(end) (flashback) cinq centimètre par seconde ⯎ hector

cinq centimètre par seconde

Un pas à la fois, on court. On court et court et court. On fuit, s’éloigne de l’odeur du bois et de la chair brulé. Les pieds pourtant battent dans le vide. Elle ne veut pas fuir, elle ne doit pas fuir. Elle doit faire demi-tour, y aller, les retrouver, les aider, les sauver, braver les flammes et ses peurs pour le bien-être de ceux qu’elle aime.

Mais les poignes qui enserrent ses bras l’empêchent de retourner vers le château, et ses cris se mêlent aux échos lointains des souffrances de son pays.

Il faut sauver le sang royal, disent-ils.

Il n’y a qu’elle dans cette procession.

Laissez-la. Laissez-la partir, laissez-la y retourner. Elle prie et prie et prie. Peu importe qu’elle souffre et qu’elle meurt, elle n’est rien. Rien de plus qu’une princesse sans valeur, un tableau, un meuble, une décoration dont on vante la beauté sans voir le cœur.

Enfin, les prières atteignent le ciel, la procession est attaquée.

Elle n’a jamais prié ainsi, elle ne souhaite la mort de personne. Mais l’armée briserunienne les a rattrapé, a fait coulé le sang de tous les gardes, et les poignes qui enserraient ses bras se sont relâchées.

Bataillant sans même porter le regard vers elle, elle court. Elle court et court et court. S’arrache les poumons qui s’emplissent du vent glacé de Briserune et des cendres du château. Et dans cette course effrénée pour rejoindre sa famille, le corps percute et vient rejoindre le sol.

Elle n’avait pas vu –les larmes perturbent les sens–, mais l’instinct réagit.

Sans même lever les yeux, elle attrape une branche sous sa main et la tend devant elle, seule arme à sa disposition, elle s’en accommodera.

Allez-vous en !

La voix est enraillée et déchirée, consciente d’être en position de faiblesse.

Puis elle reconnaît, à travers les larmes, la pluie de cendre, les cheveux volant, les reflets de lumière, elle reconnaît ce visage.

C’était un ami, un allié.
Hector, tu étais là pour l’aider, pas vrai?

Puis elle se souvient, après la panique, la peur, la survie forcée, elle se souvient qui il est, d’où il vient.

Ce n’était pas un ami, ni un allié.
Hector, tu es des leurs, pas vrai?

Elle se redresse, dresse son arme vers lui. Elle ne mourra pas contre un traître, lui dont la patrie à les mains couvertes du sang des Vaudreuil.

Arrière, briserunien ! Tu seras châtié pour atteinte à la couronne.

Les mains tremblent.
Ne lui en veut pas, Hector.
Elle ne sait pas, Diane, tout ce qu’il se passe. Elle ne sait pas en qui avoir confiance. Elle a peur car elle ne veut pas mourir avant d’avoir sauver tout le monde.

ft. Hector ┊ #F8A985

Val

Le métal s’entrechoquant alors que l’atmosphère se faisait lourde. Les complaintes de douleur se multipliant entre deux pas assourdissants, une gerbe de sang giclant le long de ta cuirasse alors que de multiples mèches se coulaient à ta peau sous l’hémoglobine. Tu avançais tant bien que mal face à l’adversité alors que la bataille faisait plus que jamais rage. Les hommes abandonnant leur humanité, leurs confrères pour sauver leur propre existence face à l’ennemi. Le moral brisé tandis que chacun faisait ce qu’il pouvait pour survivre ou dans le cas des plus braves mourir dignement au combat. Tu avais réussi à te frayer un chemin au final entre les charognes, au cœur de l’apocalypse, crasseux en ton armure de seigneur. Epée baignée du sang des parjures, ton semblant de cape à moitié arraché. Tu te dirigeais aux bruits, des vociférations se faisant plus pressantes, plus proches au fur et à mesure jusqu’au moment où tu tombas sur elle.

