À quelques kilomètres de la Tour d'Astrée

Voilà tout juste un mois que tu avais décidé de partir sur les routes. Quittant le royaume de l'ordre des mages - endroit que resteras dans ton cœur comme étant celui t'ayant éveillé à la magie -, pour celui de Briserune. Tu t'étais dit que tu ne reviendrais pas à Sombrelune dans l'immédiat, et ce, malgré la difficulté de vivre ici. Et pourtant, il y a une semaine, tu avais reçu une lettre de ta tante. Il te fallait revenir vers elle. L'inquiétude naissante en parcourant la première fois la lettre, tu ne pouvais décidément pas ignorer ça demande, pas elle. Il s'agit de la personne qui avait su t'enlever de ta vie d'Ambrive - que tu avais finis par détester -, pour pouvoir t'initier à la magie. Quoique tu puisses dire, il te fallait être reconnaissante.

Alors tu avais repris la route menant à Sombrelune. Ce même chemin que tu avais pris la première fois - et qui t'avais vu bon nombre d'arrêts, afin de ne pas complètement te perdre dans la nature -. Ton sac en toile sur l'épaule droite, une branche faisant office de bâton de marche, tu mettais un pied devant l'autre. Encore et encore... Tu ne savais pas trop pourquoi, mais en cet instant précis, le voyage te semblait beaucoup plus long qu'il y a un mois. Peut-être était-ce dû aux nombreux dénivelés ou, aux chemins escarpés. Mais cela pouvait être aussi le fait que malgré ta résolution de satisfaire l'envie de ta tante, bah, tu aurais très certainement préféré rester ici.

Cependant, après moult péripéties - tu avais bien failli te faire attaquer avant de passer la frontière - tu étais enfin arrivée à bon port. Le soleil avait commencé à laisser la place à la nuit. Ce qui t'avait confronté à deux choix. Demander à ta tante de t'héberger, ou alors, attendre le lendemain et donc profiter d'un lit dans une auberge. La deuxième solution s'était avérée plus judicieuse selon les émotions qui t'envahissaient en "redécouvrant" l'endroit.

Non, tu ne devait pas laisser l'angoisse étreindre encore une fois ton coeur et transformer cela en une crise que tu ne saurais pas capable de gérer cela seule.

"Bonsoir, serait-il possible d'avoir un lit pour la nuit ainsi qu'un repas ?"

Tu avais fini par demander à l'aubergiste, après avoir pénétré dans le bâtiment et t'être avancé vers le comptoir. Tu n'étais pas bien riche, toutefois cet endroit s'avérait être dans tes moyens. Une aubaine qu'il te fallait saisir tant qu'il restait encore des couchettes. Après avoir réglé ta somme, tu avais pris place à une table vide et tu attendais que l'on vienne vers toi, afin de te remettre tes plats.

Au départ, tu ne l'avais pas remarqué. Cet homme assit un peu plus loin et que tu ne connaissais que trop bien. Ce n'est qu'après avoir entendu sa voix s'élever et l'avoir, potentiellement reconnu, que tu avais tourné ton visage dans sa direction. Faciès qui reflétait une véritable surprise. De nombreux souvenirs revenaient faire surface, la cicatrice semblait te démanger.

"Alexei."

Un prénom murmuré par tes soins. Oh non, tu ne l'avais jamais oublié. Cet homme, cet ami d'enfance.