(end) [FÊTE DE LA MAGIE 1020] apaiser les douleurs (claire)

Apaiser les douleurs

séraphin & claire

Ça ne va pas.
La tête qui tourne à force d'arpenter les rues festives de Trois-Rivières, à tourner tourner et retourner chaque parole et chaque geste qu'ils avaient eu chacun à l'égard de l'autre. Les pleurs de Guenièvre avaient achevé son coeur et c'en fut trop, alors il était sortit - lui avait demandé d'attendre son retour, de se calmer autant qu'il allait tenter de le faire lui-même pour mieux se retrouver après.

C'est pas gagné, parce que ces maux là Séraphin ne les connaît pas. Les douleurs sont nouvelles, surprenantes et déchirantes, et les méthodes pour les soigner il ne les a pas. Bien vite, ses pas l'arrêtent au bord de l'eau, tandis qu'il observe l'image lamentable que celle-ci lui renvoie, se perd à chercher des réponses aux pourquoi et aux inquiétudes qui l'assomment brutalement. Il avait rendu triste Guenièvre et elle ne lui avait plus adressé un mot - pourquoi ? Il voudrait l'entendre rire à nouveau - comment ? Il reprend sa marche lentement, brave la foule assemblée plus facilement qu'il ne l'aurait cru en quête d'un lieu plus tranquille pour se poser, et après un virage finalement
Tombe sur toi.

Tu es devant un bâtiment quand il s'approche, lève les yeux un instant vers l'enseigne accrochée avant de les reporter sur toi.

— Vous fermez ?

Une esquisse légèrement embêtée, presque désolé te déranger maintenant alors qu'il pense avoir trouvé la réponse à au moins une de ses interrogations.

— Excusez-moi mais... l'hésitation est grande, c'est qu'il n'a clairement pas l'habitude d'une telle situation. J'aimerai acheter quelque chose.

Un bijou pour tenter d'apaiser le coeur de sa bien-aimée.

apaiser les douleurs;

feat.séraphin desrosiers

Claire regarda ses étales -du moins, ce qu'il en restait : il était dur de renflouer les stocks tout en vendant. La jeune femme était arrivée tôt ce matin, dans la capitale d'Ambrive : c'était la première fois qu'elle y posait les pieds, et elle avait été impressionnée par la taille et la vie qui y grouillait. Habituée aux petits villages et villes moyennes, Trois-Rivières avait été un dépaysement total pour elle. Ametsa, comme à son habitude, n'était pas venu avec la jeune femme dans la ville, préférant rester non loin, l'attendant sagement, comme à son habitude.

Mais elle n'avait pas le temps de flâner : les premières impressions passées, elle s'était installée parmi les commerces et avait eu rapidement quelques curieux. Ensuite, elle avait passé sa journée à vendre ses créations -et à essayer d'en fabriquer pour faire passer le temps lorsqu'il n'y avait personne s'approchant d'elle. Ainsi occupée, la demoiselle n'avait pas vu le temps passer : il fallait dire qu'elle était venue au moment de grandes festivités, elle avait donc bien choisi son moment -même si elle souhaitait tout de même profiter un peu.

Alors qu'elle s'apprêtait à fermer boutique afin de se détendre avec Ametsa -le pauvre étant resté tout seul dans son coin jusque-là-, un jeune homme aux cheveux de jais vint la voir, semblant embêtée de l'aborder, cherchant à acheter quelque chose. La jeune femme arrêta ce qu'elle faisait, le dévisageant un court instant, avant de prendre de sourire.

▬ « Ne vous inquiétez pas ! Je n'avais pas encore complètement fermé », tenta-t-elle de le rassurer.

Ce faisant, elle sorti les quelques bijoux qu'elle avait commencé à ranger. Il y avait un peu de tout : bracelets, colliers, boucles d'oreilles, de toutes les sortes et de toutes les tailles ; en somme, de quoi satisfaire tous les goûts.