Une présence qui n’avait absolument rien à faire ici, au plein de cœur de l’affrontement alors que la ville chutait, alors que ses défenseurs avaient failli à leur tâche. Elle te menaçait, un simple bout de bois comme défense, même pas de quoi effrayer un briserune qui n’avait pas vu passer assez d’hivers. Tu n’avais eu le temps de lui répondre qu’un hurlement s’était fait entendre en ton dos. Tu fis volt face enchaînant une première passe d’armes sans guère cérémonies avant d’empaler le sauvage, repoussant son corps de ta main libre alors que ce nouveau cadavre se serait écrasé sur toi sans ce geste. Tes gants maintenant couverts de ce fluide cramoisi si vital. Tu te retrouvas dès lors de nouveau face à elle lui déclarant ceci reprenant un tant soit peu ton souffle.

« - Une couronne n’empêche malheureusement pas de mourir dans le meilleur des cas très chère dame. »

Lui tendant la main qu’importe le sang qui la nimbait, elle allait devoir faire rapidement un choix. Un choix qui allait être plus qu’explicite de par tes propos là où il pouvait y avoir bien pire que la mort pour elle.

« - Suivez moi si vous voulez vivre princesse. »

Alors que d’autres nordiques devaient être en chemin, tu te faisais insistant en tes gestes. Le temps était précieux et pour avoir connu l’Humain depuis des années, avoir pu l’observer bien loin d’une cage d’orée comme celle à laquelle prétend la royauté. Tu savais que des atrocités bien pires pouvaient encore lui arriver si elle restait ici.

« - Mais faites vite votre choix car cette ville est perdue. »

cinq centimètre par seconde

Bien sûr qu’elle craint, qu’elle a peur, qu’elle tremble, quand seule, elle croise la route d’un guerrier briserunien de patrie, épée à la main, maquillé de sang.

Bien sûr qu’elle tremble. Plus encore quand on vient à l’attaquer et que plus de vie sont prises. Tu avais pourtant juré fidélité à la couronne, Hector. Pourquoi ? Comment ? Les Vaudreuil te faisaient confiance, son père te faisait confiance.

Une couronne n’empêche malheureusement pas de mourir dans le meilleur des cas très chère dame.

Est-ce pour cela que cette mascarade à lieu ? Parce qu’il est facile de mettre fin à la vie de la royauté ? Pour prouver qu’ils ne sont protégés de rien ? Diane, pourtant, n’espérait qu’à une vie simple, une vie douce. Rien n’a été fait pour mériter ça.

C’est ce dont elle se persuade encore.

Les Arcanes puniront cet affront.

La voix est déchirée mais les larmes ne coulent pas. Elle ne s’abaissera pas à ça face à un meurtrier. Elle se battra, même si le bois ne l’emportera jamais contre le fer, elle mourra au moins en ayant résisté.

Mais là où elle s’attend à ce que sa lame s’abatte sur elle, c’est une main qu’il lui tend. Les doigts toujours fermement serrés sur son arme de fortune, elle ne comprend pas.

Suivez-moi si vous voulez vivre princesse.

Pourquoi souhaiterait-il sa survie, lui qui vient de participer à une rébellion, à un raid contre le château ? Puis les yeux se baissent, voient briller à la poitrine du cadavre un emblème inconnu. Un corbeau qui a remplacé le taureau des Riegel.

Elle ne se formalise alors pas plus, frotte ses yeux des larmes qu’elle n’a jamais versées.

Mais faites vite votre choix car cette ville est perdue.

Lâchant son bâton –qu’aurait-elle jamais fait avec– elle attrape cette main qu’on lui tend. Elle est cependant celle qui force le chemin à prendre ; droit vers le palais dévoré par les flammes.

Une bataille n’est perdue que lorsque l’on arrête de se battre.

Roseraie n’est pas perdue, Malronce n’est pas perdu, et peu importe qui brandit l’emblème du corbeau, il s’est dressé contre le mauvais adversaire.

As-tu des hommes avec toi Hector ? Où se trouve le Roi, les Caterna, les autres divisions ?

Contrairement à ce que la garde aurait voulu, contrairement à ce qu’il aurait laissé suggéré, elle n’a pas l’intention de fuir, pas l’intention d’abandonner. Elle doit aller récupérer sa famille et elle ne quittera pas cette ville sans eux.

