C’est toujours comme ça.
Un peu de curiosité, un intérêt pour un nouveau phénomène. Une histoire qui attire son attention, lui donne envie d’en savoir un peu plus. Juste un peu plus. Jusqu’à tout découvrir, faire le tour du récit et le laisser tomber. Une fois que la moelle n’a plus rien à donner, plus aucune raison de la ronger. Alors elle continue son chemin, pour jeter son dévolu sur autre chose.

C’est, vraiment, toujours comme ça.
Elle a beau le nier, elle y revient toujours.
Ça embête Alexei. Ou alors ça l’inquiète. Elle n’en est pas sûre.

Il est mignon, Alexei. Il lui raconte toutes ses histoires. Certains lui disent qu’il est chiant, pourtant, Erin le trouve exceptionnel. Il a toujours quelque chose à lui dire, une histoire à lui raconter. Elle ne comprend pas trop pourquoi certains le repoussent, ou lui disent d’arrêter.
Par contre, elle sait pourquoi certains en ont peur, ou les menaces qu’il récupère ici et là.
C’est pas un saint, Alexei.
Mais moins il sera saint, plus il pourra lui raconter des histoires. Alors, forcément, elle ne peut que l’encourager dans son entreprise.

Il l’intéresse autant que d’autres phénomènes. Voire peut-être plus.
Mais il a peur, au fond.
Parce que sa nouvelle passion, à Erin, c’est le Gouffre. Elle aimerait bien savoir ce qu’il y a au-delà.
S’il y a un au-delà.

Elle l’observe, parfois de loin, parfois dans les livres. Elle se documente. Difficile d’en apprendre beaucoup à ce sujet, ou de trouver des informations réellement pertinentes. C’est toujours la chasse à la vérité, surtout pour ça. Ils pourraient être un peu plus ouverts, tout de même. Donner des pistes !

Erin traîne des pieds. Les livres ne sont plus assez divertissants, elle a l’impression de toujours lire la même chose. Le Gouffre est tout ce qui entoure le monde. Autour il n’y a rien. Et quand on tombe dedans, on meurt. Enfin apparemment.

Personne n’est allé au-delà, aux dernières nouvelles. Ou alors, s’ils y sont allés et revenus, ils ne sont pas crus. Ou quelque chose comme ça ? Est-ce qu’on peut croire quelqu’un qui remet en question les croyances d’un monde ?
Est-ce que, si elle y va, qu’elle n’en meurt pas … Non, c’est trop de « si ».
Erin soupire. Ça va être son nouveau sujet d’investigation, oui, mais surtout le plus compliqué.

Comment réussir à découvrir tout ce qui entoure le Gouffre sans mourir ? Comment être certaine qu’il n’y a réellement rien après ? Et dedans ? Qu’est-ce qu’il y a dedans ?

L’adolescente arrive à destination. Elle observe au loin, par-delà les barrières.

Aujourd’hui, contrairement à d’habitude, il y a quelqu’un. Un homme. Plus âgé, sans en douter. Il a de beaux cheveux bruns.
Erin le regarde un instant. Qu’est-ce qu’il fait là ? Si près du Gouffre ? N’a-t-il pas peur de tomber ?

Sa voix monte, brise le silence.

Un sourire étire les lèvres de la verte. Une enfant, hein ?
Elle penche la tête.

« Ah, tu devrais vite rentrer chez toi, alors ! »

Eh bien oui. Le plus enfantin des deux, c’est celui qui prend le plus de risques. Celui qui est là, confortablement installé au bord du Gouffre.
Erin avance un peu plus, en restant à une distance raisonnable. Une distance suffisante pour ne pas tomber dedans, mais pas assez grande pour ne pas le voir.
Leur monde est complètement entouré de cette gigantesque entité, dont personne ne sait rien. Les érudits ont beau en parler, comment peuvent-ils annoncer des certitudes à ce sujet ? Comment peuvent-ils parler d’une chose dont ils ne savent rien, en réalité ?

