Bon sang, j’aime pas le froid. Pourquoi il fait froid ici. Pourquoi la neige… Elle marchait rapidement pour se réchauffer, le visage couvert par une capuche et une écharpe montant jusque son nez, ses yeux clairs guettant le moindre mouvement. Kara n’était pas spécialement pressée, mais elle se disait que si elle avait un bon rythme, son corps se réchaufferait. Car même si elle s’était réfugiée ici depuis peu, elle ne s’était pas encore habituée au climat. Heureusement qu’on lui avait généreusement offert de quoi survivre car elle pouvait travailler sans avoir à craindre de mourir sous un arbre, complètement congelée.

Pour cette fois, elle devait se rendre à la forteresse abandonnée des Riegels, histoire de déblayer le terrain. Elle ne risquait pas grand-chose, les Malronçois ne devaient pas venir en ce moment de ce qu’on lui avait dit mais au cas où, on lui avait prêtés une petite épée qu’elle pouvait facilement utiliser. C’est donc en ruminant contre le froid que la rose avançait, se demandant bien ce qu’avait vécue cette forteresse au temps de sa splendeur. Ce qu’on pouvait raconter dans les livres d’histoires faisait travailler l’imagination mais tout semblait déjà plus réel une fois sur les lieux.

Ce ne fut plus très long d’ailleurs, l’adolescente voyait rapidement les murs brisés de pierre se profiler à l’horizon avant d’accélérer le pas pour y arriver plus rapidement. Les yeux brillants à la découverte qu’elle ferait, elle avait presque hâte de tout voir pour inscrire ce lieu dans sa mémoire. N’étant jamais sortie hors des murs de l’Académie quand elle y était encore, elle était toujours émerveillée par les ruines ou les paysages qui s’offraient à elle. Ses pieds faillirent la faire trébucher plusieurs fois, mais elle se rattrapait toujours au dernier moment avant finalement qu’une de ses mains gantées ne se posait sur un morceau de pierre tenant à moitié sur les remparts détruits.

Les batailles, les morts et le désespoir y étaient presque omniprésent sur les marques et les ravages que cette place offrait à ses visiteurs. Dans un rythme déjà plus lent, elle avançait, suivant les murs tout en y laissant quelques repères en marquant les pierres d’une petite croix pour ne pas se perdre et elle laissa son regard dévorer l’endroit pour graver au mieux les détails. Passant ensuite une espèce d’arche qui devait être une porte au vu des restes qu’il y avait par terre, elle entrait dans ce qui semblait être une ancienne pièce à moitié démoli avant de s’arrêter en voyant une silhouette qui se tenait là.

Elle se figea, ses pensées tournaient à mille à l’heure alors qu’elle posait sa main sur le manche de sa petite épée. Un mage ? Non pas ici, impossible. Un bandit alors ? Nom d’un chien. Si sa vie était en danger, elle était clairement dans une mouise sans nom. Seule, débutant tout juste dans l’art de se défendre, ce n’était pas le moment pour elle de finir par terre et vaincue. Ainsi, elle resta silencieuse, prête à dégainer si jamais la personne (qui finit par la remarquer) faisait quoi que ce soit.

Je ne vais pas mourir ici, c’est une promesse.

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… Eh merde, c’est bien un bandit. Sa mâchoire se crispa alors qu’elle referma ses doigts sur le manche de sa petite épée pour la brandir face à… l’adolescent ? Ses traits avaient l’air aussi jeune que les siens et elle plissa ses grands yeux pour mieux l’observer. Brun avec le fait qu’il avait l’air de savoir se battre. Ça suffisait pour le moment. Elle devrait peut-être fuir, courir pour sauver sa peau… Mais non, elle restait face à lui, déterminée. Ce n’était pas une lâche Kara, elle se battrait même s’il y avait de grande chance qu’elle perde. Mais je ne mourrais pas. Au pire, j’ai toujours ma botte secrète. Oui, un bon coup de pied où il faut pour calmer les ardeurs, ça fonctionnait toujours.

« Je suis Kara. Et je…Ja… Aaah… Aaatchiii ! »

Un éternuement qui coupa net le sérieux dont elle avait fait preuve. Vous voyez les petits bruits mignons que font les gens quand ça arrive ? Quand ça monte dans les aiguës et qu’on se dit « oohhhhh » en entendant ça ? Maintenant, comment voulez-vous prendre une personne au sérieux quand elle fait ça en plein milieu d’une phrase visant à déclarer qu’elle ne craignait pas de se battre ? … On est d’accord que c’est dur ? Oui.

