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Elle avançait sans chaussures dans le château, comme souvent. Les servants s'assuraient toujours que l'intégralité d'une château se pare d'une propreté impeccable et Électre appréciait la sensation du sol froid et des tapis sous ses pieds. Un pas après l'autre, l'allure guillerette, elle avançait vers sa chambre avec deux balais empruntés au sous-sol. L'action soulevait des sourcils, de la part de domestiques s'inquiétant de la voir avancer ainsi. Ce n'est pas à vous de nettoyer, votre Altesse ! S'il vous plaît, laissez-moi faire si vous avez quelque chose à balayer. Elle leur rendait des sourires.

Qu'ils ne s'inquiètent pas. Elle n'avait pas l'intention de se servir de ces balais pour nettoyer quoi que ce soit. L'idée était bien plus enfantine et elle s'annonçait surtout être bien plus drôle. Iphigénie possédait tout ce savoir qui était parfaitement étranger à la princesse, tout ce savoir pratique qu'elle avait accumulé en assistant aux entraînements militaires et en soudoyant les servants.

En tant que demoiselle de compagnie attitrée, Iphigénie passait de nombreuses heures à parler, relater, conter les histoires de son passé à Roseraie. Maintes fois elle lui avait raconté comment la vie était à Malronce mais aujourd'hui Électre avait eu une autre idée. Alors comme elle avait enfin regagné sa chambre, elle poussa la porte et sourit.

— Je suis de retour ! J'ai réussi à dégoter des balais... On a pas voulu me donner ne serait-ce qu'une épée d'entraînement parce qu'ils ont dit que ça pourrait être trop dangereux alors on va devoir se contenter de ça.

Elle attrapa l'un des balais et en donna un à la demoiselle avant de venir se placer au bout de son lit, brandissant le manche, brosse vers le haut, dans une position qui, si elle tentait d'imiter celle des gardes et des soldats, manquait bien de stabilité. On pouvait presque la voir sautiller sur place tant elle avait hâte.

ft. @Iphigénie Vaudreuil | J'espère que ça te va!

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Elle t'avait ouvert son coeur sans aucun regrets, sous couvert de son rôle t'avait conté des histoires fabuleuses et des fables malheureuses. Elle n'avait pas compté ni les heures ni les jours que vous aviez passées ainsi à faire connaissance dans cette chambre et ailleurs. De sa liberté, Iphigénie n'avait pas oublié de t'en apprendre une miette tandis que tes sourires semblaient alléger son fardeau. Alors tu t'étais enfuie en lui demandant d'attendre patiemment ton retour et c'est ce qu'elle avait fait. Assise sur ce fauteuil à observer le ciel de ta fenêtre le temps sembla s'être arrêté, puis presque aussi vite tu étais de retour.

La vision de deux balais dans tes mains lui arracha un sourire amusé.

— Un balai en guise d'épée, c'est une idée plutôt originale.

Son utilisation principale s'en trouvait détournée mais pour leur bon plaisir ils devraient faire l'affaire. Elle se mit en garde à son tour.

— Je vais te montrer ce que j'ai appris lorsque j'étais encore dans mon pays. La première chose : c'est d'avoir une bonne garde, une garde qu'aucune épée ne puisse transpercer.

En exemple elle tandis le balais dans ta direction, mimant un faible coup qui te percuta légèrement laissant alors la poussière de la brosse se répandre sur ta robe. Un rire lui échappa tandis qu'elle s'excusait.

— Oups, pardonne-moi très chère ! Ces brosses ne sont pas très pratique. Enlevons-les.

La sienne termina donc sa course au bord d'un mur. Iphigénie s'était remise en garde, la sienne n'étant pas parfaite mais tout de même plus solide que la tienne, son épée de fortune prête à foncer sur toi en cas de nécessité, ou à la défendre si tu attaquais. Le sourire aux lèvres, elle te laissait tout le loisir d'être un vrai soldat aujourd'hui.

— Attaque-moi ! Je vais te montrer comment parer.

Et avec légèreté vous continuerez cet apprentissage.

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Électre hochait de la tête à intervalles réguliers pour te montrer qu'elle t'elle t'écoutait bien mais en vérité, à l'idée seule de ce que vous alliez faire cet après-midi, elle semblait déjà au bord de l'hilarité. Elle avait conscience que c'était un peu déplacé parce qu'elle n'était pas obligée de faire tout ça du tout mais l'impression d'imiter un autre rôle que le sien l'amusait beaucoup.

