D'accablantes chaînes en ternissent ses boucle d'or

Par les chaînes du corps c'est le coeur qui s'allège

Sa sèche trachée l'extirpe avec virulence hors de sa rêvasserie post-lycanthropée, à la manière d'un gong assourdissant ou encore d'une cacophonie de symballes qui s'entrechoquent. Plongé dans une pénombre abstraite, il ne saurait dire l'heure ni le temps passé en ces murs. Ayant pour seule lumière une faible torche murale, ses yeux ne discernent que l'ombre d'une présence armée en silence. Des piliers ferreux barrent solidement son espace, mais plus que l'odeur de rouille ce sont les lourdes chaînes duquel émanent un cliquetis désoeuvrant qui froissent son âme de la froide évidence.

Pour la première fois en d'interminables mois d'errence, il semble bien que l'état du corps et du coeur s'accordent. Lui qui fut le prisonnier coupable de ses regrets, de ses crimes maintenant le voilà dévoilé et délivré de ses mensonges. Quel étrange phénomène que d'être libéré par des anneaux de fer, et il ne pouvait que rire de la bêtise de ses actions passées, de sa situation nouvelle mais surtout du ridicule de son existence.

Allongé à même le sol, il tournait dos au couloir qui n'offrait de toute manière aucune distraction notable. De ses beaux vêtements de la veille il n'en garde aujourd'hui que de beaux haillons criminels, et à en croire les nombreuses brûlures lui léchant le corps, il suspectait qu'un grand nombre de marques ne le serpente.

Surmonté d'un amas de paille qui limitait son inconfort, il ne pouvait cependant effacer l'idée qu'il fut traité tel un canin plutôt qu'en la personne qu'il fut autrefois. Mais à l'égard de ceux qu'il avait croisé de cette maudite nuit, pouvait-il seulement les reprendre ?

en correspondance avec @Prudence Vaudreuil

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Le retour à la maison… Est étrangement plus rude que prévu.
Heureusement que, pour adoucir ses maux… La meilleure des nouvelles est d’avoir retrouvé son frère, Clovis, en vie… Et maintenant officiellement roi.
Il y a des mois de cela… Elle n’aurait jamais espérer tant. Et pourtant, la voilà, aujourd’hui, assise à cette même fenêtre de cette même chambre… Dans laquelle, auparavant, elle se sentait tellement à l’étroit. Et maintenant… Maintenant, elle s’y sent presque étrangère. Et ces derniers évènements qui avaient frappé tout le continent ne la rassuraient pas vraiment sur ce que pouvait cacher le futur.
Et il y avait Lezaleth. Bête d’un jour, ami de toujours. Elle lui avait déjà rendu visite deux fois, depuis les 48h où les cachots étaient devenu sa cage. Mais, il n’était encore qu’inconscient, se remettant d’une nuit terrible où il avait laissé derrière lui un long sillon de carnage.
Et pourtant…
Tu étais incapable de le tenir en responsable.

Après tout, ce n’est pas comme si on lui avait proposé d’être victime de ce mal, et qu’il avait ouvertement accepté. Lui en vouloir pour ça serait aussi absurde que de reprocher à une blonde de ne pas être brune.
Mais, malgré ce fait, et malgré tout le bien qu’elle lui voulait… Elle savait pertinemment qu’il représentait malgré tout une menace pour Malronce et ses habitants. Et que, bientôt, il faudrait trouver une solution auprès de son frère et surement du conseil pour tenter de sauver sa tête. Cette simple idée avait fait déjà fait sauter deux repas à Prudence, qui ne se sentait pas à cœur de manger quoi que ce soit.
Et puis… C’était sa cuisine à lui à laquelle elle désirait goûter à nouveau. Peut-être qu’ainsi, elle se sentirait réellement de retour à la maison.

