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(fini) Entretien avec un Démon — Le Duc;
Opaline

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Opaline

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Sujet: (fini) Entretien avec un Démon — Le Duc;   Ven 21 Aoû - 15:56

Entretien avec un Démon
Un craquement.
Ferme les yeux.
Un bruissement.
Bouche tes oreilles.

Ça fait du bruit. Ça tourne dans sa tête.
C’est cette comptine incessante, qui n’a plus de sens à force d’être répétée. Ces rimes plaisantes pour les enfants, qui cognent chaque recoin de sa tête. Ces sonorités qui lui donnent envie d’envoyer tous les gamins qu’elle croise par-dessus les barrières du phare.

C’est une fuite. Une énième fuite face à sa faiblesse.

Elle a beau se répéter que tout ira bien, quand il y a tant de monde, ça ne va jamais. Les enfants sont les pires. Ils sont là, insouciants, rayonnants. Ils ont l’air si beaux, si innocents. Ils n’ont rien vu, mais ils n’en souffrent pas.
Alors pourquoi, elle, elle a mal, de ne pas savoir ? Pourquoi ça lui troue le cœur de n’avoir rien vu ? Pourquoi sa poitrine lui semble aussi vide, quand elle ne se souvient pas ?

Opaline se mord la lèvre. Perle une petite goutte de sang, qui recouvre d’abord la lippe, s’échappe ensuite sur le menton. Du bout de la langue, elle la récupère pour la faire disparaître.

Sans s’en apercevoir, ses pas l’ont menée jusqu’au Lac aux Joyaux. Le soleil se reflète sur l’eau, donne au lac des couleurs éclatantes. Il scintille. Un sourire apparaît sur ses lèvres. D’abord timide, il finit par s’installer totalement sur son visage, faisant disparaître toute trace de peine. Il semble que son cœur se soigne à l’approche de l’eau. La nature comme pansement pour ses blessures.

Opaline inspire, expire.

Un craquement.
Ne ferme pas les yeux.
Un bruissement.
Ne te bouche pas les oreilles.
Des pas.
Tourne-toi.

La verte fait volte-face. Une silhouette inconnue, qui apparaît dans son champ de vision comme un mirage. Étrange. Insolite. Intrigant. Ses prunelles se posent dessus, la détaillent un instant. Un homme. Un homme au physique particulier, peut-être repoussant pour le commun des mortels.
Mais il y a cette odeur. Cette aura. Ce petit quelque chose qui montre à Opaline qu’ils ne sont pas si différents.

Un nouveau sourire.
Celui de la curiosité.

Approche, approche.

Un pas en avant. Perte de sa timidité, de son inhibition. Opaline veut découvrir. Comprendre. Savoir. Mettre un nom sur ce visage inconnu. Mettre une identité. Peut-être est-il mauvais. Peut-être est-il dangereux. Peut-être n’est-il rien de tout ça. Tant de questions qui s’empilent, qui lui donnent envie d’avancer plus vite encore. Mais il ne faudrait pas le brusquer. Il faut la jouer fine, prendre le temps. Y aller tranquillement.

« Bonjour ! »

Nouer la conversation passe par les plus simples interactions. Opaline n’est pas certaine de son approche, mais elle a tant envie de savoir. C’est plus fort qu’elle.

« Opaline. »

Une main posée sur la poitrine. Une présentation des plus machinales, voire complètement animale. Juste un geste. Pas un mot de plus.
Y a-t-il besoin d’en dire plus, de toute façon ?
Opaline fait un nouveau pas. Jetée droit dans la gueule du loup. Ça passe ou ça casse.
Dans tous les cas, ça nourrit sa curiosité. Alors ça ne peut qu’être positif.


Le Duc

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Le Duc

Ledouk Senapi
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Sujet: Re: (fini) Entretien avec un Démon — Le Duc;   Ven 21 Aoû - 18:52


" entretien avec un Démon "
Le Duc & Opaline
Plusieurs jours maintenant que le camp avait été établi en ces lieux.
Le paysage, s'il pouvait paraître agréable et distrayant les deux premières heures, se révélait finalement morne et sans grand intérêt pour la créature démoniaque qui séjournait depuis peu en ce monde vulgaire et bien trop coloré.
Bien qu'il n'eut aucune envie de retourner dans le monde blanc, il lui arrivait de se demander si d'autres membres de son espèce étaient eux aussi parvenus à s'extirper du purgatoire ?
Quand bien même cette théorie fut alléchante au premier abord, Le Duc était finalement plutôt mitiger à l'idée de noyer toute sa splendeur auprès de ses compères, être la seule entité de son genre sur ce monde avait une certaine classe.
Il ne dormait pas.
Ne dormait jamais.
Pas besoin.
Passait son temps à montrer la garde, tout particulièrement depuis l'attaque de l'assassin.
Ne quittait pas Antigone, de peur que le seul repère entre lui et Valdore ne se rompe sous la lame d'un guerrier mystérieux et taciturne.
Toutefois, s'il était vraiment l'objet de sa traque, rester trop longtemps en compagnie de Antigone pouvait révéler sa position de manière bien plus efficace que s'il ne montait pas la garde.
La décision fut donc prise de s'éloigner d'elle, l'assassin était de toute façon le seul humain vraisemblablement capable de s'en prendre à Antigone.