— Je ne pense pas qu'ils me laissent un jour prendre une épée d'entraînement mais qui sait, peut-être que ça vaudra le coup d'insister la prochaine fois. Bon, j'ai pas envie qu'ils aient de soucis non plus mais nous n'allons pas nous blesser, si ?

Un premier éclat de rire lui échappa lorsque la brosse du balai que tu tenais s'écrasa légèrement contre ses côtes. Sur l'une de ses robes les plus pratiques, légère et un peu plus courtes que les autres, avec ses manches un peu retroussées, elle balaya la poussière d'un revers de la main avant d'ajuster son arme de fortune dans l'autre sens. Ainsi pointant dans ta direction le bout du manche, elle se redressa pour tenter d'imiter ta position. Un pied en avant, l'autre en arrière, tenant le bout de bois à deux mains. Elle laissa basculer son poids d'un pied à l'autre jusqu'à trouver un compromis qui lui apportait une impression de stabilité et de légèreté.

Elle tenta un coup dans le vent avec son balai, mélangeant dans sa tête ce que tu venais de faire pour la toucher et les quelques fois qu'elle avait pu voir les gardes faire usage de leurs armes, peu importe l'occasion. Cela lui pris une petite minute mais enfin elle se sentit prête à essayer de répliquer pour de vrai.

Et alors, elle attaqua, d'un coup latéral plutôt lent, en visant ton flanc un peu sous les côtes.

— Comme ça c'est bien ? Oh, vraiment ça aurait été bien si on avait eu vraies épées...

Électre se mit à imiter le bruit du métal qui se croise et claque. Elle comprenait, bien sûr, mais ça ne l'empêchait pas d'être un tout petit peu déçue.

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— Nous blesser ? Bon dieu non, je n'en sortirai pas vivante autrement tu sais ?

Un rire vint ponctuer la fin de sa phrase, faisant écho à ce sourire qui ne l'avait pas quitté depuis ton retour. Électre tu étais l'une des princesses de ce pays, et Iphigénie savait à quel point tu étais importante alors, même si elle aggravait les conséquences sur un ton plein d'humour, elle savait qu'elle avait tout intérêt à y aller doucement avec toi. Autant pour te préserver que pour l'amitié qu'elle te portait.

— Je tenterai de leur demander également. J'ai pu remarquer les regards de certains membres de la garde, je crois qu'ils m'apprécient.

Ou peut-être fabulait-elle un peu trop mais peu importait, Iphigénie n'était pas le genre de personne qui reculait définitivement au premier refus -et puis elle y avait déjà eu droit, à ces fameuses épées d'entraînement. De rares fois qui existaient cependant bel et bien.

Tranquillement positionnée, elle te laissait le temps de prendre tes marques tout en laissant échapper de temps à autres quelques conseils sur ta posture et les bons gestes à adopter. Te voir ainsi tenter de l'imiter l'amusait beaucoup, et malgré le sérieux qu'elle mettait à chacun de ses entraînements, elle se ferait un honneur de t'initier. Aussi, lorsque tu fus prête elle l'était aussi, et d'un mouvement lent en écho au tien, para ton attaque d'une légère glissade du bâton sur le côté.

À tes côtés le temps semblait plus doux, et entre les rires et tes imitations elle riait vraiment beaucoup.

— Les vraies épées sont bien plus lourdes, même moi je ne les manies pas correctement. Ce serait bien trop dangereux...

En revanche elle avouait que les épées en bois lui manquaient vraiment, mais qu'à cela ne tienne, elle se débrouillerait pour en récupérer la prochaine fois.

— Mais ne nous apitoyons pas chère Électre, en attendant de trouver nos armes je vais faire de toi un véritable chevalier. Es-tu prête à me suivre ?

Un rire encore tandis qu'elle endossait avec joie le rôle d'entraîneur pour ton bon plaisir.

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Songeuse, un peu trop distraite pour survivre si elle avait été face à un véritable adversaire, Électre avait perdu ses yeux le long du manche de son balai. Elle écoutait tous tes conseils avec l'attention d'une élève assidue mais elle voulait aussi profiter de l'instant, profiter de ses erreurs de débutante. Chaque seconde passée à tes côtés était une seconde de moins passée seule, il fallait bien dire. Plus le temps passait plus elle sentait une insupportable pression l'envahir. Pressée par la couronne, pressée par son sang, pressée par le monde.