C’est donc au temps du déjeuner que tu ne joins pas les autres pour le repas… Et que tu décides de descendre une énième fois au cachot. Tu en ressentais le besoin presque plus que l’envie. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, tu n’avais pas envie de sortir. Cœur trop fade, amertume trop présente. Tristesse et colère devenue obsession. Et, ayant déjà passé sa nuit à dormir, il était inconcevable pour elle d’avaler une page de plus sans avoir vérifié, encore une fois, que son ami n’était pas éveillé. Plaies soignées, cheveux coiffés, et robes retrouvées, Prudence descend bientôt les marches vers le donjon, une par une, laissant l’écho de ses talons sur la pierre distordre le silence qui berce le sous-sol sombre. Et malgré ces évènements qui s’étaient plutôt bien terminés (disons plutôt que cela aurait pu être encore pire) la princesse avait troqué alors les couleurs pastelles et douces de ses robes pour porter le deuil de son bonheur et de l’ancienne jeune fille qu’elle était, laissant alors le noir de la dentelle et du tissu léger de sa robe souligner la pâleur de sa peau de porcelaine, et contraster avec le blond de sa crinière.

Bientôt, les barreaux sont à portés d’yeux… Et c’est plutôt la silhouette mouvante qu’ils enferment qui attirent son attention. Il est enfin réveillé. Sans se poser plus de questions, sa marche se mue en course, et la belle se jette rapidement contre les barreaux, salissant ses genoux nus sur les pavés poussiéreux et agrippant ses mains autours des barres d’acier froid. Et son éclat de voix porte en lui toute l’inquiétude… Et le soulagement de voir enfin son ami et confident sortir de son long sommeil.

« Ô que la maison dieu me garde, tu es enfin éveillé ! »

Sa voix tremble. Emplie de tout les sentiments et ressentiments qu'elle porte et contient en elle depuis l'instant où elle a vu sa silhouette monstrueuse disparaitre au coin d'une ruelle, devant le château. Ses grands azur cherchent à capter ceux du cuisinier, et ses doigts serrent si fort les barreaux qui les séparent que ses phalanges blanchissent encore un peu plus. Et puis, on a peur. Peur de ce qui peut se passer dans sa tête, autant que les possibles blessures, externes comme internes, qui peuvent le faire souffrir.

« Je... Comment te sens-tu...? »

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C'est un monstre que seul l'imprudence ne saurait aimer

C'est un son clairsemé et presque cristallin qui l'atteint, fort différent des pas lourdaud ponctuant jusque là sa rétention. Bien qu'il se refuse à l'admettre, son cœur étreint explose à la vue de cette lumière au sein de son antre caverneuse. Cette si belle Prudence, jadis colorée de milles émotions désormais se drape dans le sombre deuil de cette maudite nuit. Et sa mâchoire se resserre à l'idée qu'il eut contribué à la perte de son éclat, que par ses actes de folie les yeux gonflées de sa tendre ne versent encore des larmes bien aigres.

Par sa faute, par ses agissements, le voilà brisant le sourire d'un précieux visage. Les mots ne lui viennent nullement, car que diable pourrait-il murmurer sinon de fades platitudes. La voir ainsi froissée contre les barreaux de son crime le poignarde d'une douleur nouvelle, une nue conséquence de son ignominie. Pourtant ce n'est point la souffrance de Lezaleth Hoberault qu'il faut chanter, car elle sera bien prestement éteinte. Son ultime regret est de voir la douleur perdurer dans le cœur de ceux qui persistent encore à ne le voir autrement qu'une bête sans âme.

Approchant alors de lui même aux barreaux, le son de chaînes s'entrechoquant se fait lourdement entendre tandis qu'il étend sa main. Une main qui ne parvient à son but, restreinte à bien quelques pieds de sa belle et tendre par cet impitoyable fer de crime.

Prudence... tu es si belle mais si triste. Par ma faute.

C'est la honte qui gouverne son regard, et son fardeau coupable est si lourd qu'il en baisse ses yeux vers ses belles cuisses plutôt que son voile azuré. Il n'ose lui faire face, pas après tant de violences, de rage et de déchéance macabre. De sa main il couvre son visage car il ne saurait lui dévoiler une fois encore l'immondice de sa vérité.