▬ « Qu'est-ce qu'il vous faut, exactement ? »

Apaiser les douleurs

séraphin & claire

Tu avais l'air si compréhensive face à son air embêté qu'il ne savait plus vraiment où se mettre. Si Séraphin garde contenance malgré tout c'est parce qu'il a l'habitude de ne jamais montrer ses émotions profondes, mais son trouble est si grand aujourd'hui qu'il peine bien à ne pas avoir l'air d'un idiot. Acheter un cadeau, c'est quelque chose qu'il n'a encore jamais fait alors il ne sait pas vraiment comment s'y prendre - mais il va essayer, c'est qu'elle le mérite sa tendre Guenièvre.

— Merci.

Un sourire poli tandis qu'il observe les bijoux que tu étales face à lui. Ils sont tous aussi beaux les uns que les autres et il n'a vraiment aucune idée de comment faire un choix logique qui pourrait rendre heureuse sa douce. Son regard se pose sur toi quand tu lui offres ton aide, te remercie encore silencieusement alors qu'il réfléchit à comment aborder la chose. Comment exposer son soucis et ses envies, lui qui n'en a jamais vraiment eu jusqu'à aujourd'hui.

— Je ne sais pas vraiment... À vrai dire, j'ai- J'ai fais de la peine à mon amie alors j'aimerai m'excuser. Lui faire plaisir, vous voyez ?

Comment on dit à quelqu'un qu'on l'aime lorsque l'on n'a pas les mots, Claire ?

Montre lui.

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feat.séraphin desrosiers

L'homme regarda les bijoux, semblant hésitant, avant de demander conseil. De la peine à son amie... Il cherchait à se réconcilier avec elle en lui offrant un bijou, donc. Claire prit le temps de réfléchir, parcourant ses marchandises des yeux.

Elle exclut les boucles d'oreilles : elle ne savait pas si la fameuse amie avait les oreilles percées, et il lui semblait bien malvenu de lui demander. Un bracelet, peut-être ? Cela lui sembla une bonne idée, en effet, mais en regardant ce qu'elle avait, aucun ne lui sembla à la hauteur de la demande du jeune homme. Ses lapis-lazuli finirent leur chemin sur les colliers qu'elle avait. Il n'y avait pas forcément besoin de chercher à faire compliqué, il fallait juste trouver celui qui allait toucher le cœur du destinataire. Et après avoir parcouru ce qu'elle avait, son regard se jeta sur un collier simple, aux améthystes et turquoises brillant à la lumière, savamment assemblés ; ce n'était pas le plus compliqué de sa liste, mais peut-être cela pouvait-il convenir ?

▬ « Que pensez-vous de celui-ci ? » demanda-t-elle. « Si votre amie apprécie le vert et le violet, je pense que ça pourrait lui convenir ! »

Claire prit un autre bijou -un autre collier, de pierres bleues cette fois, un peu plus élaboré mais non moins élégant- et le présenta au jeune homme ; elle fit de même avec un autre, celui-ci mêlant habilement des nuances de rose ; cependant, elle ne présenta pas toutes ses marchandises, essayant de prendre ceux qui pourrait taper dans l'intérêt du jeune homme. Elle fit une courte pause avant de demander :

▬ « Je vous ai présenté avant tout des collier, mais n'hésitez pas si vous préférez offrir un bracelet ou une boucle d'oreille. » Elle fit une nouvelle petite pause avant de redemander, se souvenant qu'elle avait oublié un léger détail. « Par ailleurs, votre amie, elle a une couleur préférée ? Une pierre qu'elle apprécie particulièrement ? Ces petits détails peuvent vous aider à choisir. »

Au fond d'elle, Claire savait qu'elle aurait dû poser cette question avant de faire les présentations, mais mieux valait tard que jamais, non ?

Apaiser les douleurs

séraphin & claire

Séraphin observe les bijoux, touche doucement ceux que tu lui tends sans un mot ni même un sourire. C'est qu'il cherche à faire plaisir pour la première fois de sa vie alors il ne sait pas comment s'y prendre, et il doit te paraître être un client bien difficile pourtant il n'en est rien. Séraphin se sent juste un peu idiot de vouloir si bien faire, un peu content aussi - dépité d'avoir fait pleurer sa tendre Guenièvre mais déterminé à se racheter. Si d'ordinaire il lui confectionnait de petits totems au gré de ses envies, aujourd'hui il fait l'effort de tenter autre chose.