« Tu devrais faire attention au méchant Gouffre. Il risque de te manger tout cru. »

Sourire narquois. Elle ne peut pas s’empêcher de le défier, ne serait-ce que pour le remettre à sa place. Ce n’est pas une enfant, ça la titille qu’on lui dise ça. Et c’est sûrement encore plus enfantin de réagir de cette façon, mais elle s’en fiche. Erin a besoin de rappeler que ce n’est pas une gamine, que ses connaissances sont vastes. Et qu’elle est mature.
Mature au point de s’intéresser au Gouffre sans en trembler.
Pour le meilleur … et surtout le pire.

« Erin. »

Elle s’approche un peu plus, maintient malgré tout une distance sécuritaire.

« Pourquoi venir aussi près ? »

C’est vrai, ça, pourquoi ? Est-ce que lui aussi, il veut voir ce qu’il y a au-delà ? Ou est-ce qu’il s’en fout et ses raisons sont totalement différentes ?
Comme toujours, Erin veut savoir.
Ça détournera un peu son attention du Gouffre. Peut-être.

Ça la fait rire, Erin. Ça la fait rire qu’il lui réponde comme ça.
Ils marchent sur le respect, piétinent les règles de bienséance. Ils ne sont pas amis, ni ennemis. En réalité, ils ne sont rien. Mais ils ont le pouvoir de se lancer des piques sans s’en soucier.
Erin, ça l’amuse. Ça lui donne envie d’en savoir plus.
Elle ne sait pas s’il est gentil, s’il est méchant. Peut-être va-t-il lui faire du mal, qui sait ? Profiter de leur proximité avec le Gouffre pour l’y pousser. Peut-être tomber avec elle.
Deux âmes damnées, plongées au plus près de leur curiosité. Condamnées par le vice, le jeu.
Condamnées pour leur insouciance.

Les lèvres s’étirent, s’arquent dans un sourire de prédateur. Il pourrait être un monstre sorti du Gouffre. Ça l’intéresserait beaucoup, Erin. Mais il n’en est rien.
Il paraît que rien n’en ressort jamais, de toute façon. Une fois tombé dedans, on est mort.
Juste ça, mort.
On ne revient pas.
C’est une fin de vie comme une autre. Une fin de vie qui invalide l’argument.

Elle pouffe.

« Ah, je vois. »

Il ne bouge pas, reste confortablement installé sur son perchoir. Il pourrait tomber, lui aussi. Être victime de sa propre blague. S’offrir au Gouffre, pour ne plus en revenir.
Ou en revenir un jour, qui sait ?
Peut-être existe-t-il d’autres nuances qu’ils n’ont pas encore saisies ? Des réalités qui leur échappent ?
Des réalités que la jeune Erin meurt d’envie de découvrir.
Mais pas encore, pas encore.
Sauter maintenant est trop dangereux. Elle veut être sûre qu’il y a un après. Un au-delà.
Être sûre que la chute vaudra quelque chose.

Erin s’approche un peu plus, traverse les mètres de distance en se défaisant petit à petit de ses doutes. Il n’est pas si méchant. Pas si malveillant. Il ne la poussera pas.
Pas trop près, tout de même. Parce qu’on ne sait jamais. Mais il ne lui fait pas si peur qu’elle pourrait le penser.

Un sourire. Moins carnassier, plus joueur.

« Je veux savoir. »

Ses prunelles se posent sur l’étendue qui les entoure. Si vaste. Si profonde. Si inconnue. Parée d’un manteau de mystères qui lui brûle les rétines.
Erin n’aime pas ne pas savoir.
Elle veut connaître toutes les histoires de ce monde.
Toutes, sans aucune exception.
Alors, forcément, celles du Gouffre dont on dit qu’il n’a pas d’histoires, c’est un univers à part entière.

« Tu crois qu’il y a quelque chose au-delà ? Quelque chose qu’on nous cacherait ? »

Erin hausse les épaules. Elle fixe au loin, avant de lâcher prise et observer l’inconnu.

