Sujet: curiosity killed the cat ❥ (neriah) Mar 8 Sep - 15:12
— but satisfaction brought it backAURORA & NERIAH
Elle avait entendu les rumeurs venues de Sombrelune et les secrets du monde que l’on hésitait à révéler aux oreilles du peuple ; elle les avait entendu, et Aurora, curieuse et avide de tout savoir avait rongé son frein jusqu’au jour où l’occasion de poser les questions qui la brûlaient se présenta enfin sous les traits d’un inconnu venu d’ailleurs. Un traqueur, ainsi l’avait on qualifié, et pas n’importe lequel ; il n’avait pas fallut très longtemps à la jeune femme pour lui faire porter une invitation à la rejoindre pour le thé dans sa demeure –prétexte de politesse comme un autre pour pouvoir enfin avoir sous la main quelqu’un capable de répondre à toutes ses interrogations.
Exceptionnellement, il pleuvait à torrents ce jour là sur Grandvent ; et c’était peut-être là un joli don des arcanes que de lui offrir sur un plateau d’argent de nouvelles excuses pour retenir son invité un peu plus longtemps dans le salon de discussion confortable qui avait été préparé spécialement pour ce genre d’occasions.
« J’espère que vous ne m’en voudrez pas de vous avoir fait venir par ce temps, fit-elle d’un ton poli mais qui ne s’excusait pas tout à fait. Je ne sais pas combien de temps vous comptiez rester à Grandvent et je ne voulais pas manquer l’occasion de discuter avec vous ! »
Sur la table étaient présentées, comme à chaque fois qu’elle avait de la visite, des spécialités de la région à grignoter accompagnées de boissons, et bien vite le personnel du château eu terminé de s’affairer autour d’eux pour les laisser enfin tranquille. Aurora posa un regard curieux sur son invité et s’autorisa un léger sourire un peu narquois.
« Je vous imaginais plus grand... les rumeurs ne vous font pas honneur. »
Sujet: Re: curiosity killed the cat ❥ (neriah) Dim 20 Sep - 21:03
Les larmes célestes se déversaient en une abondante averse sur les douces terres de Grandvent, pareille à un suaire enveloppant le cadavre de qui succombait dans la méconnaissance de tous, sinon celle du traqueur à sa charge : avant même que ne soit découvert le corps exhumé d'un homme dont les murmures environnants supposaient les méfaits, quelques oreilles traînaient, lorgnaient maisons désertées et chambres oubliées comme le cénotaphe d'un pécheur rattrapé par la lame d'un destin funestement personnifié.
Les rumeurs allaient à profusion, annonciatrices d'une venue cependant exempte de la moindre belligérance quant aux homicides dont on me forçait la charge, tant de ces ragots qu'en de fausses épitaphes signées de mon nom ; esseulé par ces élucubrations dont je ne déduisais que lâcheté et nocivité, je ne trouvais pas plus la force que le moyen de me soustraire à cette déréliction qui, doucereusement, se renfermait sur moi. La traque, plus que jamais, gagnait le seuil d'une volition que j'eus longtemps espéré inflexible, appensantant ma charge de cette délictueuse terreur dont le monde me rendait coupable. Ce monde, si quotidiennement apprécié au fil de mes incessants voyages, perdait le délice de ses teintes pour adopter la carcasse d'une gigantesque sépulture dont je combattais l'inacceptable vacuité, empilant cadavres et délits au nom d'une justice dont ne demeurait qu'effroi pour un peuple qui aurait volontiers évité de tels frais. Et pourtant, si j'avais espéré m'en tenir à quelques discrètes virées touristiques, la soudaine invitation de l'autorité locale m'avait tant surpris pour ses informations que sa volonté d'une rencontre : pour qui tenait le pacifisme en un si prépondérant piédestal, la venue d'un meurtrier ne semblait faire tant de débat—du moins, en l'esprit de la gouverneure.
Tout au contraire, votre invitation m'honore. Je ne saurai allouer assez de temps à la contemplation d'une si ravissante compagnie, dussé-je en reconsidérer mes propres responsabilités.