Un instant une vague de culpabilité se mit à gronder dans son ventre. N'avait-elle rien de mieux à faire que de jouer les soldats comme une enfant ? Elle devrait probablement trouver un mari et remplir son rôle de princesse, fournir un héritier. Certes sa très chère soeur partageait ses tendances au célibat mais Alcyone avait une excuse. Au milieu de son palace ivoire, la jumelle n'était incombée que par les responsabilités qui étaient naturellement venues avec son nom. Elle ne pouvait bénir que ces fameuses neuf minutes.

Le regard glissa sur l'arme de fortune pour en suivre le prolongement et lorsqu'il parvint à se poser à nouveau sur toi, benjamine Vaudreuil, les narines frémirent. Elle inspira profondément puis les lèvres scellées jusqu'alors s'entrouvrirent lorsqu'elle expira. Il aurait été injuste, pensait-elle, de t'imposer ses pensées et ses réflexions, ses plaintes et ses craintes concernant son rang, surtout lorsque toi, tu avais perdu le tien. C'était même peut-être un peu déplacé, à vrai dire.

— Je ne sais pas ce que j'aurais fait si ma naissance m'avait prédestinée à une vie de danger. Au château c'est facile d'ignorer l'extérieur et de faire semblant, alors...

Électre secoua la tête comme pour essayer de se changer les idées. Son sourire ne l'avait pas quitté mais il avait adopté un accent doux-amer qu'elle chassa en ajustant une mèche derrière son oreille et avec lui, les pensées malheureuses s'évaporèrent. Elle resserra les mains avec plus de fermeté contre le bois et s'élança un peu plus vite, pour une fois, forte de tes conseils, pour attaquer à nouveau. Cette fois-ci, elle se décida pour un coup vertical, avec pour but de toucher ton épaule.

— L'arme la plus importante c'est la force d'affronter son destin, tu ne penses pas ? Il faut décider de se battre pour les bonnes raisons. Tu veux qu'on essaie de se battre pour de vrai ? Qu'on donne un gage à la perdante ?

Qui sait si elle trouvait plus amusant de devoir faire un gage ou de t'en imposer un ? Qui sait si elle avait la prétention de penser pouvoir gagner alors qu'elle ne connaissait rien ?

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Sa garde s'était baissée lorsque, malgré tes sourires, elle te vit te perdre ailleurs. Tu t'en allais quelque part à travers les méandres de tes pensées là où elle ne pouvait te retrouver et tes mots soulevèrent chez elle bien plus de questions que d'inquiétude.

— Électre ?

Comme pour te faire revenir à toi, Iphigénie t'avait appelée doucement, le sourire tendre accroché à ses lèvres sans qu'elle n'ait de réponse à te donner. Vous n'étiez pas prédestinées à une vie de danger, et pourtant elle avait connu la guerre dans son salon. Était-ce réellement une fatalité ? Peut-être bien, mais Iphigénie se persuadait que, quand bien même elle avait su les dangers qui la guettaient, rien aurait changé.

Finalement tu ne semblas pas avoir besoin de son intervention pour reprendre tes esprits, aussi dès lors qu'elle te sentit prête, elle s'était remise en position un sourire avenant encré à ses lèvres. Tu vins à sa rencontre plus vite qu'elle ne l'aurait cru, pourtant le manche s'élevait déjà pour parer la touche de son épaule et te faire reculer légèrement. En réponse à ton offensive Iphigénie tenta un léger coup de manche droit devant, en plein dans tes côtes.

L'idée n'était pas de te faire mal mais plutôt de te montrer comment éloigner un adversaire qui ne te voulait pas du bien.

— Tu n'as pas tort, seulement tu sais, j'ai appris que ces bonnes raisons variaient selon les personnes.. sa famille en avait payé les frais. Nous n'avons pas tous la même définition de ce qu'est une bonne raison. De si elle est bien ou mal ?

Et puis, il fallait la trouver, cette raison.
Malheureusement ça n'était pas donné à tout le monde.

Un sourire à nouveau, tandis qu'elle se remettait en position.

— Je ne voudrai pas te blesser, Électre, mais si là est ton souhait alors je m'y tiens.

Puis elle fonça sur toi pour tenter de te porter un coup de bâton en diagonale au niveau de ton cou. Esquisse espiègle au bord des lèvres, elle avait continué.