« Après tout, ce serait facile de nous retenir ici en nous disant que, si on saute, on meurt. Ça permettrait de bien planquer ce qu’il y a après. Enfin. S’il y a un après. »

Elle penche la tête. Elle parle beaucoup, lui pas assez. Ça l’embête un peu.

« Mais jeune Erin veut surtout savoir ton prénom, d’abord. Ce sera plus pratique. »

Et moins impersonnel, aussi.
Une information supplémentaire sur sa grande liste, pour rendre tout ça plus confortable. Plus agréable.
Plus simple.
En théorie.

Il est énervant. Ce n’est pas méchant, c’est irritant. Ça lui donne envie de lui crier dessus. De gonfler les joues, puis faire la moue.
Ciel, ce qu’il est énervant.
Elle n’en avait encore jamais croisé des comme ça.
Ceux qui pensent tout savoir. Qui ne veulent rien dévoiler.

Ah, oui, les gosses ont beaucoup trop de temps libre. Les gosses ont trop le temps de laisser déborder leur imagination. Mais lui, alors ?
Qu’est-ce qu’il fait là, s’il n’est pas persuadé de quelque chose ? S’il n’a pas effleuré, au moins une fois, cette théorie complotiste qu’il décrie tant ?
Il pourrait lui dire qu’elle est folle, qu’elle est stupide, il pourrait tout lui dire : elle n’en démordrait pas.
Il y a quelque chose au-delà. Même si c’est la mort, au fond. Il y aurait quelque chose.

Il détourne le regard, s’attarde au loin. Et il rend son jugement.
Au-delà, il n’y a rien. C’est un endroit où on met les corps, c’est tout. Il n’y a rien à y trouver, rien à y chercher. C’est là pour accueillir les morts.
Erin n’aime pas cette idée. Ça la dérange.
Il y aurait une étendue, là, uniquement pour y mettre les défunts ? Pourquoi ? Parce que c’est plus facile que leur donner une sépulture digne de ce nom ?
Eh bien, si c’est ça, Erin est encore plus déçue.
Parce que c’est moche, posé comme ça.
Vraiment moche.

Elle observe l’inconnu, qui reste emmitouflé dans son manteau de mystères. C’est un monstre. Il ne donne pas son nom. Il reste là, au-delà du monde, à les observer. Il les juge, aussi. D’un regard sombre, froid. Il les méprise ?
Erin penche la tête, un sourire amer sur les lèvres.
Il est terriblement énervant.

« Je suis idiote de me poser des questions sur le Gouffre, mais tu n’es pas idiot de te considérer comme un monstre ? »

Croise les bras sur sa poitrine, s’élève contre la voix plus adulte que la sienne.
N’a pas peur de se battre, encore moins pour faire entendre ses idées.

« Qu’est-ce que tu sais du Gouffre, hein ? On y balance les corps, super. Et après ? Qui nous dit qu’il se passe pas quelque chose, plus bas ? Quelque chose qu’on sait pas expliquer ? »

Une lueur dans son regard. De la colère. L’impression d’être prise pour une idiote à cause de sa curiosité. À cause de cet irrépressible besoin de savoir.

« Ah, c’est facile, de tout foutre sous le tapis pour éviter de devoir répondre aux questions. »

Erin frustrée. Heurtée. Son ego en morceaux, gisant à ses pieds.

« C’est facile de dire qu’on est un monstre. Ça permet de pas assumer. »

Hausse les épaules.

« Peut-être qu’il n’y a rien au-delà. Peut-être que je suis stupide. Mais j’ai au moins des ambitions. »

Ses prunelles se posent sur l’inconnu, le « monstre », comme il aime se nommer. S’inquiètent de ne rien y voir. Ni joie, ni peine, ni colère. Juste une sorte de lassitude qui la dérange.

