Tu savoures ta journée enfin terminée, prêt à te reposer – Lux introuvable et ça t’arrange bien, aujourd’hui au moins, de ne pas avoir à supporter ses caprices incessants – direction tes appartements, ton lit plus précisément ;
ce qui ne t’arrange pas, c’est qu’elle ne soit toujours pas là lorsque tu ouvres grand la porte et qu’aucune voix ne t’accueille ((aussi casse-tête et criarde qu’elle soit)) – un mauvais pressentiment qui court le long de ton dos –
où diable est passé ton démon ?

la réponse ne tarde pas lorsqu’elle apparaît, soudainement ((tu n’arrives pas à t’y faire, ses pouvoirs surprenants)) au milieu de la pièce – et tu allais soupirer de soulagement, vraiment, jusqu’à apercevoir sur son dos une silhouette inconnue et sur Lux des traces de lutte ;
tu viens machinalement te frotter les tempes – abasourdi par sa capacité à s’attirer les ennuis, comme tu n’en as guère besoin ici.
— Laisse-moi deviner, tu l’as bassiné avec tes caprices et il a tenté de te tuer dans l’espoir que tu arrêtes ?
car ô combien de fois tu t’es imaginé jeter par la fenêtre Lux lorsqu’elle avait décidé de ruiner tes journées par ses enfantillages – trois semaines à peine et plus d’idées de meurtre que jamais.
— Tu es une grande fille non, tu sais te débrouiller !
tu t’approches toutefois du corps inerte, étudiant ses traits ; rien qui ne te parle, elle n’aura pas fait la bêtise d’assommer un politique – misère, si en plus tu devais gérer un conflit diplomatique – et détournes ton attention de lui pour observer la démone et ses blessures.
— Je ne savais même pas que tu pouvais être blessée, tiens. Et détrompe-toi, regarde, je suis en parfaite santé, je n’ai donc pas à me mêler de ça.
trop ravi que quelqu’un daigne se débarrasser de l’épine à tes pieds, tu souris et viens remettre en place les cheveux de la jolie Lux.

pour qui se prenait-t-elle – cette manie qu’elle avait de se croire au-dessus de ton autorité, comme si elle, fragile petit être, pouvait te donner des ordres
((et pourtant))
tu claques la langue, misérable de devoir reconnaître que tes talents de guerrier font pâle figure à côté de ses pouvoirs mystérieux –
— Attends, quoi ?
et tant pis si elle ne veut pas être touchée, tu saisis ses épaules de tes deux mains et tu la fais basculer sans ménagement dos contre le matelas pour la surplomber – ignores la douleur lancinante de tes plaies à peine cicatrisées ;
— C’est encore une de tes mauvaises blagues, j’espère ?
mais tu vois à son air fier – trop fier – que la démone ne plaisante pas, alors tu la relâches sèchement
quel e n f e r
c’est pourtant grâce à elle que tu es en vie et tu n’as aucune intention de mourir ((encore moins de la main d’un inconnu))
tu te lèves à contrecoeur et viens t’accroupir auprès du brun, réfléchissant à comment t’en débarrasser ; un soupir et tu décides de faire au plus simple, sors un poignard de ta veste et le poses sur sa gorge
curieux néanmoins, tu tournes un instant la tête vers Lux :
— J’aimerais quand même savoir pourquoi il veut ta peau, avant de tuer un potentiel innocent.
((les mains déjà pleines de sang
tu t’évertues pourtant à préserver ce brin de morale
qui t’empêche de tuer spontanément))

tu fronces les sourcils et répètes, agacé :
— Tu « ne sais pas » et je suis censé le tuer pour ça ?
l’envie folle de la poignarder elle avec ses caprices qui semblent ne jamais s’arrêter; si seulement vos vies n’étaient pas liées
jusqu’à entendre la voix sous tes pieds et tu toises l’échange entre les deux, perplexe. tu retires tout juste ta lame qu’elle s’époumone derrière toi – est-ce de la peur dans sa voix – trop tard, la curiosité prend le pas et tu poses un genou sur la poitrine du brun, couteau toujours en main :
— Comment ça les mêmes pouvoirs qu’elle ? Vous n’avez pas l’air d’un démon.
depuis le pacte, tu y fais particulièrement attention – cet homme ne t’inspire toutefois rien de bon, un quelque chose qui émane de lui et agresse tous tes sens ; tu te sens
impuissant
vulnérable
((comme trois semaines auparavant))
et c’est particulièrement désagréable lorsque tu te trouves dans tes appartements, endroit censé être ton domaine – et si Lux dit la vérité, vous êtes

foutus

car la démonstration de pouvoir de la démone t’avait déjà surpris, bien au delà de tes simples capacités mortelles et lui serait le même ?
tu attrapes la première chose qui te passe sous la main – en l'occurrence une ceinture et tente de l’attacher.
ton instinct de survie te hurle de te débarrasser de lui mais la curiosité, elle,
t’implore de le garder en vie.
— Auriez-vous l’amabilité de m’éclairer, au lieu d’effrayer la pauvre demoiselle?