« … Et je n’ai pas peur de me battre ! »

Son épée toujours pointée vers l’inconnu, elle se reprit même si sa voix trahissait sa gêne du moment. Certes, ce n’était pas un roman ou une histoire de chevalier, mais avoir un minimum de prestance dans un moment de courage, c’était ce qui rendait cet instant si magique et épique aux yeux des lecteurs. Et oui, elle ne savait pas très bien se battre mais cela donnait encore plus de valeur à ce genre de scène. Car étrangement, elle se disait qu’il n’allait pas la tuer. De toute façon elle n’avait rien de valeur, alors bon, elle était une perte de temps. Tout ça pour dire que son moment avait été ruiné par le froid. Et que clairement, elle était dégoûtée.

« Et toi qui es-tu, espèce de… de bandit brun perdu au milieu de nulle part ? »

D’accord, pas très convaincant. Il y avait clairement mieux en guise de ton menaçant. Son air restait pourtant sérieux, prête à se défendre si jamais il venait pour l’attaquer.

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Non ce n’était pas une question d’avoir envie de se battre, c’était une question de survie. Kara elle n’allait pas fuir une bataille. Et d’abord qu’est-ce qu’il raconte, c’est lui qui l’a menacée avant non mais oh ! C’est lui qui était prêt à se jeter sur elle pour l’empaler avec son épée là, elle n’avait rien demandée elle ! Plissant les yeux, se demandant bien qui était le bougre qui était en face elle, l’adolescente baissa son arme à son tour en le voyant faire mais resta sur ses gardes.

Quand il reprit la parole, la rose se sentit un peu bête. Oui bon, il était Briseruniens et alors. Il pouvait y avoir des bandits partout. Surtout dans des ruines. Même s’il était seul, ça ne voulait pas dire qu’il était innocent. De toute façon, qui l’était ? Peut-être elle après tout, elle n’avait commis aucun mal ou méfait dans sa vie. Comment j’aurais pu de toute façon…

« Je me balade dans les ruines. »

Un peu méfiante, elle n’allait pas non plus dévoiler sa vie et son boulot à un parfait inconnu quand même. Il était déjà trop tard quelque part, vu qu’elle avait déjà donnée son nom. Remontant son écharpe pour garder son visage à couvert, elle ne quittait pas le brun du regard, prête à se remettre en garde s’il faisait un truc de travers.

« Et toi, qui es-tu ? Que fais-tu ici ? »

Les interrogations allaient dans les deux sens. Allait-il répondre après ? Ou bien était-ce un adorateur du secret comme ses maudits anciens gardiens ?

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Elle le voyait avancer et par réflexe, elle reculait. D’un pas, puis d’un autre, mais elle n’eut pas le temps d’échapper à sa poigne qu’il lui hurla dessus, la lame de son arme sur son cou. D’abord surprise, elle sentit rapidement ses veines brûler dans son corps engourdi par le froid, la réveillant elle et ses nerfs qui n’étaient déjà que trop enragée par ces dernières semaines passées. Ses yeux se durcirent et sa bouche s’ouvrit. Et pas pour le bien des oreilles de l’adolescent qui venait clairement de la blesser.

« Lâche moi tout de suite ! T’es personne pour me juger ! »

Elle se débattait comme une furie avant de le pousser pour se dégager, la lame pointée vers lui et sa fureur pesant dans l’air autour d’elle. La rose ne rigolait plus.

« L’histoire des Briseruniens, je la connais merci, alors fous moi la paix avec tes histoires de valeur à la con. Tu te sens mal ? Va donc faire chier les responsables de ces morts et fiche moi la paix ! Je fais ce que je veux et t’es pas content, j’en ai rien à foutre ! Je te connais pas et je te dois rien ! Alors ne m’approche plus jamais ! »

Elle reprit son souffle, l’air mauvais en passant une main sur la blessure à son cou. Il n’allait pas s’en tirer comme ça.

« J’ai pas à te dire qui je suis espèce de connard ! Va donc bien te faire foutre avec ta moralité à la con et va bien voir ailleurs si j’y suis ! »

Mais pour qui il se prenait au juste ? C’était quoi son putain de problème à celui-là ?

