(end)(flashback) ❝ wish you were dead

Valerian & Iphigenie

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Tu errais encore et toujours en ces lieux maudits qu'Antigone avait conquis. Si tu n'avais pas été d'une aide capitale dans cette bataille, ça ne t'empêchait pas de te pavaner dans le château non plus comme un rat des champs mais toujours comme un rat d'égout. Ta reine et les chefs de guerre occupés à gouverner, à planifier des rêves de grandeur dont tu n'avais même pas idée, tu jalousais de ton côté ce qui avait été déchu. Les filles Vaudreuil, en particulier l'une qu'avait pris Antigone sous son aile te faisait de l'ombre. Et la Maison-Dieu savait à quel point tu ne brillais déjà pas beaucoup.

Comment pouvais-tu t'en débarrasser ?
Antigone te tuerait pour cet affront ; est-ce que ta vie valait donc moins que la sienne ?

Tu marchais dans les couloirs, te rapprochant de sa chambre. Les pas silencieux et le visage fermé que tu arborais ne trahissait aucune de tes intentions malhonnêtes.
Tu poussas la porte de ses appartements pour y passer la tête, une main sur ton poignard glissé à ta ceinture.

— « Lady Vaudreuil ...? »

Tu n'irais pas au bout, tu le savais déjà. L'expérience t'avait déjà appris que la discrétion était le meilleur moyen de passer à l'acte. Un geste simple, sans preuve, indolore, ou tu n'aurais pas besoin de te salir les mains.

Tu entendis des bruits de pas et décida de rentrer, les mains derrière de le dos. Elle venait d'arriver, et la porte s'ouvrit sur son joli visage - interrogé.
Tu élargis un sourire confiant, et surtout innocent.

— « Oh vous voilà. Je vous cherchais. Sa Majesté Bathory en a assez que vous la fassiez attendre. »

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La plupart du temps, lorsqu'elle n'errait ni dans les couloirs ni aux côtés d'Antigone, Iphigénie restait dans sa chambre à s'ennuyer profondément. N'ayant plus aucun moyen de fuir ces murs depuis le jour du coup d'état, elle avait prit le temps de les observer -du matin au soir elle en dessinait dans sa mémoire chaque creux et chaque contour. Cela ne chassait pas la solitude, cependant elle se rassurait en se disant que Diane et Prudence étaient toujours en vie. De temps en temps elles se voyaient, et ces instants passés avec ses sœurs Iphigénie les chérissait plus que tout.

Aujourd'hui pourtant elle n'avait pas quitté ses appartements. Personne ne l'avait appelée et elle avait préféré discuter longuement avec les nuages qui remplaçaient les étoiles en plein jour, puis avec les rosiers en-dessous de sa fenêtre aussi, tout en pensant à sa chère famille disparue.

Le temps ne lui avait pas paru si long jusqu'à ce que ta voix se fasse entendre derrière la porte de ses appartements.

— Oui ?

Un coup d’œil rapide à sa tenue lui intima d'aller enfiler au moins une robe de chambre avant de venir t'ouvrir, mais tu avais déjà ouvert lorsqu'elle s'arrêta devant toi. Valerian. Les sourcils se froncèrent légèrement, elle avait l'air embêtée et en avait même croisé ses bras.

— Tu es bien impoli d'entrer ainsi sans permission, et si j'avais été nue qu'aurais-tu fais ?

Sale petit voyeur, pensa-t-elle sans le prononcer à haute voix.

— Et je n'ai pas souvenir d'avoir été conviée par Antigone, quel affront d'oser l'appeler ainsi par son prénom. Que souhaite-t-elle ?

Valerian & Iphigenie

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Tes yeux la fixaient avec hostilité. Tu n'aimais pas du tout l'attitude qu'elle se donnait. Elle était beaucoup trop détendue à ton goût ; comme une noble qui se savait hors d'atteinte. Mais Iphigénie n'avait pas encore compris qu'elle ne le serait jamais. Pas tant que tu serais dans les parages.

— « J'entre ou je veux et quand je veux, miss. »

Tu étiras un sourire dédaigneux, que tu perdis automatiquement quand elle osa appelé ta reine par son prénom. Cela témoignait soit de son inconscience soit des privilèges qu'elle s'était accordé - vile séductrice.
Tu en avais assez.