Son regard quitte le dernier collier présenté pour se poser sur toi tandis qu'à ses lèvres s'étire une légère esquisse.

— Il me semble en effet que ce sont des couleurs qu'elle apprécie, douces comme elle songe-t-il.

Hélas rien n'avait attiré son œil et il se sentirait bien idiot de lui offrir quelque chose qu'il n'appréciait pas un peu. Ses yeux parcourent alors l'étale à la recherche de la perle rare.

— Elle-

S'arrête lorsqu'il aperçoit ce pendentif au coin de la table, simple et délicat - il scintille à la lumière du jour et Séraphin ne peut s'empêcher d'arrêter de respirer, un instant.

— Ça a la couleur de ses yeux...

Les mots sont soufflés alors que son regard se perd sur le vert lustré de cette pierre si douce. Il la caresse du bout des doigts avant de t'observer à nouveau.

— C'est de l'émeraude, n'est-ce pas ?

Ça devait être à peu près la seule pierre qu'il connaissait.

— Combien coûte-t-il ?

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feat.séraphin desrosiers

Il observe les bijoux, ne semblait pas convaincu par ceux que Claire lui proposait. Peut-être était-il difficile ? La jeune femme réfléchissait, cherchant à lui proposer une solution convenable. Puis finalement, il leva les yeux vers elle, esquissa un sourire. Elle ne sut comment interpréter cette énigmatique réponse : de quelles couleurs parlait-il ? Elle ne lui demanda pas. Il devait se comprendre.

Les yeux se baladèrent sur l'étale, cherchant son bonheur ; cherchant le bijou au pouvoir miraculeux, capable de réparer des malentendus, des amours que l'on croit perdus. C'est un collier d'émeraude qui retient son attention, au coin de la table. D'un vert profond, que le soleil mettait en valeur de la plus belle des manières. Il semble hypnotisé par les reflets dansant, se perdant dans la profondeur du vert, semblable à la couleur des yeux de son amie, avec qui il souhaitait se réconcilier.

▬ « C'est de l'émeraude, en effet », lui confirma-t-elle avec un doux sourire.

Il touche l'objet, délicatement, comme s'il avait peur de le briser. Claire observe sans rien dire. Attendrie. Le laisse admirer. Et elle eut un pincement au coeur. Elle aussi, elle aurait aimé pouvoir offrir quelque chose à quelqu'un, maintenant. Se démener pour trouver le cadeau parfait, hésiter, se décider ; sentir l'angoisse monter lorsqu'elle se trouve en face d'elle, ou de lui, craignant d'avoir choisi par malheur quelque chose qui leur déplairait ; puis se sentir soulager de les voir heureux, bonheur contagieux qui emplirait alors son coeur.
Fut un temps, elle avait pu le faire. Voir le bonheur danser dans leurs yeux, voir des sourires heureux se dessiner sur leur visage, voir l'allégresse se dégager de leurs mouvements, de leur être entier.
Mais maintenant, elle n'avait plus personne à qui offrir un cadeau. Elle n'avait que de vains espoirs auxquels se raccrocher. Le souhait secret qu'un jour, elle pourrait de nouveau offrir à ces deux êtres qu'elle chérissait tant.

Ce fut le jeune homme qui la tira de ses pensées en lui demandant le prix du bijou. Chassant ces souvenirs nostalgiques, elle reprit un sourire, cachant les troubles de son âme qui s'étaient emparés d'elle : ce n'était pas vraiment le moment de se laisser envahir par la tristesse et la mélancolie, de toute façon.

▬ « 3 dores et 1 dore d'argent », lui répondit-elle simplement.

Apaiser les douleurs

séraphin & claire

Tandis qu'il te regarde doucement, il te voit partir loin - perdue dans des pensées qui t'étaient propres mais qui laissaient s'afficher à tes lèvres la mélancolie. Alors Séraphin respectueux ne dit rien, et ça ne dure pas si longtemps de toute façon; il attend. Il attend tranquillement, en profite pour se perdre lui-même encore un peu sur l'émeraude, s'imagine le regard de Guenièvre et il espère sincèrement - un peu - qu'elle apprécie le geste.