Un trait d'humour pour qui comme elle, se devait de connaître le zèle avec lequel mes lugubres danses s'enchaînaient en de nocturnes circonstances, gagnant surface comme gouffre de la certitude d'une justice immuable, clamant l'équilibre d'un monde dont toute raison avait provoqué la dérive : Valdore était un recueil d'une iniquité soutenue par l'inaction de l'oligarchie mondiale, et l'anarchie se voulait futur immuable, comme une marée montante dont quelques infrastructures vieillissantes ne sauraient retenir l'expansion. Mes actes n'avaient rien d'une sédition (quelle hypocrisie c'aurait été ! Profitant ainsi des mets d'une si accueillante dame) et s'inscrivaient comme le cri de rage d'une âme si déroutée par l'arrogance qu'elle s'en espérait main divine, inconsciente de la futilité de ses traques quant à une paix désirée.
Les rumeurs n'ont rien en commun avec la réalité des faits. Me croirez-vous si j'affirme n'avoir mené qu'une simple visite touristique ? J'espérais me délecter des merveilles de Grandvent, sans imaginer que la meilleure d'entre elles m'inviterait à sa table.
En modeste éponyme d'une entrevue dont je n'aurai su déduire les raisons, tant les astres céruléens de la demoiselle restaient opaques à toute clairvoyance sentimentale, je m'affublais en quelques tirades frivoles, m'attirant les faveurs de qui avait toutes les raisons d'en vouloir à mon existence : la simple venue d'un traqueur consistait un solide affront à la sereine juridiction des lieux, toutes incontournables que furent mes remontrances eut égard des pactisants démoniaques. Mon discours, cependant, s'en tenait à une si sobre vérité qu'elle en aurait été décevante pour qui répondait des fadaises de ma réputation, car jamais mon inactivité, en la raison d'un Duc bien couard, n'avait été aussi prolongée.
Ne m'avez-vous fait appeler que pour profiter de ma compagnie ? Non que je m'en plaigne, pensez-vous—votre thé est exquis, et une discussion en votre présence ne saurait l'être que davantage.
Sujet: Re: curiosity killed the cat ❥ (neriah) Mar 6 Oct - 2:32
— but satisfaction brought it backAURORA & NERIAH
Aurora avait accueilli Neriah Lothbrok et ses flatteries avec un sourire poli et peut-être un peu amusé de voir que celui qu’on avait décrit comme un monstre usait mieux de l’éloquence que bon nombre de grandes gens qu’elle connaissait –sûrement mieux qu’elle aussi d’ailleurs.
« Oh, vous êtes venus visiter ? fit-elle en haussant les sourcils. J’espère que vous aurez plus de chance avec la météo pour le reste de votre séjour, Grandvent est bien plus agréable sous le soleil à mon humble avis. »
Elle porta la tasse de porcelaine à ses lèvres et baissa les yeux, paupières mi-closes, pour savourer une gorgée brûlante de son contenu, tout en se donnant le temps de réfléchir un peu à comment formuler le fond de ses pensées de la manière la plus adroite qui soit pour répondre à la question de sa convocation. Et puis finalement, Aurora se rappela qu’il n’était pas un de ces stratèges politiques des royaumes voisins à qui elle avait l’habitude de faire face et dont les jeux d’influence lui demandaient d’user de retenue et d’hypocrisie de circonstance ; dans le fond, ce n’était qu’à un homme de Sombrelune à qui elle avait affaire, et sans non plus douter de l’étendue de sa puissance, elle n’avait pas à contenir sa curiosité pour éviter un quelconque incident diplomatique. Alors elle reposa sa tasse dans sa soucoupe qui tinta dans un son de vaisselle un peu emballé, et elle posa sur son interlocuteur un regard pétillant et avide— elle voulait savoir.
« Jusqu’ici je peux dire que votre compagnie m’est toute aussi agréable, fit-elle d’un ton enthousiaste, cependant il serait mentir que d’affirmer vous avoir fait venir jusqu’ici uniquement pour prendre le thé. »
Elle posa les coudes sur le bord de la table et croisa les mains avant d’y laisser reposer son menton.
« J’ai eu vent disons, de vos… exploits. Et de la nature pour le moins obscure de la tâche que Sombrelune vous a incombé. Cela étant dit, les échos que l’on m’a rapporté restent un peu flous à mon goût et votre venue à Grandvent était l’occasion parfaite pour poser les questions qui me taraudent à un expert en la matière ! »
Le sourire qui s’invita sur ses lèvres semblait similaire à celui qu’elle étirait tous les jours, mais il luisait dans son regard l’assurance des femmes qui savent ce qu’elles veulent et qui comptait bien l’obtenir d’une manière ou d’une autre.