« C’est mieux que de me prendre pour un monstre. »

Du réalisme ? Se considérer comme un monstre, du réalisme ?
Erin hésite : il est soit stupide, soit inconscient. Peut-être les deux. Ou peut-être qu’il n’a aucun amour propre. Non, ce n’est pas ça. Il est trop hautain pour ça.
La verte ne sait plus comment considérer son aîné. Elle ne sait pas s’il faut lui cracher à la figure ou le laisser s’enfoncer dans ses délires.
Au fond, si elle le laisse disparaître, happé par ses lubies, elle ne fera que le copier. Après tout, il la laisse s’adonner à ses bêtises aussi, non ?

Enfin, presque.

Parce qu’il a l’air embêté. Elle a l’air de lui taper sur le système, plus qu’elle ne le voudrait. Il est las. Il doit la regarder de si haut, avec sa rationalité, contrairement à sa connerie. C’est une enfant, avec des ambitions stupides. Des questions trop compliquées. Des questions auxquelles personne ne peut répondre.
Mais il ne comprend pas.
Il ne comprend pas que c’est parce que personne n’y répond, qu’elle veut savoir. C’est parce que ce n’est pas écrit dans les livres, ni raconté dans les récits. Il n’y a rien. Pas d’explication, pas de dessin, rien. Qu’une menace sombre, que certains ignorent.
Et qu’arrive-t-il à ceux qui passent à travers ?
Qui sautent le pas, littéralement ?

Ça ne lui suffit pas. Il en a rien à faire de ses élucubrations. Il en a rien à faire de son avis. Elle pourrait s’intéresser au papillon dans son dos, il s’en battrait autant les noisettes. Erin l’agace. Non, elle l’énerve. Elle le gonfle.
Là, il veut juste qu’elle lui lâche la grappe avec ses histoires.
Il veut passer à autre chose.

L’homme sans nom se relève. Il ne se prend pas pour un monstre – ah, on y revient – il en est un. Ah, bah, très bien. Erin l’observe plus en détail.
Un monstre dangereux. Qui va la manger si elle continue. La manger ?
Sa voix est plus froide. Sombre. Plus terrifiante que précédemment.
Quelque chose a changé.

Erin recule, instinctivement. Elle n’est plus sûre. Faut-il vraiment s’intéresser au Gouffre, alors ? Faut-il laisser tomber ?
L’adolescente n’est plus sûre de ce qu’il faut ou ne faut pas faire. Ses convictions s’étiolent, se meurent au contact de cet homme. Il est si froid, si repoussant.

« Pourquoi ? »

Elle ne sait pas vraiment d’où lui vient la question, ni à quoi elle sert. Ni s’il y répondra. Il a l’air de laisser les choses en suspens. Comme s’il voulait se parer de mystère.
À quoi bon ?

Erin déglutit. Elle doute, au fond. Elle doute, mais elle ne peut pas s’empêcher de chercher à comprendre. De vouloir savoir.

« Pourquoi penses-tu être un monstre ? »

Il ne répondra pas. C’est une certitude. Mais si elle ne demande pas, il ne la rabrouera pas. Il ne lui dira pas merde. Alors elle ne pourra pas faire taire sa conscience.

Conscience ambitieuse, renvoyée au fin fond de son esprit, explosée contre un mur alors qu’elle tentait à peine de s’élever. Erin se recroqueville dans un coin de sa tête, sans trop savoir pourquoi. D’un côté vit l’espoir de comprendre ce qui se passe dans le Gouffre, de l’autre la peur commence à la gagner.

« Personne n’a de réponse parce que personne n’en est revenu … » finit-elle par murmurer, gagnée par l’angoisse.

Le Gouffre prend. Il ne rend jamais.
Et Erin l’apprendra à ses dépens.

Elle l’exaspère. Elle le sent.
La voix est brisée par l’agacement, les remarques se font de plus en plus piquantes.
Oh, il pourrait chercher à lui en dire plus, il a sûrement les réponses qu’elle cherche à obtenir. Mais Erin l’a bien compris : il n’en fera rien. Il ne lui donnera pas cette satisfaction. Il se contentera de rester caché derrière ce masque de monstre. Cette couverture qui ne lui sied pas autant qu’il ne l’imagine.