Il sort de sa bourse les quelques dores demandés, te les tend sans aucune hésitation et avec un léger sourire poli.

— Est-ce que vous allez bien ?

Car te dire qu'il prenait ce collier était inutile, lui préféra tout de même s'assurer de ton état avant de te laisser. Si tes histoires ne l'intéressaient pas, on lui avait apprit à faire attention aux autres depuis quelques années - depuis qu'il n'était plus tout à fait rien. Un peu de quelqu'un, un pas grand chose qui aujourd'hui avait acquit de grands pouvoirs. Et si sa magie n'allait pas l'aider, sa question peut-être le pouvait.

Alors il essaie, Séraphin.
Encore encore et encore.

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feat.séraphin desrosiers

Claire prit les dores et les rangea dans sa bourse, sans rien dire de plus ; elle pensa qu'elle devrait les compter en fin de journée, peut-être aurait-elle largement assez pour se payer une nuit de plus à l'auberge. Elle prit le collier sur lequel l'homme s'était attardé et le lui tendit : elle savait, sans qu'aucun mot ne soit dit, que c'était de toute façon ce bijou, et aucun autre, qu'il désirait.

Alors que la marchande s'apprêtait à le remercier de son achat, la question la prit par surprise. A vrai dire, elle n'avait pas vraiment l'habitude qu'un inconnu s'enquiert de son état ; peut-être avait-il remarqué qu'elle s'était perdue dans ses pensées, tout à l'heure ? Elle lui sourit.

▬ « Ne vous inquiétez pas, tout va bien », le rassura-t-elle.

Elle hésitait. Devait-elle lui demander ? Elle n'avait pas vraiment envie de le retenir plus longtemps, mais... Si elle ne demandait pas, elle n'allait jamais avancer, elle le savait ; et pourtant, dès qu'elle avait posé la question, la même réponse revenait à chaque fois, implacable : « Je ne sais pas, je ne connais pas, je n'ai jamais vu ». Elle savait qu'elle ne perdait pas grand-chose, mais essuyer ainsi les échecs pesait de plus en plus et devenait décourageant.

▬ « Dites moi... Je suis désolée de vous demander ça, mais vous n'auriez pas vu un homme en particulier ? »

Claire lui décrivit rapidement son frère : ses cheveux, ses yeux, sa taille. Elle s'accrochait au mince et fragile espoir que, peut-être, l'homme en face d'elle savait quelque chose, et qu'il pourrait peut-être même la mettre sur la voie de sa soeur.

Apaiser les douleurs

séraphin & claire

Même si tes yeux mentent un peu il n'insistera pas, si tu lui dis que tout va bien alors ce sera le cas et Séraphin te retourne ton sourire, en silence te fais comprendre qu'il a comprit tout en songeant qu'il était peut-être allé trop loin. Pourtant à présent tu sembles hésiter et il se demande ce qu'il t'arriver - qu'as-tu à lui dire, à lui demander ? Parle avant qu'il ne se détourne de toi, car c'est ce qu'il s'apprête à faire à présent que votre échange est terminé. Il allait te souhaiter une belle journée avant que tu ne te décides finalement à le devancer.

— Un homme ?

Il ne sait pas tout à fait de qui tu parles mais lui semble surprit - et c'est que la description que tu en fais ensuite colle à cette silhouette parfois croisée au détour des rues. Au marché noir, se souvient-il, mais ça il ne peut pas vraiment te le dire.

— Il me semble bien avoir déjà croisé cette personne dans les environs, plusieurs fois avoue-t-il tout en réfléchissant encore. Je ne me suis pas attardé cependant, vous m'en voyez navré.

Navré de ne pas pouvoir t'aider plus.

— Est-il un ami ?

C'est demandé plus par politesse que par curiosité, comme ça pour savoir sans que ça ne l'intéresse vraiment. Ou peut-être que si, la pensée vaine que peut-être il pourrait faire quelque chose la prochaine fois qu'il le croiserait - et la réponse évidente qui vient ensuite. Celle qui dit : Ce ne sont pas tes affaires Séraphin. Laisse tomber.