vrai.
vrai vrai vrai qu’elle ne t’apportera rien de bon, jusqu’ici insupportable à tes oreilles et elle continue de crier – ta patience qui s’étiole à mesure que sa voix se hausse et que l’inconnu assène des vérités

toutefois
et bien qu’elle semble douter de toi, tu as déjà fait ton choix ;
aussi invivable soit-elle, Lux t’a sauvé la vie –
malgré l’abandon évident de tes valeurs depuis ((eux)) ta montée au pouvoir, les dettes font partie des rares choses que tu honores encore.
— Il faut bien que quelqu’un pose les questions puisque tu ne sais rien de ta situation.
tu écarquilles les yeux lorsque tu la vois se lever et le gifler – charmé par sa combativité – pendant que tu récupères l’épée au chevet de ton bureau ; tu t’approches lentement
saisis Lux par les épaules et l’écartes de l’agresseur, non sans mettre un coup de pied à ce dernier dans les côtes qui semblent fêlées – sans lui laisser le temps de réagir, tu plantes ta lame dans sa paume pour le maintenir au sol.
— Et arrête de vouloir l’achever, bon sang ! non sans agacement. Vous savez donc d’où elle vient ? t’adressant cette fois au brun. Hormis me donner des migraines, jusqu’ici elle n’a rien fait de particulièrement répréhensible alors je le redemande : pourquoi vouloir à ce point la tuer ?
intrigué par cette obsession que semble être Lux aux yeux du garçon ; ce que cache ce discours d’équilibre et ce qu’il sait que la blonde n’a pas su t’apprendre lorsqu’elle a décidé, contre ton gré, de devenir ton démon attitré
s’il existe un moyen de s’en débarrasser car tu n’es pas dupe  – de tels pouvoirs impliquent certainement une contrepartie que tu n’es absolument pas prêt à payer
pour l’instant
tant que tu n’es pas enivré par ce pouvoir ((cette obsession))
qui promet de te dévorer.

quelle m i g r a i n e
que ces deux personnes, tu ne demandais guère plus que pouvoir te prélasser dans ta chambre après une journée chargée – tout ça pour qu’elle se finisse encore plus complexe que jamais.
— Entre toi qui parle trop et lui qui ne dit rien, c’est bien ma veine.
à peine agacé, en réalité, tant que tu as l’ascendant sur la situation, un silence n’est rien que tu n’as pas déjà affronté.
tu retires ta lame de la main du brun et la plantes juste à côté de son oreille, puis tu redresses son visage de ton pied, le regard mauvais ;
— Ecoutez, si vous crachez le morceau, je vous laisserais même partir, ce n’est pas une si mauvaise affaire, si ?
puis tu regardes Lux, irrité – la nature est-elle donc si mal faite qu’elle a décidé de t’attribuer un démon sans les instructions qui vont avec – au moins le strict minimum qui est : comment diable s’en débarrasser.
car si physiquement, tu n’as rien à reprocher à sa compagnie et que sa voix est même jolie, c’est la fréquence à laquelle la belle hurle – s’indigne se plaint la liste n’a pas de fin – et décide de te pourrir la vie, ses caprices qui n’en finissent jamais
tu ne serais
même pas surpris si demain elle te demandait de raser tout Valdore sous menace de se jeter par la fenêtre et toi avec.
— J’en sais déjà bien assez, tu ne sais pas arrêter de parler, Lux.
tu reportes donc ton attention sur le chasseur, et t’abaisses le temps de l’attraper par le col et le forcer sur ses pieds – tant pis pour ses côtes fêlées.
— Il va falloir être plus précis, en quoi met-elle le monde en danger ? D’où vient-elle et pourquoi vous ? Qu’êtes-vous ?
tant de questions sans réponses et tant d’emmerdes ces derniers temps, ta patience est mise à mal ; tu as déjà manqué de mourir il y a quelques semaines, ce n’est certainement pas pour claquer maintenant.

trop c'est trop, c'est ton crâne qui commence à te lancer alors qu'ils s'échangent des regards – étonnament long pour deux êtres qui ont tenté de se tuer quelques minutes avant de venir bouscouler le calme de ta soirée ; soirée qui n'en finit pas et si tu écoutes ce que le brun t'explique, tu refuses d'y croire
(voilà une fable qui aurait bien fait rire Antigone, après les mages qui s'octroient la Sainte Parole, le Gouffre ressusciterait, lui, des morts ?) Foutaises!
tu t'apprêtes à le jeter à nouveau au sol lorsque la voix de Lux te parvient et – ses doigts fins sur ton bras – son corps contre toi –
tu soupires, fort, et retires une main du col du traqueur pour venir la poser sur les cheveux de ta démone.
— Tu me demandes ça, à moi ? Je n'ai pas plus de réponses, tu sais. Quoique, insupportable comme tu es, c'est possible qu'on ait cherché à se débarrasser de toi.
tu lèves les yeux au ciel, pour les mots doux, on repassera ;
— Est-ce vraiment si important, de savoir si tu es morte une fois, deux fois ? Le principal, c'est que tu es là aujourd'hui.
tu plonges ton regard dans celui du brun.
— Et je n'ai aucune intention de te laisser mourir. Votre paix ne se fera pas au prix de sa vie, vous m'en voyez navré.
tu ne peux pas le laisser t'en débarrasser alors qu'Antigone et son démon – bien moins charmant – hantent les terres de Valdore et courent après ta tête. qu'importe si Lux est venu ruiner le monde entier, qu'elle est synonyme de calamité – elle est ta démone désormais, et ne serait-ce que par fierté – sans compter vos liées – tu la défendras contre vents et marées.
— Alors soit vous abandonnez, soit je me vois dans l'obligation de vous tuer.
tu le jettes au sol d'un mouvement de poignet, et pointes vers lui ton épée.