— Mon gage sera le tien, princesse.

Rien ne saurait l'effrayer de toute façon.

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elle respira doucement et tenta d'observer tes mouvements avant même de penser à essayer quoi que ce soit. malgré l'incommensurable orgueil princier dont elle faisait parfois preuve, la princesse avait décidé de t'écouter jusqu'à ce qu'elle se sente assez à l'aise pour se débrouiller un peu seule dans cette nouvelle pratique. un minimum de bases était nécessaire avant d'apprendre à voler de ses propres ailes et ce peu importe le sujet. après tout, on n'aurait pas l'idée de pousser dans l'océan un enfant qui ne savait pas nager.

tu marques un point. mais actuellement, nous, nous ne nous battons que pour rire n'est-ce pas ? essayons de rendre ça amusant.

encombrée par les plis de sa robe pourtant légère, électre enflait un peu plus d'admiration à chaque seconde qui passait, pour tous ces soldats qui devaient se parer de lourdes armures. même sans connaître tous les éléments qui composaient les attirails des guerriers, elle grimaçait à chaque fois qu'elle les voyait patrouiller. elle songea que les armes devaient aussi être bien plus lourdes que les simples balais dont elles étaient aujourd'hui affublées et donc beaucoup moins maniables. elle esquiva le coup que tu comptais offrir à ses côtés avec un petit mouvement de recul quand une idée lui passa par la tête.

le meilleur moyen d'apprendre à se battre était de s'approprier les techniques, non ? de sa requête initiale déjà la princesse se lassait. malgré le jeu elle trouvait qu'elle avait été sérieuse trop longtemps et ainsi lorsque tu repris une position d'assaut pour tenter de viser son cou, elle décida de parer le manche à l'aide d'un petit disque de terre qui venait de naître de ses mains. elle le dirigea pour faire dévier ton attaque et profita de la petite distraction que cela causa pour précipiter le bout du manche contre ton ventre, à un endroit où elle estimait que ton nombril devait se trouver.

voilà une façon de se battre qui était bien plus amusante.

de ses doigts naquirent une demi-douzaine de pierres en forme de billes, qu'elle fit rouler sous tes pieds pour te déstabiliser, dans le but de te faire tomber sur les doux tapis qui recouvraient le sol de sa chambre. le manche du balai poussa plus fort contre ton corps afin de te faire chuter pour de bon. à l'instant où ton corps toucha le sol elle éclata de rire, se tenant fièrement devant toi avec les mains sur les hanches, laissant le manche tomber à ses pieds avant de te tendre une main pour que tu puisses te relever, sans sembler une seule seconde désolée.

excuse-moi pour ça. c'était drôle mais pas très fair-play j'imagine. défaite par élimination à cause du non-respect des règles ?

elle sourit de plus belle.

mon gage sera le tien, iphigénie.

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— En effet.

Vous vous battiez pour rigoler, et l'ironie de cette situation était grande. Pour autant, Iphigénie avait sourit, prête à continuer votre jeu malgré le léger sérieux qu'elle ne pouvait s'empêcher de mettre. Que ne fut pas sa surprise lorsqu'elle te vit parer son coup à l'aide de magie ! Un sourire s'était dessiné à ses lèvres, bien vite effacé par le coup porté dans son estomac qui la fit se courber. Sans qu'elle ne puisse riposter, tu avais achevé de la mettre à terre à l'aide de quelques billes qui roulèrent sous ses pieds.

Ainsi au sol elle n'avait pu s'empêcher de rire, joyeusement, pour masquer l'amertume légère que cette défaite lui procurait. Si elle ne t'en voulait pas le moins du monde de ce manque de fair-play (qu'elle était loin de juger comme tel), elle s'en voulait plutôt de n'avoir su y réagir.

Alors avant de saisir ta main elle t'observa un instant d'en bas -en se promettant silencieusement de ne plus jamais avoir l'occasion de pouvoir le faire.

— Je ne t'en tiens pas rigueur, au contraire ! s'exclama-t-elle tout en se redressant avec ton aide.

Elle s'abaissa rapidement pour récupérer ton arme, sans te la rendre.

— C'est bien plus amusant ainsi. Par contre... J'ai peur que cette pièce ne tienne pas la journée si l'on continue sur cette lancée.

Son sourire se fit plus grand.

