“L'épine à ma sagesse, le baume à ma tristesse.” &

Ce soir, Prudence n’as même pas envie de sortir.
De toute sa courte existence… Elle n’avait jamais ressenti un tel sentiment.

Entre colère et amertume.
Entre rage et impuissance.
Cela ne fait quelques jours  qu’elle est de retour au château…. Et là voilà qui doit réapprendre à vivre. Réapprendre à être une princesse. Après tant de temps passé à être la captive d’Antigone… Puis la dame de compagnie des Cascabel, à se cacher, endosser le rôle de fantôme… Elle était à nouveau sur le devant de la scène… Et quelle scène ?
Son frère était en vie, et roi. Ses sœurs, bien portantes, autant que faire se peut... Mais, comme si échapper à la mort sous les griffes de démons n’avait pas suffit, voilà que la nouvelle court que le terrible corbeau est en vie. Cela finit lui tordre les boyaux. Ça, et voir Lezaleth dans sa cage, attaché comme un animal sauvage.
Les mauvaises habitudes reviennent au galop. Elle ne mange pas, ou peu quand on la force. Et, dans les tiroirs de sa chambre se cachent nombre de bouteilles, volées en cuisine… Comme elle t’avait si bien apprit à le faire. Les choses se sont passés si vite qu’elle n’a même pas eu le temps de la revoir… Elle espérait au moins qu’elle se portait bien… Elle n’avait eu le temps de ne voir personne de toute façon, si ce n’est son cuisinier pour s’assurer qu’il n’était pas trop difficilement traiter dans les cachots de son propre château.
Quelle ironie.

Ce soir, Prudence expérience alors pour la première fois de sa vie… Les doutes. Les peurs. Ses nevroses.
Elle d’habitude si joyeuse et insouciante n'est plus que l'ombre d'elle même… Les maux qui accompagnent son rôle se sont glissés dans son cœur et elle est incapable de les ignorer. Trop fatiguée. Assise sur le rebord de sa chambre, vêtue d’une robe de nuit, elle fixe les gouttes de pluie qui roulent sur les carreaux de sa fenêtre.
Ce soir, Prudence n’a même pas envie de dessiner le paysage qui s’étend au-delà de sa vitre, et qui lui avait pourtant tellement manqué, elle, qui s’était imaginé tellement de fois retourner ici dans ses songes, et passer des heures à dessiner, le sourire aux lèvres.
Ce soir, Prudence n’as plus envie de sourire. Amère et fatiguée. Elle ne veut voir personne. Du moins, c’est ce qu’elle pensait jusque-là, car…
Ce soir, Prudence n’entend pas les pas qui s’approchent, faisant grincer le parquet du couloir menant à sa chambre… Des pas qui menaçaient, bientôt, d’alléger au moins un peu la douleur qui la tuait à petit feu.

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