| Les cicatrices [Ambroise - Lalie] |
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Messages : 36 Âge : 26 ans Métier : Magicienne de cour d'Aubépine / Commandante des Embraseurs de la Cinquième Division Défaut fatal : L'obstination
| de Malronce | | Sujet: Les cicatrices [Ambroise - Lalie] Mer 11 Nov - 15:11 | |
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Roseraie – Eté 1020
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Mes brûlures me faisaient encore souffrir.
Des brûlures anciennes, reçues lors du siège de Roseraie, lacéraient mon dos à la peau sombre. De longues cicatrices claires, dues au feu magique dans un duel fort peu équitable. J’avais failli y rester ce jour-là, à moitié morte dans la poussière. Fort heureusement pour moi, mes comparses avaient jugé bon ne pas m’achever sur place et m’avaient transporté à l’infirmerie de fortune qui se trouvait au temple de la Tempérance.
Si mes blessures s’étaient refermées, on ne se débarrassait pas si facilement d’une telle brûlure. La chair de mon dos me rappelait parfois douloureusement le souvenir de ce siège violent et chaotique. C’était comme si je sentais encore la brûlure mordre mes chairs. Les douleurs revenaient régulièrement et si leur intensité s’était apaisée, elles étaient incommodantes au quotidien.
Je ne pouvais malheureusement pas demander à mon seigneur des soins particulier. J’étais son intendante, pas un poids mort ou une blessée de guerre et je me devais de me comporter comme telle. Il était hors de question que de vieilles blessures empiètent sur mon devoir vis-à-vis du seigneur d’Aubépine. J’avais donc trouvé une solution pour éviter que ma condition n’impacte trop sur mes fonctions.
Et cette solution, c’était Ambroise.
J’arpentais les rues de Roseraie, suivant un itinéraire que j’avais maintes et maintes fois emprunté à travers les rues animées. Même reconstruite, la capitale du royaume gardait traces des anciens sentiers que nous avions autrefois l’habitude de parcourir quand nous étions plus jeunes. Je connaissais Ambroise depuis l'adolescence. C’était peut-être la personne dont j’étais la plus proche au sein de cette cité tentaculaire, et ce, même si nous menions des vies très différentes elle et moi.
Notre lieu de rendez-vous habituel : chez elle. C’était dans les quartiers resserrés de Roseraie qu’elle tenait sa petite boutique. J’étais venue seule. Les rues de Roseraie n’avaient que peu de secrets pour moi et j’étais assez grande pour me défendre toute seule. D’autant que la présence de ma suite aurait soulevé quelques questions inutiles et je n’avais ni la force, ni l’envie d’expliquer en long, en large et en travers pourquoi je me retrouvais aussi loin d’Aubépine sans escorte.
Ambroise … Mon amie … et la seule à qui je pouvais faire entièrement confiance pour prendre soin de mes blessures. Ses talents de guérisseuse n’étaient plus à prouver et je souhaitais être auscultée uniquement par des mains expertes et amicales. J’éprouvais la plus grande crainte à me laisser ausculter par d’autres médecins qu’elle pour ce type de blessure. J’avais revêtu pour l’occasion de nos retrouvailles une belle robe de soie aux reflets dorées tombant jusqu’à mes chevilles, agrémentée d’une traine représentants des motifs végétaux venant enserrer mon tour de taille et ma poitrine et tomber jusqu’à mes pieds. J’avais chaussé des sandales à talons, parfaites pour la chaleur de l’été. Mes cheveux lâchés couvraient élégamment les cicatrices claires sur mon dos. Il était rare que je porte de tels vêtements, préférant les robes malronçoises sombres, mais … je m’étais dit qu’il fallait au moins que je fasse un effort pour mon médecin.
L’échoppe d’Ambroise était là, devant moi. Mes cicatrices me faisaient toujours souffrir, mais je tâchais de ne rien en laisser paraître. Je n’étais pas venue les mains vides bien entendu … J’avais toujours un cadeau pour elle, en plus de son paiement pour ses soins, que je gardais dans mon havresac.
Ma main agrippa le heurtoir et je donnais trois coups sur la porte.