— On va dehors ? Ça me laissera le temps du trajet pour réfléchir à ton gage.

Le tout ponctué d'un rire joyeux dont elle avait le secret.

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électre hocha de la tête. c'était une bonne idée de sortir de la chambre, il en valait sûrement mieux pour ses meubles mais elle était certaine que ça ne lui ferait pas de mal d'aller prendre un peu l'air, elle aussi. elle attendit sagement que tu prennes sa main et que tu te relèves puis elle alla chercher de quoi se chausser. lorsque ce fut fait, elle se tint debout entre toi et la porte.

tu sais qu'aller dans les jardins ne me laissera que plus de terre à manipuler, n'est-ce pas ?

elle marqua une petite pause, avec un large sourire sur les lèvres, avant de se retourner dans une pirouette et de s'élancer dans le couloir en sifflotant. la princesse avançait d'un pas léger, en saluant joyeusement tous ceux qu'elle était amenée à croiser. sans culpabiliser le moindre du monde, elle était heureuse que tu ne lui tiennes pas rigueur pour ce petit écart.

la nature magique revenait toujours au galop. elle l'avait passionné depuis son éveil voir même un peu avant et électre n'avait de cesse de vouloir y recourir. sentir la terre vibrer sous ses pieds, tout autour d'elle, lui donnait l'impression de se rapprocher de la source de la vie elle-même. malgré tout, elle n'avait pas pu s'empêcher d'enfiler des chaussures. la boue n'était pas sa matière préférée du tout.

tu veux pas qu'on essaie de se battre un peu avec la magie d'ailleurs ? enfin... en fait, oublie. on peut pas risquer de flammes avec toutes les plantes. tu as bien progressé depuis ton éveil d'ailleurs, non ?

à ce rythme là, vous aviez presque fini de descendre tous les escaliers. soudain elle manqua presque de s'interrompre dans l'escalier et elle se se précipita tout en bas, pour se retourner vivement dans ta direction après avoir descendu la dernière marche.

oh, je viens d'avoir une idée brillante. ma terre, ton feu, tu voudras qu'on essaie de faire des poteries en terre cuite un jour ?

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Iphigénie avait laisser s'échapper un rire avant de confirmer ta question. Bien évidemment qu'elle savait à quoi s'attendre en te proposant d'aller dans les jardins, et à vrai dire l'idée l'arrangeait bien. Elle t'avait suivit joyeusement à travers les couloirs, vous faisiez la paire toutes les deux à saluer chaque personne passant près de vous, à rire et presque sautiller trop joyeusement jusqu'au escaliers. Elle ne s'était pas arrêté de descendre lorsqu'elle te répondit, légèrement embarrassée - une main douce tenant la rampe quand l'autre passait derrière sa tête.

— J'ai bien progressé mais il m'est encore difficile de maîtriser mes flammes... Elles s'emportent trop vite haha.

Et dans ce cas il valait mieux, en effet, ne pas prendre le risque de brûler les jardins et toutes les fleurs magnifiques qui s'y trouvaient. Alcyone ne le pardonnerait certainement pas.

— Je crois que c'est mon tempérament qui pose problème ?

Ce qui lui fait d'ailleurs penser qu'il lui faudra demander une audience à sa Majesté bientôt pour lui accorder le droit de se rendre à Sombrelune une nouvelle fois. Elle n'avait pas envie de fuguer pour une histoire aussi sérieuse que celle-ci, alors elle espérait un accord en montrant patte blanche car ça n'arrivait pas si souvent.

Un peu surprise elle t'avait regardé dévaler les marches à toute vitesse tandis que ses pas à elle s'étaient stoppés.

— De la poterie ? soudain son regard s'était éclairé. Oh mais c'est une super idée ! J'accepte.

Elle te rejoignit à son tour rapidement au bas des escaliers afin que vous puissiez continuer votre chemin tranquillement.

— La prochaine fois, au lieu de nous battre nous irons le faire, d'accord ?

Iphigénie t'adressa un sourire pour sceller le marché de son côté, avant d'enchaîner rapidement.

— Et j'ai un gage pour toi !

Il n'était sans doute pas très amusant mais c'était bien là la seule idée qui lui était venue tandis que sa curiosité grandissait.

— Parle-moi de ton frère, le prince Euterpe ! Nous ne conversons pas beaucoup et j'avoue désirer en savoir plus sur lui.