Dans un futur idéal, elle ne quittera d’ailleurs pas la ville du tout. Elle n’imaginait pas contre pas que dans le pire des futurs, elle ne quitterait pas non plus le château.

ft. Hector ┊ #F8A985

Val

Une bataille ne s’arrête que lorsque l’on arrête de se battre, tu ne savais pas si ces propos partaient d’une bonne volonté ou d’un cruel déni d’une réalité palpable et sanglante. Cela ne fonctionnait pas comme cela à tes yeux et tu l’avais étudié, appris, expérimenté maintes fois. Il est acceptable de perdre une bataille tant que cela ne scelle pas totalement l’enjeux de la guerre. Si elle venait à mourir, sur quoi une résistance pourrait-elle se fédérer, sous quelle égide. Malheureusement le temps de la réflexion n’avait lieu alors qu’elle tentait de te trainer vers le palais. Une dernière question plus ou moins mal placée finissant par s’abattre, non elle ne se rendait pas compte de la situation en réalité.

« - J’ai été séparé de mes hommes, le roi doit être au palais ou alors déjà en dehors de la ville à moins que la stratégie ne soit le fort de vos généraux. Pour le reste chacun doit tenté de faire ce qu’il peut. »

Le chaos, il n’y avait pas d’autres termes pour d’écrire cette situation alors que toi tu t’étais retrouvé au première loges avec tes soldats, là où les rebelles avaient fait une brèche en les fortifications. Peut être y avait-il encore une once d’espoir mais la bataille était perdue à tes yeux mais non pas la guerre. Roseraie pouvait chuter, il restait les campagnes et les nations avoisinantes.

« - Prenez ça déjà. »

Lui tendant l’un des couteaux accrochés à ton ceinturon, cela serait mieux que le vulgaire bout de bois qu’elle avait trouvé dans la panique. Dans tous les cas, inutile de lui demandé si elle saurait s’en servir, tu n’avais pas le temps de lui faire un court et encore moins de lui dire qu’il suffisait de planter la lame…

« - Peut être que les troupes se sont rassemblées au palais mais y arriver sera déjà une prouesse. Je peux très bien me défendre mais ne faites pas de choses inconsidérées en chemin, je ne peux parer un coup en ma direction et en la vôtre en même temps. »

Le destin de tout homme, toute femme était de mourir mais autant évité les décès les plus bêtes. Quitte à mourir autant que cela soit car ton talent t’avait quitté et que ta chance n’avait duré passé la nuit.

cinq centimètre par seconde

Il la suit. Tant qu’elle tire il se doit de la suivre. En tant que chevalier, en tant que combattant, en tant que général, sa mission était de sauvegarder la famille royale, peu importe les lubies de cette dernière.

Elle a conscience, Diane, de la portée de ce qu’elle lui demande. Elle sait que le château et l’épicentre de la bataille, de la rébellion. Elle sait qu’elle peut très bien courir à sa perte et entraîner cet homme avec elle. Mais en ce lieu, en cet instant, Diane n’est meut que par la seule pensée de rejoindre son sang.

Tant pis si le sien doit couler sur la route.

Les sons de cloches qu’amènent Hector cependant ne vibrent pas comme elle le voudrait.

J’ai été séparé de mes hommes, le roi doit être au palais ou alors déjà en dehors de la ville à moins que la stratégie ne soit le fort de vos généraux. Pour le reste chacun doit tenter de faire ce qu’il peut.

Elle se retourne vers lui, stoppe sa marche, cet air furibond sur le visage que personne ne pourrait jamais craindre car froncer les sourcils n’était pas dans ses gênes.

Tout le monde a été pris au dépourvu, et nous ne sommes que des êtres humains. Mais j’ai confiance dans les capacités de nos généraux.

Une confiance aveugle. Malheureusement, tant qu’elle n’aura pas certitude de la bonne santé de sa famille, son cœur ne pourra freiner sa course. Et elle non plus. Ses poumons encrassés de cendre la font souffrir, tousser plus que de mesure, mais cela ne l’empêche pas de se tenir droite et fière.

Prenez ça déjà.

Il lui tend une arme. Une vraie arme. Ces armes qu’elle n’avait jamais tenue en main et donc la seule utilité était de prendre des vies. Diane n’est pas préparée à ça. Diane ne doit pas prendre de vie. Diane doit être belle, douce, gentille et sauvegarder tout le monde du moindre mal.