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| de Malronce | | Sujet: Re: Les cicatrices [Ambroise - Lalie] Mer 11 Nov - 23:54 | |
| les cicatrices eulalie & ambroise Aura de lumière, rayons de soleil viennent chauffer l’épiderme, dérivés là par la fenêtre, éclatant la pièce encombrée de milles teintes de luminosité ; c’est la brûlure de l’été sur la peau d’Ambroise alors qu’elle s’affaire. Voilà longtemps que le climat malronçois ne dérange plus, les années ont offert l’habitude de l’étouffante sécheresse – même si on doit admettre que l’air revigorant de Grandvent manque, les jours où la chaleur désire se faire intenable.
Silhouette perdue entre les étagères, tourbillon immaculé de la chevelure libérée ne tient pas en place ; comme un oiseau volage, elle ne prend pas le temps de se poser et c’est l’efficacité qui prospère, alors que les mains expertes s'attèlent à ce qu’elles savent le mieux faire : travailler.
C’est seulement la résonance de coups contre la porte qui vient tirer Ambroise de son affairement – partie comme elle l’était, c’est à peine si elle relevait le nez avant la nuit tombée. Mais présence invitée, à la porte dérobée ; on évite la devanture classique, laissée à la clientèle plus roturière, ou simplement moins habituée.
Les pas entraînent le corps jusqu’à la porte où n’a pas le temps de s’étirer l’impatience, et déjà, elle ouvre le battant – les yeux se posent sur une silhouette élancée et comme généralement, on lève le nez pour dévisager. Les lèvres s’étirent en un sourire quand le visage d’Eulalie apparaît, et pas le temps de réfléchir que la bouche s’exclame :
— Je ne t’attendais pas si vite.
Ah, la fausse insolence déguisée d’honnêteté – mais après tout, Carillon a à peine eu le temps de prévenir de son arrivée. Toutefois, elle ne prend pas la peine de s’excuser ; c’est que l’invitée-amie est habituée, depuis les années. Alors on s’efface du pas de la porte, et cette fois, on l'invite silencieusement à entrer.
Les yeux se posent quelques secondes sur la toilette d’Eulalie – sa propre robe, qui n’a pourtant pas à rougir de la qualité de son tissu, fait bien pauvre, à côté ; mais elle n’est aucunement étonnée de cette apparence si soignée – puis remontent jusque dans son dos. Les prunelles voudraient se faire occultes et voir au-delà de ce qui cache la vérité, mais elle y sera bien assez tôt confrontée -
- aux cicatrices qui hachent le corps encore blessé.
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| de Malronce | | Sujet: Re: Les cicatrices [Ambroise - Lalie] Jeu 12 Nov - 0:30 | |
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Je lui lançais un regard malicieux et osais une courte révérence. Cela me faisait plaisir de la voir et j’hésitais un instant à l’enlacer. Mais nous avions grandi et je n’étais plus l’adolescente un peu timide qui cherchait à s’aventurer au-delà des arcades feutrées de la cour de Roseraie, aussi pris-je la décision de me retenir.
Ambroise était … égale à elle-même. Bien que nous ayons des vies différentes, il y avait en elle une certaine grâce et une spontanéité que l’on ne trouvait pas à la cour d’Aubépine et de Roseraie. Les Malronçois étaient des gens très durs, avec des notions très vagues sur l’humour et le rire. Ambroise était une véritable curiosité sur ce point, ce qui ne la rendait que plus adorable à mes yeux.
« Une demoiselle n’arrive ni trop en avance, ni trop en retard. Elle est toujours à point nommé et se doit d’être reçue avec égards. »
Je laissais échapper un rire léger pour détendre l’atmosphère. Mes yeux surprirent les siens, en train de me détailler. Elle était déjà en train de m’ausculter, inquiète, alors que je venais à peine d’arriver. La connaissant, c’était de la prévenance, rien de plus, mais cela me faisait chaud au cœur. Je pris ses mains dans les miennes.
« Je suis contente de te revoir … On ne peut pas dire que je vois des visages aussi amicaux que le tien à Aubépine. »
J’avais beaucoup de temps à rattraper avec elle, mais la morsure des cicatrices dans mon dos faisait plus que m’incommoder. D’un geste, je lachais ses mains et en venais aux faits. C’était peut être indélicat, mais autant en finir le plus rapidement possible avant de pouvoir profiter de Roseraie avec ma guérisseuse.
