Il pestait contre le monde, contre la terre entière alors qu’à cette instant précis, seule Ann devait être mise en cause. Alex avait déjà grogné lorsque sa mère lui avait envoyé un pigeon, lui indiquant que sa très chère sœur avait prit ses affaires quelques jours après son départ pour profiter de la vie. Découvrir le monde dans le but de faire valoir sa passion et son talent. Alors, il avait rechigné, non pas par son départ mais à cause de son espoir ; quel genre d’aptitude pensait-elle seulement avoir ? Lui qui, n’était pas très au courant de ses passe-temps, lui qui n’avait pas souvent été à la maison depuis plusieurs années, lui qui. Finalement, même lorsqu’il était présent feintait l’ignorance de sa sœur. Grand frère inutile et grognon, Alex la terreur comme elle aimait si bien l’appeler.

Mais le véritable drame avait été pensé, jaugé. Il n’était pas question d’une Ann qui parcourait le monde aux yeux des Teyrieur. Il était question d’une catastrophe ambulante qui tomberait nez à nez avec un trafiquant d’esclave à peine sortie de la ville, il était question de la capacité à se noyer alors qu’elle possédait l’apnée. Il était question de tant de problème qu’il y avait de quoi se faire des cheveux blancs. Plus encore lorsqu’une multitude de pigeon arrive à son nom, pour ce mage hargneux signé de sa petite sœur chérie adorée. Des mots sans utilités, des écrits sans le moindre intérêt. Pourquoi donc les parents avaient-il décidé de lui apprendre à écrire ? Sans doute la plus grande erreur dans leur éducation.

Alors, lorsqu’il avait reçu ce simple « je me noie ». Il n’avait pas réfléchi. Une rage évidente au premier abord qui n’était que le stress, la boule au ventre et l’esprit embrumé. Si Alex n’était pas aussi protecteur, bien qu’à sa façon, peut-être aurait-il réfléchit au fait qu’elle n’aurait jamais pu écrire de telle ligne si elle se noyait bel et bien. Puisse encore, qu’elle soit véritablement capable de mourir de cette façon. Et alors, évidemment, il n’avait pas réfléchi. Alex avait agi de façon immédiate. Que la Maison-Dieu accepte sa bêtise d’avoir laissé son travail en plan en ce jour, il se rattraperait le lendemain. Car d’un mouvement de bras, un portail avait apparu face à lui pour le faire disparaître totalement de la tour astrée.

Un portail qui donnait non loin d’une route qui amenait au lac aux Joyaux, l’endroit parfait pour se noyer si l’on était sincère. Mais une arrivée violente et pour le moins dangereuse, comment avait-il pu ainsi mal jauger son arrivée. Enfin, c’était l’endroit le plus calme qu’il avait en souvenir, l’endroit où il se téléportait quotidiennement à la recherche de sa jeune sœur. Mais aujourd’hui, le drame d’un portail qui le fit cogner une demoiselle blanchâtre.

« Mais ça va pas de s’arrêter ici ?! »

Raga-t-il instinctivement à la vue de la jeune femme et d’un animal qui lui semblait sauvage (j’imagine qu’Amesta détale, mais la surprise n’est que monumentale). Comment pouvait on avoir l’idée de s’asseoir en plein milieu de l’herbe qui n’était absolument et en aucun point, un lieu de passage. Vraiment, c’était honteux. Et sur ses cris, Alex la tira pour la remettre sur ses pieds, simplement pour pouvoir l’observer sous toutes les coutures, pour être sûr que son arrivée ne lui avait pas causer à mal.

« Vraiment irresponsable. Qu'est-ce-que vous auriez fait si vous aviez été blessée ! »

D’un soupir qu’il jauge finalement que tout semble être en ordre.

On en vient à répondre aux grognements par d’autres grognements. L’un félin tandis que l’autre humain, une réponse pourtant animale qui borde l’existence d’Alex depuis bien des années.

« Hurmf. »

Une mauvaise foi presque évidente, presque boudeur. Evidemment qu’elle n’y était pour rien, Alex devrait sans doute revoir sa sortie de portail lorsqu’il désir se rendre à Ambrive, il serait dommage et d’autant plus dangereux de faire comme si de rien était, alors que cet espace semblait être apprécié pour se reposer un peu, avant de reprendre la route.