L’arme, pourtant, est serrée entre ses doigts.

Peut être que les troupes se sont rassemblées au palais mais y arriver sera déjà une prouesse. Je peux très bien me défendre mais ne faites pas de choses inconsidérées en chemin, je ne peux parer un coup en ma direction et en la vôtre en même temps.

Si elle veut survivre assez longtemps pour serrer à nouveau ses sœurs dans ses bras, il va lui falloir se défendre toute seule.

Je ferai de mon mieux pour ne pas vous déranger.

Rester silencieusement derrière, c’était une technique qu’elle a longuement eu le temps de mettre en pratique. Aujourd’hui cependant, c’était peut-être principalement après qu’on en avait, elle en qui coulait le sang bleu de la royauté malronçoise.

Et cette pensée se certifie quand, à travers l’ombre des arbres environnant le château, d’autres hommes à l’emblème au corbeau font leur apparition. Personne, semble-t-il, n’avait le droit d’échapper à leur massacre ce soir.

Par instinct, elle tend la dague devant elle, sans même retirer le fourreau qui protégeait la lame, et son dos vient se coller au torse du général. Sûrement qu’elle le dérangeait en cet instant, mais la vue des hommes s’approchant d’eux lui fait perdre tout bon sens.

Elle ne veut pas mourir maintenat.

ft. Hector ┊ #F8A985

Val

Elle disait avoir confiance en la capacité de ses généraux, en ton cas ce n’était plus vraiment le cas plus les minutes s’écoulaient. Vous aviez beau vous battre, ôter un trop grand nombre de vies et rien ne changeait. Ils ne cessaient d’affluer dans la ville, les fortifications ayant échoué. Tu commençais doucement à toucher tes limites à force de te battre et la décision de la princesse venait d’enfoncer le clou. Le château… Au moins elle avait acquiescé sur le point qui concernait sa propre existence, ne pas être un poids pour toi. Avançant dès lors vers votre destination il ne fallut que très peu de temps pour que vous vous retrouviez face à des arbres en lesquelles des ombres un tant soit peu plus distinctes commençaient à se mouvoir dans l’obscurité totale. Il ne te fallut longtemps aussi pour remarquer l’emblème qu’arboraient les ennemis de Malronce, ce corbeau, origine de biens des malheurs.

La scène qui suivit étant des plus risibles quant à elle, il n’avait pas fallu longtemps enfaîte pour que mademoiselle te place en une situation complexe. Ta marge de manœuvres étant inexistantes alors qu’elle se pressait contre toi de peur en une image risible le fourreau toujours auprès de la lame. Les inconnus ne tardant à se rapprocher de vous armes en mains, il n’y avait pas la moindre négociation à avoir. Tu allais devoir être rapide malgré tout en tes actes et tu ne tardas à attraper la pauvre princesse au niveau de la taille pour la décaler et surtout la ramener derrière toi par la suite.

C’est ainsi que le premier échange commença alors que tu devais tenir à distance aussi le second individu. Tu arrivais à te défendre en cette situation critique mais à l’opposé il t’était impossible de trouver une ouverture sans te compromettre toi ou elle. Ton épée finit par s’abattre sur l’un de tes opposants, celui-ci s’écroulant alors que dans l’instant qui s’enchaîna tu fus touché toi aussi. Une gerbe de sang s’extirpa au niveau de ta cuisse, l’artère épargnée heureusement. Tu manquas de trébucher, esquivant non pas sans bien plus de difficultés le second coup. Tu tranchas la main de ta dernière cible avant de prendre ton élan pour faire valser ton arme l’égorgeant à défaut de le décapiter.

Tu titubais quelque peu de par la douleur, ayant du mal à correctement te déplacer, prenant le plus appui sur ta jambe intacte. Tu avais l’habitude d’endurer, une chose naturelle pour tout vivant de Briserune mais la situation commençait à se compliquer excessivement.

« - Vous êtes en un seul morceau ? »

Une question bien bête alors que tu étais persuadé d’avoir fait ton travail, tu observas Diane lui décrivant d’un vague geste de main le semblant de cape que tu portais.