« J’ai encore un service à te demander Ambroise … Les cicatrices dans mon dos ont recommencé à me faire souffrir. Je sens encore leur brûlure après tous ces mois et je n’arrive pas à travailler correctement avec la douleur. Peux-tu faire quelque chose ? »
Le mot que Carillon – mon pigeon voyageur – avait apporté était plus laconique. Je préférais m’expliquer directement avec elle. Elle avait déjà traité mes cicatrices par le passé et j’espérais qu’avec ses nouvelles connaissances, elle pourrait peut être parvenir à traiter définitivement le problème … du moins l’espérais-je.
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| de Malronce | | Sujet: Re: Les cicatrices [Ambroise - Lalie] Jeu 12 Nov - 15:56 | |
| les cicatrices EULALIE & ambroise Au rire d’Eulalie s’ajoute celui d’Ambroise – on s’amuse de la fausse retenue vertueuse, qui n’a plus, depuis longtemps, place entre elles – on se connaît suffisamment pour faire fi des bonnes convenances de la cour, surtout quand elles semblent aussi futiles dans les rues populaires de Roseraie. Puis les doigts se serrent les uns aux autres, tendresse amie ; il n’y a que peu de personnes avec qui Ambroise se laisse sincèrement aller, mais c’est le cas avec Eulalie.
— Et je suis contente de te voir aussi.
Mots honnêtes maintenant élevés, on se concentre déjà sur la raison de l’arrivée précipitée – si la lettre reçue quelques jours plus tôt ne l’a pas réellement explicité, Ambroise pouvait se gausser d’avoir deviné. Car si l’amitié l’attache à Eulalie, elle sait cependant cette dernière assez occupée à la cour d’Aubépine pour ne venir que par courtoisie ou envie.
Non, c’est le mal qui l’avait conduite ici – quoi d’autre aurait donc pu la pousser à entreprendre ce voyage, si ce n’était la douleur mordante des chairs un jour brûlées ?
Ambroise se souvient, de l’après-siège ; sombre époque qui occulte encore, quelques fois, l’apparente accalmie qui berce désormais Roseraie – alors simple apothicaire, elle s’était retrouvée confrontée à soulager, traiter, médicamenter bien pire que les maux routiniers – et c’était l’horreur de, parfois, être incapable de soigner. Si d’Eulalie elle n’avait qu’à traiter les cicatrices désormais, il était cependant impossible d’oublier.
— Je vais voir ce que je peux faire…
Prudence inaccoutumée, mais c’est qu’Ambroise a appris avec les années que de telles blessures ne sont pas aisées à traiter. Et alors, c’est l’âme d’enfant qui flanche sous les coups de la réalité : elle qui a grandi à Grandvent, dans cet éblouissement de la magie – mais oui, la magie-amie et ceux qui en sont dotés, oh, comment ils ont pu fasciner – doit se débarrasser de cet excès de naïveté.
— Va derrière et libère ton dos que je t’examine.
L’habitude fait qu’elle lui indique la pièce du fond, coincée entre l'échoppe principale et l’escalier – mais Eulalie connaît, alors elle la laisse s’installer pour aller verrouiller l’entrée. Et déjà, déjà l’esprit bouillonne de mille idées que l’on a pas encore testé, dans l’espoir prêt à se briser de réussir, là où elle a encore échoué.
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| de Malronce | | Sujet: Re: Les cicatrices [Ambroise - Lalie] Jeu 12 Nov - 21:19 | |
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« Merci … »
Je lâchais ses mains, même si le contact de sa peau sur la mienne me faisait un bien fou. Ma fonction laissait peu de place à la spontanéité et aux contacts aussi informels. Malronce n’était pas une terre pour les sentiments : servir le Royaume non plus et parfois, je me surprenais à envier la liberté d’Ambroise. Après tout, elle était libre, sans aucune chaîne pour la retenir, sans personne pour lui dire comment se comporter, comment s’habiller, comment agir, … Elle n’était responsable que d’elle-même et de son propre bonheur. Sincèrement, parfois, je l’enviais.