De retour au lac, comme s'il y avait encore quelque chose à récupérer ici.
Il était curieux, à la recherche de quelque chose qu'il était incapable de nommer.
C'était une habitude chez lui, succomber à des envies innommables, vouloir ce qui n'existait peut-être pas.
Au final, tout devait lui appartenir.
Le Duc aperçu une silhouette au loin, elle aussi coloré mais teinté d'une étrange aura, presque quelque chose de familier.
Il prit le temps d'attarder son regard sur elle, afin de l'analyser, avant d'être lui même repéré.
Elle prit le temps de s'approcher, chose que Le Duc n'avait pas l'intention de lui rendre.
A peine eut-elle prononcé son nom que le démon se téléportait juste en face d'elle, le visage à quelques centimètres du sien.
L'iris teinté d'un rouge lumineux, presque phosphorescent.

« Tu es comme moi. Je peux le sentir. Je peux le voir. »

S'il ressentait effectivement cette déception de ne pas être unique, l'idée même de pouvoir en apprendre plus sur son existence et l'étendue de ses capacités avait de quoi le ravir.
Tout particulièrement s'il voulait être prêt lors de sa prochaine rencontre avec l'assassin.
Ses doigts s'avançaient, saisissaient les joues d'Opaline.
Plaquait son front contre le sien, comme s'il retrouvait une vieille amie.

« Tu es... Différente de ce que je pouvais imaginer. Tu es comme moi et pourtant... Différente. Je veux tout savoir. Je dois comprendre pour posséder. »


Opaline

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Opaline

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Sujet: Re: (fini) Entretien avec un Démon — Le Duc;   Sam 22 Aoû - 16:22

Entretien avec un Démon
Définitivement repoussant.

Alors qu’il se téléporte et arrive tout pile face à elle, Opaline constate l’horreur de ce visage. Des yeux rouges, dont la couleur ne la surprend pas réellement. Mais ils brillent. Ils ont cette lueur intrigante, qui mettrait en déroute n’importe quel être humain normalement constitué. Enfin, en l’observant simplement, tout en lui ferait fuir l’Homme. Son teint, ses dents, ses yeux. Rien en lui n’inspire la confiance. Au contraire. N’importe qui prendrait ses jambes à son cou, dans cette situation. Ou, plutôt, tenterait une manœuvre de recul.
Parce qu’il est un démon. Il peut se téléporter. Ses victimes n’auraient aucune chance, même en courant le plus vite possible.

Un prédateur haut en couleurs, qui met une explication logique au nom qui leur est donné : ces gens sont des démons. Ils n’ont théoriquement plus d’humanité, sont déjà morts, ont traversé l’Enfer. Et un jour, ils sont revenus. Lestés de leurs souvenirs, dépossédés de tout ce qu’ils avaient été.
Ils sont des démons.
Monstres aux noms murmurés dans les pires cauchemars, qu’on espère ne jamais rencontrer.
Ces êtres immondes, incompréhensibles, qui sont peut-être davantage des victimes que des horreurs.
Que sont-ils vraiment ? Leur apparence est-elle représentative de ce qu’ils sont ?

À une distance aussi réduite, Opaline ne sait pas comment réagir. Mais elle sent en lui une curiosité presque similaire à la sienne. Un besoin de savoir. Ils se sentent, ils se comprennent. Ils sont identiques.
Les mêmes monstres, en face l’un de l’autre, qui se contemplent, se cherchent comme s’ils se connaissaient déjà, alors qu’ils ne se sont jamais vus.

Montre-moi, montre-moi davantage de ce que je suis. Montre-moi l’horreur de nos existences.
Je veux tout savoir.


Il pose ses doigts sur son visage, réduit la distance pour de bon. Front contre front, les deux démons ressemblent à deux amis, vus de loin. Amis proches, qui auraient partagé une expérience singulière, difficile.
Mais ils ne se connaissent pas plus qu’il y a encore quelques minutes. Ils sont toujours les mêmes inconnus.

Opaline sourit. « Comprendre pour posséder ». Un autre adepte de la connaissance comme plus grand pouvoir ? Il est comme elle. Comme elle et pourtant si différent.
Il a cette apparence singulière, ces dents dorées, ces yeux rouges, qui font de lui un monstre à part entière, alors qu’elle est son opposée. Si humaine, si fragile. Si « normale », aux yeux des autres.
Dans un monde où l’étrange a toute sa place, un être tel que lui est forcément un puits d’informations. Une entité singulière, qui peut tout lui apprendre, en plus de la comprendre.

Opaline lève une main délicate, qu’elle pose sur la joue du démon. Sa peau est froide contre sa main chaude. Elle recule son visage pour mieux l’observer.

« Nous sommes similaires, oui. J’en déduis que tu es mort, toi aussi. »

Ses prunelles ambrées se baladent sur le visage de son interlocuteur. Elles le détaillent, captent chacune des particularités qui s’offrent à elle. Il est comme elle, pourtant si différent. Alors, même leur « espèce » peut être aussi hétéroclite ? Jusqu’à quel point ?

Opaline laisse retomber sa main, recule légèrement.

« Es-tu lié à quelqu’un, toi aussi ? Depuis combien de temps ? »

Ses yeux retombent, se fixent sur le sol.

« Sais-tu combien de temps tu as disparu, avant de revenir ? »

A-t-il vécu la même chose ? La même douleur ? Le même traumatisme ? Le voit-il seulement comme un traumatisme ? Ce besoin irrépressible de sortir la tête de l’eau ? De ce monde étrange, hostile, où tout faisait mal ? Toutes ces interrogations lui brûlent les lèvres.
Cette entité pourrait la comprendre, pour de vrai. Plus que n’importe qui pourrait le faire. Elle pourrait lui apporter des réponses, que la verte donnerait à Alexei. Pour qu’il ait des pistes, lui aussi, pour l’aider.
Cette rencontre pourrait être la plus belle opportunité d’une vie.