— « Tu sais pourquoi tu es encore en vie à l'heure actuelle ? Tu es une monnaie d'échange, du vulgaire bétail qu'on vendra au plus offrant. »

Tu ne savais pas comment faire mal, et tu ne savais pas pourquoi tu le voulais : c'était juste comme ça. Tu prenais du plaisir à voir le désespoir dans ses yeux, tu te sentais puissant à lui faire peur, toi le petit morveux.

— « J'espère que le mec qui t'achètera te fera crier. »

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Où tu veux quand tu veux, bien. Cependant il ne faudrait pas t'attendre à être bien reçu, car si tu ne semblais être qu'un gamin perdu et arrogant, Iphigénie était une femme qu'il ne fallait pas pousser -et il fallait avouer aussi qu'elle prenait un malin plaisir à te voir t'énerver, même lorsqu'elle ne le faisait pas exprès.

Alors, les bras croisés elle t'écouta sans un mot, sans être ni étonnée ni dégoûtée des horreurs que tu lui sortais de toute hargne sans sourciller. Elle savait bien que c'était faux, après avoir longuement discuté avec ta si chère Reine Antigone.

— Apprends-t-on au bétail à rendre les coups, Valerian ?

Lui apprenait-on à se battre comme Antigone le faisait avec elle ? Lui donnait-on envie de vivre et de s'en sortir ?

— Avec tout le respect que je te dois, je ne crois pas. Pourtant, comment se battre, c'est ce qu'a accepté de m'enseigner ta Reine.

Et elle se demandait, parfois, si ça n'était pas pour survivre à des gens comme toi qu'elle le lui enseignait.

— Alors si l'idée de m'entendre hurler te procure tant de plaisir, viens donc et tente d'y parvenir. Autrement, dis-moi simplement ce que me veut Antigone et laisse-moi tranquille.

Les mots paraissaient durs et pourtant le ton n'était pas si piquant, parce qu'Iphigénie aimait croire qu'au fond de toi, quelque part sous ta rage, il demeurait encore de bons sentiments. Elle était quasiment certaine de se fourvoyer mais elle ne pouvait s'en empêcher, tout comme elle ne pouvait s'empêcher de vouloir te remettre à ta place sans qu'il ne soit question d'une quelconque histoire de rang.

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Tu fus tout de suite irrité, à peine avait-elle ouvert la bouche. Elle osait t'appeler par ton prénom, elle osait te tutoyer comme si vous étiez égaux.
Son mépris t'était insupportable et tu avais serré les dents, encaissé l'offense - jurant de la venger plus tard. Tu serais plus malin qu'elle, tu l'attaquerais de dos.
Même le plus fort des guerriers ne pouvait se défendre les yeux fermés quand le corps dort et que le coeur est ralenti.

— « Pourquoi le bétail apprendrait-il à se défendre ? Il n'existe que pour nous nourrir, au pire d'un appât ! »

Tu n'étais pas du genre à saisir la subtilité d'un double discours, toujours investi d'une arrogance immature.
Elle aussi, semblait en proie à la provocation. Venait-elle de t'autoriser à lui porter un coup ? Tu plissas les yeux, subitement vexé de la fleur qu'elle te faisait en consentant à ta fourberie.

— « Ne sois pas idiote Vaudreuil. Je peux t'en mettre une sans hésiter. Ne fais pas la belle où tu pourrais le regretter amèrement. Et ne sois pas insolente, je te rappelle que c'est nous qui tenons le château. Je pourrais bien décider de ton sort. »

Si tu te targuais d'un rôle plus important que ce qu'il n'était en réalité, c'était bien pour bomber le torse face à elle.
Peut-être qu'au fond de toi, tu aurais voulu qu'elle te craigne ne serait-ce qu'un peu.

— « J'ai menti. Sa Majesté n'a que faire de toi. Si elle t'épargne, c'est uniquement pour faire bonne figure. Elle t'utilise comme bouclier pour apaiser la colère du peuple de Malronce. Du bétail, j'ai dis. »

Non, ça c'est ce que tu aurais fait toi.

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Aussi bienveillante que pouvait être Iphigénie, elle savait aisément reconnaître les causes perdues -et la tienne lui sembla tout à coup bien moins récupérable qu'elle ne l'aurait espéré. Non pas qu'elle ait voulu te sauver, car de sa personne tu ne voulais rien alors elle avait décidé qu'il en serait ainsi, mais elle s'était dit que tu pourrais, même sans comprendre, au moins faire montre d'un peu de bonne foi. Pourtant, tout soldat que tu étais tu n'en restais pas moins un enfant, cette seule idée suffisait à remplir son coeur d'une immense tristesse dont tu ne saurais jamais rien, alors elle aurait dû se douter de la loyauté aveugle que tu vouais à ta cause.

