t'es seule félice.
(comme toujours).

tes compagnons t'ont déjà abandonnée, partis se réfugier dans la sécurité de leur logis.

abandonnée à tes pensées, à l'inlassable vacarme qu'elles déclenchent en toi. tu es sourde au bourdonnement environnant, prisonnière du cafarnaüm qui te ronge le crâne. le rythme de tes doutes est cardiaque, régulier et infaillible — une ancre cruelle à la réalité.

tu prends une gorgée. elle a le goût de la liberté.

la deuxième a celui du plaisir.

la dixième, celui de la compagnie.

ça te cueille un sourire, félice, éclot au bout de tes lèvres. tu l'offres à rosemary et sa voix chantante, celle qui étouffe les conversations sous ses rires éclatants.

elle te retrouve toujours, étonnamment. c'est elle qui t'as trouvée la première fois et c'est elle qui mène son chemin jusque toi depuis.

rose.
(elle te tire toujours de tes nuits noires).

ne fais pas semblant d'être surprise rosemary, je sais bien que tu ne peux te passer de moi.

la vérité, c'est que tu ne sais jamais vraiment quoi penser de rosemary.

elle est une surprise — depuis la première seconde. elle te perturbe félice. rose représente beaucoup de choses que tu n'es pas. énergique face à tes insomnies qui te dérobent tes nuits ; imprévisible face à ta méfiance de l'inconnu.

et pourtant, rosemary c'est un courant d'air dans ta vie: une bouffée d'air frais arrivée subitement, se frayant un passage d'elle-même vers ton cœur. elle abat un par un les doutes que tu portes envers elle, sans même que tu ne lui en aies donné l'autorisation.

(elle t'as prise au dépourvu,
mais tu l'as laissée faire).

ses pupilles ont la lueur de la douce chaleur, celle qui te réchauffe quand la lune est déjà haute.
(ne regarde pas de trop près, tu pourrais y voir la lueur de folie).

je suis prête à te suivre jusqu'à ambrive dans tous les cas si tu arrives à me trouver meilleure boisson qu'ici.

tes joues dorées sont déjà roses félice, et ta choppe si vide.

mais je suis navrée de t'annoncer que l'auberge de zelda n'a d'égal dans tout valdore !

le petit rire qui s'échappe de ta gorge est teinté du début de l'ivresse, laissant transparaître la félice que rosemary connaît déjà bien trop. le défi suinte de ta voix, épais et sucré, coulant de la légéreté que tu désires pour cette soirée.

aujourd'hui va être une belle nuit.
(du moins tant que ne plane pas encore l'ombre de vos soucis).

hors-rp // prends mon amour stp

tu redoutes souvent la nuit félice, parce qu'elle n'a pour toi que des serres cruelles et impitoyables. la lune est moqueuse et t'arrache au privilège des rêves que tant on le droit de cotoyer alors en retour, tu ne lui offres que du mépris.

mais rosemary a ce goût de l'allégresse, celui qui se pose comme une caresse.
quelle ironie, félice.
(si seulement tu savais comme la nuit est douce comparée à rosemary).

la pensée est fugace mais le tableau est déjà peint dans ton esprit : une douce soirée autour de quelques verres semblable à celle-ci, toi, phil et rosemary, des étoiles dans les yeux et des cœurs en symphonie. mais l'image est délavée, les couleurs ternes — ce monde simple n'appartient qu'à la félice que tu jalouses, celle qui n'existe pas ici.

écoute rosemary.
elle qui dit que tu es sûre de toi, simplement parce qu'elle ne peut pas voir l'étendu de tes dégâts.

une épée à la main, aux côtés d'alcyone, tu es une des femmes les plus fortes du royaume. mais dès que tu n'es plus auprès d'elle, tu te sens poupée de porcelaine, prête à casser et te briser.

peut-être que tu as raison, mais pourquoi perdre mon temps à douter, dis-moi ?

tes doutes te consument déjà peu à peu, félice.
si tu les laisses transparaître dans tes paroles, alors que deviendrais-tu ?

notre passage sur valdore est bien trop court pour ne pas profiter des merveilles de belorge.

le doux visage de philémon s'efface, et avec lui, ton sourire menace de s'éteindre. mais c'est comme si rosemary le savait inconsciemment car la voilà qui se lève et te ramène un doux brevage doré.

alors, après un remerciement, ton sourire reprend toutes ses couleurs et elles sont criardes et pleines de sincérité.

belle rose, douce mary. tu l'envies sûrement un peu félice, tu te persuades qu'elle doit mener une vie paisible, une vie facile ; qu'elle ne connaît rien de l'injustice et du mal.
(tu es aveugle félice).

c'est étonnant que tu ne te rendes pas compte qu'une tempête se prépare. toi, si méfiante, accordant cette étrange confiance à quelqu'un dont tu ne connais rien.

j'ai beaucoup voyagé au gré des années, mais je suis bien triste d'avouer que je ne connais toujours rien du pays.

et pour cause, toujours flanquée aux bottes de la reine, l'ombre de son altesse, tu n'as pas vraiment la luxure de te complaire dans la découverte des territoires.

alors dis-moi rosemary.

toi qui respire la liberté, toi qui arpente les terres sans relâche.

si tu pouvais m'emmener à un endroit précis ce soir, où est-ce que tu m'emmenerais ?

tu veux te perdre dans des "et si", imaginer une vie où si vous le vouliez vous pourriez monter jusqu'à la lune pour lui gommer ses sourires moqueurs.

tu lèves ton verre, des étincelles de malice pétillant dans tes yeux. et si tout pouvait être simple ?

alors trinquons, oui, trinquons à nos "et si".