« J’ose espérer que cela ne vous importune pas trop ; ceci étant dit j’avoue compter sur votre galanterie pour ne pas vous défiler trop tôt si c’est le cas ! »
Sujet: Re: curiosity killed the cat ❥ (neriah) Jeu 22 Oct - 17:55
En un esprit tenu de préserver le monde des obscurs secrets dont le gouffre se voulait épicentre, de pareilles demandes sonnaient comme le tintamarre discordant de quelques âmes enfantines à la curiosité malvenue, me soustrayant à mon désir primaire de protéger les cœurs : cette volonté que j'avais estimé inflexible se laissait tarir par l'effet des années et d'une aigreur plus autoritaire que je ne l'aurais cru, sans nul doute amplifiée par la constante frustration qu'une proie si pleutre laissait fleurir en moi. Au regard des vestiges de ce qui autrefois fut une volition immuable, une telle demande n'aurait su être mieux accueillie qu'en la demeure d'un sourire habilement feint, et la galanterie dont Aurora faisait l'éloge se chargea d'animer mes traits de cette doucereuse amabilité : quelques instants m'avaient suffi pour témoigner de la redoutable éloquence dont disposait la gouverneur de Grandvent, car nul autre n'avait—jusqu'à ce jour—réussi à me tenir captif de mes propres frivolités. Cette seule pensée se chargea d'affubler mon visage d'un amusement plus véridique, logique conséquence d'une audace dont j'appréciais l'expression : mon bref échange avec la reine de Malronce m'avait accoutumé au fort caractère des femmes au pouvoir, tant et si bien que je ne me formalisais pas de si rustres méthodes que j'estimais nécessaire à leur règne.
Vous êtes clairvoyante et vous ne tournez pas autour du pot. Bien que de telles confidences ne m'enchantent guère, je n'ai pas accepté votre invitation pour vous refuser mes informations. Le droit de connaissance appartient à tous—et de bien maigre autorité, je ne peux que vous inciter à rester loin d'un gouffre et de ses démons que j'estime dangereux pour le monde.
Et si, jusqu'à présent, la politesse avait été l'indétrônable fer de lance de nos échanges superficiels, la gravité de ma révélation nouvelle trouva source en la sérieuse expression que mon visage livra à la gouverneur : nul sourire ne fit office de réconfort pour qui posait pied en un terrain dont l'inconnu n'enviait rien à sa dangerosité, colportant l'espoir, peut-être, d'en conquérir le pouvoir. Le Gouffre, cependant, n'était de ces lieux que l'on mettait à profit, au même titre que les riches terres que Grandvent exploitait mieux que toute autre nation ; de la sèche racine d'un sol d'obsidienne aux êtres malfaisants qui le peuplaient, tout en cet enfer avait attrait à la mort, immuable et éternelle : nulle ambition ne survivait au contact de ce qui engloutissait jusqu'à la lumière du soleil, se condamnant à une nuit interminable.
Vous n'êtes ni la seule ni la première au courant de mes faits, j'en ai bien peur. C'est d'ailleurs par soucis d'équité que je vous livre mes connaissances en la matière, mais aussi dans l'espoir que vous les usiez à bon escient. J'ai bien assez foi en votre sagesse pour répondre de toutes vos interrogations, en témoigne la remarquable situation de votre contrée.
Car jamais, en ces yeux pétillant d'une curiosité naïve, je n'aurais imaginé la possibilité qu'y naisse quelconque désir belliqueux, me cantonnant à la certitude de ses pacifistes ambitions. Par le passé, un nombre alarmant de dirigeants avaient nourri l'espoir d'unifier nos terres en un royaume unique, sans que de si absurdes désirs ne se soldent autrement qu'en d'innombrables morts : Antigone Bathory, bien que je la traque pour une raison toute autre, faisait parti de ces dangereuses personnalités. Sa fierté n'avait d'égale qu'une habileté au combat que je reconnaissais redoutable, et Aurora Martell me semblait bien exempte de tels défauts : son charme se jouait certainement de ce qu'il me restait de jugement, mais je voulais croire en sa sincère bienveillance.
Rassurez-vous, je ne suis nullement intéressé par les politiques. Dans mon cas, je me contenterai d'un bon thé et de votre chaleureuse compagnie, en toute circonstance que ce soit.