« - Vous pouvez m’aidé à arracher ce qu’il reste de ma cape, ca pourra servir de pansement même si j’ai vu pire. »

La chair à nu, la plaque de l’armure ayant sauté, l’hémoglobine commençait à couvrir le métal tout autour. Quelques perles cramoisies s’écrasant au sol. Au final le sang royal n’avait toujours pas coulé au moins te disais tu.

cinq centimètre par seconde

Elle avait promis qu’elle ferait de son mieux, comme elle a toujours fait de son mieux jusque-là. Mais cette main sur son épaule et son corps qui se fait dégager de l’affrontement déjà lui certifie quelque chose : elle n’est sûrement pas prête à avancer encore plus vers le château.

Elle n’a pas conscience, aveuglée par cette seule idée de retrouver les siens, de ce qui l’attend à chaque pas qu’elle fera dans cette direction. Elle n’a pas conscience de la guerre, de la douleur, du sang, de la guerre.

Elle n’a pas conscience que, sans ce général à ces côtés, sa tête aurait sûrement déjà roulée.

C’est le regard vide, s’essayant à ne pas enregistrer toutes ses images qui défilent sous ses yeux, qu’elle voit Hector affronter seul son propre peuple. La dague est toujours serrée entre ses doigts, comme si elle pouvait la défendre d’elle-même.

Vous êtes en un seul morceau ?

Elle n’entend pas tout de suite, ne comprend pas que ce combat-là est finit, qu’elle a survécu un temps encore.

Vous pouvez m’aider à arracher ce qu’il reste de ma cape, ça pourra servir de pansement même si j’ai vu pire.

D’un hoquet étouffé, son corps s’affaisse, ses jambes qui ne supportent plus ni son poids ni ses craintes. Il lui faut un moment à suffoquer et à trembler avant qu’elle ne s’avance vers le blesser et ne tire sur sa cape.

Hector... Hector vous devez fuir.

Ce n’était plus la digne princesse qui parlait là mais l’enfant apeurée. Ce petit oiseau que l’on avait toujours protéger dans une cage aux jolis barreaux dorés. Cette fleur qui ne s’était jamais noyée dans l’odeur du sang et de la fumée.

Elle qui ne voulait pas voir de mort inutile par sa faute.

On ne pourra pas vous soigner ici, vous devez quitter le château. En ville, on pourra peut-être…

En ville ? Mais reste-t-il seulement une ville ? Y-a-t-il qui que ce soit pour l’aider au-delà de ces murs ?

Perdue, elle ne sait plus où doivent se diriger ses priorités. Elle sait que la garde est vouée à protéger la famille royale, mais elle se refuse à faire couler le sang encore plus alors qu’elle pouvait sauver. Mais si toute la garde faillit à sa mission, alors qui va se charger d’assurer la sécurité des siens, de ses frères et sœurs, de son peuple ?

Sa respiration ne se calme pas. Les mouvements de ses mains -gorgées de sang- sont indécis autour de la blessure d’Hector, incapable de songer à un bandage qui pourrait alléger sa souffrance.

Qu’est-ce que je dois faire…?

Le teint de sa peau est pâle, ses épaules affaissées, et le brillant pur dans ses yeux s’est éteint. Si elle s’avance, elle perd la vie. Si elle recule, elle perd ceux qui lui sont chers. Si elle ne fait rien, elle perd tout.

Echec et mat ?

ft. Hector ┊ #F8A985

Val

Fuir ? Ce n’était pas réellement une chose que l’on t’avait appris à faire en ce genre de contextes. Encore avais tu été seul, cela aurait été envisageable, une guerre ne se jouant sur une seule bataille mais il y avait un problème. Tu l’avais croisé elle, Diane, il n’était pas possible, acceptable d’abandonner une tête couronnée à son sort en un tel contexte. Tu avais cependant une autre priorité pour l’instant, une priorité bien plus personnelle alors que l’hémoglobine quittait ton organisme à chaque nouvelle pulsation de ton cœur. Chaque pulsation s’accompagnant d’un nouveau message de ton être, de ton cerveau qui te faisait savoir que tu étais blessé, qu’il y avait une anomalie auprès de ta carrure. Tu inspiras longuement lorsque la tête couronnée t’adressa la parole, tu t’étais contenté de lui donner dès lors une simple instruction.