« Est-ce que tu as eu mal, toi aussi ? Là-bas ? »

Opaline inspire lourdement. La pensée de cette douleur infinie pourrait la clouer au sol. Un calvaire aux allures d’éternité, qui n’a duré que deux ans pour elle. Deux années d’Enfer véritable, dont elle garde le plus amer de tous les souvenirs. Alors, comment c’est, pour ceux qui s’y perdent plus longtemps ?
Est-ce que le temps change la personne qui apparaît, à la sortie ?

Montre-moi, montre-moi davantage de ce que je suis. Montre-moi l’horreur de nos existences.
Je veux tout savoir.


Le Duc

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Ledouk Senapi
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Sujet: Re: (fini) Entretien avec un Démon — Le Duc;   Lun 24 Aoû - 11:49


" entretien avec un Démon "
Le Duc & Opaline
Mort ?
Il était déjà mort ?
Cela pouvait expliquer de nombreux éléments, tout particulièrement les réminiscences d'une vie passée dont il ne semblait pas capable de se détacher.
Un nom qui revenait comme une douce mélodie, déformé par sa propre férocité et le monde blanc auquel il avait été confronté pendant si longtemps.
Plusieurs vies.
Et elle n'en finit par de le surprendre.
Visiblement, la liaison avec un humain n'était pas unique à ce qu'il vivait avec Antigone et les autres membres de son espèce pouvaient - devaient ? - eux aussi se contraindre à un pacte avec l'espèce inférieure.
Les dernières informations se résumaient au monde blanc, dimension sans couleur qu'il avait arpenté des siècles durant, quand bien même le temps était une donnée abstraite qu'il lui était impossible de quantifier lorsqu'on évoquait son errance.
S'il était incapable de parler en années au sujet de son emprisonnement, il était tout aussi impossible de quantifier la douleur à laquelle il avait été confronté.
Une lame qui s'était appliquée soigneusement à lui enlever chaque parcelle de peau pour la remplacer par une nouvelle enveloppe aux allures morbides, Le Duc avait subit le supplice de Prométhée.
Ironiquement, cependant, il ne venait pas apporter le feu sacré aux Hommes mais bien dévastation et chaos.
Il n'était pas sûr de connaitre sa véritable nature ou ce que le monde sans couleur avait bien pu faire de lui et finalement, cela lui importait peu.
Nourrissait son désir autre part.

« Suffisamment pour en oublier la notion même de temps mais pas suffisamment pour en oublier les blessures. »

S'il n'avait pas prononcé ces mots avec le même sourire que celui qu'il affichait en permanence, l'on aurait presque pu imaginer une pointe de mélancolie.
Mais d'amour pour sa vie d'antan il n'en avait pas, pas plus qu'il n'en gardait de souvenirs.
Souhaitait obtenir bien plus que ça et pour ce faire, il se devait de regarder en avant.

« Je suis effectivement lié à un humain mais, très chère sœur, je vais garder son identité secrète. Je n'aimerais pas que les possibles rancœurs entre nos réceptacles viennent troubler notre association naissante. »

Son visage déformé par la malice, il attrapait de nouveau le visage d'Opaline, de manière plus bestiale encore.

« Leur espèce est faible, fragile, ma sœur. Tu as remarqué, n'est-ce pas ? Nous pouvons dominer ce bétail. Nous sommes plus fort qu'eux. Les rois se soumettent, le peuple meurt. Mais pas nous. Jamais. »

Jamais.


Opaline

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Sujet: Re: (fini) Entretien avec un Démon — Le Duc;   Lun 24 Aoû - 18:06

Entretien avec un Démon
Une disparition longue, qui l’a privé de la notion de temps, en lui donnant à la place le supplice ultime, encore et encore. Combien de temps l’Homme peut-il supporter de souffrir en permanence ? Combien de temps lui faut-il pour muter ainsi ? Devenir une créature qui pourrait hanter les cauchemars de chacun ? Que faut-il à l’être humain pour sombrer aussi profond, aussi loin ?
L’Homme sous-estime la peine vécue dans cet univers parallèle, où tombent ceux qui ont la chance de renaître. Il n’imagine pas à quel point la fuite est la seule solution, si on veut y survivre. Non, la seule chose que l’Homme voit, c’est l’anormalité de ces êtres revenus au monde. Leur incapacité à mourir correctement, pour mieux hanter les vivants.
L’Homme oublie que tous, ici, ont besoin d’échapper à la souffrance. Ont besoin de vivre.
Au point, parfois, de transcender toutes les limites. Au point de s’affranchir de l’impossible, pour le rendre possible.

Opaline hoche la tête. Il a souffert, lui aussi. Plus qu’elle, bien plus qu’elle. Quelque chose lui dit qu’il y a même laissé une partie de lui-même, si ce n’est l’intégralité de son essence.
Mais aujourd’hui, il est là. Face à elle. Sorti de son Enfer, pour revenir sur ces terres. Cadeau empoisonné ou véritable bénédiction, la verte ne saurait le dire. Elle se contente de l’observer, de tenter de le comprendre.
Jusque-là, tout est pareil, de l’un à l’autre. Ils se sont réincarnés après une durée indéterminée, ont des pouvoirs, une forme alternative.
Ils ont un compagnon. Ils en tairont l’identité, mais ils l’ont tous les deux.
Opaline opine une nouvelle fois du chef.

