Sujet: ❝ sous les dorures ● asaël Sam 5 Déc - 22:27
mettre ses crises en dentelles sourciller de temps en temps faire un peu de zèle attaquer aux balles à blanc
La célébration est de celles que les petites heures de la nuit ont déjà caressé à maintes reprises, sans s'en lasser. On s'y presse entre belles gens sous un ciel piqueté d'étoiles, dans les plus beaux atours et les plus brillantes parures, tant pour voir que pour être vu. À la lumière des chandelles, les ourlets des robes virevoltent et les talons claquent au rythme d'une valse entêtante, tandis qu'un peu plus loin des mondanités s'échangent, verre à la main, au cœur d'une foule qu'on ne traverse qu'en jouant du coude.
C'est avec l'aise des habitués qu'Euphémien s'y tient, tout versé qu'il est dans le langage du paraître propre à ce genre de fêtes. Il s'agit tout autant de se gorger de sève que d'en prodiguer, et c'est un art qu'il a eu parfaitement le temps de maîtriser. À son interlocutrice haut placée, le sourire est étiré dans une fausseté qui ne soulève aucune question, l'intérêt est vivement feint et l'intonation délibérément chaleureuse : ce sont là les marques du noble jeu, qu'il manie avec une dextérité sans équivoque.
À quelques pas des conversations, acrobates et saltimbanques ravissent par leurs prouesses d'adresse et de souplesse. Euphémien les observe évoluer d'un œil distrait, sans quitter l'endroit où il se tient, à travers plusieurs performances et tout autant d'applaudissements, jusqu'à ce qu'une paire singulière finisse par capter son attention. L'interrogation se glisse dans un mouvement du sourcil à peine perceptible, auquel il choisit de ne pas obéir. La soirée se poursuit mais le doute demeure, de plus en plus présent, jusqu'à en frôler le dérangeant ; il avise alors de prendre congé, tout en délicatesse et en politesses, avant de fendre la foule en direction du curieux couple. Parvenu à leur hauteur, il les toise un instant, le verre dans une main, et finit par leur adresser quelques mots au-dessus du brouhaha des réjouissances.
— Un contorsionniste et un chien ... Mh, ne serait-ce pas vous qui avez apostrophé le prince, il y a quelques temps ?
Une anecdote qui, comme presque tout se qui s'échange et se murmure au palais, était parvenue à sa connaissance, et l'avait marqué par son caractère pour le moins incongru.