« Et si tu m’approches encore, j’te jure que j’vais te casser la gueule c’est clair ! »

Elle ne savait certes pas manier une épée, mais ses poings c’était une autre histoire. Elle était bien capable de frapper un visage et celui-là, il n’aura pas volé un nez cassé. S’il revenait à la charge, ça allait être sanglant.

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Elle le toisa avec colère. Il avait commencé à l’agresser avec son épée alors qu’elle était tranquillement en train de se balader, il l’avait blessé et il osait encore lui dire qu’il allait la tuer si jamais elle s’approchait ? Il était culotté. Vraiment. C’était elle la victime à la fin, pas lui !

« Pourquoi je te toucherais, c’est pas moi qui ai commencé à te sauter dessus avec mon arme ! »

Outrée, elle fit un nouveau pas en arrière tout en gardant son écharpe sur sa blessure, priant pour qu’elle ne s’infecte pas. Il ne manquerait vraiment plus que ça tient. Si elle mourait par sa faute, elle l’emporterait avec elle, elle se le jura. Elle serra les dents, la douleur était persistante et n’était pas prête de partir. Ça piquait à cause du froid et du frottement de son écharpe et elle finit par s’asseoir sur une pierre, agacée.

« Tu es le propriétaire des lieux ? Non, alors si je veux me balader je le fais. Je n’ai pas de compte à te rendre. »

De toute façon, même s’il disait le contraire, elle ne le croirait pas. Son regarda se posa sur lui, toujours aussi dur, quand il proposa de la soigner. Sa réponse fusa sous le feu de sa frustration, presque trop vite d’ailleurs.

« J’ai pas besoin de toi ! »

Un ange passa.

« … Si en fait. Mais me touche pas. Et dis-moi juste comment faire. »

La rose sentait l’odeur du sang et cela lui donnait légèrement le tournis. Elle n’avait pas l’habitude d’avoir cette fragrance dans les narines, l’amer mêlé à de la ferraille… À chaque respiration, elle pouvait sentir son liquide vital se faire absorber par le tissu autour de son cou et cela ne lui plaisait pas du tout. Mais il fallait qu’elle se calme, avoir les nerfs n’allait qu’accélérer la vitesse de propagation. Nom d’un chien, il a fallu que ce soit au cou !

« Et au moindre coup fourré, je te promet que je t’emmène avec moi si je meurs. »

Et c’était une promesse qu’elle allait tenir, d’une façon ou d’une autre.

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Kara l’avait écoutée distraitement quand il parla de sa vie ici, faisant la moue en se calmant peu à peu. Il faisait quoi avant ? Il était prince ? Un truc dans le genre ? Non, sinon il l’aurait sûrement souligné bien avant. Un servant ? Un homme de main ? … Bah, était-ce seulement important ? Non. Parce que tout ça n’existait plus. Ce lieu était abandonné, dévasté et rempli de souvenirs pour les habitants. L’air de l’adolescente se fit pensant, le regard ailleurs l’espace d’un instant avant qu’elle ne remarque l’approche du bandit brun avec une boule de neige.

Sur ses gardes, elle le fixait suspicieusement, prête à lui sauter dessus s’il tentait quoi que soit. Il le remarqua bien évidemment et elle grimaça à sa remarque. Contrariée par la situation, elle releva sa capuche pour mieux enlever son écharpe, laissant voir son visage à l’inconnu et lui laissant accès à la blessure de son cou. Le sang était essuyé sur sa peau à cause du frottement de son écharpe et elle plissa les yeux.

« C’est bon j’ai compris ! … Ne me fait pas mal. »

Sinon elle lui collerait une tarte. La rose le laissa s’approcher sans faire de mouvement brusque, histoire qu’il ne l’attaque pas non plus et elle le fixa sans aucune pudeur de ses grands yeux bleus.

« … Tu faisais quoi ici ? »

Sa voix était plus calme mais son regard restait enflammé. Avec une dose d’intérêt tout de même. Kara aimait les histoires, les anecdotes, tout ce qui pouvait égayer sa curiosité. Et si ce garçon venait d’ici, il avait certainement deux ou trois choses à dire sur cet endroit. Même maintenant, sa présence était une marque de mélancolie face à ce qu’il s’était passé ? Regrettait-il des choses ? Ou bien avait-il une idée de revanche face au Maleronçois ?