« Gardons l’identité de nos partenaires secrète, oui. Qui sait ce qui pourrait arriver à l’un ou à l’autre, si nous venions à ébruiter qui nous accompagne. »

Mieux vaut prévenir que guérir. Opaline prendrait tous les risques, sans aucun problème. Mais elle n’accepterait jamais de jeter Alexei dans la gueule du loup.
Jamais.
Il est trop précieux pour se permettre de le mettre en danger. Alors cet arrangement lui semble être le plus avantageux, pour tout le monde.

Le dernier mouvement la laisse pantoise. Silencieuse, elle ne sait pas comment réagir sur le coup. Son interlocuteur est trop près, beaucoup trop près. Quelque chose en lui a changé. Il est moins curieux, plus brutal. Plus dangereux.

Pourquoi ?

Opaline mêle ses prunelles aux siennes, reste interdite un instant. Dominer le bétail ? Mais ? Comment apprendre de lui s’ils l’écrasent ? Comment en tirer le meilleur, si l’espèce est mise à terre ? Opaline attrape les mains du démon, les serre dans les siennes.

« Non. »

Le mot tombe d’entre ses lèvres, dénué de tout sous-entendu. L’Homme ne doit pas être dominé. L’Homme n’est pas du bétail. L’Homme est l’être qui leur a permis de subsister. De vivre. D’évoluer.
D’avoir toutes ces connaissances à portée de leurs mains.
L’Homme ne doit pas être dominé, Opaline en est persuadée.

« Nous ne sommes pas morts. Nous avons eu la chance de revenir. C’est grâce au bétail que nous sommes ici aujourd’hui. Ces êtres malchanceux dont nous avons pris la vie, d’une certaine manière. Veux-tu retourner dans notre Enfer ? »

La verte déglutit. Elle ne veut plus y mettre les pieds. Plus jamais.
Encore moins si c’est pour avoir nui à l’Homme.
Ses mains serrées sur celles du démon, Opaline fait en sorte de se libérer de son emprise. Il ne la verra peut-être plus comme sa sœur, mais elle ne peut se permettre d’être un danger. Elle ne peut accepter de mettre en péril les humains. Où trouverait-elle toutes ses informations, s’ils disparaissaient ? Qui abreuverait sa soif de connaissances ?

« L’Homme n’a d’intérêt que lorsqu’il s’épanouit. Je veux le voir grandir, s’embellir. Parfois devenir mauvais. Puis mourir. Je veux l’observer. » Ses prunelles ambrées viennent chercher les yeux rouges. « Je veux tout savoir de lui. Tout savoir du monde. S’il disparaît, cette vie n’aura plus aucun intérêt. »

Opaline n’est pas prête pour des plans d’une telle envergure. Elle n’a pas envie de mener le monde à sa perte, ni de dominer qui que ce soit.
L’Homme est beau quand il est libre.
Quand il est en sécurité.

« Si c’est ce que tu veux, néanmoins, je ne t’en empêcherai pas. Mais je ne ferai pas partie de ceux qui menacent l’Homme. Il a déjà assez à faire avec ses propres intrigues. »

Un sourire.

« Je veux être l’Observatrice de ce monde. Ni plus, ni moins. »

Celle qui détient toutes les clés de la vérité. Qui observe le monde de son perchoir, sans jamais y prendre part.


Le Duc

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Sujet: Re: (fini) Entretien avec un Démon — Le Duc;   Dim 30 Aoû - 18:47


" entretien avec un Démon "
Le Duc & Opaline
Elle ne vivait pas selon les mêmes règles que lui.
Un autre sentiment, une autre envie l'habitait.
S'il n'était contrôlé que par son envahissante avarice, son besoin de tout s'acaparer, Opaline ressentait pour les humains quelque chose de beaucoup plus sage, beaucoup plus protecteur.
Elle voulait simplement observé, comme le témoin neutre d'une inéluctable dépravation.
L'important est qu'elle n'avait pas l'intention d'intervenir dans ses projets et venant d'elle, il était capable de lui faire confiance.
Déjà parce qu'affronter un autre membre de son espèce ne présentait aucun bénéfice si ce n'est celui de risquer sa propre destruction et aussi parce qu'ils partageaient la même essence chaotique en eux.
Si elle était aussi sincère dans son ambition de n'être rien de plus que l'Observatrice de ce monde qu'il était sincère au sujet de s'approprier le monde de couleurs, il pouvait la croire sur parole.
Visiblement, ils étaient tous habités d'une passion différente et cela lui donnait envie d'en découvrir plus sur lui et ses semblables.
Comment éliminer une mauvaise herbe qui ne devrait même pas exister ?
Le contact physique n'était pas dérangeant, avec elle.
Comme s'il était en contact avec lui-même.
Voyait en sa présence un rassurant constat : il n'était pas seul.
Et s'il n'était pas seul, il pouvait trouver parmi ses frères et sœurs des alliés potentiels.
Opaline n'en était pas une.
Mais elle pouvait s'avérer utile d'une autre manière.

D'un air désinvolte, le démon haussait les épaules alors qu'il s'écartait d'elle, le visage expressif mais néanmoins teinté d'hypocrisie.