— Je sais bien tout ça, Valerian, et elle continuerait de te nommer par ton prénom, me crois-tu aveugle ?

Bien loin de l'être pourtant, Iphigénie avait assisté les yeux grands ouverts à la prise du château, sa maison, avant d'apercevoir les corps inertes d'Uriel et ses parents au pied du trône.

— Ce n'est cependant pas une raison valable à mes yeux pour me laisser rabaisser par toi.

Jamais elle ne le permettrait.
En preuve elle s'était détournée, quittant l'entrée pour s'avancer dans la pièce tout en laissant la porte ouverte. Elle avait le dos tourné et pourtant elle avançait encore dans le but de rejoindre son lit. Le bétail, tu sais, n'était pas toujours muet mon petit Valerian.

Au diable les conséquences et ose donc l'attaquer comme tu le souhaites tant.

— Peu importe la façon dont Antigone m'utilise, le fait est que je sois encore en vie et que tu n'es pas Roi.

Alors tout comme elle tu n'as le droit de rien
Si ce n'est
De regarder.
Simplement.

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Elle capitulait. Tu montais sur tes grands chevaux mais elle avait admis elle même qu'elle savait tout ça. Tu aurais pu avoir pitié d'elle mais ta haine t'aveuglait, et tu y prenais presque du plaisir - non pas de sa souffrance mais de ta nouvelle position.
Cependant, le lion blessé grognait toujours. La famille royale de Malronce avait au moins le mérite d'avoir suffisamment d'amour propre pour ne pas se faire marcher dessus.

— « Je ne te crois pas aveugle, simplement stupide et un peu trop présomptueuse. Nous vous avons vaincu, vous auriez mieux fait de fuir. »

Elle te tourna le dos et tu serras les poings, agacé qu'elle ignore tes menaces.
Tu refermas la porte silencieusement derrière toi et avança dans sa chambre, à la fois émerveillé et écoeuré du confort de vie dans lequel elle était au quotidien malgré la chute de sa dynastie.

Face à l'évidence qu'elle souligna, tu grinças des dents.

— « Et toi tu ne seras jamais Reine. »

Tu avais entendu leur conversation.

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En toute honnêteté, Iphigénie ne comprenait pas pourquoi tu continuais de déverser ainsi ton venin sur elle -et si elle t'ignorait sciemment tout en écoutant malgré tout, c'est bien parce qu'elle n'avait pas envie de continuer le jeu. Pourtant ta détermination à te faire entendre était si grande qu'elle s'était sentie obligée de réagir sur la fin.

Tu ne seras jamais Reine.
Elle n'avait pu que hausser les bras de façon exagérée face à la réalité. Si un sourire s'était dessiné à ses lèvres, tu ne pouvais le voir car elle ne s'était pas retournée.

— Fort bien ! Voilà qui m'arrange, je ne l'aurai pas supporté.

Iphigénie ne souhaitait pas devenir Reine de toute façon, elle souhaitait seulement être capable d'aider son peuple du mieux qu'elle le pouvait. Elle souhaitait pouvoir parcourir et découvrir le monde, être libre ! Un peu comme toi tu l'étais de pouvoir t'incruster dans ses appartements sans qu'elle ne t'y autorise visiblement. Pourtant elle n'avait rien dit lorsqu'elle s'était retournée pour se laisser choir brusquement sur son lit et ne s'était contenté que d'un bref regard par-dessus ton épaule, en direction de la porte fermée, avant de le reposer sur toi.

— Te voilà rassuré. À présent, saurais-tu me dire pourquoi tu es encore là ?

Car malgré sa grande patience, Iphigénie commençait à fatiguer.
Elle se mit en tailleur sur le lit.

— Cesse de tourner autour du pot comme un enfant et parle.

Parle je t'en supplie.
Elle avait l'autorité des rois.

Valerian & Iphigenie

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Tu avais perdu le sens même de ta visite improvisée. Toi qui voulait la piquer, elle ne se sentait nullement offensée - comme si elle n'avait rien à se reprocher.
Et au fond de toi, c'était ça qui te faisait enrager. Tu cherchais la culpabilité dans le fond de ses yeux éteints, mais ils te dévisageaient avec insolence, incandescents.