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Justement, qui ne dit que tu vas pas recommencer, idiot ? Elle tut sa pensée quand il exprima le fait qu’il lui avait déjà fait mal, ne baissant pas les yeux quand son regard trop froid se posa sur elle. Décidément, il avait un sérieux soucis concernant l’amabilité. Quoi qu’elle n’était pas mal non plus de ce côté-là vous me direz. Répondant d’un simple hochement de tête, attendant surtout qu’il s’exprime sur la question qu’elle venait de poser, elle tint le tissu autour de son cou avant de remettre son écharpe par-dessus pour qu’il tienne. C’était un coup à tomber malade tout ça, c’était bien la dernière chose qu’elle voulait.

Un serviteur qui aurait voulue être plus, mais qui ne l’était pas. Il se retourna et exprima clairement sa pensée sur ce qui s’était passé. Il n’avait pas l’air d’aimer l’ancien roi, pourtant il était là aujourd’hui.

« Si tu ne les aimais pas, pourquoi es-tu ici ? »

Normalement, on était plutôt content quand des personnes qu’on haïssait disparaissaient. Si jamais cela arrivait aux mages, Kara elle sera au comble du bonheur. … Le serais-je vraiment ? Ou bien aurait-elle des regrets qu’ils n’aient pas changés à la place ? Que voulait-elle réellement les concernant, c’était là toute la question. Mais sa haine envers eux l’empêchait d’y voir clair à sa volonté. Car elle n’était pas une tueuse, loin de là.

« … Et pourquoi tu défends cet endroit ? »

Après tout, il ne devrait pas vraiment se soucier des personnes comme elle qui se baladaient ici non ? Ou bien cette histoire lui tenait plus à cœur qu’il ne le montrait. Ou qu’il ne le voulait.

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Une grosse bêtise avant qu’elle n’arrive… Il était seul, au milieu des ruines. Quel genre de chose on fait quand on est seul en parlant d’une grosse bêtise ? Si j’étais à sa place, qu’est-ce que j’appellerais une grosse bêtise ? Intriguée, ne comprenant pas trop, elle le fixait et fut surprise un instant de voir l’esquisse d’un sourire au coin de ses lèvres. Il ne l’avait pas insultée ni même mal parlée, c’était presque comme une confession. Penaude, elle leva ensuite les yeux pour regarder à son tour le plafond.

La lune était belle, comme tous les soirs où l’adolescente la regardait. Elle dégageait quelque chose de mystique qui l’attirait indéniablement.

« Au revoir tu dis ? »

Un au revoir impliquait un départ. Et si… Elle se redressa d’un coup, les yeux plantés dans les siens. Il avait vraiment voulu… Non. Mais pourquoi… Sa mâchoire se serra. Elle ne connaissait pas l’adolescent en face d’elle, n’ayant aucune idée de son vécu ou des raisons qui auraient pu le pousser à faire ça. Mais…

Mais.

Elle avança, trop rapidement. Comme une furie à qui on annonce qu’on vient de voler son dessert préféré. La rose se planta face à lui, les yeux mêlant tristesse et frustration. Elle ne le connaissait pas, il avait même bien failli la tuer. Mais avait-il une vision de la vie si horrible pour vouloir y mettre fin ?

« … Mais t’es stupide ! Il ne faut pas ! Tu dois avoir mon âge bon sang, pourquoi tu penses à des trucs pareils ! »

Sa colère revenait. Quelques dizaines de secondes de plus auraient suffi. Elle aurait retardée sa balade et elle aurait pu être témoin d’un suicide. Rien que cette idée lui donnait des frissons. Et pourtant, elle ne l’appréciait pas plus que ça cet ado. Il l’avait blessé, insulté, mais il l’avait aidé à se soigner.

« Pourquoi ?! … »

Elle ne savait pas réagir autrement. Il était aussi jeune qu'elle et pourtant, il avait tenté de... Non. Non. C'était mal, c'était lâche aussi. Il y avait encore tant à vivre, avait-il donc si peu d'estime sur sa propre existence ?

KARA FT. VALERIAN || meurs pas stp. le monde est bo.

Il cria à son tour et elle plissa les yeux, les poings serrés. Elle ne savait pas comment montrer de l’attention, elle était maladroite avec les émotions des autres. Mais ce qu’il avait tenté de faire l’agaçait. Ce qui était débile, parce qu’elle ne devrait même pas se sentir concerné par ses problèmes existentiels. C’était juste plus fort qu’elle.