« Tomber du ciel ? Ahah. »

Qu’il vient railler, façade d’une moquerie évidente face à une telle supposition. Comment quiconque pouvait tomber du ciel ? Même une maîtrise parfaite de l’air ne permettait pas au mage de copiner avec les volatiles. D’ailleurs, à son humble avis cela était bien dommage, pouvoir léviter aurait été un véritable plus dans certains cas. Mais que pouvait-il réellement en dire, ou bien même en penser à tord car cela reviendrait à blâmer la Maison-Dieu d’une infime erreur. Un frisson parcourt son échine, jamais.

« C’est au bon vouloir de la Maison-Dieu. »

Une magie qu’il a pu obtenir grâce à la sincérité de son existence envers la Maison-Dieu et ses arcanes serviteurs. La lumière qui permettait aux mages de l’Ordre des Mages la création de portail de téléportation pour parcourir des terres existantes dans leur mémoire.

« Bien que je ne sois pas tombé du ciel, c’est évident. »

Il fallait être idiot pour le penser. Et tandis qu’il observe les horizons pour essayer de voir si il y avait d’autre source de vie que cette jeune femme et ce félin… Il s’interrogea, parce que c’était bien la première fois qu’il voyait ce genre d’animal si proche d’un être humain, eux qui était assez farouche et solitaire dans le règne animal.

« C’est à vous ? »

Il est vrai qu’Alex n’était pas le genre d’homme qui possédait une franchise sincère. Pour une raison étrange, il aimait faire le mystérieux, parler férocement alors qu’il savait très bien qu’il le regretterait amèrement le soir même. Un drôle de bonhomme, sans nul doute. Alors lorsque ses yeux s’élèvent vers le ciel qui vient s’accompagner d’un soupire d’évidence. Le mage accepte tout de même de répondre à cette âme en peine.

« Sombrelune bien sûr. La tour astrée pour être plus précis. »

Le torse bombé. Non pas qu’il était fier de lui et de ses actes, plus encore de son statut qui coulait de sens lorsqu’on y réfléchissait quelques minutes. La tour astrée, une arrivée pour le moins surprise. Mais la simple fierté de son existence était d’être au service de la Maison-Dieu, et c’était déjà très bien a son humble avis. Alors évidemment qu’il n’était pas venu du ciel, simplement son portail donnait une ouverture juste là ou elle s’était assise. Un accident qu’il n’avait jamais connu jusque-là.

« Amesta ? Une expiration bruyante des narines. C’est peu commun. »

Peut-être qu’on aurait pu déceler sur ses traits une appréciation de ce prénom qu’il trouvait assez charmant. Mais son visage restait tiré, comme au quotidien. Et d’une légère curiosité, Alex aurait aimé la questionner sur la manière dont elle avait réussi à l’apprivoiser. Alors qu’il s’approche, pensant donc qu’il n’avait rien à craindre, le Mage tend légèrement la main vers l’animal comme s’il s’agissait d’un vulgaire chien de compagnie qui attendait quelques caresses. Et face à ce geste rempli d’inconscience, son visage se tourne vers la jeune femme.

« Alex Teyrieur, Mage de l’Ordre des mages. »

Qu’il se présente avec simplicité.

« Que faites-vous ici ? »

Cette fois-ci, un peu plus violemment. Comme si elle n’avait pas l’autorisation de se reposer ici.

Sans doute dans une certaine forme d’excès qu’il se met à crier de douleur. Les crocs d’un viverrin n’étaient pas vraiment les plus imposants qui existaient à Valdore, mais la pression que sa mâchoire exerce sur la main du mage était sincère.

« Mais ça va pas ! »

Qu’il hurle à plein poumon lorsque l’animal rouvre finalement la gueule sous l’ordre de sa maîtresse. Il recule d’un pas de crainte, à quoi bon partager ses routes avec un animal aussi dangereux. Alex aurait alors pu clamer que c’était de l’inconscience certaine tant la douleur de la morsure le tiraille. Sur sa main, du sang commençait à perler sur sa peau dorénavant marquée de quelques trous. En vérité, la seule inconscience ici présente était le geste du mage, et Alex en avait évidemment conscience. Il pouvait peut-être paraître rustre, parfois même violent avec certaines personnes. Alors, il n’avait pas vraiment l’étiquette du mage intelligent bien que ses pensées l’étaient bien plus que l’on pouvait l’imaginer.