Ambroise m’enjoignit de me rendre à l’arrière-boutique, là où elle traitait ses patients. Je connaissais cette pièce par cœur à force et ne me fis pas prier pour m’y rendre. C’était probablement la pièce la plus propre de la maisonnée. Mon amie n’était pas la plus soignée des personnes, mais elle mettait un soin tout particulier à la propreté de la pièce où elle traitait ses patients. Elle me disait souvent que la saleté amenait des maladies et qu’il valait mieux une pièce dépoussiérée et totalement rangée. Soit …
La salle de soins créée par Ambroise se composait d’une table sur laquelle les patients s’allongeaient. Celle-ci était recouverte d’un linge propre, qui sentait bon la lavande. A côté, de lourdes étagères sur lesquelles s’entassaient des bocaux d’onguents fermés et de diverses décoctions soigneusement étiquetées qui permettaient à mon amie de bien se repérer dans son ouvrage. La pièce était correctement ventilée, de sorte que l’on n’était pas incommodé par les odeurs de plantes et de graisses parfumées. Un grand miroir à cadre d’argent se trouvait au fond de la pièce.
Une fois assise sur la table, j’attrapais le haut de ma robe de la fit glisser le long de mon corps, pour laisser mon dos à nu. Mes yeux se perdirent dans le miroir et je vis à mon grand regret les longues cicatrices blanches qui lézardaient mon dos en partant de mon bassin. Ma peau sombre était marbrée de stries claires et blafardes, témoignages des brûlures de guerre. La peau n’avait jamais véritablement guéri à cet endroit … En tout cas, je ressemblais plus à un zèbre malronçois qu’à une demoiselle sur cette partie de mon corps. Ca avait … un certain charme ?
Je vis Ambroise entrer dans la pièce. Je me couvris aussitôt la poitrine avec le haut de ma robe qui pendait négligemment sur mes cuisses et la laissait m’ausculter.
« Les cicatrices continuent de me brûler les chairs … Mais je ne peux pas les faire soigner par n’importe qui … Peux-tu faire quelque chose pour moi ? »
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| de Malronce | | Sujet: Re: Les cicatrices [Ambroise - Lalie] Ven 13 Nov - 23:05 | |
| les cicatrices EULALIE & AMBROISE Dans les bras s’amoncellent déjà bouteilles et flacons ; les doigts survolent les étagères, n’hésitent que peu et se saisissent des contenants, alors que l’esprit emballé réfléchit. À ce qui a été fait, à ce qui n’a pas encore été testé, à ce qu’elle pourrait essayer. Souveraine de son empire de connaissances, c’est la chasse aux détails et aux enjeux, alors que finalement, les pas la dirigent vers le fond de l’échoppe. Sur une desserte, elle dépose ses trouvailles innombrables avant de passer le tissu pendant servant de rideau, garant de l’intimité.
Sur la table l’attend Eulalie dévêtue. Pas l’esquisse d’une gêne, elle a été témoin de son lot de corps crus, et c’est devenu l’insensibilité aux êtres dénudés, une fois le rôle de la soigneuse intégré. Le visage de la magicienne toutefois, lui renvoie cette image qu’elle a vu tant de fois, celle de l’anxiété de l’incurabilité.
Mais déjà, les mains se tendent et les yeux se concentrent, c’est l’attention démultipliée – peau étendue marquée des chairs blessées. Les cicatrices semblent la narguer, en quête de sa prochaine idée – regarde, Ambroise, comme tu es incapable de nous soigner, comme tu laisses ton amie meurtrie.
— Je vais essayer de te trouver autre chose pour te soulager.
Le corps s’en va farfouiller à nouveau les étagères – sourcils froncés, c’est la moue de la contrariété ; de ne pas réussir, de ne pas pouvoir aider comme elle le voudrait, de laisser la souffrance gagner.
Impossible à assimiler ; inconcevable pour elle de se résigner.
— J’ai ramené de Grandvent de nouvelles plantes, directement cultivées à Ambrive et réputées pour leurs propriétés cicatrisantes…
Si Ambroise parle à voix haute, c’est autant pour elle que pour Eulalie ; façon d’organiser ses pensées, et de ne pas se perdre dans le cheminement des idées.