« La morale ? Tu préférerais que je te dise de recommencer et de pas te louper cette fois ? Tu me prends pour quoi au juste, un monstre sans cœur ? »

Elle n’était pas méchante Kara, mais cette situation la dépassait de beaucoup. Elle n’avait jamais fait face à quelqu’un qui avait ce genre de tendance, elle ne savait même pas comment faire pour qu’il comprenne que c’était mal. Le savait-il déjà ? Oui il devait. Alors pourquoi il a voulu le faire ? Il n’avait toujours pas répondu. C’était un échange de questions sans réelles réponses, ça devenait frustrant. Reculant et croisant elle aussi les bras, elle le fixait avec agacement en tentant de se calmer. Sinon sa blessure n’allait pas se soigner à avoir constamment les nerfs à vifs.

« Je ne viens pas d’ici. Je suis une vagabonde, comme tu viens de le souligner. »

Dire qu’elle venait de Sombrelune, c’était avouer qu’elle était une magicienne. Et surtout qu’elle avait fuit. Et donc, qu’elle était certainement recherchée. Cette information était trop importante pour la diffuser à n’importe qui.

« Je vis à Briserune, c’est tout. »

Ayant déjà dit son prénom avant, s’il ne s’en souvenait plus elle n’allait pas le répéter.

« C’est quoi ton nom ? »

Parce que dans tout ça, lui ne l’avait toujours pas dit. Mais elle n'oubliait pas ses propres interrogations. Elle saurait pourquoi il avait voulu faire ça, qu'importe le temps que ça prendrait pour qu'elle y arrive.

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Elle n’était pas dans ces contrés uniquement pour le paysage. Même si Rhys lui avait racontée pleins d’histoire sur cet endroit, elle était ici surtout parce que les Briseruniens n’aimaient pas la magie. Donc, qu’elle avait très peu de chance pour qu’elle se fasse attraper par les mages de l’Académie. Cependant, elle devait bien admettre qu’elle aimait bien regarder la neige, ou encore se réchauffer près du feu en mangeant quelque chose de chaud. Elle avait beau maugréer qu’elle n’aimait pas le froid, au final cet endroit était plaisant.

« Ce n’est que le premier endroit où je viens, je compte bien tout découvrir d’ici avant d’aller voyager dans les autres régions »

Mais pas maintenant, elle devait d’abord se faire oublier des mages, si elle se précipitait, elle risquait de se faire retrouver. Et ce n’était pas dans ses plans de retourner là-bas. S’asseyant sur un morceau de mur effondré, elle chercha des yeux un coin où faire du feu. La nuit tombait et il faisait frais, donc autant en profiter pour se réchauffer un peu. Elle ne savait pas pour lui, mais elle n’allait pas risquer de partir d’ici si tardivement.

« … Je sais me cacher et je ne restes jamais longtemps au même endroit. Mais merci pour le conseil. »

Il avait l’air bien sérieux tout à coup mais cela faisait déjà quelques semaines qu’elle était en fuite, elle avait appris à se faire discrète quand il le fallait. Et puis sérieusement, personne ne faisait attention à elle, donc elle ne risquait pas grand-chose. Kara posa ses yeux sur le dénommé Valerian Frost de Briserune et eut un sourire. Enfin elle savait son prénom.

« Je suis Kara Luces. J’aurais bien dit ravie de te rencontrer comme le veut la politesse, mais vu que t’as failli m’égorger, je vais me contenter de te demander si tu comptes rester ici pour la nuit. »

Au final, elle s'était répétée. Mais vu que l'ambiance était déjà un peu plus calme, elle n'allait pas non plus pinailler. La rose se redressa pour s’étirer, ayant juste envie de se poser tranquillement pour manger, son ventre criant famine.

« Et si la réponse est oui, je te propose de faire un feu histoire qu’on ne meurt pas de froid et qu’on mange un truc, parce que j’ai faim. »

L’adolescente avait ramenée des provisions dans son sac, s’il n’avait rien elle partagerait au pire. Mais un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal, loin de là.