« - Contentez vous de faire pression sur la plaie pour l’instant. »

Le tissu continuant de s’imbiber de ce précieux liquide cramoisi, de ton sang, tu retiras ton ceinturon suite à cette indication pour le ramener au niveau de ta cuisse, le plaçant autour de celle-ci. Tu resserras celui-ci le plus brutalement possible autour de ta jambe afin de réaliser un garrot pour au moins atténuer l’hémorragie. Tu avais vu pire, tu n’étais pas en danger de mort imminente mais il était indéniable que tu ne pouvais négliger ta blessure.

« - Pas la peine de vous salir les mains plus longtemps. »

Nouant le bout de cape que tu lui avais demandé d’arracher afin qu’il reste auprès de ta blessure à s’abreuver de ta précieuse hémoglobine. Tu te relevas dès lors mais non pas sans difficulté t’appuyant plus que tout sur ta jambe intacte, ton épée plantée dans le sol en guise d’appui.

« - Ca devrait aller, j’ai vu pire mais vous allez peut être devoir m’aidé à me maintenir debout par moments. »

Ce simple aveu était une très mauvaise chose pour votre survie respective, si tu n’étais plus capable de totalement te défendre toi-même cela serait impossible pour deux têtes. Intact tu étais convaincu de battre n’importe qui en duel mais là…

« - Je ne peux pas vous laisser seule votre Altesse. J’ai un devoir envers votre famille, si par ma vie ou ma mort je peux vous protéger mon épée se doit d’être votre. »

Ce n’était pas à toi de réellement prendre une décision mais à elle-même si elle était tétanisée en cet instant face à tant d’horreur.

« - Il n’y a que deux options, nous continuions vers notre objectif ou alors vous me relevez de mon serment, de mon devoir mais… Je ne sais pas si je pourrais accepter cet ordre, je ne peux accepter qu’il vous arrive quelque chose. »

Mais un choix devait être fait par chacun de vous.

cinq centimètre par seconde

Elle fait pression sur la plaie puisque c’est ce qu’il lui a demandé. Pas qu’elle n’en a plus les facultés, mais prendre des décisions devient de plus en plus difficile à chaque minute passé dans le brouillard des cendres. Elle ne pouvait rien faire pour atténuer sa douleur, rien faire pour annuler cette escarmouche, rien faire pour supprimer son inutilité.

Pas la peine de vous salir les mains plus longtemps.

Elle arrête de faire pression, l’observe s’occuper lui-même de sa blessure puisqu’elle ne pouvait rien y faire. Il avait l’habitude, l’habitude des combats, l’habitude de la chair découpée, l’habitude du sang. C’était à cause d’elle s’il avait cette habitude. Parce qu’elle est de la famille royale et que la famille royale doit être protégée.

Elles ne sont plus à ça près.

Un sourire triste, coupable. C’est de sa faute.
Si elle était morte tout de suite, si les briseruniens l’avaient achevé au plus vite, il n’aurait peut-être pas subit ça. Les autres membres de sa garde non plus.
Si elle n’était pas là, peut-être que tout le monde irait bien maintenant ?

Elle ne l’écoute pas, alors, lorsqu’il parle, lorsqu’il va contre ses dires, contre ses volontés. Si l’esprit est encore flou, elle n’a qu’une étoile à fixer dans ce brouillard et c’est celle de la survie. Pas la sienne.

Hector.

La voix est douce mais ferme alors qu’elle l’aide à se relever.

Général Boreas, c’est un ordre de votre princesse. Vous allez fuir vers la ville, vous allez vous soigner, vous occuper de votre blessure, et vous allez survivre.

Malgré son peu de force, et la faiblesse psychologique qui pèse en cet instant, elle n’a pas de difficulté à le maintenir debout sur son épaule. L’adrénaline, la résolution, la volonté de réaliser au moins une chose de bien ce soir-là, sauver au moins une vie pour honorer toute celle qui ont été sacrifiée.

