Je regrette Aiden.
Je regrette cette vie que j’ai passée à fuir.
Je regrette ces mensonges lancés à moi-même.
Je regrette tout ce que je n’ai jamais pu te dire.
Les larmes ne coulent pas, elles n’existent que sous la forme de mince morceau de glace qui suinte sur les joues blanchies. Aleina respirait doucement et de son souffle fuyait une mince volute d’humidité blanche. Elle voulait venir ici entre tous les lieux, là où il a été. Là où il s’était tenu. Là où il se tiendra, cet être qui volait nourriture dans son ventre vide. Le deuil se faisait dans les pointillés discrets de sa douleur car Aleina n’a jamais été le genre à hurler et sangloter. L’honneur lui instaurait droiteur et force tandis qu’elle offrait son visage à la prise des éléments.
Une rafale étouffait ses hurlements, la neige adoucissait la colère de l’impuissance qui secouait ses tripes. Et épuisée, elle ne put respirer. Adossée à même la neige, l’arbre étant son unique siège. Ses paroles étaient pour lui, comme une partie d’elle qu’elle lançait au vent à son intention.
-Tu sais Aiden...Je suis enceinte. C’est un peu stupide de notre part d’avoir consommer une union aussi incertaine, mais je suis heureuse. Tu seras toujours avec moi, toujours… Je sais que tu es mort, parce que…
Les mots s’étouffent, elle tremble le froid se travestit en douleur.
-Tu es pas du genre à faire les choses à moitié. Tu as vécu et tu es mort dans le mystère qui t’es cher. Je crois que je ne t’ai jamais connu, je n’ai jamais vraiment su qui tu étais. Mais ce que je savais de toi, ce que j’avais deviné étaient vraiment les choses les plus belles que j’ai pu voir. Le monde vrille et j’ai besoin de toi. J’ai besoin de toi pour tenir. Mais tu n’es plus là. Je suis seule, nous sommes seuls. Pardon Aiden, j’aurai dû m’en rendre compte plus tôt.
Le cœur se ferme, les yeux s’éteignent.
-Je vais être forte désormais, pour toi, pour lui, pour moi. Le monde a bien assez été dépendant de toi. Merci d’avoir existé Aiden, merci d’être né.