— … Je pense que si je les associe avec un onguent d’aloe vera et de miel… Oui, pourquoi pas.
Les doigts agissent à mesure que les paroles s’élèvent, et c’est bientôt sur le dos d’Eulalie que vient s’appliquer la mixture épaisse sous la douceur des gestes. Et, alors que le corps se tend inconsciemment – c'est la mémoire du mal, ancré jusque dans les muscles, les tissus, les os – elle ne peut s'empêcher d'ajouter :
— Si cela ne marche pas à nouveau... Je pense qu'il te faudra consulter des guérisseurs plus aptes à soigner les blessures causées par la magie. Il y a des limites à ce que je peux accomplir, Eulalie.
Et alors, c'est l'attente – Ambroise n'a jamais été de celles qui faisaient dans les mots cachés, mais cela n'empêche pas les autres de parfois, ne pas vouloir entendre sa vérité.
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| de Malronce | | Sujet: Re: Les cicatrices [Ambroise - Lalie] Sam 14 Nov - 0:51 | |
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« Par les Arcanes, ce baume sent bon … »
Il n’y avait qu’à Grandvent que l’on pouvait produire pareilles senteurs. Malronce n’était pas connue pour la richesse de ses parfums. Des épices, du sable, des terres arides et sèches … et de l’huile d’olive. Les fruits et les plantes qui résistaient aux agressions permanentes de l’astre céleste avaient leur place à Malronce. Quant à Grandvent … des senteurs douces et délicates, loin des effluves acres de Roseraie … des senteurs que l’on ne pouvait trouver que sur des terres vert émeraude : des odeurs de miel et de prés fraichement coupés.
Les doigts de mon amie parcoururent le grain de ma peau, appliquant avec aisance et dextérité le baume dont les effluves caressaient avec douceur mon nez. Le contact de ses mains avec mon épiderme marbré me rappela de doux souvenirs d’enfance, à cette époque où les choses étaient plus simples et où nous découvrions avec émerveillement la vie nocturne de Roseraie, ses lumières et ses plaisirs.
Toutes ces choses qui m’avaient été prises par la guerre …
La blessure me mordit la chair, me rappelant à de douloureux souvenirs. Je me souvins des cris, de l’odeur de la chair humaine calcinée, de la cendre qui emplissait nos poumons tandis que nous tentions en vain de tenir les troupes briseruniennes en respect. Dans un battement de paupières, les scènes de dévastation se rappelaient à moi et je revis Mèche, la plus jeune des magiciennes de la Cinquième, tenir entre ses bras la moitié du corps de Rosier, découpé par un tir de baliste tandis que le feu autour d’elle faisait fondre la peau de son joli visage.
La nausée me vint et je m’empressais de chasser ce souvenir en secouant doucement la tête. Il ne servait à rien de se lamenter sur les morts. Seuls comptaient ceux qui étaient encore là et dont je pouvais prendre soin.
Le baume commençait à faire effet. Les crispations se défirent sous les doigts de mon amie et les souffrances s’allégèrent tout doucement. Cela tirait toujours, mais c’était de plus en plus supportable. Mes muscles, auparavant tendus, se relâchèrent progressivement, offrant plus de place à ma respiration et libérant la tension accumulée au fil des jours. D’une main, je rabattis mes cheveux sur mes épaules pour laisser mon dos complètement dénudé, facilitant le travail de la guérisseuse, dont la dernière suggestion me laissa interdite.
« Ambroise … ma douce … je n’ai confiance qu’en toi pour t’occuper de mes blessures ici … Je suis désolée de m’imposer à toi comme ça, mais je n’ai pas le choix … Tu es pour l’instant la seule personne capable de m’aider, mais je peux te promettre que je vais trouver une solution. »
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| de Malronce | | Sujet: Re: Les cicatrices [Ambroise - Lalie] Sam 14 Nov - 15:35 | |
| les cicatrices eulalie & Ambroise — Tu ne t’imposes pas, non, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, Lalie.
Le surnom qui franchit la barrière des lèvres ; l’âge l’avait presque fait oublier, mais à une époque, c’était comme cela qu’elle l’appelait. Diminutif qui traduisait la tendresse amitié qui les liait, indubitablement.