Tu n'avais pas vu une attitude aussi assurée depuis ton propre procès. Du moins c'est ce que tu aimais raconter avec vanité, car la vérité était tout autre. Tu te serais effondré si Antigone avait levé sa hache pour te trancher la trachée.

— « Très bien très bien, tu me forces à te révéler mes véritables intentions. »

Tu haussas un sourcil lorsqu'elle s'installa sur son lit et t'approchas jusqu'à en toucher le bord avec tes genoux. Tu regardas furtivement autour de toi.

— « Je suis curieux. Comment une fille aussi quelconque que toi ait pu t'attirer les faveurs de la Reine. Comment peut-on encore te permettre de vivre parmi nous ? Tu aurais du choisir l'exil. »

Tu passas tes doigts sur le poignard attaché à ta ceinture.

— « Si tu dissimules de la malveillance envers notre peuple, je te trancherai la gorge dans ton sommeil. »

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Comment ? -avais-tu demandé.

— Eh bien...

À cette question elle n'avait pas de réelle réponse à te donner, si ce n'est qu'elle même ne comprenait pas, au-delà de ne pas s'en soucier plus que ça.

— J'imagine que nos intérêts convergent ? Peut-être que je l'amuse, je ne sais pas.

Elle n'avait pas relevé la suite, ni rétorqué que l'exil n'avait malheureusement pas été une option tant les événements s'étaient enchaînés rapidement. Tout le monde avait été surprit, certains en étaient même morts et elle en imaginait ta joie, tandis qu'à cette pensée sa peine s'agrandissait.

Un sourire puis un souffle à peine tandis qu'elle leva son regard dans le tien. Tu n'avais toujours pas compris.

— Je ne dissimule rien du tout, elle en était bien incapable. Pourquoi ne comprends-tu pas ? Ta haine envers moi est-elle si grande quelle t'en aveugle ?

Aveugle et jusqu'à preuve du contraire injustifiée, car malgré tout ce dont tu pourrais l'accuser, ça n'était pas elle qui avait lancé l'assaut sur ta maison mais bien toi sur la sienne. Pourtant, les émotions qu'elle te montrait étaient aussi sincères que ne l'étaient ses paroles.

Elle leva doucement un bras pour venir le poser sur ta joue, s'arrêta en chemin un instant pour ne pas trop te brusquer puis toucha finalement ta peau.

Le sourire avait disparu sans qu'elle ne soit pour autant énervée.

— C'est assez triste à vrai dire.

Valerian & Iphigenie

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Elle t'avait mis au pied du mur.
Tu ne savais plus comment réagir autrement que par l'agressivité et la violence. Ta fourberie n'avait d'égal que ta lâcheté, et celle-ci t'interdisait de franchir le pas ; celui que tu regretterais de par la correction qu'elle t'infligerait. Si tu voulais gagner cette guerre, tu devais te battre dans l'ombre, lui tendre des pièges si grossiers qu'elle ne prendrait même pas la peine de s'en douter.

Iphigénie Vaudreuil avait scellé son destin, tu la maudirais pour l'éternité. Tu ne rêvais qu'au jour ou sa beauté se flétrirait en des rides creusées. Son seul atout ravagé par l'invisible, l'indicible ! - le temps.
Maitre de tout et témoin des vengeances.

— « L'amuser ? N'as-tu donc aucune autre ambition ? Va donc t'amuser là ou est ta place : dans les bordels de Trois-Rivières comme la fille de joie que tu es. »

Tu n'aurais plus aucune mesure dans tes mots car tu les pensais encore plus fort dans ta tête que ce qu'ils ne sortaient pourtant entre tes lèvres.
Si elle avait décidé que ta perversion à son égard était triste, tu n'admettrais jamais dans ton cas qu'elle était motivée par une haine un peu trop proche de l'amour.
Tu n'avais jamais aimé, à peine désiré - tu n'avais fait qu'envier jalousement tout ce qui ne pourrait jamais t'appartenir.

— « Profite du calme, pendant que tu le peux encore. »

Tu lui tournas les talons.

— « Tu n'es pas ici chez toi, si tu le pensais encore. Laisse-moi te rappeler que c'est tout le contraire. »

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