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La jeune fille regarda le plafond à moitié détruit et elle opina. C’était effectivement une mauvaise idée de faire un feu ici, on pourrait les repérer à des kilomètres à la ronde sinon. Et c’était la promesse d’une nuit mouvementée. Elle se mit alors en marche en le suivant, laissant tout de même un bon mètre de distance entre eux deux tout en regardant rapidement autour d’elle. Ne connaissant pas les lieux, elle voulait garder en mémoire des moyens de se repérer si jamais ils devaient s’enfuir pour x ou y raisons. Il lui montra la porte du doigt et elle hocha simplement la tête.

Descendant ensuite des escaliers, elle évita de justesse d’en faire craquer une avant finalement d’arriver face à une autre porte, verrouillée. Nullement impressionnée, Kara sortit un petit poignard de sa poche (oui en plus de son épée, il fallait avoir des précautions.) et d’un geste des plus bourrins, elle cassa simplement la serrure. Vu que ce n’était pas entretenue, c’était assez facile.

« Non, pas de subtilité. Allez, rentrons. »

Passant devant lui en ouvrant doucement l'entrée, elle s’incrusta à l’intérieur et regarda tout autour d’elle. Oui, c’était déjà plus sûr pour dormir et il y avait moins de chance de vous faire surprendre. Dormir… Oui, si le sommeil veut bien de moi.

« Bon, il ne reste plus qu’à chercher de quoi faire le feu… »

Il faisait assez sombre et elle du plisser les yeux pour bien voir ce qu’il y avait dans cette pièce, la lune ne l’éclairant pas totalement. Son regard se posa alors sur un petit tas de branche éparpillé dans un coin à côté d’une cheminée, certainement là où les plats chauds se cuisinaient avant et elle s’y dirigea sans un bruit pour les rassembler. Accroupie et s’activant, elle ne pu s’empêcher de remarquer des mouvements sur le sol, que ce soit de bestioles ou d’insectes, certaines créatures en avaient profitées pour emménager les lieux à l’abandon.

« Tu as de quoi manger ? »

Histoire de savoir si elle allait devoir partager ou pas. Tout en faisant attention au bordel des lieux, car ça c’était une évidence que tout était sens dessus-dessous, elle se demanda en regardant autour d’elle comment était la vie ici. Dans quelles conditions ils travaillaient, comment ils se parlaient, leurs habitudes… Il y avait tout une scène à imaginer dans cette pièce et, se tournant vers le garçon, elle se mit à le fixer en silence pendant quelques secondes.

« Tu aimais cet endroit ? »

Elle posa cette question avant de déposer les branches dans la cheminée après avoir soufflée un peu dedans pour dégager la poussière. Toussant un peu avec le nuage qui s’en éleva, elle secoua l’air devant elle pour le faire partir. C’était clairement à l’abandon, mais au moins vous aviez des chances d’être tranquille ici.

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Le feu s’allumait rapidement après quelques essais et elle s’installa tout près de ce dernier quand Valerian eu finit de faire de la place pour dormir. Elle retira ses gants et étira ses doigts avant de prendre sortir de quoi manger de son sac. Il avait répondu à sa question et elle posa son regard sur sa personne. Le château Malronce… Antigone Bathory. La jeune fille cligna des yeux, s’arrêtant un moment dans son action et se remémora rapidement les faits.

Elle était au courant de la montée fulgurante au pouvoir d’Antigone, ayant menée la rébellion face à la famille Riegel avant de mener un assaut à Malronce et d’en devenir reine. Elle a été tuée et les Malronçiens avaient reprit leur place sur le trône, même si l’ancien roi n’était plus et que le nouveau était inconnu.

« Donc tu faisais partie de la rébellion contre les Riegels. »

Cela expliquait deux ou trois choses, le fait qu’il ai dit que cette famille n’’avait eu que ce qu’elle méritait entre autres. Kara n’allait pas le juger, elle n’était pas là lors des faits, elle ne savait pas dans quelle condition ils vivaient avant. Et s’il y avait eut une rébellion, il y avait bien une raison à ça. Après tout, elle-même s’était enfuie de l’Ordre des mages, ce n’était pas pour rien.

Elle sortit son pain avec quelques morceaux de viandes séchés accompagnés d’un généreux bout de fromage qu’elle avait bien galérer à avoir. Des jours et des jours de travail pour en savourer un morceau, ça en valait la peine.