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Il sembla surprit de la question que Claire lui avait posé. Le cœur de la bijoutière battait à tout rompre, ne pouvant s'empêcher d'attendre une réponse positive, refoulant désespérément le cas où la réponse serait négative. Montagnes russes des émotions, qu'elle avait bien l'habitude d'emprunter, la chute rapprochant un peu plus du découragement définitif. Mais cette fois, ce fut différent : après tant de temps sans réponse, voilà que l'homme savait. Ce n'était qu'une réponse vague, mais cela suffit à emplir d'espoir l'être entier de Claire.

▬ « Vous l'avez croisé ?! Où ça ? », demanda-t-elle, les yeux pétillants.

La jeune femme avait bien du mal à cacher son excitation face à une telle nouvelle : elle l'aurait secoué si elle n'était pas aussi timide et si elle n'avait aucune tenue -heureusement, elle n'en fit rien, se contentant d'écouter la suite. La réponse était vague, il n'avait fait que l'apercevoir sans s'attarder dessus, mais c'était largement suffisant pour Claire. A la question de leur lien, Claire se demanda si elle devait dire la vérité, ou si elle pouvait se contenter d'être floue. Quoique, il était bien inutile de préciser la nature du lien qu'elle avait avec celui qu'elle cherchait désespérément.

▬ « On... On peut dire ça, oui. Je l'ai perdu de vue il y a quelques années et j'aimerai le retrouver », expliqua la bijoutière. « Vous souvenez-vous de l'endroit où vous l'avez vu ? »

Apaiser les douleurs

séraphin & claire

Tu sembles si heureuse tout à coup - l'éclat de ta voix, le changement qu'il perçoit dans tes yeux, tout ça le dépasse un peu et il ne sait pas vraiment comment réagir. Alors Séraphin ne dit rien, t'observe en silence et il ne peut qu'attendre, finalement, que tu ne t'adresse encore à lui plus calmement.

— Je ne me souviens pas vraiment, à vrai dire et il ne ment pas tout à fait en te l'avouant.

Il se souvient des allées du marché mais rien de plus, et il ne voudrait pas te voir risquer ta vie là-bas toi qui venait de l'aider à trouver le cadeau qu'il souhaitait pour Guenièvre. Tu lui sembles si innocente qu'il ne peut s'empêcher de craindre le pire en t'y envoyant.

Et puis son esprit le rappela à la raison.
Mais de quoi est-ce que tu te mêles, Séraphin ?
Depuis quand mentait-il afin de préserver les autres ?

Il n'aime pas ça.
Ni le mensonge (parce que c'était mentir que de se voilà la face, en réalité) ni la sensation désagréable au creux de la gorge de faire n'importe quoi. Il déraille Séraphin - ressent trop, ou pas assez à force il ne sait plus.

Aller, réponds lui maintenant.
Arrête tes conneries.

— Il me semble que la dernière fois c'était près des grandes grilles du marché couvert. ce marché où tous n'étaient pas autorisés à entrer. Mais je me dois de vous mettre en garde, dame.

Qu'il perde son coeur et te laisse mourir si c'est ce tu souhaites, car pour toi les marchands n'auront aucune pitié. C'était certain.

— Vous n'aimerez pas ce que vous trouverez là-bas.

Et il n'est pas si facile d'y accéder.
Bon courage alors.

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feat.séraphin desrosiers

Une pointe de déception passa dans le regard de Claire : il ne se souvenait plus vraiment... Peu importe. Son indice avait été particulièrement précieux aux yeux de la jeune femme : avec un peu de chance, peut-être était-il juste à Ambrive ? Peut-être n'avait-il pas quitté le pays, après tout ? Et là, la demoiselle se rendit compte de l'étendue énorme de sa tâche, d'à quel point elle était partie de rien. Elle en eut le vertige, mentalement.