L’onguent enfin correctement appliqué, les mains s’essuient dans le linge noué à sa taille alors que le corps se déplace, pour faire face à Eulalie. Orbes céruléennes cherchent leurs amies, et un fin sourire vient étirer les lèvres quand elle observe le visage levé vers elle ; visage sur lequel subsiste de vagues effets de la surprise de se croire incommodante.
— Je me soucie juste de ton bien-être.
Voix toujours claire, Ambroise sait qu’Eulalie peut parfois être butée, et ne veut pas qu’elle comprenne mal le sens des mots. Ne parle là, que l’inquiétude de voir toujours la douleur se rappeler, au fond de l'être, dans les veines et jusque dans l’esprit.
— Si je te laissais ne te reposer égoïstement que sur mes capacités, je serai une bien piètre guérisseuse et une bien mauvaise amie…
Choses qu’elle n’était pas.
C’est l’assurance de savoir qu’elle est douée dans ce qu’elle fait, toujours ; et de connaître jusqu’où sa loyauté peut la mener. Ambroise est de celle qui ferait tout pour ceux qui comptent et leurs années d’amitié peuvent rassurer Eulalie sur le fait qu’elle en fait partie.
Elle se détourne, les doigts attrapent des bandes de linge propre découpées, avant de s’en retourner à son ouvrage ; sur le baume, le tissu vient se déposer, catalyseur et protecteur. Puis, le reste d’onguent finit dans un pot propre, tendu ensuite à Eulalie – mais, avant que les doigts ne s’en emparent :
— Si cela ne fonctionne pas, et que dans deux lunes rouges, tu as toujours mal… Je t’accompagnerai à Saintecure. Et ce n’est pas une proposition, c’est ma recommandation en tant que soigneuse.
Regard vrillé sur le visage de son amie, en une expression qui n’ouvre la porte à aucune contradiction – crois-moi, Eulalie, c'est le mieux pour toi.
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| de Malronce | | Sujet: Re: Les cicatrices [Ambroise - Lalie] Sam 14 Nov - 23:13 | |
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Je m’emparais du pot d’onguent et le fourrais dans mon sac avant de soupirer. Ambroise avait raison … Et cela me faisait mal de l’avouer. Je ne pouvais lui en vouloir pour ces paroles. Son honnêteté était une chose précieuse à mes yeux, ses conseils aussi.
Mes yeux mirent un moment à retrouver son regard. Je n’étais pas fière de lui montrer que malgré les années, j’étais restée toujours aussi butée. Elle avait mille fois raisons et je ne pouvais que me ranger à son avis d’experte et d’amie. Je finis par me perdre dans ses yeux, remplis de considération et d’inquiétude. Impossible pour moi de refuser ses conseils. La perspective de devoir prendre congé à Saintecure avec Ambroise n’était pas la plus terrible des nouvelles. Au contraire, c’était plutôt plaisant.
« Je … c’est d’accord Ambroise. Tu as gagné … Si cela peut te rassurer, je ferai le voyage jusqu’à Saintecure si jamais mon mal empire. »
Je pris ses mains dans les miennes et serrais très légèrement ses doigts pour lui signifier que je ne prenais pas ses recommandations à la légère. Ses doigts sentaient encore le miel et l’Aloe Vera. Tout chez elle respirait ce que je ne pouvais pas être et qui me faisais envie. Je la pris dans mes bras et l’enlaçais pour la remercier. C’était peu, mais je n’avais jamais été très à l’aise avec le partage des émotions. Mais, la connaissant, elle ne m’en voudrait pas … du moins, je l’espérais. Et j’avais besoin d’une présence humaine amicale à mes côtés. Ce n’était pas à la cour d’Aubépine que je pouvais trouver cela.
« Dit-moi Ambre. Puis-je rester dormir ce soir ? Je dormirai dans ta chambre d’ami si tu m’y autorises. Je…n’ai pas envie de rentrer tout de suite à Aubépine. »
Je relâchais mon étreinte et profitais de l’instant pour remettre en place ma robe. Fort heureusement pour moi, cette dernière cachait avantageusement l’épais bandage qui recouvrait mes blessures.