Je suis en vie, ce qui me semble à la fois une incroyable aubaine et un véritable affront. Ma mémoire me fait cruellement défaut, mais j'imagine que tu n'ignores rien de ce que je suis... Alors pourquoi Prudence ? Pourquoi t'entêtes-tu à aimer un monstre ?

en correspondance avec @Prudence Vaudreuil

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La main du cuisinier est incapable d’atteindre celle de sa princesse, ironique analogie représentant très bien ces deux mondes qui vous séparaient, et de loin. Prudence ne bouge pas. Toujours accroupie contre ces barreaux qui la protégeait de cette bête… Qui n’avait plus rien de bien effrayant. Sa mâchoire se serre, et un soupire amère s’en échappe. Alors qu’elle est incapable de retenir un sourire venant orner ses lèvres face à ces compliments que seul Lezaleth était bien capable de lui chanter dans une situation pareille. D’un hochement négatif de tête, elle tente de nier la conclusion de ces premiers mots, et laisse même échapper un

« Oui, je suis sûre que tu as pris grand plaisir à subir ta malédiction dans un pareil moment. C’est, sans nul doutes, entièrement de ta faute évidemment. »

Et là blonde ne se gêne pas pour faire peser lourdement l’ironie dans ces mots, et ce regard acerbe et presque autoritaire qu’elle plante sur le cuisinier… Visiblement il n’avait plutôt pas intérêt à se sentir coupable dans cette histoire alors qu’il fut bien la plus grande victime… Ou Prudence serait surement d’écarter les barreaux de sa cage pour venir lui botter l’arrière-train elle-même. Le regard du prisonnier lui échappe, et sa prise sur l’acier froid des barres entre ses doigts fragiles se desserre légèrement. Bien peu de temps, car à ces nouveaux mots, nouveau coup de poignard, les ongles blancs de la princesse paraissent se planter, telles des griffes, dans le métal qui couine légèrement en réponse.

Dès l’instant qu’il se cache à sa vue, honteuse créature, sa voix tonne. Gronde un instant. Elle ordonne, et qui ferait l’affront de ne pas obéir à sa princesse ?

« Lezaleth, regarde-moi ! »

Souffle chaud et sec entre des lèvres bien trop douces. Et ce cœur qui hurle, se déchire, lui pèse si lourd sur sa poitrine.

« Je ne vois nul monstre ici-bas. Alors que mes yeux et mon cœur, eux, voient et distinguent très clairement le visage d’un ami qui m’est cher, et qui a toujours été présent pour moi. Je t'interdis de parler de toi de cette sorte. Et si cela ne suffit pas, considère ça comme un ordre venant de ta princesse. Est-ce clair? »

La sincérité enveloppe les mots de Prudence qui ne voit que flotter l’injustice de cette ironique situation dévorant son confident. Elle ignore encore comment…. Mais elle devait trouver une solution. Pour son peuple. Pour Malronce. Et pour Lezaleth.

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La douleur des jours heureux est tel un poignard retournant sa plaie

C'est avec le menton baissé qu'il boit les paroles innocemment accusatrice de sa tendre aimée, et sa bouche lui brûle la peau comme l'alcool en désinfecte la plaie de l'avant-veille. Tendre Prudence, fière et fidèle à ses pensées, ta prise sur ces chères possessions reste ferme à tout jamais. Cette douceur l'enveloppe comme un étau de velours, réchauffant cette froide pièce caverneuse mais l'étouffant de la culpabilité de son malheur.

Puis presque machinalement, le timbre doux mais sèchement adroit lui attire le visage pour que ses yeux s'élèvent. Ce sont de belles joues rosées qui accueillent son regard, que surmontent un trésor malronçois chéri en tant d'années d'absence.

Certaines choses ne changeront jamais... même dans les tréfonds disgracieux de ma déchéance je m'en remet à la merci de tes tendres caprices. Ma plus grande faiblesse sera de ne savoir te refuser.

Un rire soulageant bien des sentiments contraires s'échappe, imprégné d'une nostalgie de temps heureux où il n'était question que des travers de sa belle protégée. Et c'est au fin fond de la cage enfermant sa folie qu'il regarde avec amertume ces jours d'insouciance et qu'il comprend finalement la raison aigre de sa longue solitude.

Et bien que cette déclaration soit un tantinet tardive, sache que te voir en vie me conforte comme rien d'autre. Oh Prudence, comme je voudrais pouvoir t'embrasser et te chérir comme jadis... Tu m'as manqué, tu ne peux savoir combien...