Le tout sans aucune arrière pensée tandis que vous atteigniez enfin les jardins.

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le visage de la princesse s'éclaira à la mention d'euterpe. sans pouvoir s'en empêcher elle se rapprocha de toi et te donna un petit coup de coude taquin, accompagné d'un clin d'oeil équivoque. il n'y avait rien de sérieux mais ça l'amusait de se comporter de la sorte.

tu veux en savoir plus sur mon frère ? oh iphigénie, la vie à belorge t'est-elle si douce que tu voudrais y fonder foyer ?

électre marqua une petite pause pour inspirer pleinement l'air des jardins.

je suis peut-être pas objective parce qu'évidemment c'est mon petit frère alors à mes yeux c'est le meilleur, mais c'est vraiment un bon garçon. il est très serviable et très créatif. ça a pas été facile pour terpie quand... enfin. je suis sûre qu'il serait ravi de passer plus de temps avec toi si tu en as envie, tu sais ? je sais pas si mes paroles suffiront à satisfaire ta curiosité.

en pouffant de rire elle se saisit de la jupe de sa robe pour pouvoir s'accroupir facilement auprès d'un buisson de rose. en prenant bien garde à ne pas se piquer, elle cueillit une fleur odorante aux pétales roses avant d'appuyer son doigt contre la tige fraîchement coupée. une nouvelle rose fleurit à la place en quelques secondes.

je pense que je pourrais t'aider avec la magie, d'ailleurs. ça fait un moment que je suis éveillée et, pour moi, la terre et le feu sont deux éléments relativement similaires. flammes et lierre ne peuvent s'empêcher de gagner du terrain sur tout le reste, après tout, tu ne penses pas ? les deux disposent d'un appétit vorace.

la princesse se laissa mollement tomber dans l'herbe, d'abord assise puis sur le dos. c'était probablement commun parmi les pratiquants de la magie mais elle ne sentait jamais aussi bien que lorsqu'elle était entourée de plantes. les bras levés en l'air en direction du ciel, elle s'affairait à arracher un par un les pétales de la rose qu'elle avait cueillit, les laissant retomber et se perdre dans ses cheveux.

c'est quoi ta fleur préférée ?

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— Mais non que vas-tu chercher, avant de souffler un léger rire pour accompagner le tien. Je suis simplement curieuse !

Elle l'était toujours face aux personnes qu'elle appréciait après tout. Alors tu lui avais parlé un peu et, à vrai dire, tu ne l'avais pas vraiment aidée. Au contraire !

— À présent j'ai encore plus envie de le connaître..

C'est que tu semblais lui vendre un jeune homme fascinant, alors bien sûr que plus tard elle lui rendrait de nouveau visite. Et si ton frère voulait bien d'elle alors ils retourneraient s'amuser, encore encore et encore comme ils l'avaient déjà fait. Pour l'heure, Iphigénie prit place sur l'herbe près des roses pour en humer leur délicat parfum. Un sourire attendrit s'était esquissé lorsqu'elle vit le soin que tu mettais à entretenir les fleurs - elle savait bien qu'à Belorge vous aviez un goût exacerbé pour la nature, et l'apaisement que cela lui procurait lui faisait le plus grand soin.

Tandis que tu t'amusais avec les roses, elle avait levé son regard vers le ciel plus bleu que jamais. Aujourd'hui était une belle journée, elle avait inspiré doucement l'air frai avant de se laisser tomber pour s'allonger dans l'herbe.

— Je pense que je pourrais t'aider avec la magie, d'ailleurs.
— C'est vrai ?

Elle avait tourné la tête dans ta direction machinalement, intriguée.

— Oh, en effet. Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle mais tu as raison. C'est amusant de constater les ressemblances plus que les différences entre nos magies.

Ça rendait les choses plus belles et l'espoir plus grand.
À ta prochaine question elle observa de nouveau le ciel, un grand sourire venu étirer ses lèvres.

— J'aime beaucoup toutes les fleurs, mais j'ai une préférence pour les roses, et si l'aveu paraissait cliché elle s'en moquait totalement. Les roses et les blanches sont magnifiques et apaisantes tu ne trouves pas ? Elles me donnent envie de rêver quand je les regarde.

Et à chaque fois elle retombait en enfance avec plaisir et nostalgie.
Tout en se remémorant, elle avait levé vers le ciel son poignet où siégeait toujours la gourmette de Clovis pour la faire bouger doucement.