« Très bien, si c'est dans l'inactivité que tu puises ton plaisir, pourquoi pas. Je suis sûr de pouvoir t'offrir un plaisant spectacle. Ce monde va bientôt changer, tu peux me faire confiance. »

Il l'a vu.
Il a vu les bouleversement qu'ils engendreraient au moment même où son regard a croisé celui d'Antigone Bathory.
Si elle avait l'intention d'observer sans jamais intervenir, elle allait pouvoir assister à un véritable feu d'artifice.
Et si elle avait l'intention de s'en mêler, il lui suffirait de mettre la main sur son humain pactisé et l'envoyer au fond du lac.
Opaline se veut peut-être bienveillante envers le bétail mais il n'en était pas de même pour lui.

« Tu ne m'enlèveras pas de la tête que leur place est dans une cage ou une porcherie. J'offrirais peut-être un traitement différent à nos réceptacles mais leur importance se résume à notre simple existence, rien de plus. »

Penchait la tête sur le côté alors qu'il agitait sa canne entre ses doigts.
Le regard accusateur.

« Et qu'est-ce que tu feras le jour où ton réceptacle en aura marre d'observer ? Il faut bien comprendre que nos humains de compagnies ne partagent pas toujours nos valeurs. Même s'ils s'en approchent sans même le savoir. »

Son rapport avec l'humain pactisé est-il différent du sien ?


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Sujet: Re: (fini) Entretien avec un Démon — Le Duc;   Sam 5 Sep - 17:44

Entretien avec un Démon
Un monstre. En tous points, ce démon est un monstre.
Il est brutal, dangereux. Il peut tous les réduire en pièces. Si l’Homme craint ces créatures, c’est probablement parce qu’il en existe des violentes comme celle-ci. Des êtres nuisibles, qui veulent causer le mal. S’emparer du monde pour en faire le leur.
Il est l’incarnation même des pires cauchemars humains.
Un frisson parcourt l’échine d’Opaline.
Bien qu’il ne lui en veuille pas pour ses choix, il semble ne pas être en accord avec elle. Il veut lui offrir un « plaisant spectacle », mais ils ne partagent ni les mêmes valeurs, ni les mêmes idéaux. À vrai dire, à part leur essence, ils ne partagent rien. Opaline ne cesse de l’observer. Les prunelles ambrées à la recherche d’une lueur d’espoir dans ces yeux infernaux.

Mais il n’y en a pas.
Il n’y a aucun espoir pour ce Démon. Il est perdu. Bien trop loin pour être récupéré.
Est-ce à cause des Enfers ? À cause d’autre chose ?
Survivra-t-il à ses pulsions ?
Se fera-t-il happer par plus fort que lui ?

Opaline hésite. Faut-il lui arracher la tête maintenant ? Utiliser ses propres pouvoirs pour tuer ce règne dans l’œuf ? Faut-il quitter son perchoir d’Observatrice pour se mêler à l’action ? Prendre les devants, pour mettre un terme aux ténèbres croissantes du monstre. Elle doute. Elle n’en a pas envie.
Il est l’anti-Humanisme, une menace pour le genre humain. Mais n’y en a-t-il pas toujours eu ? N’y a-t-il pas toujours eu des êtres animés d’objectifs malveillants ? Des ambitions terribles, dangereuses pour tout un chacun.
L’Homme est fait de bienveillance, oui, mais il peut aussi être modelé par le mal. Il peut lui-même se causer du tort.
Peut-être que ce Démon n’est qu’une menace de plus, dans l’immense océan que l’Homme crée par lui-même.

Elle soupire.

Il s’enfonce un peu plus dans sa haine de l’humanité. Il est là, au-dessus, sur son piédestal, à le voir comme un larbin. Il n’a plus aucune considération pour lui, ne le voit que par un prisme de colère.
Pourquoi ? Qu’est-ce qui a autant dégradé l’Homme, pour lui ? Est-ce par dégoût véritable qu’il agit ainsi ? Ou n’est-ce que pour combler ce besoin de pouvoir ? Ce vide, acquis au fil des années, des décennies, peut-être des siècles, passés dans les Enfers ?

Persuadé que l’Homme n’est qu’un être malveillant, qui les mènera tous deux à leur perte quand, au final, il est la raison de leur résurrection.
Opaline ne comprend pas. Ça dépasse son entendement, sa logique. Elle a juste envie de lui dire, de lui répéter, de le mitrailler de questions. De « Pourquoi ? », encore et encore.
Pourquoi les haïr ? Pourquoi vouloir leur nuire ? Pourquoi cette croyance de leur être supérieur ? Pourquoi vouloir les mettre en cage ? Pourquoi être un tel antagoniste ?
C’est vrai, ça, pourquoi ?
Hein ?

« Pourquoi ? »

Ça sort tout seul. Comme une évidence. Elle n’a rien d’autre à dire, rien d’autre à demander. Seulement ces quelques lettres, qui portent à elles seules le poids de toute une réflexion. De toutes ses interrogations. C’est maigre, comparé à tout ce qu’il a pu lui dire, mais c’est tellement fort qu’elle n’a rien envie d’y ajouter. Elle veut juste le comprendre.

Un sourire amusé étire ses lèvres quand il mentionne son humain.
C’est une évidence de plus en plus frappante : ils n’ont que l’essence de similaire. Ils sont si différents, au-delà de leur nature. Il n’y a rien qui les rapproche, au contraire : tout semble les opposer. Creuser le fossé un peu plus, à chaque fois.

« Mon humain respecte ma volonté. Je ne suis à ses côtés que parce qu’il a choisi de me garder auprès de lui. Il m’apprend à vivre au milieu de tous ces gens, à ne pas fuir. À assumer. Il m’apprend à être comme tout le monde, pour pouvoir observer. »

Opaline hausse les épaules.

