tout. Mais dis-moi, je me pose une question. Pourquoi n'as-tu pas fui le capitale comme ton lâche d'oncle ? Pourquoi es-tu encore là alors que tu ne supportes sûrement que des Briseruniens puissent te commander ? »

Tu n'avais pas pu t'empêcher d'éclater de rire, aussi arrogant que méprisant. Insupportable était un mot que tu pouvais encaisser, parce que tu savais que c'était vrai. Tu prenais un malin plaisir à pousser à bout ceux que tu détestais. Tu aimais revêtir la cape de celui qui les ferait se remettre en question, sincèrement persuadé que tu les aiderais en cela, et aucunement que le seul des deux à devoir le faire serait en réalité toi.

Tu étiras un grand sourire, passant une main sur ton front pour en essuyer la sueur de l'extase.
Elle était sous tension, résistait et prenait sur elle pour ne pas exploser. Et toi Valerian, tu avais remarqué le petit bouton pour déclencher la bombe qu'elle essayait désespérément ne pas activer.

— « Je te prierai de retirer tes sous-entendus accusateurs. Je ne mettrai jamais la main sur les princesses - si seulement on doit encore les appeler comme cela. Leur père n'est plus le roi je te signale. Il n'est plus rien depuis que Antigone l'a étripé sur place. »

Et tes yeux pétillaient de malveillance, alors que tu la pointais du doigt.

— « J'aurai bien voulu voir ton oncle subir la même chose. Peut-être que ça t'aurait montré l'exemple : ce qu'on fait subir aux graines de traitre. »

Tu n'avais pas anticipé la main qui s'était levé et qui avait claqué la joue sèchement. Ta tête avait tourné sur le côté, et les yeux écarquillés fixaient les anges du château qui passaient. La colère ne monta pas de suite, car d'abord il te fallait encaisser le coup - et profiter de ta victoire.
A tes lèvres (et idées) tordues s'étira un rictus de satisfaction, à l'aube d'un sadisme qui ne ressemblait qu'à un vulgaire caprice.

— « Tu paieras pour cet affront. Je te ferai couper la main. Je te ferai couper la main tu m'entends ! »

Et alors que tu te gesticulais comme un pantin, on aurait aussi pu voir que tu te débattais face à cette situation.
Elle t'avait qualifié de rien et ça te ramenait trop violemment à cette réalité que tu refusais d'admettre. Dans ta tête, tu étais un héros et elle une sotte.
Jamais elle ne pourrait t'enlever ça.

Tu attrapas son poignet que tu tiras avec le peu de force que tu avais.

— « J'ai si hâte de voir ta tête tombée, quand le bourreau t'exécutera pour trahison envers la couronne. Ça ne s'arrêtera pas là tu peux me croire !! »

Tu la lâchas brusquement, sourcils froncés (vexé au plus au point) et souillé dans ton peu de fierté.

C'est elle qui devrait arrêter. C'est elle qui devrait s'agenouiller devant toi pour te demander pardon. Et les traits de ton visage se crispèrent face à son refus de capituler. Blessé dans ton ego, tu serras les poings en méditant sur la pire manière dont tu pourrais la faire souffrir - pour te venger, réparer les pots cassés.

— « Très bien. Tu veux la jouer comme ça. J'aurais ta peau Asteria Caterna. J'aurai ta peau ! »

Tu l'avais juré, petit coq seul dans une trop grosse basse-cour. Elle n'avait rien du renard, mais de la poule. Et si elle se pensait en sécurité, c'est ce qui lui causerait sa perte. Tu fis quelques pas pour reculer, prendre de la distance avec elle et leva le menton pour la toiser d'en bas.

— « Tout se paie un jour. »

Tu ne croyais pas si bien dire Valerian.
Et alors que tu partais en ruminant, le dos courbé et tendu - t'avais les nerfs à fleur de peau. Tu te coinças le pouce entre les dents pour formater la plus pure des vengeances.
Si jamais il te reste du temps.