en correspondance avec @Prudence Vaudreuil

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Ô, comme la vie pouvait parfois nous réserver de cruels desseins. Voilà que de cuisinier modèle… Lezaleth devenait cible à abattre. Et de ses élans et désirs de liberté… Il ne restait à Prudence que l’arrière-goût de son amère punition et le fantôme d’un amour privé et fuyant. Et pourtant, le visage de son ami arrivait à apaiser ses peines. Mais pour combien de temps encore ? Allait-elle se voir joindre par ses précieux alliés qui, eux aussi, viendront tenter de sauver la vie d’une innocente victime ? Allait-elle savoir trouver les mots justes pour convaincre son roi et frère de ne pas priver le garçon de sa tête ? Ou peut-être, et en dernier recours, ta démoniaque amie et bourreau. Elle avait beau avoir le chic pour choisir les décisions les plus chaotiques… Prudence espérait bien pouvoir l’inciter à faire quelque chose, n’importe quoi, pour laisser la vie sauve au Barghest… Quitte à ce qu’il faille mettre en scène sa fausse mort pour lui faire emprunter la sortie de secours…
Mon dieu, Prudence, mais où as-tu la tête ? Es-tu assez désespérée et fatiguée d’être privée de ceux que tu aimes pour penser tromper et trahir la confiance de ton propre frère ? Surement…

Dans un soupire qu’elle ne saurait contenir, la princesse vient poser son front frais contre l’acier au froid mordant… Laissant ses paupières se refermer sur l’azur de ses yeux et lui permettre de remettre de l’ordre dans le tumulte de ses pensées. Mais cette nouvelle déclaration à la saveur d’aveux fait relever le visage de la demoiselle qui vint à nouveau confronter son regard aux siens. Le silence en guise de première réponse, elle finit par lentement opiner du chef, l’air las, alors qu’elle tentait de se redresser : ce n’était pas une manière de se tenir pour une princesse… Tu jurerais presque entendre la voix de Diane te sermonner, là, juste au creux de ton oreille. Mais, tu n’avais jamais eu son charme ni sa prestance.

« Tu m’as manqué aussi. La voix est lourde de sincérité. Elle pense un instant se plaindre de toute cette nourriture dont elle avait dû se contenter et lui dire comme sa cuisine, inégalée, lui avait manqué… Mais, elle ne semblait pas que cette tendre taquinerie ait sa place actuellement. Elle pourrait le lui dire seulement lorsqu’elle le verrait à nouveau maitre de sa cuisine, tablier noué à la nuque. Mais… Ne t’en fais pas. Je compte bien te sortir de là. Que tu me prennes à nouveau dans tes bras. Je vais parler à Jasper… A Hector… A Selena… Nous ferons entendre raison à Clovis. Nous trouverons une solution. Il est… Hors de question qu’on touche à un seul de tes cheveux, Lezaleth. Pas tant que je suis en vie. »

Ses paroles sont douces… Et elles se veulent fermes et implacables. Mais elle le sait, au fond d’elle. Que la parole d’une princesse n’a que bien peu de valeur. Même lorsque celle-ci est sœur du roi. Au mieux, on l’écoutera d’une oreille, au pire, on lui gloussera au nez et la renverrait dans sa chambre… Mais, la différence était qu’aujourd’hui, Prudence n’avait plus 12ans. Aujourd’hui, Prudence n’était plus une enfant et elle ne voulait plus subir les décisions des autres. C’était à son tour de faire aussi pencher la balance. Ne plus subir. Mais faire entendre sa voix.

« Je te le promet. »

Alors, pitié, crois en elle. Même si tu es bien le seul à le faire. Donne lui la force.
Dernier souffle qui se perd et s’échoue entre les barreaux de sa cage. Est-ce une promesse qu’elle fait à Lezaleth... Ou plutôt à elle même?

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Quand le mal ne s'arrête point il faut savoir se distraire de la douleur

Au creux de paroles empreintes d'une hargne nouvelle, il y avait le bleu incertain et intangible de son regard venant quérir son appréhension. En ces quelques temps de disparition soudaine, l'enfant autrefois insoucieuse et rayonnante était devenue femme de désirs à la voix tonitruante de volonté. C'est ainsi qu'il admirait en silence ce si beau morceau volage qu'il avait regardé des années durant sans jamais lui faire l'aveux de ses pensées profondes. Et voilà que désormais elle restait s'agenouillant devant la bêtise humaine qu'il fut, déversant cet amour qu'il recherchait avec désespérance depuis lors. Souriant à sa propre misère, il ne saurait trouver une existence plus pathétique...

Alors c'est Clovis qui est roi désormais ? Plus rien ne m'étonne à présent, mais cela signifie que j'ai peut être une chance...