« Mais ma volonté est mienne, autant que la sienne lui appartient. S’il veut faire pencher le monde dans un sens ou dans l’autre, mon rôle ne changera pas. Je l’observerai, comme les autres. »

Son sourire est apaisé. Doux. Elle s’approche du Duc, pose une main bienveillante sur sa joue.

« L’Homme a son lot de monstres, au sein de sa propre espèce. Un de plus, un de moins, il s’en sortira de la même manière, non ? Son but sera d’y survivre. »

Ses prunelles ambrées s’accrochent aux iris rubis. Elles s’y perdent. S’y lovent. Opaline caresse la peau froide du Duc du bout du pouce.

« Je serai l’Observatrice du monde. Celle qui veut tout savoir et qui saura tout. Celle qui a la curiosité du futur, qui veut voir dans quel sens penchera la balance. Je suis sûre que tu seras un acteur principal de cette histoire. Toi, ainsi que ton humain, à vrai dire. »

Son sourire se modifie. Carnassier ? Fasciné ? Il y a un petit quelque chose qui le rend indescriptible. Mais elle ne dissimule plus son envie de savoir. Elle n’a plus envie de lui arracher la tête.
Non, c’est plutôt l’inverse.
Elle a envie de le plonger dans ses propres abysses, pour voir jusqu’où il peut aller.

« Montre-moi le monde à ta manière. »

Montre-moi quel chaos tu as en toi.


Le Duc

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Le Duc

Ledouk Senapi
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Sujet: Re: (fini) Entretien avec un Démon — Le Duc;   Mer 9 Sep - 13:55


" entretien avec un Démon "
Le Duc & Opaline
Là où d'aucun aurait pu sentir une forme de complaisance se dégager de Opaline, Le Duc y voyait ce qui l'animait lui aussi.
Un sentiment omniprésent qui limite, restreint à un simple mode de pensée obsédant.
Elle souhaitait se cantonner à son rôle d'observatrice et comment le lui reprocher ?
Ne fonctionnait-il lui-même pas selon ses envies ?
Il respecterait donc sa volonté, sans être véritablement convaincu de la démarche qu'elle allait suivre.
Mais une question était ressortie, un mot simple et pourtant bien plus imposant que n'importe quel autre discours.
Pourquoi ?
Pour être tout à fait honnête, Le Duc ne le savait pas lui-même.
Ne connaissait, jusqu'à quelques minutes, même pas sa véritable nature.
Ne savait même pas qu'il était le produit de la race humaine, conséquence d'une mort atroce.
Habité par ce sentiment omniprésent d'avarice, que tout autour de lui devait être en sa possession, qu'il disposait de Valdore comme d'une boîte à musique, le démon ne s'était d'ailleurs jamais vraiment posé la question du pourquoi et du comment.
N'était pas intéressé.
Il était une existence égoïste qui se fichait bien du mal qu'il causerait sa quête de pouvoir, à la recherche d'une mort éternelle.
Estimait que c'était l'unique moyen pour lui de tout posséder, s’accaparer l'infini.
La main d'Opaline était chaude, bien plus que sa peau.
Si les démons eux-même étaient capable de se montrer aussi bienveillant envers la race humaine, peut-être était-il vraiment un cas particulier, même parmi eux ?
Ou alors, était-ce Opaline, ce fameux cas particulier ?
Peu importe.
Ne recherchait ni chaleur, ni compréhension.
Seul dans le monde sans couleur.
Pouvait aussi bien être seul dans ce monde bruyant et étouffant.

« Tu peux me croire, ma sœur, je ne suis pas un monstre comme les autres. Tu veux voir le monde à travers mes yeux ? »

Levait les bras.
Les ombres engloutissaient les deux individus.
De la lumière éblouissante se reflétant sur le lac aux joyaux ne subsistait que les ténèbres d'une corruption aussi vieille que Valdore elle-même.
Dévorait l'espoir lui-même.

« Lorsque j'en aurait terminé avec cette boîte à ordures, tu n'auras plus rien à observer. Tu vas devoir te trouver un nouveau passe-temps. »

Retirait la main de sa joue.
Ses yeux hurlaient la folie.

« Tu m'as demandé "pourquoi" ? »

Parce que je suis fatigué.
Parce que je veux que tout s'arrête.
Parce que j'ai peur.


« Parce que je peux le faire, tout simplement. Ils sont à moi. Tous. Pas plus, pas moins. »

Peut-être que ce qui motivait sa haine des humains était un sentiment de jalousie ?
De ne pouvoir ressentir leur plénitude.
Sans connaître sa place en ce monde, il savait.
Que son créateur était le plus cruel.

« Je ne suis pas un acteur de cette histoire, Opaline. J'en suis le chapitre final. »

Sans pitié.


Opaline

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Opaline

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Sujet: Re: (fini) Entretien avec un Démon — Le Duc;   Sam 19 Sep - 0:18

Entretien avec un Démon
Et puis j’ai eu l’impression de sombrer.

Cette violence, cette haine, cette colère. Tout en lui dégueule de virulence. Il n’y a rien, rien à en tirer, rien à admirer. Il est le monstre des contes de fées, celui que le prince charmant finit par réduire à néant.
Il est cet être qui révulse l’Homme, qui lui fait peur. Qui lui donne envie de déployer ses ailes, pour le renvoyer dans ses Enfers. Préserver son Paradis.