Les souvenirs revinrent au fur et à mesure dans la mémoire du jeune homme, précisant qu'il avait vu la personne recherchée près des grilles du marché couvert... A vrai dire, la jeune femme n'avait pas vraiment la moindre idée de ce dont il parlait. Peut-être qu'elle était passée à côté de ce fameux marché ; cependant, l'avertissement n'inspirait rien de bon à Claire : qu'est-ce qu'on pouvait donc bien trouver là-bas ?

▬ « Je ferais attention si je m'y rend », promit-elle. « Si je peux me permettre... Qu'y trouve-t-on ? »

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séraphin & claire

Faire attention ce n'est pas vraiment assez, eut-il envie de répondre. Faire attention, en Ambrive et particulièrement ici à Trois-Rivières, ça voulait dire être assez fort pour repousser l'ennemi. Ça voulait dire soit savoir se défendre soit se faire transparent, invisible mais pas trop non plus car les yeux ici étaient partout et discernaient tout. Si tu étais trop invisible alors plus personne ne pourrait te sauver et tu rejoindrais alors ces choses que tu ne devrais pas voir, au marché noir.

Une grimace lorsque, curieuse, tu poses cette question à laquelle il ne veut pas répondre.

— On y trouve le pire de l'Homme, madame.

Les pires vices et les pires horreurs.
Lorsque l'on y entre c'est sans la sûreté d'en ressortir
Si l'on en ressort ça n'est pas forcément vivant et
Si par miracle l'on en ressort vivant, ce ne sera jamais entier.

Au marché noir de Trois-Rivières on y trouve de tout, à commencer par les cadavres des hommes et les cris des morts.

— Ce n'est pas un endroit conseillé, surtout si vous êtes seule.

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A vrai dire, Claire ne s'attendait pas vraiment à cette réponse. Pour une personne aussi innocente que Claire, il était bien dur d'imaginer ce qu'étaient les « pires vices de l'homme », comme il disait. Elle ne pouvait ne serait-ce que saisir entièrement la porté des mots qu'on lui disait à ce moment-là, réaliser pleinement leur sens et découvrir tout ce qui pouvait se cacher derrière. Même si elle était curieuse, elle ne savait pas si c'était une bonne décision, et la suite la refroidit d'y aller.

▬ « Je vois... » dit-elle -mais elle ne voyait pas, elle ne pouvait pas. « Merci pour votre aide et votre achat, désolée de vous avoir embêté avec mes problèmes personnels. »

Elle lui sourit. Au fond d'elle, Claire était tiraillée entre la curiosité, qui l'intimait de s'y rendre le plus tôt possible afin de découvrir la vérité et peut-être son frère, et entre la raison, qui lui soufflait de ne même pas tenter de trouver ce fameux marché couvert, cachant mille et une immondices qu'une personne comme elle ne supporterait pas de voir : elle n'était pas prête de voir les dessous du monde, d'entendre toutes les horreurs dont il était capable.
Elle était bien trop douce, bien trop gentille et bien trop pure pour ça, Claire.
Elle n'était pas prête pour y poser les pieds, son esprit n'était pas préparé à ce qu'elle pourrait y voir.
Du moins, pas encore.

Apaiser les douleurs

séraphin & claire

— Ne vous excusez pas, dit-il avant d'esquisser à nouveau un sourire. Si j'ai pu vous aider j'en suis ravi.

Ce n'est qu'à moitié vrai cependant ce n'est pas une chose que tu avais besoin de savoir. Sans vraiment l'être, tu lui semblais décidée à aller au bout des choses et il n'était personne pour t'en empêcher. Alors il ne lui reste plus qu'à te dire au revoir et à s'en aller. C'est qu'à la pensée d'un retour à la maison il y a le visage de Guenièvre qui s'affiche et qu'il ne veut plus attendre une seconde de plus désormais.

Il espère qu'elle lui pardonnera.
Il espère aussi que toi tu retrouveras.

— Bonne route, madame. Puissiez-vous en sortir indemne.

Peut-être que vous vous recroiserez, au marché ou ailleurs peu importe. Alors en attendant la prochaine fois il n'y a plus qu'à te souhaiter une bonne journée.

— Au revoir.

Doucement prononcé avant de s'en aller.
Prenez soin de vous.