Et tandis qu’il montrerait l’énervement en temps normal, il secoue sa main dans un premier temps dans l’espoir de minimiser la douleur. Geste totalement idiot car cela ne pouvait qu’amener des microbes sur sa plaie, lui qui pourtant avait des connaissances médicales bien éloignées du zéro. Mais la douleur lui faisait perdre la raison, tant bien qu’il se laisse faire lorsque la demoiselle tenta de lui administrer quelques soins.

Mais, une si faible blessure pouvait être traiter de façon bien plus simple, bien plus immédiate. Alors, lorsqu’elle lui expliqua finalement la raison de sa présence sur ces routes. Alex se concentra, sa main qui n’avait pas été touché venait sur la main meurtrie. Un léger mouvement qui reste là, comme pour aspirer la souffrance et peu à peu la douleur s’écoute. Son don de guérison était bien suffisant pour se faire cicatriser la morsure d’un animal, tant que celui-ci n’avait pas tenter de lui mastiquer sa chaire.

« Si vous vous rendez en ville, vous devriez lui mettre une muselière ! »

Qu’il garde sa main et tourne l’entièreté de son corps en position de défense. Et alors qu’il se rend compte des paroles de la jeune femme, son regard s’illumine réellement pendant une fraction de seconde. Alex n’aimait pas les bijoux, mais cela était bien différent pour sa mère ainsi que pour sa sœur cadette.

« Vous êtes en train de dire que vous vous trimbaler tout ça ? »

Du menton, vient à montrer les bagages qui étaient posés non loin.

La curiosité était un vilain défaut. Ou plutôt, l’évidence était en son sens tellement réelle qu’il s’était tout simplement passé sous silence. Il était détestable à bien des moments, parfois même sans véritablement le vouloir. Car le don de guérison de Grandvent n’était en rien un secret, il était même la raison pour laquelle grand nombre des habitants du royaume était des guérisseurs de talent. Mais, cela pouvait tout de même être une question sincère, venant d’une personne qui ignorait tout du reste du monde. Simplement éduquée dans les mœurs et coutumes de sa ville sans chercher à s’intéresser à l’extérieur.

Mais il avait haussé les épaules. La cicatrisation était de toute évidence visible car le sang avait arrêté de couler, mais cela ne signifiait pas pour autant que la blessure ne le faisait plus souffrir. Alors, durant un instant, un regard de prédateur très furtif à l’égard de la bête avant de s’en éloigner de quelques pas. Pour augmenter la distance qui les séparait désormais. Alex apprenait rapidement de ses erreurs et c’était quelques choses qu’on ne pouvait pas nier.

« Vous êtes irréfléchis. »

Peut-être même stupide, mais pour une fois le jeune mage avait décidé de refreiner sa violence verbale. Mais pourquoi donc était-elle idiote aux yeux d’Alex ? Car rien, aucun fait, aucune parole ne pouvait lui permettre d’arriver à une telle conclusion. Alors, dans un premier temps on pouvait s’imaginer une haine vis-à-vis de l’animal qui serait refléter sur la jeune femme. Mais, en vérité, tout cela était bien plus profond. Une mine presque boudeuse, comment une marchante pouvait se balader avec autant de charge sans craindre la moindre mauvaise rencontre.

« Si c’est une grande partie de votre stock, comment vous allez faire si un accident survient ? »

Un vol car le monde n’était pas aussi sûr qu’on pourrait le souhaiter. Une perte ou bien, simplement, la charge lourde qui la déséquilibre au point de la blesser en plein chemin peu utilisée.

« Vous comprenez à quel point c’est dangereux ? »

N’importe qui aurait pu avoir l’air inquiet, mais Alex, non. Au contraire, il donnait cette impression de gronder une enfant inconsciente.

Et elle a du mal à répondre, balbutie presque lorsqu’elle ne fait que répéter ce qu’elle doit sans doute estimer être une raison valable. Tandis qu’Alex continue à montrer ses dents, rendant même un brin de sa gencive visible.

« La préparation est la clé d’un bon business. »

Des mots qui ne venaient pas vraiment d’Alex lui-même. C’était des propos que ses parents lui avaient expliqués de nombreuses fois, durant son enfance. Même si un client envoie un pigeon dans l’urgence, expliquant qu’un membre de sa famille est au bord de la mort, si on se prépare rapidement et qu’on oublie le convenable, une fois arrivée sur place on fait face à son erreur. Celle d’avoir tout simplement délaissé le remède qui était nécessaire à sa bonne guérison. Et alors, si personne n’est capable de passer outre cette erreur, c’est un mort que l’on a sur les bras.