J’ai plongé mes yeux dans les siens.
Pour la première fois, j’ai eu l’impression de sombrer.
Les Enfers …


Ses prunelles se noient dans les iris rougeoyants. Opaline n’a pas peur. Elle n’a que rarement peur, à vrai dire. Ce démon ne lui fera pas de mal. Au contraire, il est trop impatient de lui montrer l’horreur qu’il a en lui. L’horreur qu’il veut peindre sur ce monde.
Cet être est un monstre. Ni humain, ni animal, ni réellement démon. Il a pris une forme hybride, difficile à comprendre, difficile à suivre. Une forme nuisible.

Une forme qu’il faut vaincre. Qu’il faut réduire à néant avant qu’elle ne dévore tout.
Alors, pourquoi, quand Opaline l’observe, elle n’a pas envie de l’arrêter ?
Pourquoi, quand sa peau froide heurte la sienne, elle ne ressent rien ?
Pourquoi, quand ses bras se lèvent, qu’il prédit la fin de ce monde, la mise en cage de ses habitants, elle reste muette ?
Pourquoi ?
Pourquoi n’agit-elle pas ?

Parce qu’elle n’est pas certaine de ce qu’il lui dit. Il y a quelque chose dans ce monstre qui l’intrigue, qui la fascine. Il ne peut être une simple coquille de colère. Ou alors, peut-être qu’il le peut. Mais s’il le peut, quelque chose le motive. Opaline est persuadée qu’on ne glisse pas de l’autre côté sans raison. On ne dépasse jamais la barrière sans un motif. Il y a quelque chose.
Quelqu’un ?
Une raison, une explication.
Derrière les sourires monstrueux, derrière les dents dorées, les yeux pétillants, il y a quelque chose. Quelque chose de difficile à saisir, mais de présent.

J’ai plongé mes yeux dans les siens.
J’étais au fin fond des abysses. Je les voyais, là, profondes, ténébreuses, prêtes à m’engloutir.
Je les voyais, plus proches que jamais.
Et pourtant, je ne voyais rien.


« Le chapitre final ? »

Opaline sourit. Un sourire doux, délicat. Une chaleur indéniable émane de tout son être, suffisante pour réchauffer l’atmosphère. Pour transformer ce cœur glacé en simple flaque.
Elle est amusée. Ce monstre veut se donner un air de Chevalier Macabre. Venu au monde pour le détruire. Pour ôter de sa surface l’humanité qu’il déteste tant.

Elle penche la tête, l’observe longuement.

« Dis-moi. »

Se mordille la lèvre un instant, consciente qu’elle peut faire basculer leur rencontre d’un moment à l’autre. Consciente qu’elle n’est pas si hors de danger qu’elle le dit.

« Une fois qu’il n’y aura plus rien, comment t’amuseras-tu ? »

Traverse les quelques pas qui les séparent. Brise la distance.
L’approche. Sans peur, sans envie de fuir.
Le cœur battant la chamade.

« Comment posséder quelque chose qui n’existe plus ? »

Opaline lève les yeux au ciel, toujours aussi amusée par leur situation. Elle l’observe, l’observera encore. Elle veut tout savoir.
Mais son monde … Cet idéal qu’il chérit tant … Elle est triste de le savoir si vide. Si futile.

« Tu as l’infini à portée de tes mains et tu voudrais le gâcher ? »

Repose brusquement ses prunelles dans les iris infernaux.

« Veux-tu vraiment clore ton livre de cette façon ? »

Veux-tu vraiment vivre dans un monde décharné ? Vidé de sa substance ?
Veux-tu exister dans un univers qui n’a plus rien à t’offrir, toi qui veux tout ?
En es-tu sûr ?


« Veux-tu réellement ne plus rien posséder malgré toi ? »

Et Opaline se rend compte qu’elle n’a plus peur.
Qu’elle regarde les abysses sans craindre d’y tomber.
Parce qu’elle en est ressortie vivante.


Le Duc

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Sujet: Re: (fini) Entretien avec un Démon — Le Duc;   Dim 20 Sep - 14:52


" entretien avec un Démon "
Le Duc & Opaline
Les visions s'opposaient.
La raison de pareil désaccord n'était pas difficile à analyser.
Opaline désirait observer tout ce qui existait, elle accordait de la valeur à chaque chose et si en ce point Le Duc acceptait de la rejoindre, il avait bien vite abandonné une tâche aussi pompeuse et chronophage.
Acquérir une à une toutes les richesses d'un monde aussi futile que celui de Valdore aurait pu être un objectif acceptable, s'il avait la moindre envie de patienter aussi si longtemps sur une terre aux couleurs aussi brûlantes.
Préserver un patrimoine, une collection, des trésors.
Ce n'était pas son intention, ça ne l'avait jamais été.
Le Duc n'était pas une créature qui pouvait se satisfaire d'une collection.
A vrai dire, il se lassait de ses possessions rapidement, peu importe l'ardeur dont il avait fait preuve afin de s'en emparer.
C'était son paradoxe, sa malédiction, l'insatisfaction de vouloir tout posséder sans jamais s'en contenter.
Peut-être était-il plus atteint que sa comparse car si elle semblait faire preuve d'un raisonnement implacable et d'une logique sans faille, le démon écarlate, lui, était incohérent.
Un amas de contradictions, un esprit déchiré entre ses pulsions et une nature qu'il ne comprenait pas encore.
Ne pouvait s'ôter de l'esprit le fait qu'il était, lui-même, la possession de quelqu'un.
Savait qu'il n'obtiendrait sûrement rien de plus de son interlocutrice que les informations qu'elle avait déjà daignée lui offrir.
N'avait de toute façon pas l'intention de dévoiler l'entièreté de ses motivations.
Car, s'il aspirait à faire sombrer Valdore dans un vide infini, il en était de même pour le monde sans-couleur.
Elle finirait bien par disparaître, elle aussi.