« Tu regrettes tout ça ? Après tout, il me semble qu’elle est morte Antigone non ? »

Coupant un morceau de son fromage, elle le mit ensuite sur un torchon en y déposant à côté un morceau de viande qu’elle avait aussi découpée au préalable, faisant mine qu’il pouvait en manger s’il le souhaitait. Et elle entama son repas, fixant le feu en faisant une moue pensive.

« Ta vie a bien changée, passer de serviteur à rebelle et ensuite à être au château aux côté de la reine, tout en étant un meurtrier qui a finit par vouloir se suicider… Difficile de croire que t’es aussi jeune que moi. »

Dis comme ça, c’était beaucoup. Mais il n’y avait aucune accusation, elle constatait simplement qu’il n’avait pas dû avoir une vie facile. Elle qui n’avait fait que s’enfuir, elle ne connaissait pas les dangers de la vie, les dilemmes à prendre, les vies à sacrifier pour ne pas mourir. Et pourtant, malgré ces différences, ils étaient assis là, en train de manger devant un feu tandis que l’un racontait sa vie et que l’autre écoutait. Une chose des plus communes si vous voulez mon avis.

KARA FT. VALERIAN || c'est bon le fromage ok

Vengeance, rébellion, mort. Elle écoutait ses mots en mâchant son bout de pain, ayant tournée la tête pour le regarder avec intérêt. Il racontait son histoire, du moins une partie et la rose ne faisait qu’absorber ses paroles sans juger ou accuser quoi que ce soit. Elle était douée pour ça Kara, elle n’avait juste personne habituellement qui comptait sur elle pour ce genre de moment. Il s’exprima un peu plus fort quand il parla des idéaux de l’ancienne reine, comme si cela lui tenait vraiment à cœur.

« C’est vrai, regretter ça ne sert à rien. »

Elle avait parlée tout bas, comme un murmure au vent. Les regrets n’étaient là que pour alourdir le cœur, mais parfois on n’avait pas réellement d’autre choix que de les porter, gravant les mauvaises décisions dans notre mémoire. Il lui demanda ensuite de parler d’elle et elle eut un moment de silence, comme si elle n’allait jamais répondre.

Au bout de quelques minutes à ne rien dire, elle finit par ouvrir la bouche pour s’exprimer, l’air ailleurs.

« … J’étais prisonnière. On me gardait dans l’ignorance, les mensonges, les secrets… Et j’ai fuis. »

J’ai courus jusqu’à ne plus avoir de force dans les jambes pour me porter.

« Je suis venue à Briserune car je savais qu’on aurait plus de mal à me trouver. Je me suis mise à faire des petits boulots un peu partout pour avoir de quoi manger et dormir au chaud… Rien de bien extraordinaire. »

Elle ne comparait pas leurs deux vies, mais clairement la sienne a eu plus de rebondissement que celle de la rose. Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme avant qu’elle ne prenne sa gourde pour boire un coup.

« Mais si jamais tu as un problème avec moi, tu peux me le dire tout de suite. J’aimerais éviter de mourir d’un couteau dans le dos pour une raison que j’ignore. »

Un servant rebelle qui avait eu envie de vengeance, il devait s’être tut pendant des années en nourrissant toute cette colère. Kara elle, avait fini par exploser et n’avait pas encore trouver comment calmer ses nerfs, donc si lui avait tendance à être celui qui gardait tout, elle préférait largement qu’il s’exprime pour mettre les choses aux clairs.

J’en ai assez des menteurs.

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Oui, la liberté était une chose qu’elle n’était pas prête d’abandonner. Pouvoir aller où elle voulait, faire ce qu’elle souhaitait… On devenait vite accro à l’indépendance quand on y goûtait. Et Kara, du haut de ses dix sept années, ne pourrait pas envisager de vivre de nouveau là où elle était avant, dans cette académie avec pour seule compagnie son ombre.

Elle fixa Valerian quand il proposa de rester ensemble et elle ne put s’empêcher de sourire.

« D’accord ça me va. »

Rangeant ensuite ses affaires, elle fut surprise de la phrase presque inaudible qu’il lâcha ensuite et elle le regarda longuement sans rien répondre. Cela lui fit bizarre d’entendre une telle déclaration et, secouant ensuite la tête pour reprendre ses esprits, elle s’enroula à son tour dans son long manteau de fourrure.

« … Bonne nuit Valerian. »

Ne sachant pas si le sommeil la trouverait, elle ferma pourtant les yeux, confiante que cette fois les cauchemars ne viendraient pas hanter sa nuit.

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