Après un léger silence, elle avait reprit.

— Dis, tu crois qu'un jour mes sœurs et moi pourront rentrer chez nous ?

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un hochement de tête distrait résonna suite à tes mots. elle leva le bras pour effleurer les buissons et faire pousser un peu plus de fleurs mais ne bougea pas autrement. allongée la princesse refusait de détacher son regard de l'immensité azurée qui s'étalait sans fin au-dessus comme toile tendue. les yeux suivaient les agglutinements cotonneux de nuages se déplaçant dans la mer céleste pour tenter de guetter des gouttes de pluie avant qu'elle n'arrive, pour tenter de détecter la moindre perturbation.

mais il n'y avait rien en ce jour, rien ne risquant de percer le calme, noyer le jardin d'eden.

la seule pluie qu'elle recevait était celle des pétales qu'elle venait de détacher de leur tige et pourtant ta question la frappa comme une pluie glaciale, la congela jusqu'aux os. elle entrouvrit légèrement les lèvres pour prendre la parole avant de se raviser. elle ne pouvait pas te dire qu'elle n'en savait et elle ne voulait pas te dire que tu n'avais qu'à rester ici pour toujours et elle ne pouvait pas te dire qu'elle comprenait, parce que c'était faux.

sa maison avait toujours été un endroit réconfortant et pour rien ne monde elle ne voudrait la perdre. les mots dans ses tympans résonnent et elle se mordille la lèvre inférieure en se redressant. électre vint cueillir une seule rose blanche pour la glisser comme dans un bouquet parmi les blés de tes cheveux blonds.

en tout cas belorge sera ta maison jusqu'à ce que le jour vienne. promis.

elle marqua une petite pause pour chercher les mots et se hissa pour s'installer à genoux face à toi.

mais d'abord je pense qu'on doit s'assurer que vous soyez en sécurité. personne ne peut vous tuer si vous restez ici, si ?

elle regarda autour d'elle et les yeux, de façon mécanique, remontèrent le long des murs du château.

par "chez nous" tu entends malronce ou le château... ?

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En mimétisme, elle s'était redressée à l'instant où ton dos avait quitté l'herbe fraîche pour observer encore la tendresse avec laquelle tu prenais soin de la nature. Elle en était admirative, Iphigénie, et de tout ces moments passés avec toi elle en tirait de jolies leçons. Et puis, une rose blanche dans ses cheveux et elle avait sourit, rayonnante. Tu la rassurais, tu sais ?

— Merci.

Merci de les accueillir, merci d'être devenue son amie Électre parce qu'elle te considérait un peu comme une sœur désormais, sans vraiment l'avouer. Un petit rire lui échappa en écoutant la suite.

— Non je ne pense pas. Nous ne sommes plus censées être en vie alors qui pourrait bien nous tuer ?

Elle n'aimait pas ce mot, tuer.
Mais elle l'employait sans crainte, certaine d'être en sécurité. Tuer c'était comme une provocation, un affront à ceux qui jadis le voulurent et à ceux qu'elles allaient trouver, en dehors des remparts du palais à trop courir après le danger. Cependant sois sans crainte Électre, ce n'est pas ici qu'elle mourrait. Ni au château ni à Colza. Vous ne méritiez pas d'avoir sur les mains le sang des imprudentes qu'elles étaient, les sœurs Vaudreuil.

— Par "chez nous" tu entends Malronce ou le château... ?

Elle n'avait pas répondu tout de suite, assez surprise par cette question à laquelle elle ne s'attendait pas. La réponse lui avait parut si logique sur le coup qu'Iphigénie n'avait pas compris pourquoi tu le lui avais demandé.

Pourtant, plus elle y pensait et moins la réponse lui semblait évidente.
La maison c'était Malronce, c'était Roserai c'était son château.
Mais la maison c'était un peu ici aussi, près de toi et de ta famille qui les aviez sauvées.

— Malronce, répondit-elle néanmoins après un instant. J'aurai toujours une part de Belorge dans mon coeur, mais ma maison reste à Roseraie.

L'ironie voulait que la maison à laquelle elle était attachée soit celle qui l'ait jetée dehors mais elle y retournerait. Elle l'avait promis aux Arcanes, à Clovis et à ses sœurs. Elle y retournerait.

— Est-ce que tu m'en veux ?

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