Ma sœur m’en a parlé, il existe une faille dans la muraille du château. Elle l’utilise pour passer les gardes et rejoindre la ville. Nous allons l’emprunter, les rebelles ne doivent pas connaître son existence.

Elle dit nous mais pense vous. Car Diane a encore des choses à faire ici, des vies à sauver, sa famille à rejoindre. Elle ne peut quitter sa maison s’en s’assurer que tout le monde va bien. Et si tout le monde est mort alors elle les rejoindra dans la mort.

Peut-être est-ce mieux ainsi. Peut-être que la dynastie Vaudreuil doit disparaître pour le bien commun, et peut-être même que la royauté sera supprimée de Malronce. Peut-être, mais pour sûr que tout va changer ce soir.

Ses pas la dirigent alors, comme un automatisme.
Elle ne lui laissera pas le choix.

ft. Hector ┊ #F8A985

Val

Un regard porté vers elle quand ton prénom fut prononcé. Ses propos s’abattirent tel un couperet même si tu avais prévu cette éventualité. Ta poigne se resserrant encore plus sur ton épée, tu avais du mal à définir la priorité qui se trouvait en l’esprit de ton interlocutrice. Tu devais dans tous les cas t’occuper de ta blessure avant que celle-ci n’empire, avant que le manque d’hygiène ne fasse empirer le tout. Tu devais malgré tout aussi t’occuper de l’existence de la dame au sang royal face à toi, un sang qui avait bien plus de valeur que le tien. Une personne qui n’avait appris à se battre et surtout survivre en ce chaos qui ne cessait de croître. Tu ne pouvais dans un autre cas parfaitement exécuter ta tâche si tu venais à mourir dans l’hypothèse où il était possible d’envisager ce conflit sur le long terme. Tu n’arrivais néanmoins à peser le pour et le contre de ce qu’elle t’imposait, faisait-elle le bon choix ? Devais tu l’aiguiller vers un autre ? L’indécision arrivant au pire instant, il était temps pour toi de faire preuve de bravoure. Une bravoure non pas à travers le sang et les larmes mais le courage de faire le bon choix, de trancher.

Soupirant longuement, qu’il en soit ainsi tu avais fait ton choix en ton fort intérieur. On ne pouvait poursuivre sa quête une fois mort. Tu ne fus point étonné par l’évocation d’un passage secret de la part de Diane, l’une de ses petites sœurs t’ayant fait la démonstration de par le passé de leur efficacité.

« - Ouvrez la marche dans ce cas, il va me falloir quelques minutes pour adapter mes pas à mon handicape mais je serais à vos côtés. »

Commençant à déambuler, jaugeant à quel point tu pouvais ou non t’appuyer sur ta jambe blessée. Tu avais vu pire mais bien mieux aussi… Pestant intérieurement de t’être fait avoir, tu la suivrais en gardant secrètement une pensée de ton côté. Si la Maison-Dieu t’avait amené à ses côtés cela était pour une raison, croyant fermement que rien n’était laissé au hasard en la trame du destin de ce bas monde. Tu serais son bouclier jusqu’à ce qu’un nouveau drame vous sépare définitivement, jusqu’à ce que les Arcanes vous montrent la raison de votre rencontre en ces circonstances.

« - Que comptez-vous faire au final vous ? »

Une question épineuse alors que vous avanciez vers votre objectif, tu soufflas ces nouveaux propos espérant qu’en l’apocalypse quelqu’un veuille sur vous, sur elle surtout.

« - Que la Maison-Dieu et les Arcanes nous gardent dans tous les cas. »

cinq centimètre par seconde

Il ne contredit pas, n’essaye pas d’aller contre. Peut-être est-ce dans son sang d’obéir, peut-être avait-elle été assez persuasive, peut-être n’avait-il plus la force de se battre contre elle et contre les briseruniens

Ouvrez la marche dans ce cas, il va me falloir quelques minutes pour adapter mes pas à mon handicape mais je serais à vos côtés.

Diane sourit, de ces sourires purs qu’elle n’aurait cru pouvoir faire briller ce soir. C’était une victoire pour elle, une vie qu’elle allait sauver, du sang qui n’allait plus couler. L’histoire n’est pas encore finie mais pour ne pas sombrer il lui fallait se contenter de ce petit plaisir-là.