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| de Malronce | | Sujet: Re: Les cicatrices [Ambroise - Lalie] Lun 16 Nov - 11:26 | |
| les cicatrices eulalie & ambroise Ah, le sourire qui s’agrandit en réponse à la soulageante victoire de savoir qu’Eulalie se range enfin à son avis ; alors, pour montrer son apaisement d’être écoutée, Ambroise se laisse aller à l’étreinte en prenant garde de ne pas poser ses mains sur le dos encore blessé. Respire l’odeur naturelle de la magicienne, et replonge des années en arrière dans les souvenirs de deux adolescentes qui se découvraient, pendant leurs vadrouilles dans les rues de Roseraie.
C’était dans l’envie de se trouver compagnie, que leur amitié s’était forgée. Ambroise fraîchement débarquée de Zephyr et Eulalie, la magicienne-apprentie – c’était dans leur solitude, aussi différente que semblable, qu’elles s’étaient trouvées ; et si la vie les avait parfois séparées, ce n’était jamais de l’ordre de l’immuabilité.
Les corps se lâchent finalement quand vient la question, et se redressant, un léger rire secoue Ambroise.
— Bien sûr que tu peux rester. Je n’allais de toute façon pas te laisser repartir comme cela, sans avoir profité d’au moins une soirée… Comme auparavant.
Aubépine est assez éloignée pour justifier une nuit de découchée – et maintenant que la soigneuse a fait son oeuvre, il est temps pour l’amie de prendre le relais. Les années n’ont pas chassé d’Ambroise le goût de la fête et des tavernes, et si Eulalie a toujours fait preuve de plus de retenue, elle sait qu’une nuit de détente ne peut que l’aider à décompresser.
— Ce soir, on sort toi et moi ! Et je ne prendrai pas le non pour réponse.
Les mains se rincent dans le bac d'eau froide mis de côté, puis dénouent le tablier avant de trouver les hanches pour se poser. C'est alors l'assurance du regard qui se pose dans celui d'Eulalie, la défiant de contester – c'est l'arrogance de savoir qu'elle ne pourra pas résister, et de savoir qu'on a déjà gagné. Déterminée Ambroise, ah, ce que ses amis doivent ainsi supporter.
— Allons nous amuser, comme les deux gamines qui tentaient de s'incruster dans les tavernes, autrefois. Ça te va ?
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| de Malronce | | Sujet: Re: Les cicatrices [Ambroise - Lalie] Lun 16 Nov - 23:16 | |
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Son sourire …
Il me faisait fondre à chaque fois. Et maintenant, elle m’offrait le gite et le couvert. Une amie comme les Arcanes n’en faisaient plus … Et c’était la mienne ! La proposition d’une soirée bien arrosée, à l’ancienne, n’était pas pour me déplaire. Ma robe enfin remise, je descendis de la table à pieds joints, mon corps se balançant élégamment sur mes talons … et déjà, Ambre portait à mes oreilles des mots qui sonnaient doux.
Je lui rendis son sourire avec entrain
« Mmmmmh … seulement si tu me promets qu’à la fin de la soirée, je n’aurai pas à te porter. Et nous n’irons pas au Martin Pêcheur ! Je n’ai pas besoin de te rappeler ce qu’il s’est passé la dernière fois. »
Je me mis à rire, au souvenir de cette étrange soirée où nous avions failli finir au trou. Nous n’avions échappé à la garde de nuit qu’après avoir mis … toute la taverne du Martin Pêcheur sans dessus dessous. Si mes souvenirs étaient bons, nos portraits de jeunesse mal dessinés étaient toujours affichés sur le panneau de bois du comptoir avec une mention « BANNIES A VIE ». C’était dommage … vraiment … l’alcool y était très bon et les clients de très bonne compagnie.
Je joignis mes doigts et lançais un regard candide à ma partenaire de crime. Non, nous n’irions pas au Martin Pêcheur … à moins que …
« Ma petite Ambre adorée … je retire ce que j’ai dit … Nous ALLONS au Martin Pêcheur. Il est temps que nous honorions notre légende de terreurs des tavernes malronçoises. »
C'était une belle revanche sur l'histoire que je lui proposais. Aucune taverne ne pouvait nous arrêter, pas même celle du Martin Pêcheur. Avec un peu de chance, nous avions assez grandi pour ne pas être reconnues. Dans tous les cas, si une soirée avec Ambroise se dessinait, il était hors de question que nous la passions dans un estaminet quelconque. J'exigeais de la qualité ! Et quoi de mieux que le Martin Pêcheur ?