C'est un sourire à la fois surpris et amusé qui s'immisce, à la seule pensée qu'il eu probablement nourrit entre les murs du château le porteur de la couronne sans connaissance.

Mais il suffit. Parlons d'autre chose, car ce que je veux savoir c'est ton histoire. Raconte moi ce que je ne sais, du moment de ta disparition soudaine du château où je te croyais morte comme tes sœurs à cette rencontre inopinée durant cette nuit de médisance.

en correspondance avec @Prudence Vaudreuil

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La question, bien qu’elle la devine bienpensante et tendre… Ne peut s’empêcher de sonner de manière bien désagréable dans l’esprit de Prudence. Et, sans même entendre le nom de son antagoniste… Le corps de la princesse réagit de manière inconsciente et instinctive, se tendant indubitablement. Muscles noués et mâchoire serrée, bientôt, les perles d’azur faisant office de regard à cette dernière abandonnent Lezaleth pour se perdre un instant sur les pavés froid sous ses genoux toujours pressés, nus, sur ces derniers…. Et ce n’est qu’après un peu de peine qu’elle arrive à desserrer ses poings, fermement clos, dont les ongles avaient commencés à entamer sa peau délicate par trop de pression.

D’abord, c’est bien le silence que le cuisinier ne récolte que comme réponse. Un silence froid, empli de doutes et d’hésitation. Intérieurement, la blonde cherche ses mots. Un déferlement de pensées et d’idées s’entrechoquent et elle peine à faire le tri. Par où commencer ? Que dire, et qu’omettre ? Il avait bien le droit de savoir, non ? Après tout, il fut bien celui envers qui tu te confiais, autrefois ? Pourquoi cela devrait-il changer maintenant ? Alors, finalement, les lèvres pâles de Prudence se mettent à se mouvoir, et elle exprime alors à voix basses ce terrible récit… Qui fut, malgré tout, bien plus heureux que cela n’aurait pu être.

« Nous étions supposées mortes, je sais… Et c’était très bien comme ça… Cela nous a permis de nous cacher, Diane, Iphigénie et moi… Nous avons été généreusement recueillies et protégées par sa Majestée Alcyone. Elle a pris soin de nous et nous a caché au monde, laissant les choses se tasser et voir de quoi il en retournait. Elle a été si bonne avec nous… Elle marque une pause. La maladie de la reine avait fait grand bruit, et Lezaleth ne le savait surement pas… Mais, tant mieux… Car c’est bien une autre information, plus terrible encore, qu’elle voulait lui révéler en priorités… Et il avait déjà assez de soucis et de craintes dans le cœur et dans la tête certainement pour ne pas l’ensevelir sous tant de mauvaises nouvelles. Alors, elle reprend. Diane… A fuit à Roseraie pour la fête de la magie… Et nous n’avons pu nous résoudre à la laisser prendre ce risque seule, Iphigénie et moi… C’est ainsi que nous avons retrouvé Clovis… Bien vivant… Et sur le point de se révéler en tant que roi… La suite… Tu la connais… Nous avons voulu profiter des festivités, avant de nous replonger dans nos obligations et reprendre notre titre, révéler au peuple que nous étions de retour… Et puis, la fête a tourné au cauchemar. »

La voix de Prudence se perd, finissant le récit écourté mais complet des évènements la concernant. Dans un soupire, elle arrive finalement à détourner ses yeux du sol. Parce qu’il est temps de lui dire. Car, le poids de cette nouvelle était bien trop lourd pour qu’elle la porte seule. Et Lezaleth avait toujours su alléger ses peines…

« Lezaleth… »

Un souffle. Un murmure. Un appel à l'aide.

« Antigone… Elle est en vie.... Elle va nous... »

Le simple fait de prononcer son nom, cette fois.... D’assimiler ces deux idées, déchirantes, lui donne la sensation d’un véritable coup de poignard dans le ventre. Ventre qui se tort et se serre. Elle sent les larmes lui monter aux yeux. Car cette nouvelle ne pouvait pas venir seule. Car elle viendrait surement récupérer à nouveau ce qu’on lui avait enlevé. Et cette fois ci… Elle ne ferait surement pas la même erreur deux fois. Et à cette idée, une larme glisse le long de la joue pâle de la princesse, qui s’écraser au sol.

Elle les tuerait. Tous.
Et le cauchemar qu'on croyait alors enfin fini...
Venait simplement de commencer.

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