Evidemment, le rôle de marchant était bien différent de celui de guérisseur. Mais le fond de sa pensée était là, si la marchande oublie son objet phare qu’espère-t-elle vendre une fois arrivée en ville ? Bref, tellement de remarque désobligeante qui auraient été de bien bon augure si elles étaient formulées comme un conseil sincère.

« Vous n’êtes peut-être tout simplement pas faite pour ça. »

Radicale et sans la moindre alternative. Alex et l’espoir qu’un jour, il ne tombe pas face à quelqu’un qui était vraiment dépendant des mots d’autrui. Car simplement, le jour où cela arriverait, peut-être bien que le mage serait capable de détruire une existence même qui n’avait rien demander. Et tandis que ses pas bourrus l’amène jusqu’à quelques affaires qu’il monte sur son dos sans même demander l’accord de quiconque.

« Et là si je disparais, comment vous allez faire, hein ? »

Il existait meilleure façon pour signifier qu’il était enclin à aider.

Il rouspète presque, grimaçant dans un murmure grincheux qu’il ne comptait pas l’aider. Il aurait pu mentir sur son identité, qu’en vérité il s’agissait d’un grand criminel recherché qui se faisait passer pour un membre de l’Ordre des mages pour avoir la bonne grâce des habitants. Ah qu’il pouvait être facile d’user de la naïveté des habitants. Et alors, il s’était mit à rigoler maléfiquement sans la moindre raison. Juste parce qu’Alex s’imaginait que certains aspects du monde pouvaient être vraiment horrible. Elément de tentation et de malheur que proposait l’Arcane sans Nom, espérant peut-être arriver à ses fins un jour ou l’autre.

« Hum. »

Sans plus. Sans expression qu’il se met à faire quelques pas chargé comme une mule. Alex aurait en vérité pu proposer un portail de téléportation pour faciliter le transfert, mais ses seuls souvenirs de Trois-Rivières étaient un peu lointains. Du moins, s’il s’agissait bien de cela.

« Trois-Rivières ? »

Qu’il demande avec un dégoût, comme si l’amertume de cette ville était présente dans son gossier. De plus, la seule imagine qu’il maintenait dans son esprit n’était à vrai dire, pas très certaine pour ouvrir un portail. Plus encore après un tel premier accident. Deux fois en une journée, il ne pouvait décidément pas se le permettre.

« Mais qui comptez-vous retrouver en fait ? »

Parce qu’il pensait qu’elle était marchande, et il aurait été étrange de dire que son sens du risque était guidé par les rencontres clientes.

Il avait haussé les sourcils mais n’avait rien dit de plus. Aucunes paroles déplacées, aucunes questions dictées par la curiosité. Il lui était difficile de concevoir que quelqu’un puisse tout simplement disparaître, sans laisser la moindre trace sur son passage, plus encore avec les nombreux chasseurs de primes qui existaient au sein de royaume. Mais, son statut de mage qui lui offrait des connaissances pour le moins passé sous silence pour les simples citoyens, le questionnait sur la définition du mot disparu. Bien qu’il espérait qu’il n’en était rien. D’autant plus que…  

« Elles aiment bien disparaître décidemment... »

Dans un soupir qu’il s’offrait à lui-même, un murmure qui ne reflétait pas son énervement à l’égard d’Ann. Finalement, deux êtres qui se rencontraient car chacun était à la recherche d’une personne qui lui était chère. Une personne qui avait disparu ou plutôt, dans son cas à lui, avait vaqué à sa vie de gamine immature.

Et le pas féroce qui augmentait la cadence, le jeune mage aurait effectivement pu disparaître avec les affaires de la marchande. Bien qu’en vérité Alex tentait de garder une distance de sécurité avec l’animal qui les suivait. Evidemment, il aurait dû comprendre lorsque Claire avait indiqué qu’il était avec elle, que cela signifiait qu’il allait les suivre.

« Ouaiiis votre gros chat. »

Qu’il lâche, oubliant le fait qu’il s’était tout simplement téléporté sur elle alors qu’elle ne faisait que se reposer de son voyage. Alex et son obligation de rajouter ce qui n’était jamais dit, même s’il était totalement à côté de la plaque. Et plus encore, lorsque ce n’était pas nécessaire.