Sujet: Re: curiosity killed the cat ❥ (neriah) Lun 9 Nov - 1:55
— but satisfaction brought it backAURORA & NERIAH
La réponse du traqueur, dans sa totalité, eut le don d’enchanter la gouverneure qui partageait bien l’idée que le savoir ne devait pas être réservé à une élite restreinte mais au contraire partagé comme un bien commun et enrichi d’horizons différents. Le sourire espiègle qui s’étira sur ses lèvres témoignait de sa curiosité à l’impatience difficilement retenue et ne faillit pas devant l’expression grave dont se para soudainement son interlocuteur. Elle se doutait bien que ce qu’elle lui demandait de lui révéler n’était pas chose bénigne ; Sombrelune n’aurait pas la moindre raison d’en taire l’existence s’il en eut été autrement. C’était donc en parfaite conscience de la chose qu’Aurora dévorait Neriah des yeux, comme une enfant dans l’attente d’une histoire pourrait consumer du regard les traits de son conteur.
« Je vous remercie de votre confiance avant tout, fit-elle en se redressant contre le dossier de son siège, et si cela peut vous rassurer sachez que mon intérêt pour la chose est d’ordre personnel bien avant d’être politique. »
Aurora était parfaitement au courant que le savoir était une forme de pouvoir comme une autre ; c’était celle de sa prédilection, à défaut de posséder une puissance physique ou militaire capable de défaire le plus puissant des ennemis. Elle haussa les épaules dans une gestuelle nonchalante et une expression de culpabilité admise se dessina sur ses traits.
« Le fait est que depuis toujours, je suis une incorrigible curieuse et j’ai du mal à accepter que quelque chose échappe à ma compréhension. À l’heure d’aujourd’hui je ne compte rien faire de ce que vous pourrez me révéler et je prends bien note de vos mises en garde ; mes raisons sont peut-être futiles mais je n’userai pas de ces informations à la légère, si je m’en sers tout court. »
Elle porta la tasse à ses lèvres et profita d’un instant de pause pour en boire une gorgée.
« Ainsi donc, en quoi consiste exactement votre position ? Que savez-vous sur ces fameux démons dont j’entends de plus en plus parler ? »
Sujet: Re: curiosity killed the cat ❥ (neriah) Dim 20 Déc - 21:19
Les effluves d'un gracile parfum s'élevèrent à même mon visage apaisé par la quiétude de si luxueuses alentours, et chaque détail en semblait orchestré par la doucereuse autorité d'un sublime visage, mais dont je me sentais capable, dans un élan de fertilité imaginative, d'en imaginer l'enfouie colère. Au travers d'une abrupte honnêteté à même d'en décontenancer mes barrières, elle m'imposait d'y répondre pareil sentiment : ses yeux s'illuminaient des spectres d'une âme enfantine, en feux-follets témoins d'une immarcescible curiosité, et Aurora s'imposait. Il suscitait en son être moins d'ambition que cette curiosité dont elle chantait les éternités, comme l'autorité sous-jacente de la plus pacifiste figure de ce monde. Et si tout homme se laissait guider par de pareils instincts, s'arrachant aux belliqueuses intentions de conquête au bénéfice, peut-être que le monde s'en trouverait enfin sauvé.
Quelques pensées reconnaissances s'alimentaient à la lueur de ses tendres sourires, forgeant en mon cœur le profond désir de lui adresser la plus belle des sérénades ; ma joue trouva refuge en le creux de ma large main, dont la seconde s'allouait à porter à mes lèvres une tasse de thé. Votre sincérité dessert généreusement la confiance que je vous porte, mais nonobstant votre honorable position politique, je vous prie de n'oublier ceci : je ne suis ni votre allié, ni votre ennemi. Nulle menace ne vint caresser une voix portée par un calme soutenu de quelques notes de charmes, comme une ode à la plus sublime des femmes que j'eus rencontré.
Lorsque mon échine se courba en un soupir mélancolique, mes prunelles s'attardèrent sur l'infime douceur des traits qui parcouraient le contour de ses yeux, effleuraient sa blanche peau, appuyaient la teinte cinabrée de ses lèvres. Une mèche retomba sur mon visage aux inflexions amusées, car un sourire—en bon garant de ma tendresse—venait s'y confondre.
Il m'appartient de renvoyer au Gouffre ce qui n'aurait dû en sortir. Les démons naissent des hommes qui ont succombé à leur propre détresse et deviennent un amas de sentiments négatifs, portés vers l'anarchie et la destruction. Quant à moi, je ne m'estime défenseur de la moindre cause, mais un bras d'une justice dont j'incarne, à l'instar de tout traqueur, la violence nécessaire.