Oh, monsieur le monstre. Méchant, méchant monstre.
Avec ses phrases cinglantes, son incapacité à se montrer autre chose que froid.
C’est un incapable.
Un être désagréable.

Il ne sait pas quoi lui répondre, ou alors peut-être qu’il sait. Peut-être que, justement, elle a mis le doigt sur quelque chose de sensible. Une corde qu’il n’accepte pas qu’on touche. Peut-être que l’exaspérante petite Erin a ce pouvoir. Cette capacité à s’immiscer là où il ne faut pas.
C’est un peut-être, juste un peut-être.
Ce serait tellement mieux s’il ne concernait pas un sujet aussi important.

Il la repousse, s’enterre dans une théâtralité nauséabonde et ridicule. Il est mauvais. Mais il est aussi, et surtout, complètement dépassé.
Il y a bien des phrases pour résumer son état, mais une seule semble réellement à propos : Erin le fait chier.
Purement et simplement.

Et pour s’en débarrasser, quoi ? Il l’invite à sauter. À se jeter toute entière dans le Gouffre, pour prouver au monde qu’il y a autre chose.
Il ne le sait pas, mais il vient de déclencher le plus virulent de tous les effets papillon.

Erin reste muette, bouche-bée. Sauter ?
Faut-il vraiment plonger ?

« Ne me tente pas. »

Ça s’échappe d’entre ses lèvres. Dur comme le marbre. Ça tombe, comme une guillotine.
Elle sauterait. Elle aurait le courage de se jeter dedans, sans penser à demain, persuadée qu’il y a un après. Qu’il y a autre chose.
Une couche de réalité supplémentaire, au-delà de la raison humaine. Au-delà de toutes les barrières qu’ils s’imposent, tous.
Erin en est intimement convaincue.

Mais elle ne lui fera pas ce plaisir, pas à lui.
Pas à lui, parce qu’il ne mérite pas de voir un tel spectacle.
Et parce qu’elle n’a pas encore les informations nécessaires pour oser le faire.

Pas encore, pas encore.
Mais un jour, si c’est la seule solution, alors elle ira.
Sans hésiter.

« Mais ça te ferait trop plaisir. Reste donc avec ton Gouffre insondable, monsieur le monstre. »

Un sourire amer. C’est une rencontre inutile. Il ne lui a servi à rien.
Il a juste précipité sa mort, mais ni lui, ni elle ne sont au courant.
Ils s’en rendront compte un jour. Enfin, lui, pour sûr. Elle, c’est moins certain.

« Un jour, je montrerai au monde qu’il y a autre chose. Un après. »

Moins amer, le sourire. Plus hautain. Méchant.

« Et t’auras l’air bien con. »

Elle fait volte-face. Ils en ont assez fait pour aujourd’hui, probablement bien plus qu’il n’en faut.

On n’imagine jamais la portée de ses mots, ni de ses actes. On y réfléchit après. Parfois juste avant les conséquences.
On pense que ce n’est rien, que ça ne fera de mal à personne. Des mots proférés sous la colère, qui ne sont pensés qu’à moitié. Ou pas, d’ailleurs. Parfois on les pense vraiment.
Mais on ne les imagine pas si forts. On ne les imagine pas capables de pousser aussi loin.

Jusqu’au jour où, pendant son voyage avec Alexei, Erin choisira de sauter.
Elle choisira le Gouffre plutôt que la vie.
Et ce jour-là, toute la portée des mots proférés un an auparavant deviendra visible.

Sera-t-il réellement un monstre, ceci dit ?
Sera-t-elle cette sotte adolescente, trop curieuse pour son propre bien ?
Qui seront-ils, le jour de la mort d’Erin Opale Desrosiers ?
Et, enfin, qui seront-ils, le jour de sa résurrection ?