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| de Malronce | | Sujet: Re: Les cicatrices [Ambroise - Lalie] Mar 24 Nov - 16:04 | |
| les cicatrices eulalie & ambroise À la proposition d’Eulalie, Ambroise se fait déjà partisante – elle avait été convaincue aux mots Martin Pêcheur. Loin était le temps où les deux amies se faisaient terreurs des tavernes de Roseraie, mais retrouver cette insouciance le temps d’une soirée avait de quoi être source de promesses.
Certes, on n’a jamais cessé de sortir et de s’amuser ; mais les années avaient tout de même calmé l’irresponsabilité du jeune âge adolescent, où l’on s’amusait à tester les limites – les siennes, et celles des autres aussi. Mémorable, cette dernière soirée à laquelle fait référence Eulalie ; pour sûr, les deux amies avaient rendu fou le propriétaire du Martin Pêcheur, assez fou pour faire appeler la garde et les bannir de son établissement.
Oui, définitivement, l’envie de se confronter à ce vieux crétin et voir s’il se souvient d’elles est réellement tentante – un petit bond dans le passé, après tout, n’avait jamais fait de mal à personne.
— Va pour le Martin Pêcheur. On a une revanche à prendre, je crois ? Une histoire du plus grand nombre de pintes bues en un minimum de temps…
Et le ton se fait plus mutin, à mesure qu’on s’excite pour la soirée à venir. Sortir avec Eulalie allait faire un bien fou, à n’en pas douter – autant pour elle, que pour Ambroise ; oui, le temps d’une soirée, on allait s’offrir un changement d’idées bien mérité.
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Messages : 36 Âge : 26 ans Métier : Magicienne de cour d'Aubépine / Commandante des Embraseurs de la Cinquième Division Défaut fatal : L'obstination
| de Malronce | | Sujet: Re: Les cicatrices [Ambroise - Lalie] Mer 2 Déc - 22:35 | |
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Il ne fut pas compliqué de s’infiltrer dans le Martin Pêcheur. L’endroit était blindé de monde et en cette période de froid, l’ambiance confinée et animée d’une taverne réchauffait les gens de Roseraie, même si, avouons-le, le climat de Roseraie étant plutôt sec et chaud, ce que les habitants considéraient comme « froid » ressemblait à un été belorgien. Assises à une table, Ambroise et moi sirotions nos pintes d’alcool. Nos portraits, même s’ils trônaient toujours sur le grand tableau des bannis, étaient ceux de deux jeunes filles … ce que nous n’étions plus depuis longtemps. Il y avait fort à parier que le tenancier ne nous reconnaisse plus, même si nous lui annoncions nos méfaits passés.
Nous avions choisi une table en plein milieu de la foule. Quoi de mieux que de se mêler à la foule pour ne pas éveiller le moindre soupçon. Bien entendu, les soudards jouaient des coudes et il arrivait que l’un d’eux nous lance un regard en coin, mais que voulez-vous … c’était à la fois amusant et atterrant. En somme, c’était humain.
Je restais enveloppée dans ma grande cape et vérifiait le fond de ma chopine, qui était déjà à moitié vide. Ennuyeux ! Il allait vite falloir que je remédie à cette situation infâme. Quoi ! Le verre d’une demoiselle, « presque vide » ?! Une honte !
Je grapillais quelques olives dans le creux de ma main et entreprit de combler mon estomac avec ces quelques fruits noirs et verts. Ce n’était pas grand-chose, mais cela me calerait un brin l’estomac le temps que je trouve mieux. Quant à ma compagne … et bien … j’avais finalement eu une bonne idée en nouant ses cheveux en une longue tresse. Cela lui évitait de se les faire tirer par des importuns. Cela lui allait bien !
Je levais à nouveau mon verre … pour la troisième fois depuis le début de la soirée.
« Ambre … à ta santé ! A nouveau, encore, et pour les décennies à venir ! »
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