Iphéion traversa le champ de blé, la tête basse. Aidé de ses cheveux blond, il espérait passer inaperçu jusqu’à retrouver son refuge de fortune. Pas loin d'ici se trouvait une vieille maison délabrée, abandonnée depuis bien trop d'années par ses anciens propriétaires. Il profitait de cette demeure depuis un moment maintenant — depuis qu'il avait passé la frontière de Belorge, depuis Malronce.

Il y faisait chaud la nuit, avoir un toit sur la tête était devenue un luxe depuis qu'il vivait en vagabond. La nourriture aussi pouvait se conserver facilement, plus facilement que dans un simple sac de toile qui se remplissait trop vite. Cet endroit était devenu une maison provisoire, le temps de son séjour dans le pays de l’agriculture. Quand il ferait ses affaires et choisirait de trouver un autre refuge provisoire, il délaisserait la demeure et elle reviendrait à la nature — ou aux fantômes qui s'étaient effacés l’espace de son séjour.

Il voyageait parfois aux villages alentours, mais jamais pour longtemps. Iphéion avait fini par apprécier cette maison vide, parce qu’il s'y sentait en sécurité. Il choisissait même qui mettre au courant ou pas de son existence. Et c'était très bien ainsi. Quand il passa enfin la porte, il laissa tout juste à côté de l'entrée son sac de toile, après l'avoir vidé. Il posa les quelques morceaux de pains dérobés sur la table de bois recouverte de poussière. Iphéion grimaça : il allait le manger sec, il n'avait rien pu voler pour l'accompagner. L’avantage, c’était que le pain remplissait rapidement l'estomac et supprimait la faim. En revanche, il allait avoir soif, heureusement avait-il un peu d'eau.

Ce fut dans un geste nonchalant qu'il tira l'une des chaises pour s’asseoir et profiter d'un modeste repas.