« Et ça marche, le bijou ? »

Car ça lui était étranger de pouvoir vivre de ça.

Il avait tiré la moue. Sa famille n’était pas vraiment à plaindre, autrefois prosphérait dans les clients et n’avaient pas de soucis d’argent. Mais ce n’était pas pour autant que la famille achetait beaucoup d’argent pour les deux femmes Teyrieur. C’était, parfois, par moment seulement. Un petit cadeau, une petite attention mais rien d’extravagant, simplement là pour faire plaisir. Alex n’avait pas non plus le souvenir d’apercevoir un passant brillant de mille joailleries. Est-ce que des petites ventes à tout va était vraiment suffisant ? Ou bien Ambrive était peut-être plus sujet à ce type de dépense.

Et il avait haussé les épaules. Même si le mage restait légèrement curieux sur la subvention de ses besoins, malgré ses paroles. Chacun vivait d’une façon différente, avec les revenues qu’on était capable de gagner et de ses compétences propres.

« Et c’est vous qui les fabriquez ? »

Car sans doute que le coût devait être différent que de faire de l’achat pour de la revente. Prenant bêtement pour exemple le fait qu’il était toujours plus simple d’aller dans la nature chercher les plantes dont on a besoin, et cela, à moindre coût. Plutôt que de se rendre chez l’apothicaire du coin. Bon dépanneur, mais bien plus onéreux.

Et alors arrive finalement la question sacrée. Celle que les plus curieux lui posent. Haussement de sourcil. Son corps s’arrête, et se retourne vers Claire.

« C’est effectivement indiscret, en quoi ça vous concerne ? »

Qu’il lâche telle une bombe avant de reprendre la marche. Un silence qu’il intime.

« On étude, on fait des recherches. On tend à exprimer les bonnes paroles. »

Mais ce n’était pas souvent son cas, pour le dernier point.

« Comment ça ‘‘Je vois’’ ? »

Qu’il se stop net. Le regard vers le ciel et toute la pression des affaires de Claire disparaît en un instant, car tout tombe au sol. Son cœur qui se brise espérant qu’il n’y avait rien de fragile dans ce qu’il transportait, car de toute évidence il s’en voudrait durant toute sa vie s’il venait de casser le fruit d’un dur labeur.

« Vous avez l’un des dix mages de l’ordre face à vous et c’est tout ? »

Alex n’était pas énervé car elle ne le questionnait pas sur son métier. Il n’était pas non plus en colère par narcissisme ou par le manque d’intérêt pour sa personne. Non, il était surtout surpris, presque offusqué que la Maison-Dieu ne semblait pas plus l’intéresser que ça. Enfant grognon, qu’il s’apprête à récupérer les charges.

« Je vois. »

Qu’il répond alors en écho, tête baissée. Présenté comme une raillerie à son égard.

L’arcade élevée, elle n’avait même pas bronché pour la chute de ses affaires. Plus encore son sursaut semblait être dicté d’une certaine surprise. Non pas vis-à-vis des gestes du mage, mais par autre chose. L’évidence qu’il s’agissait des paroles et de l’inconstance d’Alex, mais il avait presque été capable d’oublier qu’il faisait ce genre d’effet à ces nouvelles rencontres. Du moins, si celle-ci n’étaient pas armée jusqu’au dents, car dans ce cas, les réactions étaient bien plus virulentes.

« Mais je ne suis pas offensé »

Qu’il avait hurlé, un peu plus rudement que d’habitude. Il est vrai qu’il n’était pas vraiment disposé à répondre, car incapable de garder sa langue dans sa poche, il pouvait lui arriver de révéler des secrets. Du moins, dans ses pensées. Car ses paroles étaient toujours inondées d’acidité, et ce même lorsqu’il aimerait bien s’ouvrir un petit peu.

« Murpf. »

Râleur jusqu’au bout qu’il tapote les affaires pour être sûr que rien n’a pu être détruit. Se questionne un instant, savoir si cela se faisait d’ouvrir le sac pour vérifier. Mais après tout, elle n’avait pas réagi à leur chute, alors à quoi bon s’inquiéter.

« Oh faites pas cette tête, si j’ai cassé de votre marchandise je vous compenserais. »

Qu’il râle toujours, n’ayant pas entendu que Claire cherchait en vérité à s’excuser. Car de toute façon, quand bien même Alex l’aurait entendu, il n’aurait pas compris. Car elle n’avait bien aucune raison d’être désolée.