Haussait simplement les épaules, le regard agité.
Il s'écartait d'elle, de quelques pas, car la proximité l'avait finalement toujours dérangé.
N'avait aucun mal à rentrer dans l'intimité des autres mais refusait à quiconque de s'approcher trop près de ses intentions.
Sa canne frappait le sol alors que l'homme gris s'approchait de la forêt dont il venait, non sans lui adresser un dernier regard et une réponse qu'il estimait adéquate à sa question.
Après tout, il ne manquait pas de respect pour les autres membres de sa race.

« Tu n'as pas l'air de comprendre, chère sœur. Et c'est d'accord. Mais ne te méprends pas. Je ne participe pas à un petit jeu puéril, la finalité de mes actions ne représente aucune forme d'amusement. Je ne cherche pas à posséder "quelque chose". Je souhaite tout posséder. Et une fois que tout aura disparu, je possèderais tout. »

Tournait sur lui-même afin de lui faire face, s'inclinait en accompagnant le mouvement de son bras afin de parodier la noblesse d'une révérence.
Son visage n'affichait plus aucune sourire, ce dernier remplacé par une affligeante honnêteté.
Une lourde vérité.

« "Clore" mon livre de cette façon ? Ne te laisse pas séduire par ces lumières, Opaline. Notre histoire a déjà été clôturé. »

Il disparut.


Opaline

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Sujet: Re: (fini) Entretien avec un Démon — Le Duc;   Lun 21 Sep - 19:03

Entretien avec un Démon
Ce n’est pas un jeu. Ça ne l’amuse même pas. C’est encore autre chose.
C’est une course contre le monde, une course contre les autres.
Une course pour tout posséder, tout obtenir. Il sera au-dessus du monde quand il n’en restera plus rien, il le regardera brûler, agoniser jusqu’à ne devenir que des cendres.
Un amas de souvenirs, de mémoires bafouées dont il n’a plus connaissance. Des histoires envolées, dérobées, qu’il rendra à la terre, avant de la détruire elle aussi.
La fin de Valdore, la fin de leur monde.

C’est un monstre, c’est indéniable. Un monstre qui n’évolue pas dans la même cour qu’elle, qui ne nourrit ni les mêmes ambitions, ni les mêmes envies.
C’est étrange, peut-être un peu terrifiant. Excitant, aussi. Parce qu’elle veut savoir jusqu’où il ira. Si quelqu’un l’arrêtera. S’il s’en sortira. S’il y arrivera.
Elle est tellement portée par sa curiosité qu’elle en oublie qu’il est un véritable danger public. Qu’il peut décider, d’un claquement de doigts, de réduire le monde à néant, juste pour son petit plaisir. Pour ses pulsions.
Mais elle est là, silencieuse, impatiente. Incapable de se mettre en travers de sa route.
Parce qu’elle sait. Oui, Opaline a parfaitement conscience que c’est un monstre, que c’est un danger. Et c’est précisément pour cette raison qu’elle a tant envie de le voir évoluer.
Si certains êtres viennent au monde – ou y reviennent – pour y laisser une trace, celui-ci gravera la sienne dans la mort, le sang et la peine.
Et c’est extrêmement intrigant.

Il recule, lui fait une révérence. Opaline sourit. Après lui avoir annoncé que ce monde disparaîtra sous sa main, il s’éclipse ainsi. Un personnage haut en couleurs, à n’en pas douter.
Mais avant de partir, il dit quelque chose. Ça n’a l’air de rien, posé comme ça, mais ça la fait douter. Un doute intense, mordant, qui ébranle toutes ses convictions.
Elle ferme les yeux un instant, ne remarque sa disparition que parce qu’elle entend le froissement dans l’air.

Leur histoire, déjà clôturée.
Ils sont revenus au monde, y évoluent une nouvelle fois, avec une nouvelle perception, de nouvelles facultés, mais ils seraient déjà morts ? Pour de bon ?
Ils ne pourraient plus rien modifier ?

Opaline cligne des paupières. Non. Elle ne veut pas partager cette opinion, elle ne veut pas voir le monde comme ça.
Elle ne veut pas le croire, pas sur ça.
Ils ne sont pas arrivés au bout de leur histoire, ils n’ont fait que commencer. Surtout elle.

Ce n’est pas un retour au monde pour rester mort. C’est un retour au monde pour s’élever, repartir de plus belle.
Ils sont des phénix, non des morts-vivants.
Et en cela, le Duc se trompe sur toute la ligne.
Elle aimerait le rattraper, savoir où il va, tenter de le convaincre. Il ne peut pas croire ça, il ne faut pas croire ça.
Mais elle est consciente qu’il ne l’écouterait pas. Consciente que c’est peine perdue. Pourtant, s’il changeait d’avis, peut-être pourrait-il voir le monde à sa façon ? Peut-être renoncerait-il à tout détruire ?
Est-ce seulement possible ?

Dans son sillage, le démon laisse une curiosité infinie. Des remords. Des doutes. Des hésitations.
Mais aussi, et surtout, une infaillible volonté de transcender les limites. De transcender ce qu’il pense acquis.
De transcender la mort, pour devenir la meilleure version d’elle-même.
Une version plus vivante que jamais.





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