Sans bien comprendre comment, la route jusqu’à la faille du château n’est pas pleine de rebondissement, n’est pas pavée de complication. Tous les rebelles doivent être au château à l’heure qu’il est, en train de se battre encore contre l’armée malronçoise. Peut-être que Malronce a déjà gagné et peut-être qu’elle s’épuise à rien.

Peut-être que l’armée les attend à la sortie de la muraille.

Des peut-être qu’elle tait, car elle a besoin de toute sa volonté pour mener à bien sa mission. Il n’est plus le moment de faillir.

Que comptez-vous faire au final vous ?

Elle sourit encore, ignore les larmes de sueur qui coulent le long de son visage. Elle sourit mais ne répond pas, se contente de regarder droit devant elle pour ne pas chuter encore.

Que la Maison-Dieu et les Arcanes nous gardent dans tous les cas.

Un rire arraché, un rire noyé par les larmes qu’elle commence à laisser couler. Peut-être parce qu’ils ont tous les deux compris qu’elle se dirigeait sûrement vers l’abattoir après tout. Mais sa résolution est prise, tant pis si ça doit être sa dernière avant de quitter ce monde.

La marche est silencieuse alors jusqu’à la muraille, et à l’endroit exacte qu’on lui avait indiqué, une brèche qui permettait de rejoindre la ville. Toutes ses années à laisser fuguer sa sœur sans jamais être colmatée. Diane pourrait s’indigner si elle n’avait pas servi pour le bien aujourd’hui.

Les larmes ont séché sur ses joues, son épaule arrête de soutenir le corps blessé.

C’est ici qu’ils se séparent.

Que la Maison-Dieu et les Arcanes veille sur vous, Hector.

C’est la seule réponse qu’elle arrive à lui donner. Elle ne saura pas s’il est arrivé vivant vers la ville, elle ne saura pas si sa fuite sera un succès. Mais elle sait que tant qu’elle sera debout, tant qu’il sera debout, il existera des âmes pour faire briller à nouveau le griffon.

Elle veut avoir foi.

ft. Hector ┊ #F8A985

Val

Vos pas vous guidant ou plutôt elle te guidant jusqu’au fameux passage dont elle avait parlé. Tu ne savais de quoi le futur allait être constitué mais tu avais approuvé son ordre à contre cœur. Tu te devais de le respecter et peut être honorer sa dernière volonté te concernant. Elle n’avait réellement répondu à tes interrogations, juste une dernière bénédiction d’ordre royal concernant la Maison-Dieu et les Arcanes. Elles avaient que trop veillé sur toi depuis ces dernières années et tu espérais en retour qu’elles acceptent de concéder de la bienveillance à l’intention de la princesse, à l’attention de Diane. Trop de sang avait déjà coulé aujourd’hui alors pour une fois que l’espoir l’emporte. Observant les lieux tu n’avais rien répondu à ses propos, juste un bref signe de tête. Guère plus ou moins, pas de discours pompeux et amplis d’émotion là où la gestuelle, les traits en transmettaient déjà bien trop. Elle ne trouverait que très peu de réconfort en ce château mais avec la volonté des divins peut être que sa destinée sera honnête ou plutôt honorable.

T’engouffrant en le passage dès lors, le griffon vivra car tu étais convaincu que même si la capitale était perdue il y aurait toujours de la résistance. On ne pouvait tuer l’espoir et même si la dynastie des Vaudreuil viendrait à s’effondrer il resterait des valeureux.

N’entre pas sans violence en cette douce nuit. Enragez, enragez vous contre la mort de la lumière t’avait on compté. Tu te battras jusqu’à ta mort, pour ton honneur, pour celui de ceux envers qui tu avais juré de vivre. Pour la mémoire de ceux qui avaient trouvé la mort sous la folie du corbeau. Pour sa mémoire à elle et aux autres alors que tu n’avais que très peu d’histoire pour cette jeune femme.

» (end) Welcome to the new age ♜Hector
» (end) ❝ you've got the devil in your eyes — Hector
» (end)You will be found ♜ Hector & Clovis
» Phidippidès | Pigeon de Hector
» moonlight sonata (hector)