Un silence qui de tout évidence lui faisait ressentir une certaine malaisance. Bien que les propos de Claire sur la non-fragilité de sa marchandise l’avait quelque peu réconforté. Et alors, il avait contenu durant quelques secondes sa réaction, pour final exprimer un véritable soupir de soulagement qui ne pouvait, en aucun cas, passer inaperçu.

Bien qu’Alex aurait trouvé suffisamment de dores pour lui acheter ses articles cassés, il était bien différent de faire profit en rendant un client heureux, que d’être compenser à cause d’une étourderie d’autrui. Il est vrai que, dans les deux cas, l’argent était reçu. Mais Claire lui paraissait un peu trop bonne pour naviguer seule sur des chemins qui pouvaient, sans doute, parfois être peu fréquentable. Alors, il y avait eu un second soupir mais qui cette fois-ci exprimait l’inquiétude sincère d’un homme décidément que trop attaché à la sécurité de chacun. Car les sentiments du mage étaient présents même pour de parfait inconnu, une âme pure et bonne qui pourtant reste hargneuse même avec sa famille de toujours.

Et alors que Trois-Rivières se faisait remarqué au loin, bientôt ils arriveraient à destination. Alex qui de toute évidence avait perdu du temps en se rendant à la capitale, bien persuadé qu’Ann se trouverait au niveau du lac. Elle qui adorait nager. Lui qui en avait une peur bleue. Et tandis que Claire souhaitait le remercier, le mage l’avait regardé d’un regard rond. La bouche ouverte, laissée en suspens. Il n’avait pas porté ses affaires pour lui venir en aide, ni pour lui alléger son fardeau (bien sûr que si, il avait juste du mal à se l’avouer lui-même). Alors, Alex ne voyait aucune raison qu’il puisse demander quoique ce soit à la marchande. Et pourtant. Ses mots étaient, une fois encore en désaccord totale avec ses pensées, bien que cette fois-ci, il ne s’agissait aucunement de hargne naïvement exposée.

« Murpf (il grogne dans sa barbe) Si vous croisez une jeune fille, longue chevelure noir qui lui arrive un peu près au bassin, yeux océans, 1m48 et bête comme ses pieds qui répondrait au nom de Ann… »

Quatre yeux valaient mieux qu’une unique paire mécontente.

« J’aimerais bien que vous me teniez au courant, je serais dans les alentours jusqu’à ce que j'attrape cette sale gosse… »

Et qu’il irait peut-être jusqu’à la séquestré lorsque cela arrivera, pour qu’elle ne mette plus un pied en dehors de Saintecure.

C’était sans nul doute une demande dés plus particulière. Alex avait espéré, confié ses recherches à une parfaite inconnue. Il ne s’en inquiétait pas vraiment, car au fond, il était persuadé qu’elle n’apporterait aucune information. C’était un peu triste à dire, non pas qu’il n’accordait aucune confiance ou aucun intérêt à la demoiselle, mais une marchande avait bien mieux à faire que de chercher une adolescente en fugue.

Mais, malgré tout cet espoir inconscient. Que la Maison-Dieu puisse accorder un tant soit peut d’aider à l’un de ses mages, afin qu’il puisse rapidement retourner auprès des siens. Alors, s’il n’était pas enclin à l’aider directement, peut-être que l’information pouvait être donnée à un tier. Un soupir fort, qui s’apparenterait presque à celui d’un soulagement lorsque les deux âmes en peines arrivent finalement à leur destination.

Trois-Rivières était dans les faits, bien plus jolie que dans ses souvenirs. Bien que la sueur froide le gagne immédiatement. Le mage qui se rappela soudainement pourquoi il avait appréhendé cette disparition et les envies de sa sœur Ann. L’eau qui s’exprimer dans les moindres recoins de cette ville était un mal à supporter et à maîtriser s’il souhaitait vraiment disparaître d’ici.

Alors pour l’heure, lorsqu’ils arrivèrent enfin devant une auberge qui semblait être appréciable par Claire, Alex lui rendit ses affaires avant de disparaître de la même manière qu’il était arrivé, avec l’aide d’un portail pour retourner auprès du lac aux joyaux. Mais cette fois-ci, une image très nette de la capitale d’Ambrive pour lui offrir un certain confort de voyage et surtout, une facilité sans nom.